Le parti de Marine Le Pen n’a pas atteint le score électoral que lui promettaient les sondages. L’annonce anticipée des intentions de vote n’a pas eu un effet d’entraînement mais plutôt de frein. Un peu comme une rétroaction négative: si le chiffre annoncé est très haut, il repart à la baisse par un mécanisme psychologique propre à l’électeur.
Il n’empêche que le FN s’installe dans le paysage politique. Il s’installe même durablement. Il continue sa croissance. Et il représente pour beaucoup une option crédible: celle de privilégier la nation contre la dissolution dans l’espace mondial. Cette idée a été longtemps refusée et laissée aux extrémistes, à cause du souvenir des nationalismes passés et de leurs conséquences dramatique sur le monde. Mais on n’en a pas encore fini avec la nation.
L’accès du FN au pouvoir sera plus difficile que prévu par les sondages. Cependant il adviendra probablement. D’ici là, la direction du mouvement aura préparé le terrain interne. On l’a constaté dimanche: la direction a montré son nouveau visage. Elle a envoyé de nouvelles têtes sur les plateaux télé, des têtes jeunes dans l’ensemble, à l’instar de Marion Maréchal Le Pen, la petite soeur (qui attend peut-être que la grande quitte l’arène pour prendre sa place). Elle semble d'ailleurs moins surfer que sa soeur sur le pathos victimaire et rebelle du Front. Des jeunes donc qui sont engagés, convaincus, idéalistes. Tout le monde l’a vu mais personne n’en parle. Le FN représente aujourd’hui le renouvellement politique le plus marqué.
En présentant sa jeune garde, une génération qui a été formée pour devenir cadre du parti, le Front National gagne autre chose que les élections départementales: il gagne la bataille de l’image et de la crédibilité. Car ce n’est pas Manuel Valls fumant le cigare sur les décombres de la défaite du PS qui est crédible. Valls fumant devant la ministre de la Santé: pour un garçon qui appelle à l’exemplarité et qui aime se voir en grand nettoyeur de la République, ça la fout mal. Valls affichant sa forfanterie après la défaite en dit long sur son incapacité intellectuelle à reconnaître et analyser une défaite. S’il devient président un jour, il sera pire que Sarkozy: Valls est un hâbleur, un autre histrion.
Ce n’est pas Sarkozy, pâle figurant face aux électeurs. Ce n’est pas Mélenchon, l’aboyeur à 6% de voix. Encore moins Duflot dont le parti EELV coule à pic à 2% d’électeurs, ou Bayrou et ses infimes poussières de votes.
De plus le FN continue sa progression et semble aujourd’hui être réellement entré dans le paysage politique français. Enfin c’est le seul parti à laisser autant de place aux femmes dans les médias et à sa direction, non pas en nombre mais en rôle. Le communautarisme féminin pourrait tordre le cou à la peur de la «bête immonde».
Cette bête immonde, comme on aime tancer à gauche, les élus frontistes ne lui ressemblent pas. La réprimande est inefficace, qui ne remplit que l’autosatisfaction de ceux qui en font usage. Les acteurs télé du FN sont presque lisses, au moins autant qu’au parti socialiste ou que dans le camp UMP. Bientôt seule l’idée de souveraineté émergera de ce parti. Elle se déclinera dans de nombreux domaines, tant le rejet de la souveraineté a modifié la manière d’appréhender le pays. Si il y a 50 ans l’Europe semblait synonyme de progrès, aujourd’hui la rébellion frontiste a le vent en poupe. Le Front a encore de beaux jours devant lui, qu’on soit d’accord ou non avec ses idées.
Commentaires
Exact !
Il faut bien l'avouer et non le cacher, les partis extrémistes - gauche et droite - ont le vent en poupe car ils représentent une frange de la population oubliée par la gauche, le centre et la droite.
Cette population oubliée en a assez de "travailler/payer/obéir" à des politiques qui ne se préoccupent que de leurs intérêts, en tout cas pour une grande partie y compris par les membres du PS. La grande partie de cette population est de classe moyenne, que ce soit en Suisse, en Allemagne, en France et dans les pays du sud : la Grèce de Tsipras et Varoufakis en est la preuve ! Ces deux derniers politiciens ne se laissent pas impressionner par les "grands" que sont Merkel et Hollande !
En Suisse, le problème est le même avec l'UDC qui rallie une frange de la population qui ne se reconnaît plus dans les partis dits traditionnels qui, eux, veulent s'occuper de tout sans prendre de risques avec la peur au ventre de ... finir 2ème voire 3ème aux élections fédérales de l'automne prochain.
Je connais des membres UDC Vaud et il faut bien reconnaître que leur discours n'est ni xénophobe, ni d'un traditionnaliste ancré dans ce que d'aucun appelle la "Suisse primitive".
Combien de journalistes ont épinglé François Hollande et son antisémitisme, son anticapitalisme ?
Lutter contre la finance mondialisée, apatride, sans visage ... cela me rappelle les discours des communistes, eux aussi antisémites, mais soit disant luttant contre le capital.
Le Front National est-il vraiment un mouvement d'extrême droite, selon la définition classique ?
On déclare avec aisance que le Front National n'est pas un parti républicain, sans aucune autre explication.
Est-ce que le Front National serait un parti prônant la monarchie ?
Serait-ce un parti qui prône l'Islam et le califat ?
Qui est qui ?
Mais qui se pose encore la question de savoir pourquoi certains franchissent la "frontière" entre la droite et la gauche et glissent dans l'urne un vote pour Marine Le Pen ?
On affirme plein de choses sans aucune vérification préalable, on laisse passer toutes sortes d'approximation, pour provoquer le clash, la polémique sans fin.
Je ne vois pas en quoi l'avènement de partis et groupements politiques de type FN, UDC, Podemos, Tea Party, Syriza, MCG et autres Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo ne peut être compris autrement que comme la terrifiante conséquence d'un véritable abrutissement des masses.
Expliquer à qui veut bien l'entendre que les politiques sont tous des incapables et que tous les problèmes peuvent être réglés en claquant des doigts ne constituait pas un discours plausible, il y a encore quelques années, aujourd'hui plus tu tiens des théories simplistes et démagogiques, plus tu promets que tu vas pouvoir mettre au pas les élites (financières mais aussi culturelles, médiatiques, et intellectuelles) rien qu'en haussant le ton, plus ils s'en trouvent pour te croire.
C'est hallucinant mais c'est la réalité du monde dans lequel nous vivons.
C'est alors aux citoyens qui ne sont pas dupes de savoir s'ils préfèrent surfer sur le phénomène et en profiter ou tenter de le combattre...