Le module Philae, endormi sur Chury à l’ombre d’une falaise cométaire, n’a toujours pas ouvert un oeil. La comète s’approchant du soleil, tout espoir n’est pas perdu. S’il ne se réveillait pas il aurait quand-même accompli 80% de sa mission. Seule l’excavation pour extraire de la matière du sol n’a pas pu être réalisée.
La fenêtre de temps et d'orientation de la comète vers le soleil, pendant laquelle Philae peut éventuellement recharger ses batteries, court jusqu’au mois d’août environ. En attendant la sonde Rosetta continue à déployer ses pas de ballet autour de la comète. En passant parfois très près. Le 28 mars, alors qu’elle s’était approchée à 14 km de 67P/Churyumov-Gerasimenko, Rosetta a été aveuglée par des poussières dégagée par l’activité de Chury.
«Quand la sonde s'est approchée de la comète 67/P, ses deux capteurs d'étoiles, qui lui permettent de s'orienter, se sont mis à mal fonctionner car ils étaient perturbés par les nombreuses poussières environnantes. Les capteurs ne voyaient plus rien et prenaient des débris de la comète pour des étoiles, ce qui faussait tout.»
Les ingénieurs ont alors éteint les capteurs, et quand ils ont voulu les réactiver ils ne répondaient plus. Rosetta risquait de partir à la dérive. Sans les repères des étoiles elle ne pointait plus vers notre planète. Les ingénieurs ont vécu un grand moment de solitude quand ils ont compris qu’ils allaient peut-être la perdre.
Toute la sonde a alors basculé en mode sécurité: instruments éteints, la priorité était de garder un contact avec la Terre et de sauver sa peau. Elle a ensuite redémarré, comme après un «reset», et tout est rentré dans le bon ordre de marche. La sonde va bien.
Rosetta garde maintenant ses distances à 400 km de Chury. En attendant de revenir plus près pour analyser les molécules lors des prochains dégazages de la comète.
Image ESA