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Genre et discrimination : décryptage d’un clip pour ados (2 et fin)

Voici deux pistes complémentaires au décryptage commencé hier. D'une part il est possible que la forme épicène (doublement sexuée) du langage soit déjà en perte de vitesse. Quant à la grammaire française, la qualifier de sexiste est un mauvais procès d’intention.

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Les publicitaires qui ont conçu et réalisé le clip (précédent billet) auraient pu tenter le langage épicène. Toutefois celui-ci est normalement réservé aux documents officiels et administratifs, suivant ainsi l’idée selon laquelle l’État ne doit pas discriminer ses citoyens et citoyennes. Au prix d'une barbarie linguistique. Franchement, s'il fallait lire: « Nous, les technicien-ne-s du bâtiment », ce serait de nature à faire fuir les meilleures volontés.

D’ailleurs le site orientation.ch, qui émane de l’institution spécialisée de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique CDIP, semble avoir renoncé à cet épicène barbarie. Les deux formes, masculine et féminine, sont inscrites intégralement dans le texte. Que lit-on par exemple sur la page du métier pour lequel on recrute:


« Technicien ES en technique des bâtiments / Technicienne ES en technique des bâtiments

Le technicien ou la technicienne en technique des bâtiments planifient… (…) Le technicien ou la technicienne en technique des bâtiments sont membres d'une équipe pluridisciplinaire…. »

Je doute que l’on puisse déduire de cette forme une quelconque subordination d’un sexe à l’autre. Comme souligné hier le clip ne dit rien sur la profession, il montre seulement le fun de la jeunesse. Évidemment, quand on lit le descriptif du job, celui-ci ne colle pas vraiment avec ce goût du fun. A commencer par la petite phrase finale: « Leurs horaires de travail peuvent être chargés et irréguliers. » Difficile de sauter sur le lit tous les soirs quand on se lève à 5 heures du mat’. Que font-ils d’autre ces techniciens en bâtiment? Ils « planifient, élaborent et réalisent les travaux d'installations techniques des bâtiments: sanitaire, chauffage, ventilation, isolation, électricité, etc. ».

C’est technique et pas très glamour. Mieux vaut ne pas le montrer. Les filles en majorité préfèrent les histoires d’amour (paraît-il). Alors elles se spécialisent dans l’aide à autrui plus que dans la pose de sanitaires, de plomberie ou de charpentes.



genre,femmes,hommes,discrimination,épicèneD’ailleurs…

La lesbienne féministe américaine Judith Butler est l’une des propagatrices de la théorie du genre. Elle a affirmé dans son désormais célèbre ouvrage Trouble dans le Genre:


« Ni la grammaire ni le style ne sont neutre du point de vue politique.

La principale chef de file des théoriciens du genre reprend en effet à son compte l’idée féministe selon laquelle les codes régissant les langues sont en fait un moyen de conserver l’ « hétéronormativité » et d’assurer l’« hégémonie hétérosexuelle ». Comprendre donc que toutes les normes grammaticales n’auraient été inventées que pour assurer la suprématie de l’homme sur la femme. On retrouve ici les inspirations marxistes et déconstructivistes des tenants de la théorie du genre : la lutte des classes est remplacée par la lutte des sexes et le langage en est la première des armes. »

L’hégémonie hétérosexuelle? C’est l'ennemi déclaré et la cible des spadassins du Gender, au point qu'ils associent hétérosexualité avec suprématie masculine. Au fait, où est le problème? Il y a bel et bien une prévalence naturelle et massive de l’hétérosexualité dans toutes les sociétés. C'est comme ça. Si ce n'était pas le cas notre espèce aurait disparu: hétéros et homos, trans, bi, tri, incestueux, et j'en passe. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas de naissance sans l'existence préalable de spermatozoïdes et d'ovules, quelle que soit la manière dont s'effectue l'insémination.

A quand une Hétéro Pride? Les homos sont différents, ils l'affirment et le revendiquent;  les hétéros sont également différents, ils le revendiquent aussi. De plus ils considèrent l'hétérosexualité comme normative pour la procréation et la reproduction de l'espèce. Et c'est le cas. Il n'y a pas de reproduction sans un matériel génétique différencié, originaire d'un mâle et d'une femelle, même pour les couples homos.

Certaines féministes négationnistes nient le fait que les différences naturelles entre femmes et hommes engendrent des conséquences socio-culturelles et comportementales cohérentes avec ces différences. Or culture et nature sont deux pilotes d'un même navire. Le capitaine et l'équipage (l'organisation sociale, la culture au sens large) ne peuvent naviguer correctement qu'en acceptant les données de la nature (la structure du navire)Les hommes savent qu’ils ne sont pas des femmes et inversement, à part de très rares exceptions transsexuelles.

 

... et à propos

Puisqu’on parle du genre voici une citation venant d’une officine en principe largement soumise à l’idéologie du genre: l’université de Genève. Surprise, le sujet est sensiblement recadré par rapport à cette idéologie. Lecture rafraîchissante:


genre,femmes,hommes,discrimination,épicène« Comme le note le Bon usage (13e éd., p. 754 – cf. la bibliographie) « il faut en tout cas rappeler que le genre grammatical masculin n’est pas uniquement l’expression du sexe masculin, mais qu’il sert aussi de genre commun, de genre neutre, de genre asexué. » C’est ainsi qu’en prétendant que la langue n’est pas neutre, une certaine idéologie féministe l’accuse à tort de « sexisme », par ignorance de cette valeur du masculin. Or la source du problème est précisément la disparition du neutre en français : s’il y a tant de noms masculins dans notre idiome, ce n’est pas que la langue soit “sexiste”– affirmation gratuite, sinon tendancieuse – mais simplement parce que, ayant perdu ce 3e genre, le français a redistribué, au cours de son histoire, les neuf dixièmes des noms latins neutres qu’il a gardés dans la catégorie du masculin, ce genre étant, morphologiquement parlant, plus proche du neutre que du féminin latin.

C’est ce qu’a bien vu l’ethnologue et académicien Claude Lévi-Strauss : « en français, le neutre est masculin » ! D’où le masculin apparent des noms de fonctions épicènes, surtout des professions non manuelles, où c’est la tête, donc le cerveau qui fait le travail – le chef comme on disait jadis, sens qui a survécu dans couvre-chef. Ce terme, indûment féminisé en la chef[fe] illustre jusqu’à la caricature ces aberrations linguistiques. Il vient du latin caput, neutre, par le bas-latin capum, qui signifie tête et, par métaphore, la partie supérieure, ce qui vient en premier lieu, ce qui commande. Or, puisqu’il y a métaphore, seul le genre est à considérer. Que ce soit un homme ou une femme qui prend le commandement d’un groupe, il / elle en devient la tête, le chef. 
»

Exit la forme barbare la cheffe.

Un peu plus loin, c’est le genre féminin qui est accusé de sexisme:


« Comme le souligne l’Académie française, « le français connaît deux genres traditionnellement dénommés masculin et féminin. Ces vocables sont impropres. Le seul moyen de définir les genres du français consiste à les distinguer en genres marqué et non marqué. Le genre dit couramment masculin est le genre non marqué, qui représente à lui seul les éléments relevant de l’un et l’autre genre. Quand on dit tous les hommes sont mortels, cette ville compte 20'000 habitants, tous les candidats ont été reçus à l’examen, le genre non marqué désigne indifféremment des hommes ou des femmes. En revanche, le genre dit couramment féminin est le genre marqué. Or la marque affecte le terme marqué d’une limitation. A la différence du genre non marqué, le genre marqué, appliqué aux êtres animés, institue entre les sexes une ségrégation. » C’est-à-dire exactement ce contre quoi l’on prétend lutter !!! A bon entendeur… »



À bon entendeur... Certaines n'entendent pas. Le Gender serait-il comme la masturbation : il rendrait sourd?

 

Catégories : Féminisme, Philosophie, Politique 0 commentaire

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