Un troisième Bush brigue la présidence des Etats-Unis. Jeb vient de se déclarer candidat. Dans l’autre camps c’est Hillary qui veut y être. Deux candidats, deux familles qui squattent le pouvoir. En France on a eu la candidate Royal, puis le président Hollande, ou la famille Le Pen. La monarchie familiale tente de se refaire un look. Ou bien on tourne en rond, c’est selon.
Le temps des « bien-nés » est de retour.
Oh, je sais, il n’y a rien de répréhensible ni d’illégal à ce que les membres d’une même famille briguent tous le même poste. Rien d’illégitime non plus. Chaque individu dispose d’une place entière en démocratie. Il serait ainsi possible de voir Chelsea Clinton se présenter dans vingt ans. Puis ses enfants, puis ses petits-enfants. N’est-ce pas étrange ? Ne tourne-t-on pas en rond ?
Oui mais non. Considérons que nous pourrions élire tous les membres d’une même famille, l’un après l’autre, au gouvernement. Pourquoi le ferions-nous ? Parce que nous sommes avisés et savons que cette famille n’est pas que le clone d’un ancêtre. Chaque membre y préserve sa pensée personnelle, y développe ses compétences. Chacun est capable. Nous pourrions même, dans ce cas de figure, élire pendant un siècle les générations successives issues de cette famille.
A moins que nous ne soyons pas si avisés. Peut-être même sommes-nous des ânes. La prime au patronyme célèbre n’est en aucun cas une garantie de compétence. Le merdier laissé par les Bush père et fils au Moyen-Orient en est la démonstration. Manque plus que le saint-esprit Jeb s’y mette aussi. La célébrité déborde, elle touche les proches, les amis. Si vous dites autour de vous : « J’ai croisé Johnny à Gstaad », les yeux s’illuminent. On vous accorde un supplément d’importance à cause de cette célébrité qui ne vous a peut-être même pas vue. De là à dire qu’Hilary ou Jeb vivent grâce au renom d’un autre, il n’y a qu’un pas, bien tentant à vrai dire.
Rien d’illégal ni d’illégitime, donc, et l’on ne saurait reprocher à une famille de faire prospérer son affaire. Après tout on ne s’étonne pas de voir le fils ou la fille succéder au père dans une entreprise. On naît « habillé » par les oeuvres des parents. Transmettre une idée, une vision, un patrimoine, un savoir-faire, est chose courante. Et l’enfant né « habillé » verra des portes s’ouvrir devant lui à cause de son nom.
Les dynasties ne sont pas seulement politiques. On les trouve dans le showbiz. Si vous faites des rejetons sans talent, votre nom y pourvoira. Les dynasties ne sont pas une garantie de qualité. Elles ne durent que par notre besoin d’être un peu éclairés de la brillance que nous projetons sur elles. Par exemple les descendants de Gainsbourg. Ils suivent ce père et embrassent la carrière de saltimbanque. Résultats : les enfants (Charlotte, Lulu) sont sans voix, sans mélodie, sans rien d’autre que ce nom qui rapporte gros. Ils chantent comme des tuberculeux en phase terminale, mais qu’importe : l’époque est peu exigeante. Une crotte bien emballée devient un trésor.
En tous les cas nous ne naissons pas égaux. L’argent, la notoriété, la place déjà réservée pour cause de famille célèbre, font que certains démarrent leur vie avec un avantage. Des milliers d’artistes, musiciens, auteurs, attendent derrière la porte pour faire connaître leurs créations, mais les dynasties passent avant. Elles tendent à occuper l’espace. La démocratie n’a pas changé le moule dont sont faits les hommes. Un fils Hollande aura plus de facilité à trouver une place dans un ministère qu’un fils d’ouvrier agricole.
Dans une société organisée pour maintenir une certaine égalité des chances, les nouvelles dynasties s’affichent ouvertement, comme si c’était normal. Et c’est normal. Normal, mais si étrange, car les dynasties sont l’inverse de l’égalité des chances.
Je suis parfois moi-même pris dans cette admiration-soumission face à des personnes disposant d’une certaine aura publique. Les vieux schémas ont la vie dure et le désamorçage de ce réflexe prend du temps. Pourtant mes parents m’ont éduqué sans différencier le riche du pauvre, le notable de l’ouvrier.
Nous plaçons au-dessus de nous des personnes célèbres alors que ce que nous savons d'elles n'est parfois que leur niveau de popularité. Etrange discrimination qui ne dit pas son nom et dont nous sommes pourtant les auteurs.
Commentaires
"Pourtant mes parents m’ont éduqué sans différencier le riche du pauvre, le notable de l’ouvrier. "
J'ai aussi très bien connu ce genre de contexte éducatif. Mais cela ne reflète qu'un point de vue très partiel.
Il y a un aspect très physique dans cette pseudo discrimination ressentie de fait. C= MC2 ...
Nager dans une aura publique ou encore mieux, évoluer dans des sphères de pouvoir, c'est être habitué à surfer sur des vagues d'énergies, savoir utiliser des potentiels, vibrer constamment sur une fréquence plus élevée que d'habitude." Être dans la lumière" disent les gens des médias ou du spectacle.
Voilà ce qui attire, qui crée l'envie ou le respect! L'énergie ou la lumière. Parfois les deux !
Pas plus tard qu'hier, un ex-footballeur connu (coupe du monde en 98 et coupe d'europe 2000 et accessoirement ancien mari d'une des plus belle blonde du monde) était devant moi à la caisse de la coop, empêtré dans les minces films plastiques des sacs collés par électro-statisme.
" il faut humidifier le doigt, c'est plus facile"
"Ha oui, ça marche comment votre truc ?"
" Prenez le mien, j'ai l'habitude"
Le tout côte à côte, sans échanger un regard pour rester dans la légendaire discrétion helvétique.
Malgré les années passées la personne à la caisse pourtant bien jeune, écarquillait un peu les yeux. Quant à l'ex-footballeur nourri de toutes ses expériences lumineuses passées, semble rechercher plus que jamais la tranquillité de l'anonymat
Alors que les héritiers/héritières des monarchies et des principautés européennes épousent des femmes et des hommes sans titre de noblesse, les EU se créent des ... dynasties politiques dignes de celles qui existaient jusqu'en 1918 en Europe !
Vont-elles étendre leur territoire en envahissant tous les pays dont l'idéologie politique ne leur plairait pas ?
@ Lise:
Le Matin de ce jour a justement publié un article sur ce sujet, à propos de l'élection américaine.
Si c'est encore un Bush ou une Clinton qui gagne, en comptant Bush père et en décomptant les 8 ans d'Obama, Les Bush-Clinton auront présidé le pays pendant 32 ans sur 40!
@ Aoki: un repenti... ¿
:->
@ Hommelibre : oui je l'ai lu, je vous remercie de l'avoir mentionné.