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Touche pas à mon pote : des lendemains de feu

Cette campagne si sympa, si fraternelle en apparence, si jolie et successfull, fut en réalité une tromperie. Mais qui pouvait le dire à l’époque? Toute critique aurait été stigmatisée et qualifiée de raciste. Le débat était étouffé et la réciprocité inexistante.

 

race,racisme,sos racisme,foulard,islam,france,banlieues,rap,identité,immigrationLe parti-pris de

SOS Racisme

 

L’analyse de Philippe Bénéton dans Les Fers de l’opinion dit exactement ce que fut la tromperie intellectuelle et morale, soit le parti-pris de cet antiracisme:

 

« Touche pas à mon pote ne veut pas dire la même chose que Chacun doit respecter l’autre. La formule s’affranchit du respect des formes. Elle est désinvolte à l’égard du bon usage ( le ne éliminé, un terme d’argot) et pour le moins familière (le style, le tutoiement) à l’égard de ceux qu’elle interpelle. Elle pose une relation d’égalité en des termes qui ne commandent guère le respect mutuel. Davantage, elle ne pose pas une véritable relation d’égalité. Chacun doit respecterl’autre implique des obligations réciproques, Touche pas à mon pote fixe une relation à sens unique qui ne comporte d’obligation que pour une seule partie.

 

Les obligations seraient-elles dépendantes de la race? Certains seraient-ils affranchis de ce que les autres sont tenus de faire? Inconsciemment ou non, les propagandistes de ce slogan disent implicitement que le racisme se confond avec un racisme. Si l’on pousse jusqu’au bout la logique de ce postulat, il s’ensuit que le racisme est l’attribut d’une race, que le critère racial est valide dès lors qu’il est inversé. 

 

Dans tous les cas la formule pratique le « double standard » puisque, en se bornant à n’interpeller que certains, elle pose implicitement que seuls ceux-ci sont des coupables potentiels et donc que ceux de l’autre côté sont par nature innocents. Et si le pote se conduit mal? La formule donne le sentiment qu’elle commande à ceux à qui elle s’adresse de se taire dans tous les cas, et en conséquence elle dit en filigrane aux autres « L’impunité vous est due. » Les rôles sont distribués. »

 

 

race,racisme,sos racisme,foulard,islam,france,banlieues,rap,identité,immigrationL’affaire du voile

 

Les conséquences de cette campagne furent et sont encore désastreuses. Son grand succès a longtemps caché à quel point elle humiliait ceux qu’elle visait, soit les français à peau claire, européens d’origine. Autrement dit la « race blanche » mentionnée hâtivement par Nadine Morano. Dans quelle mesure cette campagne Touche pas à mon pote a-t-elle renforcé les replis identitaires d’une frange de musulmans? C’est en tous cas quelques années après que la question du foulard islamique à l’école apparaît. Dans le même temps le foulard se développe dans des pays traditionnellement plus ouverts, comme la Tunisie. On peut donc lire ici un renforcement d’un réflexe identitaire international qui se démarque et s’oppose aux traditions occidentales. Une guerre culturelle semble déclarée.

 

SOS Racisme a initialement défendu le port du voile à l’école, toute réprobation étant taxée de racisme. La campagne fut bénie par la gauche d’alors. Par la voix de son président Malek Boutih l’association estimait qu’il s’agissait d’une intrusion dans la vie privée, et d’une volonté de malmener l’islam et de le mettre au ghetto (à noter qu’en 2004 l’association soutiendra la loi interdisant le voile). Danielle Mitterrand a soutenu que les jeunes femmes devaient porter le voile à l’école si telle était leur conviction, dans le même temps que la féministe Gisèle Halimi en condamnait le port comme signe de soumission des femmes.

 

 

race,racisme,sos racisme,foulard,islam,france,banlieues,rap,identité,immigrationLendemains de feu 

 

De ce débat biaisé la France a payé un prix lourd des années après. Les émeutes de feu de 2005 peuvent être considérées comme en partie inspirées par la dissymétrie admise dans les obligations de respect mutuel. Le rap anti-français à proliféré, écouté en groupes et distillant une révolte fabriquée et haineuse. L’interdit sur les statistiques ethniques empêche de connaître la réalité sociologique du crime et d’y apporter des réponses appropriées, parce que les autorités ont peur. 

 

Christiane Taubira, en refusant de mentionner la traite négrière arabo-musulmane, pourtant plus longue et dure que la traite atlantique occidentale, participe au mensonge d’Etat sur la réalité. En voulant éviter de stigmatiser les jeunes beurs elle alimente le racisme de ceux-ci contre leur nouveau pays et alimente aussi le rejet que les français d’origine peuvent avoir à leur égard. 

 

La baisse des exigences de maîtrise de la langue française à l’école conduit à une déculturation. Comment appeler français le baragouin utilisé par certains enfants d’immigrés de troisième génération? Et comment expliquer que la première génération d’immigrés maghrébins était ouverte, aimait souvent la France, alors qu’une partie de la génération actuelle la rejette? 

 

 

race,racisme,sos racisme,foulard,islam,france,banlieues,rap,identité,immigrationFier de sa race?

 

Il ne s’agit à nouveau pas de généraliser. Mais la minorité agissante fait des dégâts. La peur commande en France. Le feu brûle et il n’y a plus de pompiers. Personne ne maîtrise plus cette fracture communautaire profonde. Dès lors seul le Front National semble prendre la mesure de la situation. Lui seul donne la parole aux sans-voix, aux exclus de l’intérieur, prenant en partie la place du parti communiste. Sa progression constante depuis 30 ans en atteste. On peut le regretter, en avoir peur, ou comme moi penser que son projet politique est peu convainquant. Mais il croît.

 

Il faut aussi constater que dans la litanie antiraciste on ne sait plus de quoi on parle. En effet des musulmanes revendiquent leur singularité ethnique et la portent sur la tête comme un étendard. Et si l’on cherche sur Google l’expression Proud to be black, ou son pendant français Fier d’être noir, on trouve des millions d’occurrences. Donc souligner la spécificité de la couleur de peau n’est plus une parole raciste? Ou bien cela dépend-il de qui le fait? Y a-t-il un double standard, donc une discrimination négative à l’encontre des européens à peau claire?

 

Comment peut-on disqualifier le mot race et ceux qui l’utilisent s’ils sont blancs, alors que les blacks et les minorités revendiquent avec force leur différence et leur appartenance ethnique? François Hollande affirmait hier que la France ne reconnaît ni les races ni la couleur de la peau. Moralisation opportuniste. Mais les blacks et les beurs, eux, la revendiquent, du moins pour une partie d’entre eux.

 

Alors on fait quoi? Eh bien on en parle. Librement. Sans gêne. L’extrême-droite avait monopolisé le thème de l’identité, parce que personne n’osait le reprendre. Pourtant les questions identitaires suintent de partout! Elles sont naturelles et incontournables. Nous venons tous de quelque part. Il est temps d’arracher ce thème au ghetto où il se trouvait. Dorénavant il est à tout le monde et la gauche française elle-même ose enfin s’y aventurer – du moins du bout de la langue. 

  

En effet François Hollande ne disait-il pas dans une interview du 14 juillet, à propos de l’identité et de l’immigration: « Nous avons trop laissé au cours de ces dernières années ces thèmes à la droite extrême »?

 

Catégories : Philosophie, Politique 6 commentaires

Commentaires

  • Ce commentaire n'est pas en rapport direct avec le billet, mais avec la musique de la chanteuse sami, en haut à droite de la page.
    C'est intéressant d'appeler cela "notre culture européenne", car ces racines sont vraiment anciennes et probablement pas à proprement parler européennes. Déjà, les migrations ...
    Ce que fait Maddji fait partie du genre "pop" des chants de Laponie et c'est très en vogue dans les pays nordiques. Il y a des dizaines, si pas des centaines de groupes et chanteurs qui pratiquent cela et on en trouve beaucoup sur You Tube.

    A la base, il y a le "joik", ainsi décrit par Wikipedia :

    "Le joik (prononcez : « yoïk ») est le chant traditionnel du peuple saami. Issus des traditions chamaniques, exécuté a cappella, parfois accompagné du tambour traditionnel, le joik est d’abord un chant à vocation spirituelle avant de devenir un mode d’expression du peuple saami à la fin du XXe siècle.

    Le joik traditionnel se divise en trois grands styles de chant : le « luohti », le « vuolle » et le « leu’dd » selon l’origine géographique des tribus saami qui l’ont créés. Le chant peut prendre des formes extrêmement variées et laisse une large place à l’improvisation du chanteur : le joiker.

    Un joik a pour fonction de décrire l’essence d’une personne, d’un lieu ou d’un animal. Ainsi, chaque homme ou femme saami possède sa mélodie qui est en quelque sorte son « portrait musical ». La caractéristique principale des joiks est l’utilisation de syllabes répétées à plusieurs reprises. Si certains joiks sont constitués de véritables textes compréhensibles, il existe également des formes dans lesquelles aucun mot n’est distinct, mais qui sont composées de murmures, d’interjections et d’imitations de cris animaux scandés sur une pulsation. Construit sur une échelle pentatonique, le joik porte les caractéristiques des styles de chants gutturaux des peuples montagnards. Il présente des similitudes importantes avec les chants traditionnels amérindiens ou encore avec les chants de gorge des peuples Inuits ou des peuples d’Asie centrale."

    Je m'y suis intéressée de plus près, quand j'ai fait un cours de yodel. Ce qu'on appelle les "coups de glotte" et le vocalises m'ont rappelé le joik entendu dans mon enfance.
    Cet extrait est assez intéressant, parce que c'est assez proche du style ancien et on y a une tranche d'ambiance de Laponie finlandaise actuelle ;-)

    https://www.youtube.com/watch?v=oATnp8VL3qI

    Il y a beaucoup de concours, des "Grand Prix" :

    https://www.youtube.com/watch?v=M3igg89Jpic

    Il est évident, que les appels chamaniques ne peuvent pas s'écouter comme de la musique. Leur fonction et raison d'être est autre.

  • Si je suis globalement d'accord, je voulais corriger une chose: si on regarde le nombre de voix obtenues par le FN, il ne progresse pas. Ce qui progresse régulièrement en France, c'est l'abstention. La particularité du FN, c'est que ses électeurs sont fidèles et ne baissent pas les bras et c'est pour ça que le nombre d'électeurs du FN est stable et donc que sa proportion augmente. Par contre, il y a une partie toujours croissante de la population qui a compris que voter ne sert à rien. Les partis "traditionnels" ne sont que des clones obéissants qui ne font qu'appliquer une politique ultra-libérale toujours identique. Et puisqu'ils n'ont le choix qu'entre les extrêmes et l'abstension, ils font le choix qui leur paraît le plus raisonnable. (ou plutôt le moins déraisonnable)

  • Merci pour toutes ces précisions Calendula.
    Pour moi c'est devenu une partie de notre culture européenne, vaste, diverse, du chant chaman Sami au Fado, des mélopées celtes aux musiques des Balkans ou de la Grèce orthodoxe. Ça l'est devenu peu à peu, parce que les peuples se sont installés et ont fait souche. Peut-être le Raï fera-t-il un jour partie de notre culture, mais il faudra quelques siècles.

    On retrouve un peu de cette musique-ci en Islande aussi, me semble-t-il. L'extrait que j'ai mis est plus mélodieux, plus folk que ceux que vous citez, ce qui facilite sans doute le passage vers une partie plus large de l'Europe. En tant que chants chamans on trouve des intonations des amérindiens. Ont-ils une origine sibérienne commune?

  • Kad, il faut dire que les partis en France sont si pusillanimes. Dur d'y voir un projet d'avenir.

  • Les journalistes politiques français en conviennent. Il y a une hystérie politique à chaque fois que cela touche des citoyens français définis par leur origines.
    C'est dans cette idée, que les tests ADN qui permettent de connaître nos lointaines origines sont interdit.

    Nous savons tous que les problèmes entre 2 personnes se résolvent en parlant de ce problème et en s'écoutant mutuellement. Et au contraire, en niant un problème, on ne le fait pas disparaître, il augmente.

    Les politiciens font souvent cette erreur. Ils se taisent sur les problèmes délicats qui apparaissent, ou se cambre dans une posture idéologique, et les subissent, au lieu des les affronter. En ne s'en occupant pas, en fermant les yeux, ils servent le populisme.

    La France, championne de la posture idéologique, se meut donc dans une hystérie voir une schizophrénie collective.

  • @hommelibre,

    Dans les documents trouvés sur Internet, il y a des informations diverses et contradictoires. Beaucoup d'hypothèses et peu de certitudes. Ca rejoint un peu la discussion sur la vérité et sa recherche...
    Selon certains, le joik ressemble beaucoup aux chants des peuples arctiques de Sibérie. Mais par ailleurs, les recherches récentes ( génétiques) invalident l'idée que les Sami soient venus de Sibérie. Même s'ils sont génétiquement assez particuliers, ils ressemblent moins aux Sibériens (Samoyedes) qu'aux Européens de l'Est. Je livre ça pour ce que ça vaut ....
    Il suffit qu'il y ait eu des rencontres entre peuplades pour qu'un style musical se transmette. Pas besoin d'être de la même souche !
    Il faut s'imaginer que ces régions boréales étaient sous les glaces à l'époque de Neandertal et même longtemps après. Le peuplement a eu lieu tardivement, par rapport au reste de l'Europe.
    La langue ferait partie du groupe fenno-ougrien, mais c'est malgré tout une racine commune très ancienne. Un Finlandais n'y comprend rien du tout et les sons sont étranges.

    L'article de Wikipédia ci-dessus parle de "styles de chants gutturaux des peuples montagnards " (ce serait le yodel) et de "similitudes importantes avec les chants traditionnels amérindiens ou encore avec les chants de gorge des peuples Inuits ou des peuples d’Asie centrale."
    Les migrations ont duré très longtemps, mais à la base les groupes humains étaient très restreints et il se peut que les techniques de chant aient été crées déjà à ce stade.
    Dans ces cas, je me suis toujours demandée, s'il n'est pas normal, qu'on "invente" des techniques similaires dans des endroits très éloignés les uns des autres, parce qu'on a une même réalité. En l'occurrence les cordes vocales et le besoin de raconter quelque chose en chantant ou de communiquer, et la nécessité d'un chant épique ou chamanique.
    A la base, le yodel était un mode de communication et il a évolué vers une forme esthétique, mélodieuse et vers le divertissement.
    Le joik connaît cette évolution de son côté et j'ai l'impression qu'actuellement, les deux formes ne se ressemblent plus tellement.
    Je ne m'y connais pas en musique amérindienne et d'Asie centrale, mais l'envie ne manque pas !

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