On n’avait pas encore tout vu. Pas tout exploité. Il restait des lambeaux de chair. Il fallait encore racler. Jusqu’à l’os. En sucer la moelle. Lécher l’insertion des tendons. Trouver un peu de coucous au poisson dans les tripes décomposées. La feuille humoristique Vigousse l’a fait. En publiant ce dessin signé Vincent.
En septembre dernier l’instrumentalisation de la mort du petit garçon avait produit une vague compassionnelle sans précédent. L’Allemagne ouvrait toutes grandes ses frontières et créait un appel d’air.
Cette semaine Vigousse mange les restes de Aylan. Tout n’étant pas décomposé le dessinateur Vincent a pu se fendre de cette image particulièrement insultante pour la Suisse. Sa liberté est de chier sur le pays. La mienne est de dire non. Non les suisses ne sont pas ces images de bavarois (culotte brune et bretelles) donc forcément pré-hitlériens, qui marchent sur le corps d’un enfant en s’en foutant.
Je passe même sur la germanophobie. Le dessinateur rappelle l’Allemagne à une image qui ne saurait ni la définir ni la généraliser.
Un tel dessin est dans le style des dessins fascistes et tendancieux des humoristes des années 1930 ou de l’extrême-droite anti-dreyfusarde de l’époque. C’est Aylan, ce pourrait être un juif. Ahurissant. Non, le vote des Suisses ne fait pas surgir des armées de bavarois prêts à être colonels nazis et à allumer le gaz. Pas plus qu’à Genève la gauche ne place des flics staliniens à chaque coin de rue.
La Suisse apporte son aide politique et humanitaire dans tous les coins du monde. Cette image est donc parfaitement dégueulasse.
Pour mémoire, le père de Aylan ne quittait pas une zone de combat et sa famille n’était pas menacée. Il a quitté un camp en Turquie. La Turquie qui se débarrasse à peu de frais de ses réfugiés. Il a fait prendre un risque excessif à sa famille en connaissance de cause. Il est ensuite retourné à Kobané pour enterrer sa famille. Il y a été interviewé. Il y circulait librement. Il n’y avait pas de bombes, pas de djihadistes qui tiraient, pas de menace directe à Kobané.
Il ne fuyait pas la guerre. Pas plus que les milliers d’autres migrants avec de faux passeports syriens et ne parlant pas l’arabe ou ne connaissant pas la Syrie. Et qui prennent la place des vrais réfugiés de guerre. Les autorités allemandes l’ont reconnu et le spot d’accueil mis en place en Grèce le confirme.
A cause de Aylan et de son père, l’Allemagne avait fait un appel d’air. Suite à cet appel d’air des dizaines de milliers tentent de passer. Des centaines meurent. Ils meurent à cause de Aylan.
Hier on annonçait une dizaine d’enfants noyés au large de Lesbos, et beaucoup d’adultes. Le vent était très fort, les adultes ont quand-même pris la responsabilité de traverser. Ils sont responsables de ces morts.
Les enfants noyés d’hier n’ont pas de photo. Vigousse n’en parlera pas. Ils n’étaient pas assez beaux, peut-être. Pas de T-shirt rouge. Pas la bonne plage. Et puis 10 c’est trop d’un coup, ça ne fait pas aussi bien que un tout seul.
Vigousse trempe les restes de Aylan dans sa fondue. On n’avait pas encore tout exploité. Il faut racler jusqu’à l’os. La nécrophagie se porte bien.
Commentaires
Oserait-ils dessiner le criminel Che Guévara ?
Hommecaca,
On sait que vous vous en foutez.
Moi j'aime bien l'information comme quoi le père avait un gilet de sauvetage, mais ni ses enfants, ni sa femme. Alors la compassion... et puis pour ces gens, c'est mektoub.
Yasser Arafat, le Che Guevara moyen-oriental ... belle image tirée du livre du général roumain Pacepa.
"Les Égyptiens avaient leur candidat : Yasser Arafat. Quand il apparut que Choukairy ne faisait pas l’affaire, il fut décidé de le remplacer par Arafat, et, explique Pacepa, celui-ci fut « façonné » : costume de Che Guevara moyen-oriental, barbe de trois jours de baroudeur… « Il fallait séduire nos militants et nos relais en Europe ! »."
http://frblogs.timesofisrael.com/comment-le-kgb-a-invente-les-palestiniens/
En effet Charles, je ne me souviens plus pour sa femme mais les enfants ont été retrouvés sans gilets de sauvetage bien qu'il ait affirmé qu'ils en avaient un. Il est d'ailleurs difficile de comprendre les noyades s'ils avaient des gilets.