En regardant depuis dimanche cette vidéo, mise en haut à droite de mon blog, et aujourd’hui avancée sous ce billet, je plonge dans cette Afrique que j’aime. Je n’ai pas connu Ouaga mais il y a des paysages et des bonheurs communs en Afrique de l’ouest.
Il y a ces enfants qui rient, ou qui, timides, s’échappent vers d’improbables refuges. Beaucoup d’enfants en Afrique subsaharienne, disposent de manière innée d’un art avancé du sourire.
Il y a ces hommes, à l’oeuvre ou au repos. Ces routes où l’on fait son chemin entre les creux et les flaques, à vélo ou par tous moyens. Il y a ces femmes qui dansent et ces hommes qui les charment de leur musique.
Je sais ce qu’il y a de troublé à regarder leur vie comme un film. Je sais, bien que je ne l’ai pas vécue mais que je l’ai côtoyée parfois de près, que cette vie n’est pas facile, qu’elle n’est pas une carte postale pour touristes. Vie souvent précaire, frôlant le manque en presque tout.
Mais jamais en palabres et bavardages, en communication, en regards, en système D, en présence serrée sur les marchés et dans les taxis de brousse.
Je connais un peu cela, j’ai écrit sur cette Afrique à ma manière, comme j’écris une chanson qui parlera de ceux dont le bateau se retourne dans la mer. Je connais un peu ce vertige que j’ai cru voir en Afrique là où j’ai voyagé: une infinie légèreté, où le rire est à fleur de visage, la vie joyeuse, et une abyssale profondeur où la mort jamais loin. Peut-être parce que quand on vit de si peu, la profondeur de l’être est un trésor.
Alors, l’attentat de Ouagadoudou, ville réputée accueillante et aimable, où l’on fabrique d’excellents balafons, est une blessure profonde elle aussi. On veut atteindre à leur espace de vie, cet espace si simplement montré dans cette vidéo, cet espace de jeux, de foot, de danse, de travail, de déplacement continus.
Et, si cela se vérifie, on a envoyé dans ce carnage des terroristes femmes. « C’est une femme qui a tiré sur le vigile de l’hôtel avec son arme », a confié un témoin dès le début de l’attaque. L’Obs l’annonçait aussi dès le 16 janvier. Le gouvernement français l’avait d’abord affirmé, les enquêteurs ne le confirment pas pour l’instant. Ce ne serait pas la première fois.
Comment peut-on envoyer des femmes à la mort, délibérément? Non, les sexes ne sont pas égaux. Non hommes et femmes ne sont pas interchangeables. Les femmes, remarquables sous bien des aspects, surtout en Afrique, ces femmes porteuses de vie, dont la vie devrait encore être l’objet de protection, envoyées au front pour remplir des boîtes de rillettes avec leur propre chair, leur propre ventre, non, non!
Ouagadoudou.
Afrique, femmes, mes amours, ici dans la neige, je pense à vous. Et nous sommes sans doute nombreux, ici, de ces drôles de blancs, de ces faces de craies, à avoir une pensée émue pour le Burkina Faso.
P.S.: On apprend ce matin que la photographe Laïla Alaoui est décédée des suites de ses blessures par balles lors de l'attentat, malgré une opération qui semblait avoir réussi. Son coeur a lâché. En hommage à son travail, la photo 3 de ce billet a été prise par elle au Maroc dans le Moyen Atlas.
Commentaires
Image 3 changée, en hommage à Laïla Alaoui, décédée des suites de l'attentat.
En général, ils envoient des femmes ayant fait des études supérieures se faire sauter. C'est une bonne manière de s'en débarrasser. Comme ça, ils ne gardent que les mamans soumises et voilées.