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« Mort à Venise », ou la fin d’un humanisme

L’humanisme est-il un sentimentalisme ?

A lire le dernier billet de Vincent Strohbach, « Les derniers humanistes », diverses questions me viennent. Qu’est-ce que l’humanisme? Les deux exemples cités sont-ils vraiment des humanistes? Pourquoi ce défaitisme devant le changement de paradigme du monde: était-ce vraiment mieux avant?

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Ce terme représente historiquement un mouvement culturel daté de la Renaissance. On y prônait le retour aux études des textes de l’Antiquité. Pourquoi de l’Antiquité? Par que l’humanisme était le début d’une guerre ouverte contre la puissance de la religion chrétienne. Il ne visait pas à unir les humains dans un grand élan d’amour fraternel mais à supplanter les clercs, leur pouvoir, et si possible prendre leur argent comme on le verra avec la révolution française.

Les valeurs de l’Antiquité auraient été oubliées par la papauté qui auraient commis un hold-up sur la culture ancienne fondatrice de l’Europe des idées. Or les textes antiques n’ont pas été oubliés puisqu’ils étaient étudiés dans les monastères chrétiens. C’est par ces moines que les arabo-musulmans y ont ensuite eu accès. Il est donc abusif de prétendre que ce sont ces derniers qui auraient réintroduit la culture classique en Europe. L’Europe ne s’est jamais déculturée contrairement à ce que prétend la Légende noire, ou le Moyen Âge revisité en sombre par les Lumières.

L’humanisme, dans son opposition à la religion, a affirmé sa foi dans l’humain seul ou principalement. Les humanistes voulaient rendre l’humanité meilleure. Rien de nouveau, c’était aussi le but des chrétiens, qui ont non seulement semé des valeurs d’égalité et de compassion dans les coeurs mais ont défriché la terre pour nourrir l’humanité et construit des hospices pour soigner les malades.

 

 

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Tendre la main à celui qui souffre: est-ce une valeur humaniste? C’est d’abord une injonction chrétienne. L’humanisme colle à peu près sur les principales règles morales du christianisme: aime ton prochain comme toi-même, donc accueille-le sans compter, toute autre attitude serait de l’égoïsme et l’égoïsme c’est mal. En résumé. 

On oublie qu’inconsciemment faire le bien est particulièrement gratifiant pour notre ego. Il est facile d’aider à traverser la rue quelqu’un qui n’a rien demandé, et de se dire qu’on a fait sa Bonne Action. Il est plus difficile de regarder tomber plusieurs fois de suite une personne qui apprend à marcher par elle-même, et à ne pas céder à la tentation sentimentale et paternaliste de lui tendre la main ou de faire les choses à sa place. 

La vraie souffrance, la vraie misère, appellent logiquement notre compassion. Mais encore faut-il être certain que notre aide ne fera pas plus de tort en mésestimant l’autonomie des personnes, qu’en les laissant faire usage de leur propre force.

Donc aider n’est pas toujours bien. Dans mon travail avec des groupes de coaching personnel il arrivait que des personnes craquent et pleurent sur elles-mêmes à cause d’une souffrance remémorée ou d’un échec mal surmonté. En général les gens vont soutenir, mettre le bras sur l’épaule, tenter de consoler. Ce que je ne faisais presque jamais. On me jugeait parfois froid et inhumain à cause de cela. Alors qu’en toute vérité, ne pas intervenir était un acte d’amour, de respect de l’autre, de son propre besoin et de sa capacité à se porter lui-même jusqu’au terme de son processus. 

Consoler c’eût été arrêter le processus, empêcher l’autre d’aller au terme de son ressenti. En ne faisant rien, je faisais confiance aux moyens de la personne plus qu’aux solutions que je pouvais lui apporter, à elle plus qu’à moi. Solutions qui servaient probablement à m’apaiser et à me sortir de la tension plus qu’à apporter une aide. J’étais donc un véritable humaniste. Les consolateurs n’étaient que des sentimentaux.

 

 

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Non, je ne prétends aucunement au statut d’humaniste. Surtout pas. Ce ne sont pas quelques élans compassionnels qui permettent de se définir ainsi. Suffit-il de mettre des pansements sur une infection pour accéder à ce statut? Je ne crois pas. C’est ce que pensaient les pseudo-humanistes du XXe siècle, ceux qui comme Harlem Désir croyaient qu’il suffisait d’interdire certains mots pour que les humains s’aiment. Le monde qu’ils nous lèguent, déchiré, en déconstruction intellectuelle et culturelle, ne plaide pas en leur faveur. Ils ont enfermé, figé comme un monstre, ce qui devait être transformé en profondeur et donc discuté ouvertement.

Un nouveau paradigme émerge lentement, appuyé sur des attitudes plutôt attribuées à la droite intellectuelle et politique, comme par exemple le fait de choisir quels réfugiés il faut accepter plutôt que de les accepter tous. Je crois que la liberté intellectuelle est aujourd’hui davantage de droite, oui, mais le clivage en camp du bien et camp du mal n’est pas opportun. Ou bien on débat de propositions et de conceptions, ou bien on juge l’autre en espérant que notre jugement moral aura force de loi. Mais dans la seconde attitude on s’exclut du débat. Car aujourd’hui le bien et le mal ne peuvent répondre à des problématiques de démographie, d’acculturation, d’égalité au niveau mondial, de migrations, d’écologie, entre autres.

Par exemple: sauver la planète serait bien, ne rien faire serait mal. Encore faut-il être d’accord sur ce que signifie sauver, de quelle manière précise, avec quelle anticipation de résultats, et selon quel diagnostic partagé. Le débat dure tant que l’on est en désaccord. Le monde n’est pas partagé entre les bons et les mauvais. Le pape François s’est fendu d’un texte sur le réchauffement. C’est un moyen très direct pour accéder à la notoriété et accumuler un capital de sympathie. Est-ce son rôle? Et son origine sud-américaine ne fait-elle pas de lui un peu vite un défenseur des opprimés? Défendre les opprimés est-il le seul but d’une société humaniste? Vise-t-on vraiment à réconcilier les groupes différents plutôt qu’à les dresser les uns contre les autres?

Barak Obama est cité comme autre humaniste. En quoi? En si peu de chose. J’étais pourtant un fervent admirateur à ses débuts. Mais je vois l’état du monde après huit ans de sa présidence, et les conséquences de ses décisions au Proche-Orient: soutien à des groupes par la suite avérés terroristes, millions de réfugiés en errance ou morts à cause en partie de la politique étrangère de son pays, volonté de couper l’Europe de l’ouest et du centre contre la Russie, pas de fermeture de Guantanamo: non, je ne vois pas vraiment l’humanisme dans cela.

 

 

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Alors dire que le pape et Obama sont les dernier humanistes et pleurer une larme me semble assez décalé du réel. Il y a de l’humanisme dans tous les bords politiques, les écolos ou les roses-rouges n’en ont certainement pas le monopole. Mais le fait qu’ils servent ce discours moraliste signifie que leur temps est fini. Ils n’apportent plus de ferments nouveaux dans les débats d’idées, à part quelques provocations sociétales comme le droit de vote aux étrangers (lesquels peuvent se naturaliser s’ils veulent s’investir dans leur pays de résidence).

Ces humanistes sentimentaux ne sont pas de vrais humanistes capables d’analyser le monde autrement que par une version manichéenne du logiciel politique. Ils devraient relire Edgar Morin et René Girard, et Philippe Bénéton pour faire bonne figure. J’ajouterais Finkielkraut. Il y a des penseurs pour commencer à élaborer le nouveau paradigme.

Ces nostalgiques d’un monde qui s’en va avaient le pouvoir intellectuel sur ce monde pendant des décennies: ils n’ont pas su le rendre meilleur, même pas su faire barrage au racisme. 

 

Leur nostalgie d’une ère finissante est leur esthétisme. Ou, paraphrasant le titre d’un film de Visconti, leur « Mort à Venise ».

 

 

Image 1-2: Mort à Venise, Visconti. 3: Le soir du déluge, Turner.

 

 

Catégories : Histoire, Philosophie, Politique, Psychologie, société 7 commentaires

Commentaires

  • "Par que l’humanisme était le début d’une guerre ouverte contre la puissance de la religion chrétienne. Il ne visait pas à unir les humains dans un grand élan d’amour fraternel mais à supplanter les clercs, leur pouvoir, et si possible prendre leur argent comme on le verra avec la révolution française." C'est du grand n'importe quoi ! A ce tarif, l'héliocentrisme de Copernic n'était qu'une tentative de ce chanoine pour se faire rembourser ses impôts :) :) :)

  • Comme Paragone, je pense que la Renaissance était davantage qu'un mouvement avec des arrière-pensées mercantiles ou anti-cléricales.

    Les idées propagées par l'église catholique de cette époque-là étaient souvent simplement fausses, la hiérarchie était implacable et les idées de base du christianisme étaient en partie totalement oubliées. Le mode de vie des haut dignitaires de l'Eglise avait dépassé certaines bornes.

    Je ne peux pas considérer l'émergence d'individus tels Leonard de Vinci, Copernic ou Luther comme regrettable. On pourrait peut-être soutenir la thèse, selon laquelle leurs travaux et convictions ne seraient peut-être pas humanistes, mais au moins reposent-ils sur des convictions dépassant le besoin de prendre le pouvoir ou l'argent de l'Eglise.
    Le besoin de comprendre le fonctionnement du monde ou l'exigence de cohésion entre la théorie et la pratique me semble être une bonne chose.

    Placer l'Homme au centre ( ce qui serait au fond une façon de définir l'humanisme) est une entreprise périlleuse, parce qu'il est au fond aussi difficile à circonscrire que dieu.

    L'Homme est un être avec des sentiments et c'est tout un travail d'arriver à les maîtriser, par la pensée et la réflexion.
    L'Homme a également eu besoin du sacré et d'élaborer des systèmes de pensées religieuses.
    Et il a besoin de comprendre, d'utiliser le raisonnement.

    En considérant déjà juste ces trois grands axes, on voit que l'être humain
    doit trouver des stratégies, puisqu'il ne peut pas simplement compter sur l'instinct. Son cerveau est en principe trop complexe pour se soumettre à l'infini à des systèmes uniques et figés. Les animaux s'adaptent aux changements de leur milieu, les êtres humains ont en plus à gérer le monde de leurs pensées.

    Etre un être humain équilibré est déjà un gros défi, alors être humaniste ...

  • La Renaissance est souvent proposée comme une forme de révolution artistique, culturelle, scientifique. En regard, le Moyen Âge est proposé comme une longue période d’ignorance et d’obscurantisme. L’humanisme serait une délivrance de cette ignorance.

    Mais l’historien Jacques Heers, dont les travaux font référence, a montré que cette notion de rupture est fausse, qu’en réalité il y a eu continuité, que la logique des anciens était déjà enseignée dans les premières universités un siècle avant la Renaissance. Il a aussi montré que ce concept de Renaissance n’est pas général dans le temps et l’espace.

    www.nouveau-reac.org/textes/jacques-heers-la-fable-de-la-transmission-arabe-du-savoir-antique/

    André Chastel, spécialiste de la Renaissance italienne, a montré que l’art fut intimement associé à la politique au sens de la vie de la Cité. Par exemple le David de Michel Ange à Florence fiut le signe de la liberté retrouvée de Florence.

    Il a aussi montré l’industrie artistique de l’Italie, bien éloignée de l’image de quelques individu icônes. Il a aussi montré l’influence des grecs sur l’art de l’époque et sur les travaux de Copernic, or les classiques grecs étaient toujours étudiés par les clercs chrétiens depuis la chute de Rome, et leur enseignement circulait.

    www.histoire.presse.fr/livres/les-classiques/renaissance-italienne-d-andre-chastel-01-03-2003-5626

    L’humanisme a repris un certains nombre de thèmes antiques mais aussi les valeurs chrétiennes qui, qu’on le veuille ou non, on continué à être transmises en Europe. Rome et la papauté n’étaient pas tout. D’ailleurs le fait que Vinci ait pu publier montre que l’église ne considérait pas tout comme l’oeuvre du diable. De même le fait que des savants théologiens aient insisté sur le fait que l’humain n’est pas maître de sa vie montre que le débat existait. Au final les partisans de l’humain se suffisant à lui-même ont gagné, et sont toujours là (théorie du genre par ex.).

    L’église catholique a eu des positions fermées et erronées sur certaines choses, cela mérite une étude en soi. On voit que toute dissension d’un dogme majoritaire voue à une ostracisation, par ex. l’écologie catastrophiste vs sceptiques, ou hommes vs féminisme.

  • @hommelibre

    Comment ne pas être convaincue que la Renaissance était plutôt une évolution qu'une révolution !
    Il me semble que de toute façon, tout se passait plus lentement que de nos jours et personne n'était en position d'imposer quoi que ce soit, surtout dans ce panier de crabes qu'était la péninsule que nous appelons Italie depuis environ 150 ans.
    Si je suis bien renseignée, la Renaissance a commencé en Italie et était d'abord artistique et littéraire. Le courant de pensée "humaniste" n'a pas été prosélyte ou anti-Eglise, même si les mécènes étaient impliqués dans des combats de pouvoir très compliqués. Est-ce que Machiavel n'a pas justement écrit son "Prince" dans ce contexte ?
    Les influences extérieures et la situation politique ( avec les conflits autour de la papauté) sont d'une complexité qui me font renoncer à essayer de comprendre, si c'est une mauvaise chose que quelqu'un en ait voulu à la puissance de l'institution ecclésiastique.
    Si je vous comprends bien, vous établissez une filiation directe entre l'Humanisme et la théorie du genre. J'imagine que ça peut se défendre, mais peut-on dire que le bilan de l'Humanisme et de la Renaissance en est pour autant négatif ?
    S'il n'avait pas existé et qu'en Europe, nous aurions donc évolué sous les auspices d'un mouvement artistique et intellectuel autre, lequel aurait il pu être ?
    Les auteurs grecs et latins étaient donc connus des clercs du Moyen-Age, ils les cultivaient. Cela aurait pu finir par sortir du monde ecclésiastique malgré tout. Et on se serait retrouvé avec la diffusion de ces idées humanistes, malgré tout !
    Je fais un peu l'empotée, pour dire simplement que depuis le XIVème-XVème siècle, il y a eu beaucoup de carrefours, beaucoup d'autres événements , qui ont pu influer sur la pensée occidentale, dont les "Grandes Découvertes" géographiques, dont les progrès de la science, qui ont pu donner à l'Homme l'idée qu'il était en maîtrise du monde. Qu'il y avait des trésors cachés, il suffisait de les découvrir, en cherchant bien.
    L'idée que nous pourrions tout comprendre et tout maîtriser a un côté angoissant, parce que ce pouvoir pourrait être pris par des mégalomanes bien organisés.
    Adam et Eve, l'arbre de la connaissance, la pomme et le serpent sont pour moi des archétypes très proches, pour des raisons personnelles. C'est une image biblique qui me semble très ... humaniste !
    J'ai envie de vous renvoyer une de vos idées, qui me convient parfaitement : ce n'est pas OU /OU mais ET + ET !
    Si les idées humanistes ont trouvé un terreau favorable en Europe (et d'abord en Italie), ne serait-ce parce que l'Europe était prête à ce moment-là à les développer, grâce à ses acquis chrétiens ?

  • Je ne sais pas si paternaliste comme l'étaient de nombreux patrons est l'équivalent du terme humaniste Si oui alors ils étaient nombreux
    Un vrai humaniste ne se mêlera jamais des affaires d'autrui ,ne sera pas fouineur et tirera vers l'avant celui laissé pour compte sans pour autant lui imposer sa manière personnelle d'envisager le futur
    Surtout à cette époque ou le futur faisait déjà partie d'aujourd'hui .En réglant les problèmes de suite on balayait les ennuis de demain
    On ne laissait rien trainer au hasard!
    Par chance nous étions entourés de Francs Maçons qui dans une certaine mesure possédaient toutes ces qualités
    Ce qu'ils faisaient entre eux ne regardait personne et leur savoir vivre en société aura été source d'enseignements pour de nombreux enfants qui laissés à eux mêmes ont pris exemple sur eux
    Nous ne pourrons jamais assez les remercier c'est certain car sans le savoir ils étaient devenus nos parents de substitution

  • @ Calendula,

    L’époque est intensément complexe et riche en événements. On l’a présentait dans mes cours comme une révolution, non immédiate, mais au même titre que la révolution industrielle, avec un avant et un après. Cela est déjà erroné. Il y a eu une suite. Ce que la Renaissance a établi était en bonne partie en place avant.

    La Renaissance a proclamé l’Homme au centre de sa philosophie, mais pas en tant qu’objet de compassion mais de toute-puissance: créateur de lui-même. Si l’humanisme a eu de bon côté, comme la progression des idées démocratiques (bien que la féodalité ne fut pas l’enfer arbitraire que l’on dit, tout au contraire), cette toute-puissance se retrouve dans quelques délires: dans les idéologies hyper nationalistes, dans Nietzsche, dans la théorie du genre, par exemple.

    Les soutiens à la Renaissance n’étaient pas d’ailleurs des enfants de choeur: Laurent de Médicis a fait commettre des massacres. Le conflit entre Médicis et Savonarole illustre bien cette dimension très rapidement politique de la Renaissance.

  • @hommelibre,

    La présentation de personnages ou d'événements en cours d'Histoire est un sujet épineux, puisqu'on adopte une position interprétative à postériori.

    On peut dire, au XXème siècle, que "la Renaissance", qui aurait commencé autour de 1350 comme mouvement littéraire en Toscane, aurait fini par transformer le monde intellectuel en Europe 300 ans plus tard.
    Y ajouter un jugement de valeur ? Ca dépend du point de vue... Il est possible que des historiens et les auteurs de manuels d'Histoire ( car nous avions des manuels à l'époque !) aient pris partie en faveur d'un mouvement qui prônait une certaine vision de l'Homme.
    Je crois, que de nos jours, l'enseignement de l'Histoire a beaucoup changé et le traitement de ce genre de thèmes est devenu beaucoup plus multi-latéral et partant, déconcertant, tant pour les élèves que les parents.

    L'exemple de la perception de Napoléon, selon les pays européens, est un bon exemple de l'importance du point de vue.
    Selon ce que j'ai pu comprendre à l'âge adulte, l'occupation napoléonienne de la Prusse a provoqué des événements qui ont donné beaucoup d'élan à ce royaume, qui est ensuite devenu un poids lourd en Europe. Au collège, on nous avait enseigné la vision française de Napoléon, qui était érigé en héros dans les manuels à disposition autour de 1970. Il était très certainement un héros pour la France, mais un gros problème pour les autres pays, entre autre un envahisseur.

    Pour en revenir à notre compréhension de la Renaissance :
    Penser que Copernic ou Da Vinci étaient des enquiquineurs ou des imposteurs serait abusif ! Que Pétrarque, Dante, Boccace, Machiavel aient été des écrivains et penseurs hors du commun ne fait aucun doute. Qu'ils aient eu besoin de soutiens financiers est une évidence et que cela ait pu être récupéré par des luttes de pouvoir est inévitable.
    Je me souviens qu'on m'a expliqué les Guelfes et le Ghibellins et que j'ai abdiqué, c'était incompréhensible. Les deux papes ( Rome et Avignon) : au secours ! Pour moi, tous ces gens n'étaient pas des enfants de choeur et ils gâchaient la belle ambiance artistique et intellectuelle, tout en me stressant pour l'épreuve à venir ! ;-)))
    Je sais que ces écrivains n'étaient pas anti-chrétiens, je crois pas qu'ils aient opposé le christianisme et les auteurs de l'Antiquité. Je crois qu'ils étaient émerveillés de découvrir que les Anciens avaient déjà tant réfléchi à l'être humain. Comment ne pas être émerveillé !
    Que Nietzsche ait connu de tels succès n'est pas forcément de sa seule "faute", mais bien du fait qu'il ait été lu et mis en valeur par des politiciens ou intellectuels, que ça arrangeait.
    En tant que philosophe ou écrivain, on peut être récupéré et servir de caution de son plein gré ou pas. A titre posthume, il est compliqué de se défendre personnellement.
    J'aurais bien aimé connaître la position de Nietzsche face au national-socialisme, face à la réalité de cette doctrine politique. J'imagine qu'on a écrit des rayons de bibliothèque entières pour en débattre ...

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