Monsieur « Made-in-France » n’y pense pas qu’en se rasant. Le populiste-souverainiste Arnaud Montebourg a fait hier son coming out politique: « Je veux être calife à la place du calife! ». L’odeur de l’écurie s’accentue.
Le chevalier à marinière made in France est de retour en politique après avoir flirté avec le privé. Il veut tourner la page d’un quinquennat de gâchis et dont le bilan lui est impossible à défendre, selon ses propres paroles.
Le Hollande bashing pourrait rythmer la campagne. Cécile Duflot n’a-t-elle pas déjà parlé de renoncement aux engagements politiques? La gauche va combattre la gauche.
Montebourg reprend le thème du renoncement. Cité par Challenges:
« … j’aurais aimé pouvoir le soutenir. Cela aurait signifié que nous aurions respecté nos engagements et nos valeurs, que nous serions restés droits. Ce n’est pas possible, ce n’est pas souhaitable. À cause du reniement. À cause du renoncement. »
Et d’ajouter ce cinglant appel à Hollande à se retirer de la course:
« Nous devons créer une nouvelle direction pour ce pays. Je m’adresse respectueusement, fraternellement [à François Hollande]: dans l’intérêt du pays, qu’il affronte sa conscience et qu’il prenne la décision qui s’impose ».
Le programme de Montebourg contient des propositions choc en faveur des PME – premier vivier d’emplois France. Par exemple:
« Réserver pendant une période de huit ans, le temps que la France se réindustrialise, 80 % des marchés publics des collectivités locales de l’Etat, et de ses hôpitaux, aux PME travaillant sur le sol national. »
C’est contraire aux règles européennes. Selon Challenges il s’agit d’un projet très interventionniste, reproduisant le modèle jacobin de centralisation à la française. Rien de nouveau. Montebourg décline son souverainisme. Il parvient même à lier théoriquement ce souverainisme avec le projet d’Union Européenne.
Il promet également la suppression des augmentations d’impôts décidées par l’actuelle majorité depuis 2012. Souverainisme, renoncement, baisse d’impôts: n’est-ce pas un ennième programme qui, s’il venait d’un autre horizon politique, serait taxé de populiste? Un populisme-souverainisme de gauche qui va de Mélenchon à Chevènement en passant par Montebourg.
François « Titanic » Hollande
Montebourg se présentera-t-il à la primaire socialiste? Il n’a rien dit dans son annonce. Mais ne rien en dire c’est déjà réserver sa décision et préserver son entière liberté. Avec ce qu’il a mis à François Hollande l’Arnaud prend date. Alors qu’il a longtemps milité pour cette primaire, seul moyen pour son courant minoritaire d’être entendu dans le parti et de donner écho à son ambition, le voici qui verra, peut-être ira-t-il à cette primaire, si elle est loyale…
Duflot-Montebourg: même discours (Duflot: « … si les conditions de la primaire permettent de transmuter la primaire, de ne plus en faire un boulet »)… Ils iront à la primaire si elle est loyale, ou si elle n’est pas un boulet. Loyale? Boulet? Arguments irrecevables. Ces candidats ont eux-mêmes oeuvré pour l’instauration des primaires. Les dénoncer c’est comme dire, au mieux, qu’on n’en a rien à cirer, et au pire qu’on a mis en place une mauvaise idée.
La primaire devait permettre aux petits candidats de se faire entendre, de ne pas être noyés dans la masse et d’éviter la notion un peu monarchique de candidat naturel. Mais aujourd’hui, alors que la faiblesse de Hollande laisse le terrain ouvert à gauche, ces minoritaires semblent n’avoir plus aucun intérêt pour la procédure qu’ils avaient appelée de leurs voeux. Mais que veulent donc les français?
Selon des commentateurs, Franfrelande serait ravi de l’annonce. La multiplication des candidatures à sa gauche devrait disperser les voix contestataires et ne pas lui faire trop d’ombre. Vraiment? Calcul risqué.
Certes l’actuel président pourrait se retrouver seul chef restant d’une gauche défaite. Capitaine d’un bateau englouti. Hollande sera-t-il le capitaine du Titanic socialiste français?
Pourtant Fanfrelande croit à sa chance. Dans son livre-entretien paru ces jours il précise que s’il perd la présidentielle il renoncera à la politique. Bien que la forme n’y soit pas c’est quasiment une déclaration de candidature.
Ce décalage, cette rupture entre son désir et le rejet de l’opinion ne va pas améliorer l’image de la gauche. Celle-ci n’est pas exonérée d’avoir élu ce capitaine abandonné.
Le petit marin Montebourg pourrait bien couler avec son navire-mère, le Titanic hollandien.
Commentaires
"Le petit marin Montebourg pourrait bien couler avec son navire-mère, le Titanic hollandien."
Ben, déjà que le capitaine se noie dans un verre d'eau....