Les accusations de sexisme visent en général les hommes. Au point où une parole féminine de type sexiste passe quasiment entre les gouttes. Invisible, inaudible. Exemple avec Marie-Laure Viola, journaliste du sport à la RTS.
La télévision suisse romande couvre les JO de manière très complète. Une grosse équipe a été mise en place. La présence de la journaliste Marie-Laure Viola dans le studio genevois me convient. Claire dans ses propos, directe, interactive, je l’apprécie.
Samedi elle commentait la médaille de bronze du danois Viktor Axelsen en badminton. Sa première médaille, à l’âge de vingt-deux ans. Et alors qu’il exultait à la fin du match, Marie-Laure Viola fait une remarque ayant trait non au talent du sportif mais à son physique.
Elle semblait quelque peu émoustillée par Viktor. Au point de formuler cette appréciation élogieuse sur ce physique:
« C’est un beau bébé. »
Petite phrase suivie d’un léger rire entendu, presque complice. Après quoi son comparse masculin, légèrement déconcerté par cette remarque, a noyé le poisson comme il a pu.
La féline Marie-Laure nous livre là son sentiment sur le physique d’un athlète. Beau bébé pour un homme, cela doit être le pendant masculin de Jolie poupée et relève d’une admiration sexuée. Puisque Viktor n’est pas un bébé, la journaliste veut dire autre chose, quelque chose de plus personnel et intime, sans lien avec le sport.
Cependant on peut y voir le mal, si l’on en a envie et en cherchant bien. Traiter un homme adulte de bébé n’est guère valorisant, même s’il s’agit ici d’un mot doux, presque tendre (référence à la peau de bébé). La remarque vise l’apparence et l’appartenance sexuelle masculine. Ce que l’on nomme sexisme quand un homme tient le même genre de propos. Et pourtant ici, pas d’accusation, pas de mise en cause, de scandale mondial.
Hou la la, cela sent le biais à plein nez: la parole sexiste serait admise si une femme l’endosse. Dans la bouche d’un homme des propos similaires auraient probablement été dénoncés comme abusifs.
Mais je m’en fiche. On n’est pas à l’école primaire. Je ne suis pas choqué par les remarques ayant trait au corps, au physique ou à la beauté. Nous y sommes presque tous sensibles. Le dire n’est pas un crime. Viktor Axelsen est un gars solide, grand, au corps baraqué, musclé mais fin, et à l’énergie puissante. Je comprends qu’il puisse éveiller une attention féminine, en particulier d’une sportive comme Marie-Laure Viola (image 2 extraite de sa page Facebook).
Je trouve plutôt sympathique le fait que les journalistes incluent quelques paroles plus personnelles ou intimistes dans leur prestation, si cela n’altère ou n’oriente pas le contenu de leurs propos. En l’occurrence Marie-Laure n’altère en rien les commentaires sur la victoire de Viktor.
Pas de sexisme dérangeant donc à mes yeux. Pas de quoi fouetter une chatte. Juste un petit fun en passant, pour lequel je remercie Marie-Laure Viola.
P.S.: le résumé final de la rencontre de Viktor Axelsen (durée 2:06) s'arrête hélas juste avant la petite phrase.
Commentaires
Cher hommelibre,
- « Les accusations de sexisme visent en général les hommes. »
Vraiment ?
Serait-ce une façon de dire ...
... les femmes se plaignent plus de ce que l'on appelle le ... "sexisme" ?
Ou ...
... il y a plus d'hommes qui se plaignent du "sexisme" que de femmes ?
Ou peut-être ...
... il y plus d'hommes qui se plaignent du "sexisme" chez les hommes, que de femmes qui se plaignent du "sexisme" chez les femmes ?
Ou encore ...
... les femmes se plaignent moins du "sexisme" que les hommes ?
Ou un appel de reconnaissance d'une tendre faiblesse des "hommes" ?
Ou la dénonciation d'une interdiction intolérable du sexisme faite injustement aux hommes seulement ?
Ou par ce climat estival, juste un petit excès de ... victimisation ?
comme quoi le bi- & multilinguisme (standards suisses) a ses avantages: on peut encore traduire "baby" et dire "honey!", "sweetee" ou "süsse" à son "sweet hart", sans qu'un esprit tordu (par ex dévié vers la Mecque) ne fasse appel aux DDDH contre une langue baveuse prête à lécher tout ce miel
La formule «C’est un beau bébé» nous viendrait du Canada que ça ne m'étonnerait pas. En tout cas, je l'ai déjà entendue plus d'une fois sur les ondes de la TSR, employée par des consultants (en général canadiens) ou commentateurs masculins lors de matchs de hockey sur glace pour désigner un joueur qui s'impose dans le jeu grâce à sa carrure impressionnante, sa force et son engagement physique. "Beau bébé" n'est donc pas nécessairement synonyme de "beau gosse" ou de "beau mec", même si dans la bouche de Marie-Laure Viola il faut certainement lui donner aussi ce sens.
Merci pour ces suggestions, Mario. J'ignorais que cette expression avait déjà été utilisée. Cela ouvre davantage de possibles que ce que mon billet propose, même si le ton, le rire et la réaction un peu gênée de son comparse semblent décalés du commentaire.
C'est probablement une expression utilisée dans le monde sportif francophone et la journaliste de la rts fréquente ce monde-là.
Ici, la phrase en contexte, utilisé par un homme :
www.vipsg.fr/zlatan-cest-un-beau-bebe-13750
"Le défenseur central de Wasquehal n’en revient toujours pas d’avoir affronté Zlatan Ibrahimovic. Malgré la défaite, Adil Qrita est heureux d’avoir croisé le chemin du Suédois. Il est même reparti avec son maillot.
« Il est impressionnant. C’est un beau bébé. Je ne suis pas petit mais lui, c’est un sacré morceau. Il n’hésite à pas à mettre son corps en opposition, à jouer de son physique. J’ai essayé de m’imposer sans être méchant ou vicieux. Je pense avoir réussi à répondre présent. On doit être fier de ce que l’on a réalisé. »
Ou ici :
nforbasket.eu/?p=8466&lang=fr
"C’est un beau bébé que les Port of Antwerp Giants sont allés chercher pour occuper leur raquette: Gavin Ware est un colosse de 2m06 et 122kg… de muscles, précise le communiqué. Il a été formé à l’université de Mississippi State et dispute actuellement la NBA Summer League avec Orlando Magic."
Il y a quelque chose d'ironique et admiratif.
Aucun doute, cela ne fait pas le même effet, que si c'est utilisé par une femme.
Merci pour ces nouvelles précisions qui complètent les précédentes, Calendula.
Dont acte. Cela démonte plutôt mon billet mais je l'accepte. C'est aussi parfois à cela que sert le débat.
Axelsen est grand: 1m94. L'expression "beau bébé" dans vos citations mentionnent en particulier la grande taille. C'est donc, possiblement, dans cet esprit que la journaliste a lancé sa phrase, surtout en tenant compte qu'elle est immergée dans le milieu sportif. Mais, et c'est dommage que l'extrait télé coupe juste avant, car le ton, le rire et la gêne du collège au micro vont plutôt dans le sens de mon ressenti.
Mais encore une fois, j'ai relevé le fait pour en sourire et pour enlever la gravité criminelle qu'on attribue aujourd'hui à ce genre de propos. Il doit être possible de lâcher une remarque plus personnelle sans que la terre ne tremble. Enfin, je le souhaite. Pour cela, chacun doit sentir le bon moment et les bons mots, et être clair sur son intention.
J'ajoute qu'en effet, utilisé par une femme, et sur son ton, cela ne produit pas le même effet que vos liens...
:-))
@ Chuck:
Le climat estival n'étant pas extrême, non ce n'est pas un excès de chaleur...
Je passais par là et je suis entré...
:-D
Le terme viser, associé à accusations, désigne bien les hommes comme principaux auteurs. Ce qui souligne un peu plus la différence de comportement selon le sexe. Et ce qui est aujourd'hui facilité par le biais installé: femme victime - homme prédateur. La mythologie féministe moderne, quoi...
Je le dis souvent quand je vois un bébé..... :)
Mais concernant cet athlète et indépendamment de sa carrure, il a un visage poupin.... J'aurais eu la même réflexion que la journaliste.
Chuck-Chuck, une java vous attend chez SlowUp... :)
Merci Patoucha. C'est intéressant d'avoir l'avis de femmes.
Ce sujet léger me rappelle une anecdote vécue, qui parle aussi de compliments et d'expressions inédites.
Il y a une trentaine d'années, une amie avait amené son bébé et mon filleul, un petit garçon de 2 ou 3 mois, chez le pédiatre pour une visite de routine. Le nourrisson était en parfaite santé et assez robuste et tonique. Il avait une bouille particulièrement souriante et ronde et comme il était quasi chauve, il n'en était que plus attendrissant.
Le pédiatre de s'exclamer, à la surprise de la jeune mère: "Il est beau comme un camion !"
Ni elle, ni moi ne connaissions cette expression, qui venait probablement d'arriver dans le langage courant. La mère a bien senti que c'était le compliment maximal et est rentrée toute fière de ce rendez-vous.
Mais il faut admettre que ce poupon un peu chauve et tout doux avait aussi peu en commun avec un camion, que ces sportifs d'acier et particulièrement virils en ont avec un ... bébé.
Vu le contexte, on aurait pu s'attendre à entendre "C'est un beau bébé !", mais décidément, on préfère souvent la métaphore et le second degré.