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Confession intime

La campagne américaine m’inspire ce dernier billet très personnel. Exercice rare chez moi. J’ai appris à ne me dévoiler qu’avec des très proches. Je déroge à ma règle, de manière mesurée; cela a du sens dans ce moment.

Confession01.jpgLonesome cowboy

Je n’apprécie pas le recours aux émotions en politique. Je ne méprise pourtant pas les émotions et je n’ai jamais eu de problème pour exprimer les miennes. L’injonction d’exprimer mon ressenti ne me sert à rien: hypersensible, romantique, je le fais depuis mon enfance.

Je n’aime pas l’exploitation racoleuse des larmes à la télévision. Les larmes sont trop précieuses pour être galvaudées. Avec cette labilité émotionnelle la télé devient borderline.

Le spectacle offert en particulier par Hillary Clinton est tout ce que j’abhorre. Les grandes embrassades comme si on avait gardé les cochons ensemble, non merci. Le sourire fabriqué au nom de « l’être ensemble » me  donne envie de zapper. L’appel à de nombreux soutiens comme si elle n’y arrivait pas toute seule, son impérialisme moral et militaire, encore non.

Je préfère la posture solitaire de Donald Trump. Ses mises en scène sont moins émotionnellement bling-bling. Je me retrouve en partie dans son attitude: celle de l’homme qui se fait lui-même.

J’en connais les limites. J’avais beaucoup d’ambition mais pas toujours les moyens de la réaliser.

 

 

DieuEnFace-Lancelot_Book.jpgRegarder Dieu en face

J’étais très indépendant d’esprit. J’ai eu très tôt besoin d’expérimenter les choses par moi-même. Je ne pouvais me contenter de reproduire ce que l’on m’avait transmis. C’était l’époque, et c’était moi. Je voulais sortir du cadre normatif et oser des transgressions. Je voulais regarder Dieu en face, comme on disait alors.

Par exemple, alors que j’ai toujours été attiré par les femmes, j’ai à deux ou trois reprises essayé des hommes. Pas par désir, plutôt par goût de l’expérience, et pour tenter de comprendre ce qui se passe entre deux personnes de même sexe. L’expérience a été délibérément incomplète. J’y ai eu quelque plaisir sur le moment. Mais je n’aurais pas pu changer mon orientation profonde. Les femmes m’attirent, me fascinent, m’inspirent ce qu’aucun homme ne peut m’inspirer.

À l’époque j’avais des amis formidables. Nous partagions presque tout, sans jugement négatif. On se fichait de savoir qui étaient homo ou non. Les relations entre les filles et les garçons étaient joyeuses et naturelles. J’avais l’égalité chevillée au corps, je n’y ai aucun mérite. Alors, quand les féministes et les LGBT se sont mis à agresser culturellement les hommes, de manière systémique, à politiser le couple, à lancer des tombereaux de jugements négatifs, je suis tombé de haut. Pour moi c’était une régression.

Pourtant j’ai initialement soutenu le féminisme. Ma sensibilité, jugée assez féminine par mes copines, y était sans doute pour quelque chose. J’avais le sens de l’écoute et de l’intimité. Cela m’a valu quelques succès avec les femmes. À ne pas abuser: le besoin d’attention de certaines femmes fait d’elles des proies faciles pour les séducteurs. Aujourd’hui je dis aux femmes: pour votre propre liberté il vaut mieux parfois être confrontée que recouverte de miel ou admirée de manière servile.

 

 

Confession02.jpegMasculin-Féminin

En même temps je crois que je ne voulais pas affronter. J’avais une image négative de l’homme et je craignais de trop affirmer mon masculin avec les femmes. Je ne refusais pas le guerrier en moi, je le gardais pour d’autres batailles que le jeu amoureux. Cette sensibilité très féminine a été une chance et un fardeau. Plus masculin, j’aurais évité certaines erreurs. Je l’étais pourtant, masculin, et je ne renie pas cet élan d’aller vers l’inconnu sans sécurité. J’ai été pionnier et leader. Je m’y sentais bien.

Il m’a fallu un coup sur la tête – une fausse accusation et ses conséquences désastreuses sur ma vie et mon travail – pour que je réalise ce que le monde devenait. Et pour constater que je devais en finir avec ce discrédit jeté sur les hommes, auquel j’avais malheureusement participé à mon propre préjudice. J’ai vu le vrai visage du féminisme: agressif, sexiste (misandre), pervers. J’ai aussi vu ma faiblesse.

Sorti du traumatisme j’ai continué mon analyse du monde. Mon cas personnel n’était pas exceptionnel. Un biais culturel, judiciaire et médiatique déformait la société. On voit encore ces jours comment la hargne contre les hommes s’étale sans pudeur sans qu’aucun défenseur de la morale correcte ne trouve à y redire. Aujourd’hui je connais les mensonges de la propagande féministe.

J’ai alors appris à revaloriser l’homme en moi. Je suis homme et fier de l’être. Je ne suis pas parfait, pas un modèle, je doute bien plus qu’il n’y paraît (j’ai quand-même appris à gouverner certaines de mes fragilités). J’ai aimé, j’ai parfois choqué et blessé, j’ai aussi été blessé. C’est la vie, je ne me flagelle pas, je continue à balayer devant ma porte et à cultiver plus de netteté. Le grand désordre moderne trouve moins d’écho moi (même si la liberté vaut bien un peu de bordel).

 

 

musique02.jpgCréer

Je me suis reconstruit. Mes amis, mes livres, ce blog, mon changement de grille de lecture de la société y ont contribué. J’ai la même tendresse pour les humains, quels qu’ils soient, augmentée de plus de raison et de lucidité sur le monde – et sur moi-même.

Mais, devant le spectacle de la campagne d’Hillary Clinton, j’ai eu le sentiment hier que pour contrer cette mascarade il fallait délivrer une parole plus personnelle, plus authentique. Sans tomber dans le pathos.

J’aurais pu y tomber: j’ai été une vraie victime. Je connais la violence du choc et le temps qu’il faut pour se relever. Mais être victime est détestable. L’apitoiement sur soi guette, la victimisation peut devenir un système. On se perd soi-même dans le statut de victime, la joie ne peut plus habiter le coeur. C’est pourquoi j’encourage les femmes et les hommes à ne pas se complaire dans ce statut. Aujourd’hui le traumatisme n’est plus qu’un simple épisode de ma vie. Même si une part de colère subsiste, ma résilience a pris le dessus.

Dans ma renaissance j’ai eu besoin de revisiter mes paysages intérieurs. J’écris, je compose. Prochainement mon deuxième album sortira, drôle, poétique et un brin provocateur – même si je rencontre un nouvel obstacle: prévu pour juin, puis septembre, il est encore en retard. La réalisation matérielle a été bâclée à l’usine, l’album est inutilisable et la maison française à laquelle j’ai confié la fabrication rechigne à me rembourser. Il attendra 2017, le temps d’économiser à nouveau le budget de fabrication ou de solutionner le litige. Je me retrouve dans cette configuration: moins de moyens que d’ambition! Mon impatience m’inciterait à réagir de manière agressive. Mais non. L’homme en moi, l’homme créatif et calme, n’y trouverait pas son compte.

Voilà. Demain Hillary Clinton remportera probablement l’élection américaine et le monde continuera de tourner. Quel que soit le résultat je ne commenterai pas. J’ai dit ce que j’avais à dire.

Je reviendrai jeudi.

 

 

À venir:

Contre-Courant-ImageRecto.jpg

 

 

 

 

 

Catégories : Divers, Liberté, Philosophie, Psychologie 2 commentaires

Commentaires

  • Tu me rappelles un épisode de Kaamelott (première saison je crois) où Arthur, confronté à un troubadour nul à chier, passe pour un barbare insensible précisément parce qu'il est assez sensible et cultivé pour s'apercevoir que c'est de la merde, alors que Guenièvre est en transe parce que la musique c'est d'l'aaaaaaart.
    Les hommes sont les vrais romantiques. S'ils paraissent le contraire, c'est qu'ils sont trop sensibles pour supporter la sensiblerie.

  • "Voilà. Demain Hillary Clinton remportera probablement l’élection américaine"

    Il fallait faire confiance à mon intuition hommelibre :)

    DONALD TRUMP NOUVEAU PRESIDENT DES ETATS-UNIS! YESSSSS!

Les commentaires sont fermés.