Le candidat du PS prédit que l’élection du jeune Emmanuel provoquera une crise sociale. Celui-ci veut en effet gouverner par ordonnances, un mode de décision qui n’a dans un premier temps pas besoin de passer devant le parlement.
Emmanuel Macron veut en particulier aller plus loin dans la réforme du Code du Travail:
« Je souhaite introduire dès l’été un projet de loi d’habilitation pour simplifier le droit du travail et décentraliser la négociation. Il s’agit de donner plus de place à l’accord majoritaire d’entreprise ou de branche, d’une part, d’encadrer les décisions des prud’hommes, d’autre part. Le tout par ordonnances, pour procéder de manière rapide et efficace. »
Le reproche de Hamon:
« Comment peut-on envisager encore aujourd’hui, alors que le précédent gouvernement s’est cassé les dents sur la réforme du code du travail par 49-3, continuer à procéder par déni de démocratie, par ordonnances, pour modifier le code du travail ? (…)
C’est la démonstration que M. Macron n’a rien compris aux aspirations démocratiques profondes de ce pays, a-t-il ajouté. Ce qui s’est passé sur la loi Travail se repassera inévitablement si on légifère par ordonnances. »
Ce n’est pas la même situation. Emmanuel Macron annonce la couleur. S’il est élu sa légitimité à gouverner par ordonnances ne devrait pas être contestée.
François Hollande n’avait pas osé mener ouvertement le parti socialiste vers une démocratie sociale-libérale assumée. Il avait opéré un glissement sans l’annoncer et sans pédagogie. Ceux qui l’avaient élu se sont sentis trahis.
Ce ne serait pas le cas de Macron, qui par ailleurs confirme l’orientation de cette loi en annonçant privilégier les accords entreprise par entreprise. L’objectif est d’assouplir le très rigide système français du travail.
Benoît Hamon, lui, s’accroche à son socle frondeur anti-libéral. Cette annonce est donc moins de la divination qu’une tentative de survie. Il tente se rapprocher de Jean-Luc Mélenchon (qui veut abroger la loi Travail). Pour lui reprendre des voix? Rien n’est plus hasardeux.
Le Benoît a même annoncé que s’il n’est pas au second tour, il appellera à voter Mélenchon.
Au risque d’éteindre dès le premier tour la maigre petite flamme qui reste dans le coeur de quelques électeurs socialistes. Car pourquoi voter pour Hamon qui dévisse dans l’opinion quand il désigne déjà le meilleur?
Quel animal maladroit, le Benoît. Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère? Il a beau mettre la main sur le coeur (qu’il semble avoir un peu bas), il est aussi peu présidentiable qu’un koala accroché à une branche d’eucalyptus.
Dans l’opéra en un acte Le Devin du Village, Jean-Jacques Rousseau montre une Colette désemparée parce que son amoureux la délaisse. Colette-Hamon va demander au devin la raison de cet éloignement. Le devin lui répond que son Colin (le peuple de gôche) est sous le charme des cadeaux de la spice girl Mel E. (la rouge riche).
C’est bien connu: on ne prête qu’aux riches. Fussent-ils, comme Mel E., un T-Rex sous sédatif le temps de la campagne. En politique comme au cinéma, les dinosaures ont la cote.
Commentaires
Ce qui serait idéal, c'est que ce nul de chez les nuls fasse moins de 5%, de manière à ce que les socialistes se ramassent tous les frais de campagne en pleine poire. Cela leur apprendra à voter pour un frondeur à la primaire, à ces ennemis de la civilisation...
Il est aussi présidentiable que le fut un certain F. Hollande, spécialiste ès synthèse et 'je ne tranche pas' mais je gouverne à vue. Le PS c'est un peu le mirage que chacun voit et interprète selon ses désirs. Pour E. Macron, on voit un petit Hollande grandir ici et là et devenir bientôt le digne (?) successeur de son père spirituel. F.Hollande a raté son quinquennat mais il aura réussi à faire sombrer le parti avec sa torpille Macron. Reste à gérer le replacement de tous les élus dont apparemment E.M. ne veut pas mais ça c'est ce qu'il dit maintenant. France ingouvernable au lendemain du second tour ? Probablement mais ni plus ni moins que durant les 5 dernières années, n'est-ce pas M. le président ordinaire ?
Au fait et si c'était Mélenchon- MLP au second tour ? (ou, pour les socialistes encore pire : MLP - Fillon )
Un truc m'échappe. Comment peut-on considérer Macron comme un élu de gauche ?
Hollande l'avait peut-être pris pour aller dans le sens du social-libéralisme. Un banquier chez les socialistes était peut-être capable de réparer la relation entre la gauche et l'argent.