Le 21 avril 2012 je présentais sur ce blog un citoyen Grand-Breton: Luke Howard. Un drôle de pharmacien toujours la tête dans les nuages – au point de devenir météorologue. Moi-même, anciennement ado rêveur, j’avais songé à embrasser cette carrière et le ciel en même temps.
J’ai suivi d’autres chemins, sans jamais quitter le ciel des yeux. C’est une émotion, une passion. Un engouffrement de l’esprit. Un tourbillon de complexité et de vents multiples. Imaginez cela: quand une petite bise caresse nos cheveux il se peut qu’en même temps, plus haut, un vent blanc annonce l’arrivée d’une charrette d’altocumulus par-dessus le Jura vers la campagne genevoise (image 1 Mirmag).
L’atmosphère n’est pas un bloc compact mais une multitude de couches et de densités, un jeu constant de pressions variables, une somme d’interactions que seuls les plus gros ordinateurs peuvent approcher. Par exemple une traînée de réacteurs qui se brise puis reprend plus loin: l’avion a traversé des zones plus ou moins fraîches, plus ou moins chaudes, cela en l’espace de quelques kilomètres.
Fascinant. Je suis toujours fidèle au ciel. C’est ma plus grande constance même si parfois je le délaisse, le temps d’un baiser à une jolie boule bleue ruisselante à chevelure d’herbe, la Terre, ou d’une blonde élancée. Je ne passe pas une semaine sans consulter plusieurs fois les images satellites, les météogrammes ou la direction du jetstream.
Alors quelle belle surprise d’apprendre il y a peu que de nouveaux météores ont été admis dans le très illustré Atlas des nuages mis en ligne par l’OMM, l’Organisation Météorologique Mondiale.
« Alliance de traditions du XIXe siècle et de technologie du XXIe siècle, le nouvel Atlas propose des centaines d’images envoyées par des météorologues, des photographes et des amateurs de nuages du monde entier.
On y trouve de nouvelles catégories, dont le volutus (nuage en rouleau), les nuages engendrés par les activités humaines, tels que les traînées de condensation parfois produites par les avions en raison de la condensation de la vapeur d’eau, et l’asperitas, un spectaculaire nuage ondulé qui a enflammé l’imagination du public. »
Je connaissais déjà les rues de nuages, ces alignements cumuliformes qu’empruntent les pilotes de planeurs pour parcourir de très longues distances. J’ai toujours vibré au développement des cumulonimbus faiseurs d’orages, avec leurs vents contraires et renversants.
Qui sont les nouveaux? Des nuages spéciaux aux particularités supplémentaires. Tous étant déjà classés en catégories de genres et d’espèces ils ne peuvent être de complets étrangers. Par exemple l’asperitas. Ce nom désigne une caractéristique supplémentaire sur plusieurs genres de nuages. Son surnom est la rivière du ciel, à cause de la beauté de ses ondulations.
Silvagenitus
Sa base n’est pas plane: elle est formée d’une succession d’ondulations annonciatrices de bousculades célestes, Certains y voient une mer déchaînée à l’envers. L’image 2, photographiée en Australie par Gary McArthur pour l’OMM, illustre bien ces vagues inversées.
Le fluctus (image 3, OMM et June Grønseth) est très spectaculaire lui aussi. Encore des vagues, horizontales, comme un écoulement. Il est formé par le vent, qui l’enroule sur un autre nuage.
Les homogenitus sont issus de l’activité humaine: ce sont les étalements de traînées d’avions dans certaines circonstances de température, d’humidité, de pression et de vent. Ils combinent des particularités de cirrus et d’altocumulus.
Les silvagenitus, ici sous des altocumulus (image 4, OMM et Franz Feldmann), sont ces lambeaux déchirés de nuages qui condensent l’humidité des forêts et les particules émises par la canopée. Ce système de climatisation des arbres joue un grand rôle dans la formation des nuages et la régulation du climat de la planète.
Pour en voir plus, rendez-vous sur le site de l’Atlas des nuages de l’OMM, qui met à disposition un système riche de visualisation des nuages. Il est en anglais mais les images n’ont pas besoin d’être traduites. Après quelques tâtonnement les beautés des nuages vous seront offertes.
Et rien que pour le plaisir, et pour la grâce de l’image, ce chant suédois d’appel des vaches, dans un décor de stratus.
PS: Stéphane Audeguy a écrit un roman captivant sur la vie de Luke Howard, intitulé La théorie des nuages.
Commentaires
Un billet qui fait mon bonheur ce matin, les nuages me passionnent et les sites qu'aimablement vous mettez en lien, intéressants et beaux...grand merci Homme Libre.
Pour les vaches, il y a très longtemps que je sais qu'elles sont sensibles à la musique: tout à côté de la maison de mes parents il y avait un champ et des vaches. Quand mon père jouait de l'harmonica, elles accouraient toutes et écoutaient attentivement; un spectacle inoubliable.
Bon dimanche, peu de nuages ici ce matin...