Le peuple de France se préparait à acclamer son nouveau roi. Le trône semblait promis à Ken Macroniño, premier du nom. Sa jeune épouse Barbiebelle en était toute énamourée. Certes il devait compter avec une solide concurrence en la personne de Marina Lepénissova, dite Barbida Maxima.
Mais enchâssé dans sa peur légendaire de la femme blonde, le bon peuple hésitait à se tourner vers elle. Elle qui pourtant était comme une mère inquiète pour ses enfants. Elle si proche des gens qu’on l’aurait prise pour notre tante à tous. Moult jeunes hommes venus des quatre coins du royaume hexagonal auraient aimé approcher sa jolie nièce et courtiser icelle.
Ordoncques on ignorait presque tout de Ken Macroniño, à part une transgression à l’âge de 15 ans, quand, encore mineur de son petit kiki, il décida de solliciter pour épouse la femme d’un autre, déjà mère de trois enfants – dont deux filles ravissantes qu’il montrait en place publique.
La transgression semblait d’ailleurs familière chez cet homme dont le regard ravageur faisait tomber en pâmoison les jeunes estudiantes parisiennes. Ainsi, apparenté aux socialistins, il commit une loi très-libérale sur le transport en d’étranges charrettes nommées autocars. Pour, disait-il, aider les pauvres à passer leurs vacances dans le Limousin grâce à des voyages à bon marché. Venant d’un banquier cela ne manquait pas de grandeur d’âme. Mais être autant libéral dans un camp socialistin était une mésalliance. Que son mentor, le roitelet régional Fanfrelandus, paya très cher.
Transgression contre toute loyauté encore quand il laissa tomber ce chef devenu trop encombrant. Transgression par procuration quand, séduits par l’audace du jeune dauphin, les plus fidèles grognards du vieux chef finissant s’allièrent à l’Emmanuel. Ce prénom biblique devait d’ailleurs à lui seul sauver la France – et peut-être leur poste dans l’intendance du royaume.
Galeries Lafayette
Du moins l’espéraient-ils. À cet effet ils avaient jeté par-dessus bord gouvernail, grappin et déclaration de loyauté. Les rats ayant quitté le navire, ils suivaient, tels les enfants de Hamelin, ce nouveau joueur de flûte qui les enchantait d’un doux ensorcellement. Personne ne se méfiait plus des transgressions à venir et des soumissions annoncées aux monarques étrangers. Ni même du ton fort agressif et peu respectueux à l’égard de son mentor quand, au surlendemain du 23 avril, il lui reprochait de se réveiller avec la gueule de bois (grand bien lui fasse, ajoutait-il) et d’avoir nourri le parti de Marina Lepénissova, le Front altier et national en même temps. Il omettait de signaler que lui-même avait été pendant plusieurs années dans cette même équipe qu’il accusait maintenant, et donc qu’il avait également nourri la grande dame blonde. On n’est jamais mieux exonéré de ses responsabilités que par soi-même. Mais on sait que la faux-culserie est un art en ce pays françois.
Pour le reste on ne savait pas de quoi il vivait. Lui-même avait déclaré ne plus pouvoir payer sa dime. Avec quels deniers arpentait-il donc les routes du royaume? Comment payait-il sa marche dans les campagnes et la sustentation de son intendance dans les villes? On l’ignorait. On gardait même certaine pudeur autour de cette question, épineuse comme un chardon à ânes. Les bardes du royaume ne lui posaient jamais de question malséante. On ne mettait pas le dauphin mal à l’aise! On devait seulement chanter sa louange et verser du parfum devant et derrière ses illustres pas.
Lequel dauphin parlait de printemps, de printemps et encore de Printemps. Un message qu’entendaient les marmitières de moins de 50 ans. Lesquelles se rendirent aussitôt dans dans le grand magasin du Printemps afin de faire leurs emplettes. Par la suite les rieurs parièrent qu’il invoquerait le général Lafayette, grand libérateur des Amériques. Lafayette, comme les galeries du même nom.
Lesquelles Galeries Lafayette verraient venir vers elles ces ménagères touchées par la grâce subliminale du dauphin. Comme on lui demanderait s’il craignait pour la joute qui devait le porter au trône il déclarerait qu’il ne redoutait rien. Point je ne redoute la joute, non rien de rien, je ne redoute rien.
Gargouille
Cette troisième plage de publicité devrait servir bien évidemment le grand magasin La Redoute et apporterait dans l’escarcelle de Macroniño quelques menues piécettes bienvenues pour inviter ses pages et pagettes à danser la disco kolé serré et pour manger encore à la Rotonde, sorte de Fouquet’s de l’époque.
Quelques complotistes, comme il y en a dans toutes les cours, subodorèrent un secret: pour devenir si rapidement Superman il usait d’une pierre venue d’un autre monde, la Macronite. Mais dans l’ensemble on ne s’étonnait point qu’un homme presque inconnu soit en mesure d’être intronisé en une année. Le bon peuple aimait rêver et Ken Macroniño lui offrait une jolie story telling, un conte de fée ruisselant d’étoiles.
Certains affichaient quand-même leur suspicion à l’égard du jeune homme. D’autres se déclaraient pour lui du bout du nez. Mais ils préféraient l’escroc, comme ils disaient, à la grande dame blonde. Ceux-ci, inconscients de la folie de leur slogan et nourris au lait d’âne, la disaient fasciste. Ils ne connaissaient bien sûr pas le vrai fascisme. La grande dame blonde leur avait été décrite comme une diablesse et les mots les plus excluants étaient proférés à son encontre. Pour cette raison peu raisonnable leur préférence allait à Macroniño, au nez de prédateur crochu comme une gargouille ou chimère de Notre-Dame, plutôt qu’à la flamboyante blondeuse désireuse de Pouvoir venue de ces contrées éloignées du nord. Quant aux disciples de Mélenconius ils étaient désemparés par leur héros devenu soudain aussi morveux que Golum.
D’autres encore, tenant un demi-croc à la main, zigzagaient sur le pavé parisien et posaient moulte question à de jolis jeunes gens. Ils étaient en quête de la première trace disponible indiquant que le dauphin avait des idées précises sur la gestion du royaume. Car être roi des Francs et des hypocrites demandait quelques compétences et une liste de projets. À leur désespoir personne ne pouvait les informer sur ce point, comme en témoignaient les boîtes à images de l’époque – dont nous avons retrouvé un exemplaire (ci plus bas).
Brioche
Mais qu’à cela ne tienne. Depuis longtemps on ne mourait plus pour des idées en France. On n’allait donc pas plus vivre pour réfléchir. D’ailleurs, se plaisait à répéter Macroniño, affectueusement surnommé Bébé Hollande, on se fout des programmes. On croyait presque l’entendre déclarer: les idées c’est la guerre. Les idées c’est la guerre, répétaient à l’envi les grands intellectuels du royaume tels Yvan Le Bolloch, La Juppette bordelaise, Hidalgo l’espagnole, Valls le danseur mondain, bref tout ce que la douce France comptait de Lumières (éteintes, économies d’énergie oblige).
C’est ainsi que le Ken et sa Barbiebelle avançaient d’un pas joyeux et serein vers le palais de l’Élysée, siège du trône.
Mais la grande dame blonde, Marina Lepénissova, la Barbida Maxima, marchait elle aussi et son pas s’affermissait comme son coeur. Qui donc allait s’asseoir à la place du monarque finissant? Qui allait vraiment faire changer la France? Marina Lepénissova ou Ken Macroniño dit l’Emmanuel?
La première semblait être le bon cheval pour changer de gouvernance et cesser d’obéir à des estrangers grassement payés pour rédiger les lois du royaume à la place du royaume. Par contre, pour changer le fournisseur des feux d’artifices royaux et le traiteur pour les petits fours et les quatre heures, le second semblait pouvoir l’emporter.
Le peuple françois allait-il cette fois reprendre le commandement du royaume, ou continuerait-il à manger les miettes des quatre heures à la table des monarchies européennes? Allait-il continuer avec le fils putatif du monarque finissant? Ce monarque qui voulait du pain et du travail pour ses sujets et qui, quand on lui eu dit qu’il n’y avait plus de pain dans les entreprises, suggéra de leur donner de la brioche?
– C’est plus facile à mastiquer, avait-il déclaré, et cela réduira les dépenses en dentisterie qui coûtent fort cher au Royaume.
Alors qui prendrait place sur ce trône si convoité: la grande dame blonde ou bébé Hollande? On ne le sait. Mais au moins, après cinq longues années de dolor, on s’amusait enfin dans le royaume.
Commentaires
Sublimissime !
Quel talent, quelle prose ! Bravo et merci
Merci Messieurs. Quand l'actu permet un peu d'humour...
Du tout grand art !
Merci hommelibre pour ce moment délicieux qui m'aide à m'évader du marasme de cette pseudo campagne présidentielle totalement esamotée par les oligarques du CAC40...