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Les hauts et les bas du girl power (2) : Matilda

En Australie Matilda est un prénom peu fréquent. Pourquoi l’équipe nationale de foot féminin l’a-t-elle pris comme surnom? En mémoire d’une vieille chanson populaire  du bush australien, déclinée par de nombreux artistes, Waltzing Matilda. Une chanson du XIXe siècle, aussi importante que l’hymne national.

 

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Les Matilda’s sont donc des footeuses. Et en tant que telles elles sont nettement moins payées que leurs collègues masculins. Les joueuses de foot des États-Unis sont également moins payées que les garçons. Elles mènent le combat pour recevoir un salaire égal à celui de leurs confrères de l’équipe nationale masculine.

Leur argument: discrimination de genre. En effet elles fournissent le même travail, soit au minimum vingt matches amicaux par année, entre autres, et pourtant elles gagnent moins.

Aux USA les joueurs de foot masculin n’ont pas une grosse cote. On considère que c’est un sport plutôt féminin. L’engouement populaire pour les garçons est faible et les résultats médiocres. Le hand et le basket sont beaucoup plus populaires et là ce sont les garçons qui tiennent le haut du pavé. L’équipe nationale féminine de foot, elle, a récolté des trophées impressionnants: médaille d’or olympique, plusieurs coupes du monde féminine, entre autres. 

Fortes de leurs résultats sportifs les joueuses veulent gagner autant que les garçons. Comment disent-elles? Equalplayequalpay. En français: jeu égal, paye égale. Elles ont fait campagne sur ce slogan(image 1).

Ces joueuses nord-américaines posent donc avec des t-shirts arborant leur slogan. Parce qu’elles veulent gagner devant le tribunal de l’opinion publique. Elles ont en effet perdu devant un tribunal fédéral et à la table des négociations. Il ne reste plus qu’à prendre le public à témoin pour tenter de changer la situation.

 

 

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Les salaires des sportifs sont établis selon le spectacle que ceux-ci assurent et la popularité du sport pratiqué. C’est donc au final le nombre de spectateurs qui décide des salaires. Pour Christophe Lepetit, économiste du sport, l’économie des foot masculin et féminin sont incomparables.

« … on compte en France 55.000 licenciées à la Fédération française de football, soit moins de 3% de l'effectif total ; la Coupe du monde féminine qui se tient en ce moment  en Allemagne génère 51 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre huit fois plus pour le Mondial de 2006 ; les places se sont vendues quasi exclusivement en Allemagne alors qu’en 2006, 1,4 millions d’étrangers s’étaient déplacés pour assister aux matches des hommes. »

Un joueur payé des dizaines de millions en rapporte bien plus en remplissage des stades, publicité, produits dérivés, redevance télévision, sponsoring. Son activité fait vivre des entreprises d’équipement, des salariés, une presse spécialisée, bref une véritable économie. Et des fans payés au revenu minimum sont prêts à participer à payer la Ferrari et la vie de luxe de ce joueur.

Les joueuses de foot ne suscitent pas un tel engouement. Le foot masculin électrise. L’énergie masculine n’est pas l’énergie féminine, les corps n’ont pas les mêmes capacités.

 

 

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Je regarde parfois l’Olympique lyonnais féminin, l’une des meilleures équipes féminines d’Europe. Leur palmarès exceptionnel ne leur apporte pourtant pas la même notoriété que leurs homologues masculins. Et à l’intérieur de l’équipe, la joueuse vedette Alex Morgan (image 3), originaires des États-Unis, touche 25’000 € par mois quand la moyenne des autres joueuses est de 5’000 € mensuels.

À l’intérieur de la même équipe les salaires sont donc différents et fonction de la notoriété des joueuses et de ce qu’elle rapportent au club. Cette différence entre Alex Morgan et les autres joueuses de l’OL est l’explication des différences entres hommes et femmes dans le foot.

Pour que cela change il faudrait pousser en avant le foot féminin. J’y suis favorable. Les footeuses doivent pouvoir vivre correctement et se donner à fond, comme les hommes. Mais on ne peut obliger les spectateurs à venir en masse dans les stades.

Equalplayequalpay: le salaire ne se compte pas en nombre de matches et en heures de jeu et d’entraînement. La supposée discrimination de genre n’est donc pas un élément relevant dans la comparaison des salaires des sportifs hommes et femmes. Et à moins de rehausser encore le niveau de jeu des joueuses, comme cela s’est fait en partie dans le tennis, le foot féminin restera loin derrière le foot masculin.

Surtout, et je reviens à elles, quand on apprend que les Matilda’s (image 2, en jaune) se sont faites battre sèchement 7-0 par les Newcastle Jets, une équipe de jeunes garçons… de moins de 15 ans. Et cela n’est l’unique fois qu’elles flanchent devant des adolescents.

Discrimination? Non. Réalité.

 

 

 

Catégories : Féminisme, sport 4 commentaires

Commentaires

  • "Aux USA les joueurs de foot masculin n’ont pas une grosse cote."
    Il aurait valu la peine de rappeler aux lecteurs de notre continent que pour les Américains "football" (masculin en tout cas) est un autre sport que celui que nous connaissons sous ce nom. Dans les universités surtout, Il jouit, lui, d'une cote à peine moindre que le baseball et le basket.
    P.S. Pour être quelque peu pédant, rappelons qu'à ses orgines anglaises, le rugby était la forme de "football" joué à l'école privée (en anglais "public" school) de la ville de Rugby dans le Warickshire. Ce que nous appelons le football était le "soccer" pour les Anglais.

  • Puisque je parle de l'OL féminin, l'équipe à nouveau gagné le championnat de France (11e victoire d'affilée). Elle va jouer la finale de la Coupe, et jeudi la finale de la Ligue des Champions féminine.

    Un triplé à portée des joueuses, déjà réalisé à trois reprises (dont 2016).

    https://www.lequipe.fr/Football/Football-feminin/

  • Homme libre soulève ici une question fondamentale et redondante à propos du supposé sexisme. On retrouve les mêmes arguments féministe dans la représentation et l'audience féminine en politique, au cinéma et ici dans le sport. Chaque fois, c'est le sexisme qui est invoqué pour expliquer le différentiel salarial ou le déficit de femmes.

    Or, il n'y a aucun machisme mais tout simplement, comme le souligne homme libre, l'application pure et simple de la loi du marché. Et cette loi fait que les spectateurs ou les électeurs ont envie de voir (et de payer pour) ou d'élire des idoles dont la notoriété dépend du battage médiatique mais aussi de la présence sur scène, aux actualités et dans les stades.

    Comme sur les plateaux de télévision ou sur les écrans, la durée de nos stars détermine l'audience dont ils bénéficient. Contrairement aux hommes, les femmes sont handicapées par la maternité, qu'elles souhaitent plus que tout mais qui finira par plomber leur carrière. C'est vrai pour les femmes politiques, les interprètes du septième art et, bien évidemment pour les footballeuses. Moins présentes, moins visibles, moins connues dans ces activités médiatiques, les femmes sont alors moins payées que les hommes. Ce n'est donc pas le supposé plafond de verre qui discrimine les femmes, c'est leur utérus !

  • Et hier soir 1er juin l'OL féminin a remporté la Ligue des Champions féminine (devrait-on dire la Ligue des Championnes?) pour la quatrième fois, 0-0, 7-6 aux tirs aux buts.

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