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Fillon coulé, Ferrand touché : le bateau ivre de la morale

La France ressemble par certains aspects à une république bananière. Par exemple: le fait que des députés puissent utiliser à leur discrétion 150 millions d’euros pour subventionner des associations qui ont leur faveur.

 

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Le clientélisme, une pratique de république bananière, n’est pas loin. Or le clientélisme, ou le privilège accordé par un personnage politique à ses proches ou à des sociétés avec lesquels il entretient des relations particulières, fausse le jeu de la démocratie. Il anéantit l’égalité des chances.

Rien ne permet d’affirmer, aujourd’hui encore, que François Fillon ait eu un comportement illicite. Il est tombé parce que l’on a considéré ce comportement comme immoral. Immoral parce que l’argent public tombait dans l’escarcelle d’une personne privée qui était l’épouse de son employeur. Le haut degré de proximité génère souvent une suspicion.

Aujourd’hui le ministre Ferrand, très proche d’Emmanuel Macron, est accusé d’un comportement bananier. Un gros imbroglio avec l’ancienne mutuelle qu’il dirigeait, avec sa compagne, ainsi qu’avec des locaux obtenus à un prix favorable, son fils, son ex-femme retenue comme prestataire de service sans appel d’offre.

Comme pour Fillon rien ne semble à ce jour illégal. Mais pour un ministre d’un gouvernement élu en particulier sur la promesse de moraliser la vie politique, c’est intenable. Fillon a été coulé par sa propre campagne morale. Ferrand devra s’en aller pour la même raison, sans quoi Macron ne serait qu’un bonimenteur de plus.

La justice n’a plus grand chose à voir dans cette croisade morale puisqu’on accuse voire condamne avant ou à la place des tribunaux. La France coupeuse de têtes en a assez des privilèges. La France d’en bas n’en peut plus de nourrir la France d’en haut. Même si elle est prête à donner une majorité à Macron, ce pur représentant de la France d’en haut.

 

 

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Le projet de loi de moralisation se veut exemplaire. Bayrou, accusé de diffamation, y met la dernière touche pendant que son bras droit, Marielle de Sarnez, est l’objet d’une suspicion morale pour une affaire d’assistante parlementaire de son propre parti.

La distinction entre loi et morale est une clé de la liberté individuelle. Il me paraît excessif d’invoquer autant la morale qu’on le fait aujourd’hui. La question politique posée par Fillon et Ferrand est celle de l’équité bien plus que de la morale.

Le cnrtl.fr définit l’équité ainsi: « (Principe impliquant l’) appréciation juste, (le) respect absolu de ce qui est dû à chacun. »

C’est justement une clé de la démocratie moderne: le respect de ce qui est dû à chacun. En particulier, chacun doit pouvoir bénéficier des avantages offerts par l’État. Pour cette raison une administration ne peut attribuer des contrats de travaux public à une entreprise sans avoir offert cette possibilité à d’autres. Ce n’est pas une question de morale au sens du bien et du mal, mais d’équité, de justesse du fonctionnement démocratique. Il n’y a pas de privilège par principe, par relations, par connaissances.

On pourrait répondre que l’équité c’est la justice et que la Justice est gardienne d’une certaine morale. Oui et non. La Justice apprécie chaque situation en particulier. Elle peut relaxer ou dispenser de peine un accusé qui a contrevenu à la loi en situation d’extrême détresse. Contrevenir à la loi est une mauvaise chose. Mais tenir compte de la situation de détresse est un choix moral parfaitement défendable.

Mettre de l’ordre dans certaines pratiques donnera peut-être aux Français un sentiment de plus grande justice. Mais mettre la morale devant la loi est un dangereux glissement vers une société plus tranchante que le couperet de la guillotine. Une société qui navigue comme un bateau ivre de colère, ivre de sa propre jouissance d’abattre ceux qui sont exposés, sur simple dénonciation ou suspicion.

 

 

 

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