L’indépendance attendra. Carles Puigdemont n’a pas engagé la responsabilité de son gouvernement. Il n’a visiblement pas l’aval de l’ensemble de ses troupes pour aller à la confrontation, et s’en remet à son parlement.
C’est une décision plutôt sage. La procédure engagée par les indépendantistes avec le référendum du 1er octobre étant illégale, sa marge est quasiment nulle. Et aujourd’hui la rue ne suit que mollement.
Que fera l’extrême-gauche nationaliste? Elle pourrait tenter d’attiser le feu, créer des incidents, avec des victimes, pour susciter l’indignation de la population et provoquer un bras de fer sur le terrain. Dans le chaudron barcelonais cela pourrait prendre.
La volonté d’indépendance, réaliste ou non, est respectable et peut être discutée. Mais les engagements entre une région et l’État ne se défont pas sur simple décision unilatérale. La souveraineté ne peut être que la suite d’une procédure à mettre en place sur le long terme. De même au niveau de l’Union Européenne: l’Angleterre ne peut simplement s’en aller sans préparer les conditions qui s’appliqueront ensuite. Et cela a un coût.
Les nouvelles frontières conduiraient probablement nombre d’anti-indépendantistes à quitter la région, comme le font déjà des entreprises.
De plus la région vend une large partie de sa production sur le marché intérieur. En cas de clash et d’isolement du nouvel État, cette part pourrait être reprise par d’autres régions pour lesquelles cette sécession serait une aubaine.
La souveraineté ne peut être réalisée que par une procédure légale ou par la rue. Or la rue ne suit pas actuellement. Pour entraîner une majorité de la population il faut un déclencheur émotionnel.
Des catalans préparent ce déclencheur en alimentant la tendance victimaire. Il se développe ainsi une propagande sécessionniste sur ton victimaire, dont on peut voir un exemple dans la vidéo qui suit. Le contenu de cette vidéo est un appel à soutenir la souveraineté catalane.
Pourquoi propagande? Principalement à cause du ton, de la voix de cette femme en gros plan, volontairement dramatisée. De l’émotion dans ses intonations. Or jouer la carte victimaire ne peut fonder un projet politique posé et argumenté. C’est donc de la propagande par l’émotion. Classique.
Cette vidéo a été détournée par des anti-indépendantistes. Alors que la dame assure que les catalans sont pacifistes, des textes et images montrent qu’au contraire ils ont fait preuve d’intolérance et de violence à l’encontre de leurs opposants. Le discours victimaire indépendantiste est démenti par les images.
Certaines images datent des dernières semaines, d’autres sont plus anciennes. On y montre par exemple des tentative de lynchage de policiers. On y voit des indépendantistes habillés de noir et visage caché. Sur d’autres images (1 et 2) on voit des indépendantistes extrémistes d’Arran brûler le drapeau de l’Union. Tout le contraire du discours émotionnel de la dame.
On sait aussi que plusieurs photos montrant des violences subies par des indépendantistes sont des faux, des montages ou des images détournées et datant parfois de plusieurs années (image 3). Certains indépendantistes utilisent donc des méthodes peu sympathiques.
Mais on ne peut être assurés que leurs adversaires ne fassent pas de même. Propagande, contre-propagande font partie des techniques de guerre psychologique. Il est facile de montrer quelques incidents et de les présenter comme la généralité.
Voici donc les deux vidéos, l’originale et la détournée: