Des milliers d’hommes ont déjà jeté leur rasoir. Internet bouillonne suite au clip sexiste de la marque Gillette. Un clip carrément méchant, sorte de prolongement de MeToo en vue d’éduquer les mâles vers le Bien.
Le clip figure en fin de billet. Il commence par une référence vocale à MeToo, pendant que l’image montre des hommes qui se regardent dans une glace. On devine que c’est un examen de conscience.
Puis une horde de garçons traverse l’image en courant. Ils ne font attention à rien et renversent des meubles. Une femme, peut-être une mère, serre un enfant dans ses bras et l’humilie: « Tu es vraiment un perdant », « Tout le monde te déteste ».
J’accélère et résume: les garçons se battent et c’est normal, la télé fait rire des gestes de drague masculine un peu lourde. Et quand un homme s’agite de manière compulsive après une femme qui passe, il est de race blanche. Et à chaque fois un homme l’arrête parce que c’est pas cool, et cet homme est noir. Le Mal est blanc et hétéro, le Bien est black. Amusant quand on sait que Gillette avait diffusé une image de pub avec de jeunes hôtesses montrant leur culs, de jolis culs sur lesquelles le nom de la marque apparaît. Et Gillette veut donner des leçons de non-sexisme? (image 1, clic pour agrandir)
La cible est claire: c’est l’homme blanc hétérosexuel. Il trouverait normal de vouloir toucher les fesses d’une femme inconnue et apprendrait à ses garçons qu’il doivent se battre et être les plus forts, au risque d’être traités de perdants et de fillettes.
Vers la fin, un homme bien joue avec sa fille et un autre sépare les garçons qui se battent. Idéal vers lequel les hommes devraient tendre.
Ce clip est misandre et raciste. La haine des hommes est sous-jacente. Pas d’image de couple lesbien violent ou de gay harcelant un adolescent, ni de femme noire qui tape son enfant.
Cependant, oui, certains comportements masculins peuvent importuner certaines femmes. Les hommes ne sont pas des saints, ni même des sages avant de prendre de l’âge. Et comme les femmes, ils sont complexes et multiples.
Tous et toutes nous pouvons être soit aveugles soit attentifs, selon les moments et les situations. Nous pouvons commettre des impairs. Mais entre un impair, et un crime ou un comportement habituellement et délibérément offensant, il y a de l’espace. L’important n’est pas d’être parfait mais d’apprendre et de s’améliorer. Avec cela je suis d’accord.
Ce clip généralise et alimente le sexisme misandre. Il laisse entendre qu’il y a un problème avec tous les hommes, donc avec l’homme en tant que groupe. Il aurait été intéressant de présenter une vraie situation et d’analyser la personnalité des protagonistes. Mais cela n’aurait aucun intérêt pour les auteurs du message.
Il faut dire que la réalisatrice, Kim Gehrig, est une féministe radicale. Elle s’est illustrée entre autres avec cette Viva la Vulva (image 3), clip réalisé pour une firme suédoise de produits d’hygiène féminine. Un clip qui ne donne pas plus envie du sexe féminin que la description que faisait Simone de Beauvoir de sa propre intimité.
Sur les images du clip Gillette on voit des pères qui soutiennent leurs garçons quand ils s’entretuent. Ce qui serait un des piliers de la violence masculine dans la construction du réel selon le saint féminisme. J’ai l’impression que la réalisatrice ne sait pas qu’il y avait un monde avant elle.
Dans ce monde d’avant, les hommes n’étaient pas violents par principe. Les femmes non plus. Dans ma famille les disputes et les gros mots entre enfants n’étaient pas tolérés. On n’était pas humilié si l’on perdait.
Je pense que la plupart des hommes, des parents, transmettent cela: la violence (physique en particulier) doit être maîtrisée. Le monde n’a pas attendu Gillette pour produire des hommes et des femmes biens, même avec leurs défauts, leurs peurs, leurs excès, leurs caractères, et j’en passe.
N’oublions pas de mettre dans la balance ce que les gens font de bien, femmes et hommes. Et n’accordons pas à une firme commerciale et à une féministe radicale, ni au tribunal de l’opinion, la place et l’autorité d’enseigner la bonne morale aux hommes. Les mères les ont déjà éduqués, en général.
La campagne de Gillette soutient donc l’idée de la Masculinité toxique. Un thème développé par les progressistes en Amérique du nord, qui créent un opposition entre femmes et hommes, en gros. Les valeurs masculines de force, de compétition, de prise de risques, seraient toxiques. Sexwar.
Pour stigmatiser cette toxicité on accuse, on culpabilise les hommes pour tout, puis on les féminise et on leur coupe les couilles morales. Toute relation avec une femme devra être passée au crible de la bonne conduite féministe. Une nouvelle prison mentale se met en place, pour les femmes comme pour les hommes. Alors que le consentement et la liberté individuelle ne sont remis en question par personne, cette liberté elle-même, néanmoins, n’en est plus si elle devient normative et obligatoire.
Parmi les nombreuses réponses à ce clip, celle d’une autre firme, Egard (dernière vidéos ci-dessous). Un clip superbe, qui donne réellement l’envie de devenir quelqu’un de bien, malgré (ou avec) notre part d’ombre.
Certains listent les bonnes choses faites par des hommes. D’autres demandent à Gillette de diffuser un clip où des femmes et mères maltraitent leur enfant (2 fois plus souvent que les pères, image 3 aux US, 2016, publication de l’administration pour les enfants et les familles), remplissent le congélateur de leurs bébés, commettent de fausses accusations, font un bébé dans le dos, dénigrent le père après séparation, et montre ce qu’est être une femme meilleure.
J’y reviendrai par la suite avec quelques exemples de réponses. À suivre donc. Pour aujourd’hui je met ce petit clip: « Gillette no more ! », ensuite le clip controversé et enfin le clip d’Egard.
P.S.: l'image des jeunes femmes portant le nom de Gillette sur les fesses a été prise lors d'un événement sportif aux Pays-Bas).
Gillette no more ! Ce n’est pas une pub. C’est 36 secondes pour changer:
« We believe… » clip controversé de Gillette-Procters:
« What is a man ? A response to Gillette », le clip d’Egard Watch Company:
Commentaires
"Ginette" l'imperfection au .................féminin!
BRAVO Homme Libre! Gillette aux oubliettes. Je n'achèterai plus JAMAIS un seul produit de Gillette et de Procter and Gamble.
La culpabilisation et la stigmatisaton à sens unique ça suffit. Il est grand temps de se réveiller et dans ce cas la meilleure manière c'est de leur faire très mal au porte-monnaie!
Complétement d'accord avec les 2 messages plus haut.
Je rajouterais que le sentiment le plus dégoûtant est en rapport avec le maniement de ces images si caricaturales que c'en est une insulte à toutes idées de travail créatif, insulte à l'intelligence tout court.
Beuark
Les mêmes qui vendent les rasoirs pour femmes plus chers sans doute parce qu'ils sont ... roses !
Il s'agit de comprendre comment fonctionne la pub aujourd'hui. Cela va bien au delà du message véhiculé. La controverse est recherchée. Il s'agit d'en parler. Et c'est ce que fait John ici. Il participe donc à la visibilité de la marque car comme on dit en politique : Peu importe ce qu'on en dit, pourvu qu'on en parle.
Cet article de Wired explique à quel point cette campagne est un succès pour Gillette : https://www.wired.com/story/gillette-we-believe-ad-men-backlash/?CNDID=52112216&CNDID=52112216&bxid=MjM5NjgxOTAwNDg2S0&hasha=c1db7e99976d73da0f8f74993ba3a901&hashb=84acf3d55548efb12b9ef0eb9b1ba602926a19b5&mbid=nl_011819_backchannel_list3_p1&utm_brand=wired&utm_mailing=Backchannel%20NL%20012019_Backchannel%20list%20(1)&utm_medium=email&utm_source=nl
Voila qui devrait vous plaire: https://youtu.be/z-m6Ua9Iqkg
La pub, c`est de la manipulation. Une fois déterminé a qui on veut vendre le zizigougou, on fait une pub ciblée. Pas plus con que ca, la pub mais pas moins non-plus.
Heureusement que madame macron va continuer a acheter ses "confiances"!!! Sans ça la boite est ruinée!
et pendant ce temps ...
https://www.rfj.ch/rfj/Actualite/Suisse/UNIGE-la-feminisation-de-la-societe-augmente-l-homophobie.html