Aucune n’est juste. Deux ou trois sont approximatives. La plupart étaient à côté de la plaque. Les prévisions de trajectoire de l’ouragan Dorian ont mis en évidence la fragilité des modèles numériques de prévision du temps.
Prévoir c’est anticiper sur les risques, protéger, évacuer les personnes pour plusieurs jours. L’activité économique cesse pendant le passage du météore. Les rues sont en principe désertes. Personne n’a envie de se faire décapiter par une tôle volante. C’est dire l’importance d’une prévision la plus fiable possible.
Ici c’est la cata. L’ouragan Dorian est apparu le 24 août. Les prédictions en cinq images qui illustrent ce billet ont été publiées entre le 28 et le 30 août (clic pour agrandir). Elles émanent principalement du NHC (National Hurricane Center), le NCAR (National Center for Atmospheric research) et d’autres agences et officines nord-américaines comme The Weather Company, ou Weathernerds, spécialisée dans l’imagerie prévisionnelle et les modélisations numériques. La météo assistée par ordinateur (MAO) en somme.
L’incapacité à prévoir avec précision est normale. L’atmosphère est caractérisée par un volume d’interactions quasiment infini. Sur plusieurs jours de multiples trajectoires sont possibles, d’où les « spaghettis » groupés ensuite en un cône des probabilités. Plus en avance dans la prévision plus le cône s’élargit.
Mais ici la presque totalité des modèles représente des trajectoires plein ouest vers la Floride, donc erronées. Certains poussaient même jusqu’aux États qui bordent le Golfe du Mexique.
Il n’en fut rien. L’image 6 montre la trajectoire réelle après-coup. À cinq jours l’erreur de prévision est énorme. La réalité invalide les modèles. Dès lors est-ce bien raisonnable de se fier à des modélisation du climat pour prédire ce qui se passera dans cent ans?
Dorian fut cependant très intense (cat. 5) sur environ 27 heures. Surtout il resta presque immobile sur les îles Abaco pendant 48 heures.
Imaginez: 48 heures d’un ouragan qui piétine sur place, avec, sans discontinuer, des vents à 295 kmh, plus des cataractes de pluie et un soulèvement de plusieurs mètres de l’océan à cause de l’onde de tempête. Imaginez une grande machine à laver où les programmes lavage et essorage fonctionnent en même temps – et le linge dans le tambour, c’est vous!
Je rappelle combien la planète a besoin des ouragans, ces climatiseurs géants. Ils brassent l’atmosphère et l’océan. Ils évacuent l’air chaud vers le haut et font descendre de l’air plus frais depuis la stratosphère, dans un mécanisme qui présente des analogies avec une rétroaction négative (qui abaisse les symptômes).
Le problème des ouragans n’est ni leur nombre (sauf s’il en manque) ni leur intensité: le problème c’est d’habiter dans les régions à risque, dans des maisons de bois, sur des îles à fleur d'eau ou dans les villes-rivières que l'urbanisation a façonnées.
Actuellement Dorian finit de traverser l’est du Québec. Il s’y est à nouveau renforcé – ce que personne n’avait prévu.
Commentaires
"Le problème des ouragans n’est ni leur nombre (sauf s’il en manque) ni leur intensité: le problème c’est d’habiter dans les régions à risque, dans des maisons de bois, sur des îles à fleur d'eau ou dans les villes-rivières que l'urbanisation a façonnées."
Oui. Ils sont toujours tellement mignons à dire devant la caméra:
Mais on reconstruira...
Que voulez-vous faire? Il n'y a rien à faire :-)
S'ils vous lisent, les MAO vont devoir prendre des IMAO
Bon c'est bof mais ça ne mange pas de pain ;-)
De toute façons ils broient du noir.
Ça leur donnera bonne amine...