Le roman Les Dix petits nègres noirs blacks d’Agatha Christie a montré la voie. Envisageons ensuite la mise en conformité d’autres titres impies. C’est un devoir moral: dans l’actuelle vague submersive de dégagisme culturel, il faut les modifier afin qu’ils deviennent politiquement corrects.
Soyons donc iconoclastes et allons-y joyeusement pour une contribution spontanée à cette grande cause morale du XXIe siècle.
Pour aligner la langue sur les théories racialistes (néoracistes) à la mode, débusquons l’ennemi dans les moindres détails et entreprenons une révolution culturelle que Mao n’aurait pas reniée.
Par exemple, qui aurait pensé que le diable non seulement s’habille en Prada mais en plus arpente les historiettes qui remplissent les cerveaux disponibles de notre progéniture? En voici trois exemples, avec une solution élégante en image (clic pour agrandir) pour chacun.
Il y a évidemment Blanche-Neige et les sept nains. Le top. Le must. La fille de toutes les batailles. La mère de tous les vices. Le Wonderbra de la littérature enfantine.
Sa peau claire d’origine caucasienne ainsi que son statut de princesse la désignent forcément comme une personne dominante disposant d’avantages certains.
De plus le mot Nain pourrait être considéré comme dévalorisant et blessant par ceux que cela concerne.
On devrait donc modifier le titre comme suit (image 1 trouvée sur le net): « Privilégiée-Neige et les sept personnes de petite taille ».
Personne ne devrait trouver à y redire.
Le diable peut aussi se cacher sous les plus augustes apparences.
Qui verrait dans cette série de romans pour la jeunesse de Walter Farley la perverse main du Malin?
Si, si. Associer Noir et Étalon fait instantanément penser au pénis de certains mâles africains, réputés pour leur grande taille et prisé par des femelles européennes.
De là à faire de l’homme noir un jouet ou un esclave sexuel, il n’y a qu’un tout petit pas.
Je propose donc de passer à tout autre chose avec un titre qui ne devrait choquer que les podologues: Les talons aiguilles.
Encore du blanc, ou presque. Car le chien de l’histoire n’est pas tout blanc, si j’ose dire. Il a du poil foncé. Il a glissé dans la gadoue huileuse de l’arrière-cour d’un atelier de mécanique automobile.
On ne devrait pas laisser traîner de la vieille huile de vidange dans un atelier de mécanique automobile quand on a un gros chien remuant. Ou quand le voisin a un gros chien remuant et que celui-ci n’aime rien tant que fouiner dans votre atelier de mécanique automobile en remuant la queue comme un ventilo.
On peut bien sûr utiliser le sourire du chien dans une pub de dentifrice: « Avec le dentifrice Croc-Blanc, la carie fout le camp! » Mais il y a mieux. On peut par exemple s’inspirer de l’anatomie humaine et de la géographie russe. Je m’explique.
Premièrement, les crocs sont les dents du chien. Deuxièmement, dans le nord de la Russie – proche de la mer de Barent – se trouve la Mer Blanche.
Alors voilà: imaginons que le chien vienne de là-bas, du côté de la mer Blanche. C’est possible, va savoir. On pourrait alors changer Croc-Blanc en Les dents de la mer.
Ainsi on garderait l’idée subliminale du blanc sans le mentionner explicitement. Et cet ouvrage, forcément raciste car faisant l’apologie de la suprématie dentaire blanche, deviendrait moralement acceptable.
Astucieux, non?
Enfin, dans le même (dés)ordre d’idées, je signale cette grande avancée de la langue française vers une écriture épicène-inclusive.
C’est la production d’un élève de la célèbre HEAD (Haute École des Arts et du Design) à Genève. Çui-là d’élève, l’a dû avaler trop de micro-plastique. L’a tenté de donner forme à une police d’écriture dite inclusive. Étonnant dans cet institut que l’on connaît plus pour sa capacité d’exclusion et d’ostracisation (affaire Fernand Melgar).
Nos claviers contiendront peut-être un jour ces graphèmes inclusifs et (abs)cons (images 5 et 6).
Inclusion, piège à cons.
Au fait, si vous n’arrivez pas à lire ce n'est pas à cause de vos lunettes.
À consommer avec modération cependant: cet épicénat surréaliste pourrait laisser la gueule de bois. Mal de Head tête garanti.
Allons, pas d’ironie. C’est le progrès, poussé par l’inspiration chancelante de cerveaux disponibles... au pire.
Et devant le pire il faut savoir rester (épi)zen.
J’en profite pour signaler une pétition en ligne contre « l’instrumentalisation genrée de l’espace public », en particulier la tentative de féminisation de noms de rues à Genève.
C’est tout pour aujourd’hui.
Commentaires
Certains affirment que nous sommes entrés dans l'anthropocene. Je préfèrerais "idiotocene".
Excellent billet! Dites-vous bien qu'on a commencé par changer les terminaisons pour nous imposer des choses commes "les étudiant.e.s", mais les gens ce se rendent pas compte que ce n'est QUE la première étape. Si on laisse faire la folie ira bien plus loin que ça.
Lisez donc ces "règles" de grammaire inclusive pour comprendre jusqu'où cette hystérie va nous mener:
En voici un petit échantillon:
Articles définis
masculin: le
féminin: la
neutre: lo, lu
inclusif: lia, li
Articles indéfinis
masculin: un
féminin: une
neutre: um, o
inclusif: un·e [un-n]
Et vous en trouverez davantage sur ce site:
https://divergenres.org/regles-de-grammaire-neutre-et-inclusive/
Et un très très grand merci pour faire de la publicité pour la pétition!
Eh bien, quitte à me faire incendier, perso, j'apprécie le mot "nègre". Bien plus que "black". Je trouve ça plus beau, à titre de vocable.
Les grands auteurs africains n'ont jamais eu de fausses pudeurs à ce propos : Léopold Sédar Senghor n'a nullement évité de parler de "négritude" par exemple. Pareil pour aimé Césaire.
Une fois qu'on a constaté l'utilisation du mot banni par ces géants de la littérature, les SJW du racisme à tout crin n'ont qu'une chose à faire: tirer l'échelle.
Les pudeurs linguistiques ne font en fait que renforcer le vrai racisme: celui de fond.
PDO.