Je viens aujourd’hui sur une histoire plus médiatique, moins intimiste que les précédentes. Celle-ci a fait le tour du monde. Une histoire qui a fait rêver et a réuni des scientifiques à la fois très sérieux et délicieusement fous, et des millions de profanes aux yeux grands ouverts.
Hier soir l’odyssée de Solar Impulse II était rediffusée à la télé. Je l’avais déjà vue et je ne m’en lasse pas. L’équipe de Bertrand Picard et d’André Borschberg nous prend la main dans un film bien fait où l’on voit à peu près tout, des préparatifs, des étapes successives, des relations humaines, de la drôle de machine, de l’équipe soudée même quand il y a des éclats de voix – et pourquoi n’y en aurait-il pas?
Ce sont des caractères forts qui doivent prendre des décisions parfois graves. Et puis, quel que soit la puissance de leur quête, même s’ils apparaissent au final comme des chevaliers modernes, ils ont probablement leur défauts, leurs côtés moins avouables. Et je m’en fiche.
Le film ne traîne heureusement pas sur les quelques moments où des tensions produisent des saillies autoritaires. Il met davantage l’accent sur la résolution des conflits et je trouve cela bienvenu.
Il souligne aussi, avec une discrète pudeur, le soutien des femmes et enfants des deux navigateurs de l’espace. L’enthousiasme est intact et partagé après 17 ans de préparatifs.
17 ans à imaginer le projet et toutes ses implications. Il a fallu des kilomètres de calculs pour dessiner l’avion, son aile, ses moteurs, sa sécurité.
Un ingénieur dit à un moment à peu près ceci: « Nous n’avons pas inventé le moteur électrique ni les panneaux solaires, mais nous avons poussé nombre de technologies existantes à leurs extrêmes possibilités ».
Faire baisser le poids pour consommer le moins d’énergie. Ne pas être trop léger afin de rester stable dans les forts vents d’altitude. Protéger l’avion par un hangar gonflable qui le suit partout. Un coup de vent fort au sol pourrait briser l’avion de carbone.
Autour du projet c’est une équipe de 60 personnes qui l’accompagnent. Je ne connais pas le budget total, il doit être sidéral, et tant mieux. Ce vol est un exploit même si ce n’est pas demain que l’on verra l’A380 voler à l’électricité. Cependant on peut escompter que certaines applications et technologies développées pour de ce vol serviront ailleurs.
Et puis, Bertrand Piccard et son ami et complice André Borschberg ont démontré que l’impossible était possible. Pour lui cette odyssée n’est pas une fin en soi, c’est une base pour assurer un crédit fort à son implication dans le développement de technologies propres. Et c’est réussi.
Je suis très preneur de la démarche clean tech, que j’appelle aussi éco-technologique, qu’il promeut. Dans de nombreux domaines la technologie devient plus propre et moins gourmande en ressources: automobile, appareils ménagers, etc. La démarche est naturelle et logique. La concurrence et le besoin de produits et appareils performants font plus que les injonctions sur fond d’apocalypse. C’est par là qu’une grande partie des problèmes environnementaux modernes peuvent être traités, du moins pour tout ce qui dépasse l’action individuelle.
Bertrand « Icare » Piccard a bénéficié d’une histoire familiale. Il rend d’ailleurs un bel hommage à son père, en regrettant que celui-ci ne soit plus là pour voir la continuité familiale. C’est une vision traditionnelle des relations père-fils. Elle porte une puissante force motrice et est compatible avec la modernité sociale et technologique.
Je ne suis pas fan absolu de Bertrand Piccard. Je le trouve parfois trop proche des thèses alarmistes. Mais on n’est pas obligé de s’accorder à l’entièreté d’une personnalité ou d’une vision du monde.
Ce qu’il a fait, avec toute son équipe, est et reste l’un des grands moments de l’aventure humaine et technologique, pas tout-à-fait comme le premier pas sur la lune mais dans la même veine, ou comme les premiers vols sur ces drôles de machines. C’est un merveilleux fou volant, et c’est une très belle réussite personnelle et collective.
Je dis parfois que toutes les émotions ne sont pas bonnes à vivre ou à exprimer, et que l’abus d’émotions nuit à la raison. Mais quand Piccard se pose enfin à Abu Dhabi, après 15 mois de péripéties, d’arrêts, d’attentes, de stress, de données de vol, l’émotion qui vient est de celles qu’il ne faut pas refuser.
Elle est fondatrice de quelque chose. Puissante, pleine, claire, positive, partagée, elle fixe pour le reste de la vie la dure et longue marche et son aboutissement après 17 années.
Mon titre aujourd’hui m’est venu de l’image nocturne de Solar Impulse. Le grand oiseau fragile vole comme une plume, toutes lumières allumées, au-dessus de New York.
En 9’, le résumé de cette odyssée:
Commentaires
Hola Homme Libre,
Plus qu’une histoire c'est une aventure, une volonté de faire évoluer l'aviation, de la rendre à la fois moderne et respectueuse de nous tous; ceci ne peut que nous réjouir ! Merci pour la nouvelle et la vidéo; on plane et rêve.
Le soleil brille aujourd'hui, je scrute le ciel...on ne sait jamais:-)
Bonne journée.
Hola Colette,
Qui sait, une apparition dans le ciel...
:-)
Oui c'est une aventure, et une avancée technologique. Le rêve comme moteur est toujours possible.
Ici il fait presque soleil. Pétanque en vue!
Bonne journée.
Bravo la Suisse ! Vous avez de fameux cerveaux en science et en technologie, mais aussi des astrophysiciens qui sont les premiers à découvrir des exoplanètes. En France aussi, mais nos chercheurs ne sont pas assez payés. Ils vont voir ailleurs.
Colette a raison. Il faut admirer cet énorme engin volant sans l'aide des moteurs traditionnels. Un seul carburant, le Soleil. Certes, comme le dit Homme libre, ce n'est qu'un prototype. Mais il montre bien de quoi est capable l'humanité. En quelques décennies, elle a su quitter le sol puis la Terre. Elle saura trouver le moyen de maîtriser le réchauffement climatique avant qu'il ne soit trop tard.
Bonjour Homme Libre! Ce qui suit devrait bcp vous plaire pour un prochain billet sur le réchauffement:
https://twitter.com/lolaweb71/status/1357272774981607424
et
https://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-9216221/Study-Pandemics-cleaner-air-added-heat-warming-planet.html