On lui a aussi attribué un autre surnom: le bulldozer. Elle fait partie de ces êtres qui ont quelque chose de plus, quelque chose qui les porte et les pousse vers des accomplissements inattendus.
Inattendus car la vie de Clarisse Agbegnenou aurait pu s’arrêter à quelques semaines. Née prématurée à 7 mois en 1992, placée en couveuse, puis opérée d’une malformation rénale, elle plonge soudain dans le coma.
Elle se réveille enfin, après 7 jours dans le silence de cet étrange sommeil. Le médecin dit à ses parents: « C’est une battante. » Mais qui aurait imaginé que cette fillette fragile allait écrire un bout de l’histoire du judo?
Elle commence à le pratiquer à 9 ans à Asnière près de Paris. Elle est remarquée pour ses qualités et sa détermination, et intègre à 14 ans le Pôle France. Il s’agit d’une filière élite, selon la Fédération Française de Judo:
« La filière doit répondre aux évolutions du sport de haut niveau qui se caractérise par une concurrence de plus en plus rude, par un nombre de compétitions de référence qui ne cessent de croître, par l’attente forte des sportifs de voir leur avenir professionnel assuré. Nous avons donc des obligations, pour les équipes de France, en terme de suivi médical et aussi en terme de formation scolaire adaptée. »
Sous cet autre lien on trouve plus de détails sur cette filière, dont les admissions reposent sur ces critères généraux:
« les performances sportives de l’année en cours principalement, mais aussi celles de l’année précédente,
le potentiel et l’investissement à l’entraînement des judokas, repérés dans sa structure d’origine ou dans différents stages organisés par les ligues. »
À 16 ans elle commence à occuper les podiums, en général sur la plus haute marche, dans la catégorie - 63 kgs. Vice-championne de France, Championne d’Europe 5 fois, championne du monde 5 fois, médaille olympique d’argent en 2016 pour les titres majeurs (image 3 Wiki), elle est plus médaillée que David Douillet.
C’est même la judokate française la plus titrée.
Forte de sa notoriété elle parraine une association qui vient en aide aux enfants prématurés, SOS Prema, dans laquelle « elle souhaite faire passer le message qu’en chaque prématuré, un champion sommeille. »
Petit bémol ici: cette affirmation positive un peu forcée, dans l’air du temps, est excessive. Je pense que nous ne sommes pas égaux en compétences innées psycho-corporelles. Il n’y a pas un champion en chaque prématuré, pas plus qu’en chaque non-prématuré. Néanmoins je suppose que ce message a un impact positif sur des individus qui, par les conditions de leur naissance, doutent d’eux-même plus que nécessaire.
Adjudant de la gendarmerie de profession, elle est également « marraine de l’opération Sport féminin toujours dont le but est notamment de permettre une meilleure exposition médiatique des sports féminins et de réduire les écarts de salaires avec les hommes. »
Elle a écrit un livre: « Combattre pour être soi ». Et aussi:
« Clarisse fait partie des « 109 Mariannes » dont les portraits sont exposées sur le parvis du Panthéon du 4 au 15 mars 2021. Elle fait également partie des personnalités féminines qui ont écrit aux 1000 petites filles à naître le 8 mars. »
Tiens, il faudra penser à écrire une lettre à 1’000 petits garçons nés un 9 mars, ils en auront bien besoin. Elle voudrait que l’on parle davantage des menstruations des athlètes, tout en reconnaissant n’en parler elle-même jamais. Et pour en dire quoi?
Mais son côté féministe militant très conformiste ne me dérange pas trop, tant son parcours personnel est important et admirable. Et quand elle parle, elle est fort sympathique. Même si elle a été condamnée en 2019 pour agression contre une autre fille. Une erreur de jeunesse qu’elle regrette et assume.
Partie de presque rien avec un corps déficient, accompagnée par un entourage soutenant, elle a ce quelque chose de plus, cette graine d’audace, cette faim de victoire, ainsi que la constance et la détermination qui l’ont menée jusqu’au sommet. Je pense que ce quelque chose n’est pas que dans la volonté. Selon moi il est aussi dans le corps, sans que je puisse dire à quoi cela tient.
Aux prochains Jeux de Tokyo, reportés en 2021 pour cause de pandémie, elle conduira la délégation française féminine et visera… devinez quoi?
L’or, pardi!
Bonne chance tigresse, puisse cette belle histoire continuer.
Démonstration de celle qui aime faire peur sur le tatami et y devient un petit monstre, comme elle dit. Violente, brutale:
Commentaires
Pour réussir dans la vie : "volonté, courage, travail", dit cette battante à ses consœurs. Enfin, une vraie féministe qui ne se plaint pas et qui n'accuse pas constamment le patriarcat de lui mettre des bâtons dans les roues.
HORS Sujet, mais qui devrait vous intéresser:
Voici la toute dernière interview du Professeur Pierre Hillard, à regarder avant qu'elle ne disparaisse ... par les temps qui courent:
Quand il nous montre la couverture du journal “The Ecomonist” de janvier 2019, couverture nous présentant ce que serait le monde en 2019, à coté de l’Homme de Vitruve, qui comme par hasard tient un telephone avec un QR Code, ne manquez pas le pangolin a sa gauche! Tout cela un an avant qu’on ne parle du Covid!
https://www.youtube.com/watch?v=oxsZSuyodAM
Oui exactement et c'est valable aussi pour les hommes....Certains ne que se plaindre et se lamenter sur leur sort en trouvant des responsables à tous leurs malheurs...Avoir une attitude volontaire et positive dans ce que nous entreprenons est essentiel même si nous avons tous plus ou moins des handicaps à surmonter...Parfois c'est un contexte familial difficile, une santé fragile, la pauvreté....Surmonter tout cela est possible même si on aura pas tous la première place sur le podium...Et d'ailleurs est-ce si important ? Surtout dans le sport, une activité dont il ne reste rien après la réalisation d'une performance, contrairement à la poésie, la sculpture, la musique enregistré, la littérature.....Certes il y a des compétitions en littérature comme le prix Goncourt....Mais j'ai surtout souvenir de livres ayant reçu le Nobel.....Pas vraiment le même état d'esprit.
@ Gilbert99
Je suis d'accord avec vous. Dans les deux sexes, on trouve des gens qui adorent passer pour des victimes. Et, bien souvent ce ne sont pas ceux qui en bavent le plus. C'est un aspect de la nature humaine. C'est aussi une façon d'attirer l'attention sur soi. mais je ne jetterai pas la pierre à ces personnes. C'est là une attitude individuelle.
Par contre, celle du collectif féministe actuel est inadmissible. Il surfe sur les supposés tourments que subiraient les femmes à cause des hommes, pour en rajouter une couche. Mais je ne vois pas la même chose du côté des hommes, hormis les pères qui réclament la garde des enfants. En face, nous avons une multitude d'associations féministes, souvent subventionnées, disposant même en France d'un ministère, et qui ne cessent de présenter les femmes comme les "damnées de la Terre".
Oui je connais bien la réflexion hoministe qui traite de ce sujet ;=) Merci de rappeler cet état de la société !
Aux derniers "hommes libres", une énième mise en garde de l'excellente philosophe, Bérénice Levet, sur le mot "féminicide", la nouvelle arme de guerre des féministes extrêmes, que l'on pourrait résumer ainsi : « Sur l'avancée du matriarcat aux dépens du patriarcat en Occident. »
À lire au lien ci-dessous : https://lesobservateurs.ch/2021/06/17/lemploi-du-mot-feminicide-par-les-medias-na-rien-de-neutre