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Y a plus de nègre

Cette fois ils s’en prennent à l’écrivain Joseph Conrad. Ils? Les éditeurs bien pensants, les woke français, les annulateurs de culture, les antiracistes néo-racistes. La pointe de l’intelligentsia qui entend imposer la bonne parole aux masses ignares et encroûtées dans leur ignorance.

 

negre-01.jpgJoseph Conrad (1857-1924) est un ancien homme de mer et écrivain polonais et anglais né en Ukraine. En 1911 il publie Sous les yeux de l’occident. Le résumé dans Wikipedia peut s’écrire en deux phrases: 

« À Genève, un Anglais, professeur de langues, traduit un document relatant les aventures d'un étudiant russe, Razoumov, en contact, malgré lui, avec Haldine, l'assassin d'un éminent homme d'État. Sous les yeux des Occidentaux qui peinent à comprendre l'âme slave se déroule la tragédie du peuple russe broyé par l'autocratie et l'anarchisme. »

Un roman en phase avec l’actualité de 2022.

Quatorze ans plus tôt il publiait son troisième roman, Le Nègre du Narcisse. Une histoire en mer avec un membre d’équipage noir. Le roman n’a rien de raciste. Il attire plutôt l’attention sur la condition d’être noir à l’époque.

negre-05.jpgD’ailleurs un autre court roman publié en 1899, Au Cœur des ténèbres, « … met en évidence le racisme, la cupidité, et dès lors la banqueroute morale inhérente à toute entreprise colonisatrice. »

L’éditeur Alexandre Civico, qui travaille pour Autrement, précise:

« En relisant le livre, j’ai pensé que le mot "nègre" pouvait être offensant. Je l’ai remplacé par le mot "noir" partout où il était présent dans le texte narratif, et ne l’ai laissé que quand il était prononcé par un personnage, et aidait alors à caractériser ce personnage. Considérer uniquement le respect du patrimoine me semblait contre-productif pour ce texte, que je voulais faire partager au plus grand nombre. Ce remplacement ne fait rien perdre au livre d’un point de vue politique ou littéraire. C’est une décision que nous avons beaucoup discutée, et dont je ne suis pas certain qu’elle était forcément la meilleure. Disons que j’ai essayé d’avoir une position au milieu du gué. »

nègre-02.jpgNotons que l’ancien titre figure toujours à côté du nouveau. Mais quel est le nouveau titre? Les enfants de la mer. Banal à pleurer. Mais c’est la traduction du titre anglais. Le mot nigger était alors proscrit aux USA. Dans ce cas, pourquoi pas en France?

Parce que c’était la volonté de l’auteur. Et c’est l’histoire d’une époque. Mais par peur d’offenser on retouche des oeuvres qui aujourd’hui servent de prétexte aux idéologues type woke. Pourquoi alors ne pas coller un string sur le célèbre tableau l’Origine du monde?

Et pourquoi conserver des livres comme:

Les nègres (Jean Genêt)

Le Nègre de l’Amistad (Barbara Chase-Riboud)

Le Nègre de Sables (Catherine Paysan)

et bien d’autres…

negre-06.jpgOn peut comprendre en partie la raison d’éviter le mot nègre dans notre langage depuis le XXe siècle. Mais on ne peut effacer notre histoire ou notre culture ni les réécrire sans offenser la mémoire des auteurs et notre propre intelligence à faire la part des choses.

Pour ma part je préfère le démarche d’Aimé Césaire, qui a mis la négritude à l’honneur et non plus au déshonneur.

 

 

Catégories : Art et culture, société 4 commentaires

Commentaires

  • Homme libre, voici une analyse parfaitement justifiée. Nos bien-pensants d'aujourd'hui oublient que la négritude relève d'une culture bien plus ancienne que la leur, que le premier homme était vraisemblablement noir avant de devenir rouge, puis jaune et, enfin, blanc. Que les noirs ne sont pas des 'primitifs' mais les vestiges de civilisations qui nous ont précédées et que, loin de les respecter, notre civilisation, seule détentrice de la vérité, a colonisées pour s'accaparer leurs ressources naturelles comme les conquistadors ont volé l'or des Incas !

  • Le mot "nègre" est-il offensant ? Pas forcément. Tout dépend du contexte et de ce que l'on met derrière ce vocable. Remplacer "nègre" par "noir" ne change rien au respect que l'on doit à la personne, si "noir" est un terme péjoratif dans la bouche de celui le prononce. "Black" est sans doute une façon d'échapper au wokisme mais ne dit rien de l'image qu'on se fait d'un homme de couleur.
    Autrement dit, tout est dans la définition que l'on donne, dans celle de notre propre dictionnaire. Et chacun a la sienne, sans doute différente de celle du voisin. Demandez-donc à vos proches ce qu'ils mettent derrière "extrême-droite" ou "extrême-gauche". Vous seriez sans doute surpris de constater que les avis divergent, que l'idée qu'on se fait de ces mots recouvre autant de concepts qu'il y a d'individus. Et pourtant, les électeurs continuent de voter en prêtant attention davantage aux idées dominantes, qu'aux programmes des candidats.

  • "Que les noirs ne sont pas des 'primitifs' ah bon extraits de ce livre https://www.soumbala.com/catalog/product/view/id/1250 "Qu'est-ce qu'était l'Afrique centrale quand les Français ont
    commencé la pénétration? Une mosaïque de tribus plus sauvages,
    plus cruelles les unes que les autres; connaissant des famines, une
    mortalité infantile effroyable; un anthropophagisme institutionnel!
    Nous savons comment le vieux Bandassa évoquait l”époque
    de ce bon temps durant lequel quand il faisait des prisonniers de
    tribus voisines, ces malheureux étaient attachés à des arbres et le
    palabre concernant l”attribution de chaque morceau de viande se
    faisait devant “l’animal sur pieds”, si l'on peut dire, qui, ainsi, avant
    d’avoir la gorge tranchée avait le douteux plaisir de savoir, qui allait
    manger son foie, son cœur ou ses abattis.
    fai vu certaines des limites tribales au-delà desquelles tout homme,
    femme, enfant étaient attrapés et immédiatement dévorés.
    La culture, la civilisation de L’Afrique centrale dont les speakers
    de Radio Bangui nous parlent souvent sans rire, cӎtait cela!
    La réalité de la colonisation a été d'apporter d°abord ce menu
    bienfait qui s'appelle “la paix” et de donner à tous les Africains de
    nos colonies, avec la sécurité, la possibilité de voyager, de se déplacer
    sans crainte hors de leurs limites tribales.
    La colonisation a marqué la fin des famines grâce à une orga-
    nisation administrative ayant rapidement regroupé sur des voies
    accessibles les villages perdus de brousse et en organisant une
    agriculture de base.
    C”est l’effort sanitaire de nos médecins qui a permis de venir à
    bout du fléau de la lèpre, de faire reculer toutes les grandes maladies,
    et parvenir à la quasi-disparition des épidémies.
    La colonisation, c”est elle qui a créé les routes, les villes, donner
    un début d’infrastructure économique, construit des écoles, qui
    a entièrement créé tous les éléments permettant aujourd'hui à ces
    pays de revendiquer leur indépendance. Combien de temps dura
    cette période coloniale pour parvenir à ce résultat? Un... deux...
    trois siècles? Non! Les tout premiers Français ayant commencé
    à pénétrer en Afrique centrale l”ont fait il y a moins de cent ans;
    soixante ans à peine pour certaines régions.
    Cette implantation coloniale s'est-elle accomplie par une invasion
    brutale, dans un bain de sang? Aucunement. Dans la plupart des
    contrées elle fut pacifique grâce à des “traités” avec les chefs locaux.
    Les combats qui eurent lieu ne mirent jamais aux prises plus de
    quelques compagnies. Toute la pénétration française en Afrique
    centrale provoqua beaucoup moins de morts qu'une seule bonne
    journée durant la guerre du Biafra, et certainement moins que le
    nombre d'êtres massacrés chaque année par les expéditions tribales
    avant la colonisation.
    Cette période coloniale fut-elle entachée de brutalité, d'abus
    d’exploitation ?
    Brutalité? Il ne faut pas oublier quels hommes ont organisé ces
    pays. Le militaire pénétra et ensuite assura la sécurité de tous. Ce
    furent les administrateurs civils qui assurèrent la direction du pays,
    parallèlement à L’implantation des missionnaires.
    Imagine-t-on ces derniers instaurant avec nos fonctionnaires civils
    un règne de terreur, de cruauté, de mépris de l’être humain? Soyons
    sérieux! Que la fameuse “chicote” ait fonctionné, certes oui. Pour
    obliger les villages à créer des plantations, les cultures nécessaires
    pour empêcher les famines, les administrateurs durent employer
    souvent des moyens énergiques et les chefs responsables des villages
    n’ayant pas accompli le travail fixé recevaient un certain nombre
    de coups de chicote sur les fesses. Quelle horreur? Encore une fois,
    soyons sérieux. À cette époque les punitions corporelles existaient
    encore dans la marine britannique et que je sache les marins de
    Sa Majesté n'étaient pas de pauvres esclaves méprisés et avilis" "a colonisées pour s'accaparer leurs ressources naturelles" s'accaparer les colonies françaises étaient un puit sans fond. http://bloglefeuvre.canalblog.com/archives/2009/01/20/12158212.html "Je témoignerais d’une singulière « malhonnêteté intellectuelle » en mettant en cause une affirmation de C. Coquery-Vidrovitch, selon laquelle, dans l’entre-deux-guerres « le Maghreb allait à son tour remplir les caisses de l’Etat, et surtout des colons et des industriels intéressés, grâce aux vins et au blé d’Algérie, et aux phosphates du Maroc » puisque j’aurais pris soin de « taire la phrase suivante » : « mais comme l’a montré Jacques Marseille, ce soutien fut de bout en bout un leurre. » Je renvoie évidemment le lecteur au texte original de C. Coquery-Vidrovitch (Vendre : le mythe économique colonial, dans P. Blanchard et alii, Culture coloniale, 1871-1931, Autrement, 2003, p. 167) : il constatera de lui-même que la phrase suivante est, en réalité, le début d’un nouveau paragraphe qui ne prolonge pas la même démonstration, puisque le « leurre » renvoie au fait que « l’économie coloniale, toujours prônée par les gouvernements successifs, eut pour effet majeur de protéger l’économie française de façon malthusienne ». Ajouter cela, n’invalide donc pas, ni même ne nuance, la « bourde » de l’historienne qui feint d’ignorer – peut-être pour être dans le ton de l’ouvrage auquel elle participe - qu’à partir des années 1930, non seulement le Maghreb ne remplit pas les caisses de l’Etat, bien au contraire, mais encore que les colons subissent une crise de trésorerie dramatique qui aurait conduit la plupart à la faillite si la Métropole n’avait volé à leur secours (voir l’article de René Gallissot sur la révolte des colons tondus du Maroc qui vaut aussi pour les colons algériens étranglés par un niveau d’endettement auquel la plupart ne peuvent plus faire face, dans L’Afrique et la crise de 1930, RFHOM, 1976, sous la direction de C. Coquery-Vidrovitch elle-même).
    Mais, et je l’ai bien compris, il ne faut pas prendre au pied de la lettre les affirmations de notre historienne, car on risquerait alors de la faire passer pour une « idiote ». Ce qu’elle écrit doit donc être interprété et j’attends donc qu’elle livre, avec ses textes, un mode de lecture pour m’éviter toute interprétation malveillante. Curieusement dans son compte rendu, C. Coquery-Vidrovitch préfère garder le silence sur une autre de ses affirmations que je critique pourtant : « C’est seulement à partir des années 1950 […] que l’Afrique noire à son tour, allait soutenir l’économie française [Vendre : le mythe économique colonial, p. 169]. Sans doute, là encore, ne faut-il pas prendre au pied de la lettre cette affirmation.
    Quel soutien l’Afrique noire apporta-t-elle à l’économie française entre 1950 et 1959 ?
    Un soutien financier ? Jamais au cours de cette période, ni l’AOF, ni l’AEF ne dégagèrent une balance commerciale positive avec la France, leur déficit commercial cumulé s’élevant à 3 988,6 millions de NF, pour l’essentiel couvert par des transferts de fonds publics en provenance de la métropole. Un soutien économique ? Entre 1950 et 1959, l’AOF et l’AEF réunies absorbent autour de 10 % du total des exportations françaises, avec, d’ailleurs au fil des ans, une tendance à l’effritement, et livrent environ 7,2 % des importations. 10 %, 7 %, ce n’est pas négligeable, et bien entendu, pour certains produits la part de l’Afrique noire française était beaucoup plus élevée, mais tout de même, cela ne justifie aucunement qu’on parle de « soutien » à l’économie française. D’autant que C. Coquery-Vidrovitch omet de s’interroger sur le financement du commerce extérieur de l’Afrique française, largement pris en charge par le contribuable français.
    Je n’ignore évidemment pas l’enquête quantitative sur la réalité détaillée des différents territoires de l’empire, colonie par colonie, entreprise sous sa houlette, à laquelle Jacques Marseille a participé et dont il a utilisé les résultats dans sa thèse. Lectrice un peu plus attentive, C. Coquery-Vidrovitch n’aurait pas manqué de voir, dans mon livre, des références à ce travail, notamment un tableau sur la démographie des sociétés coloniales qui contredit l’idée d’un eldorado colonial. Mais, depuis cette enquête, au demeurant inachevée et incomplètement publiée, d’autres travaux ont été menés et, s’agissant du poids des colonies sur le Trésor public métropolitain, C. Coquery-Vidrovitch n’ignore pas la contribution du même Jacques Marseille, présentée lors du colloque Finances [J. Marseille, La balance des paiements de l’outre-mer sur un siècle, problèmes méthodologiques, dans La France et l’outre-mer, Un siècle de relations monétaires et financières, CHEFF, 1998] qui fait, non pas de la conquête, mais de la domination coloniale un « tonneau des Danaïdes » pour les contribuables français. À ma connaissance, cette démonstration n’a pas été invalidée, y compris par l’africaniste C. Coquery-Vidrovitch. Pourquoi ?
    L’affirmation selon laquelle « l’économie coloniale, toujours prônée par les gouvernements successifs, eut pour effet majeur de protéger l’économie française de façon malthusienne » repose elle-même sur une série d’erreurs factuelles : le pacte colonial ne s’est pas toujours ni partout déployé dans l’espace colonial français, ne serait-ce que parce que des conventions internationales ne le permettaient pas (la Conférence de Berlin définit des zones de libre-échange pour les pays du bassin du Congo, tandis que l’acte final de la conférence d’Algésiras – 7 avril 1906 – réaffirme le principe de la « porte ouverte » au Maroc). Le pacte colonial est ensuite largement abandonné, au moins pour l’Afrique du Nord, à partir de Vichy.
    Cette affirmation témoigne aussi, et c’est sans doute plus grave, d’une conception systémique de l’histoire coloniale qui gomme la diversité des situations dans les espace coloniaux et dans les durées de la domination coloniale, mais aussi les stratégies diverses prônées ou suivies par les différentes administrations coloniales ou les milieux patronaux. Je renvoie à mon tour, C. Coquery-Vidrovitch à une lecture plus attentive de la thèse de Jacques Marseille.
    Victime d’« un positivisme simplificateur », je m’attacherais à compter un par un le nombre des victimes des conquêtes coloniales en ignorant – volontairement ou par bêtise – « la complexité des facteurs historiques ». Sur ce plan, le débat est effectivement d’ordre méthodologique. Ce mépris pour le « positivisme » dont C. Coquery-Vidrovitch témoigne, justifie qu’on puisse dire tout et n’importe quoi. Elle ne s’en prive d’ailleurs pas, dans Le livre noir du colonialisme (p. 560), lorsqu’elle affirme que la guerre d’Algérie aurait fait un million de victimes parmi la population algérienne musulmane. C. Coquery-Vidrovitch, qui me reproche d’ignorer les travaux d’André Prenant, sait pertinemment qu’elle énonce, là, un mensonge grossier, forgé par la propagande du FLN et qui sert, aujourd’hui encore, à conforter le pouvoir des dictateurs algériens : tous les travaux des démographes et des historiens français (d’André Prenant à Charles-Robert Ageron, de Benjamin Stora à Guy Pervillé et Gilbert Meynier) ont infirmé ce chiffre et proposé des estimations beaucoup plus basses : 250 000 morts environs, parmi lesquels, selon Gilbert Meynier, environ 200 000 auraient été victimes de l’armée française et 50 000 du FLN. Tout comme est mensonger le chiffre d’un million de morts liés à la conquête de l’Algérie, qui ignore l’ampleur de la catastrophe démographique des années 1865-1868, tout à la fois alourdie ET amortie par le fait de la colonisation, comme je me suis attaché à le montrer dans mon livre.
    Mon « étroitesse d’esprit » m’interdirait également de penser le rôle de l’immigration coloniale en France au-delà du pourcentage global – moins de 1 % de la population active – qu’elle représenterait, ce qui conduit C. Coquery-Vidrovitch à m’inviter à regarder du côté des catégories professionnelles. Qu’elle me permette à mon tour de l’inviter à lire un peu plus sérieusement les livres qu’elle entend critiquer : que ce soit pour les années 1920 comme pour celles d’après la Seconde Guerre mondiale, c’est très précisément ce que je fais, en m’attachant, notamment pages 145, 146 (note1) et 156, à mesurer le poids de cette immigration selon les principaux secteurs d’activité ou en fonction des catégories professionnelles dont elle relevait. Et, loin d’invalider la conclusion que le pourcentage global autorise, cette ventilation sectorielle ne fait que la renforcer : l’immigration d’origine coloniale a bien jouer un rôle économique marginal dans les reconstructions d’après-guerre et au cours des Trente Glorieuses.
    Quant au « commentaire » qui biaiserait les statistiques que je présente, j’attends que C. Coquery-Vidrovitch veuille bien le citer. Que les quatre-cinquièmes de OS employés par Renault dans ses usines de Billancourt ne soient pas des travailleurs coloniaux ne signifie évidemment pas que ceux-ci n’ont pas contribué à la production automobile française, ou, pour d’autres secteurs, à la production nationale. Cela veut simplement souligner que, même dans la plus grosse des entreprises françaises employeuses de main-d’œuvre coloniale, cette dernière n’a pas joué le rôle central que certains lui prêtent.
    Contrairement à C. Coquery-Vidrovitch, sur tous ces points – bilan des victimes des guerres coloniales ; bilan de l’exploitation économique des colonies et des populations colonisées ; rôles des soldats coloniaux durant les guerres mondiales, etc. ; rôle de la main-d’œuvre coloniale dans la croissance française – je crois en effet que le premier devoir de l’historien est d’établir les données les plus précises possibles (au passage, on pouvait espérer de C. Coquery-Vidrovitch plus de précision à propos de l’enfumade qui aurait été perpétrée, en 1931, en Oubangui-Chari qu’elle se contente d’évoquer). C’est seulement à partir de ce socle de connaissances « positives » que des interprétations peuvent être proposées. Et, toujours contrairement à mon censeur, je ne pense pas qu’on puisse faire dire ce que l’on veut aux statistiques, dès lors qu’elles sont honnêtement construites. Jean Bouvier, qui dirigea mon mémoire de maîtrise sur L’Industrialisation de l’Algérie dans le cadre du plan de Constantine et Jacques Marseille qui dirigea ma thèse n’ont, à ma connaissance, jamais dit autre chose ni pratiqué autrement.
    Le relativisme dans lequel C. Coquery-Vidrovitch se complet actuellement, adossé à - ou rendu nécessaire par - un tiers-mondisme qui l’amène à minimiser le poids que la charia fait peser sur les femmes de « deux ou trois provinces » du Nord du Nigéria et à justifier la propagande des dictateurs algériens – conduit à tourner le dos aux principes fondamentaux de la discipline historique.
    C. Coquery-Vidrovitch se scandalise du fait que, dans un chapitre consacré à la mesure et aux origines du racisme dans la société française actuelle, je cite un sondage de novembre 1996 – tiré de la thèse de Yves Gastaut, L’immigration et l’opinion en France sous la Vè République, Le Seuil, 2000 – qui indique que 42 % des Français estiment que tous les hommes appartiennent à la même race tandis que 38 % admettent l’existence de races mais sans établir entre elles une hiérarchie. Au total, l’inégalité des races serait admise par un cinquième de la population. C. Coquery-Vidrovitch, croit pouvoir dire que je trouverais rassurant ce résultat et que j’en serais content, alors qu’elle-même s’en inquiète. Nos « subjectivités » seraient donc différentes et me voilà, au détour d’une phrase, rendu suspect d’une coupable indulgence pour les sentiments racistes d’une fraction de nos compatriotes, à moins que je partage ce sentiment ! Tout cela n’est pas raisonnable. Ce que montre la thèse d’Y. Gastaut c’est, premièrement que le racisme est un sentiment largement rejeté par la société française, comme la mobilisation des habitants de Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) en ont apporté une nouvelle démonstration au mois de mars dernier en se mobilisant contre l’expulsion des travailleurs maliens employés par l’abattoir de la commune. Ce qu’elle montre ensuite c’est que le racisme actuel, réel par ailleurs, même s’il n’est pas aussi répandu qu’on [en particulier le MRAP et toutes les organisations dont le fond de commerce repose sur la supercherie d’une France malade du racisme] tente de nous le faire croire, ne relève pas d’abord de la subsistance d’une « culture coloniale » dans la France contemporaine mais de mécanismes actuels qui doivent plus à la crise sociale et identitaire que notre pays traverse et aux violences – application de la charia, appels aux meurtres, attentats, massacres … - perpétrés à travers le monde par les fascistes islamistes de tout poil.
    Enfin, C. Coquery-Vidrovitch brocarde mon inculture à propos de la post-colonialité. Je me sens, sur ce plan en bonne compagnie, puisqu’Éric Hobsbawn lui-même ne craint pas de railler les « errements de l’histoire coloniale » dans sa préface au livre de C. A. Bayly, La Naissance du monde moderne (Traduction française, Les Editions de l’Ateliers, 2007, p. 14). Mais évidemment, raillerie pour raillerie, cette réponse n’est pas suffisante et comme le sujet est important, non pas, à mon sens, du fait de la valeur heuristique de ce faux concept mais parce qu’il devient un phénomène de mode, je serais ravi d’engager, sur le fond, le débat avec Catherine Coquery-Vidrovitch et j’espère qu’elle voudra bien accepter mon invitation à participer aux journées d’études que je co-organise à Paris 8 Saint-Denis, au début de la prochaine année universitaire, sur le thème : La France est-elle une société post-coloniale ?
    Je rejoins C. Coquery-Vidrovitch sur la nécessité d’être vigilant face aux usages publics et politiques de l’histoire. Mais cette vigilance suppose, d’abord, des historiens qu’ils ne se trompent pas de métier. Ni juges, ni même juges d’instruction, ils ne sont pas là pour instruire le procès du passé et des acteurs de ce passé, fusse-t-il le passé colonial. Ils sont là pour l’étudier, principalement à partir des archives de toute nature que ce passé nous a léguées, pour le connaître et le comprendre. En s’attachant à défendre l’indéfendable et à contester l’incontestable, outre les remarques qu’elle appelle de ma part, la critique que C. Coquery-Vidrovitch fait de mon livre, sous prétexte de me donner une leçon d’histoire, conforte le mésusage de l’histoire dont elle s’inquiète par ailleurs.

    Daniel Lefeuvre

    et actuellement les matières premières leur sont achetées au cours mondiaux,

    donc avant d'asséner des vérités on s'intéresse de plus prés à l'histoire.

  • @ Leclercq:

    La description du monde de Centrafrique me semble être une lourde charge. C'est réduire les civilisations africaines à peu de chose.

    Il faudrait que je retrouve mes anciennes lectures.

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