Alors, « tout ça pour ça »? J’ai envie de remettre à la fin du second épisode la même phrase que le réalisateur avait fait apparaître à la fin du premier. Je suis perplexe et déçu.
Il est évidemment difficile de faire rentrer deux jours de tournage (avec des pauses) dans deux fois 48 minutes d’émission. Mais au final je ne vois pas vraiment ce qu’il reste d’utile. C’est même pour moi un des plus médiocre Temps Présent que j’aie vu.
Des informations majeures n’apparaissent pas. Je parle pour moi, et je veux ici préciser lesquelles car elles me semblent importantes. J’ai parlé de la fausse accusation dont j’ai été victime il y a une vingtaine d’années.
Certains aspects n’étaient pas assez pertinents ou trop personnels pour l’émission, mais d’autres aspects montraient un chemin qui aurait pu/dû trouver sa place sous le titre «Guerre des sexes » – même si le au chalet fait plus penser à une soirée fondue entre copains qu’à une expérience de vie bouleversante.
On ne sait rien des conséquences d’une fausse accusation, des dégâts sur la vie privée et professionnelle, et sur la santé de qui en est victime. On n’en sait pas beaucoup plus du stéréotype accusatoire qui pose les hommes en violeurs potentiels – or il y a là une vraies guerre des sexes. On est passé à côté. Y avait-il la matière filmée pour aller dans cette direction? Il me semble, en partie du moins.
L’une des participantes, Sonia, tente d’exonérer l’accusatrice en me demandant s’il n’y a pas eu, quand-même, quelque chose de mon côté qui aurait pu lui donner raison. J’aimerais que l’on exonère ainsi les hommes criminels…
Très sympathique Sonia, mais cherchant à projeter sur moi quelque chose qui rassure sa cohérence. J’ai l’impression qu’elle attend trop des hommes pour les rencontrer vraiment. Chacun ses techniques d’évitement. Enfin, je peux me tromper.
J’ai répondu honnêtement (« Je ne sais pas ce que j’ai laissé entrer dans notre vie pour que cela se passe ») mais je n’ai pas l’impression que cela ait servi à grand chose au vu des importantes coupes faites par le réalisateur.
Et l’on ne sait rien de mon évolution ensuite. Or voici ce qui est advenu. Je le dis ici non pour moi mais pour témoigner de ce que l’on peut transformer notre destin. Depuis quelques temps j’avais constaté ne plus avoir de colère contre l’accusatrice. Je l’ai exprimé face à la caméra, et en le disant j’ai réalisé que j’entrais à ce moment dans le processus du pardon – indispensable pour se libérer soi-même.
En le disant c’était comme une révélation, un moment de grâce. Dommage que cela n’ait pas été montré: il est possible de tourner la page et de se recentrer sur sa paix intérieure plutôt que sur le trouble imposé par quelqu’un d’extérieur. Un jour, il faut arriver à pardonner.
Pardonner n’est pas oublier mais c’est briser des chaînes.
Je n’ai aucun mérite à cela, c’est un processus personnel et utile, c’est tout. Normalement cela reste intime et personnel. Mais j’aurais trouvé bien que ce cheminement soit visible pour inciter peut-être d’autres à le suivre, car on ne peut rester victime toute sa vie. Pardonner c’est entre autres reprendre le pouvoir sur sa vie, et libérer l’autre de toute charge négative que je cultiverais à son encontre.
Une autre chose importante qui à mon avis aurait eu sa place est l’évolution que je fais depuis des décennies. Homme très imparfait mais en travail sur moi, je me suis mis en question. Je ne donne pas de leçon, seulement mon point de vue.
Aujourd’hui je pense, toutes analyses faites, que les hommes (ou en tous les cas beaucoup d’entre eux) devraient garder davantage de réserve avec les femmes. Je l’ai dit à deux fois et cela me semble utile de l’exprimer. C’est le résultat d’une longue réflexion sur les relations femmes-hommes. Cela donne du sens à une histoire, à une évolution personnelle inscrite dans la réalité de son temps.
Je n’étais pas en forme lors du tournage, deux jours avant je demandais un avis médical pour me rassurer. Je sais maintenant que je préparais l’accident vasculaire d’un oeil survenu en octobre. Je n’aurais peut-être pas dû y aller et m’écouter plus mais je m’étais engagé et le thème comme la formule m’intéressaient.
Je suis donc en partie responsable de ce qui n’est pas dit dans l’émission. Je pense que je ne suis pas fait pour la télé.
Je m’en veux de ne pas avoir assez souligné combien je trouve certaines thèses absurdes, comme l’idée qu’un homme peut enfanter. Je n’avale pas tout! Quant au petit film artistique et politique sur la vulve et la masturbation féminine, on dirait un délire d’adolescente boutonneuse. A minima cela ne m’apprend rien sur les femmes.
Autre chose est à mon avis mal montré. D’une part le monde paranoïaque de Coralie. Elle voit des pédocriminels partout. Elle affirme à un moment qu’une femme sur 5 subit un viol. Elle affirme régulièrement que les femmes sont systématiquement des victimes.
C’était juste après que j’aie parlé de fausse accusation. Elle n’a pas aimé qu’un homme soit victime, alors elle a repris le fil à son avantage et la prod lui a laissé un tapis rouge malgré les vilenies qu’elle disait régulièrement sur les hommes. Mon sentiment est que la prod a choisi son camp – par exemple à la fin chacun et chacune fait une conclusion. J’en ai aussi fait une mais elle n’a pas été mise à l’écran.
C’est cavalier comme manière d’évacuer la parole d’un participant qu’on était pourtant venu chercher pour l’avoir dans le tournage. Je ne pensais pas que cela se passerait ainsi. Si j’avais pressenti cela avant je n’aurais pas participé.
Est-ce que je réagis trop vite? Ou est-ce une simple désillusion?
À noter que le chiffre d’une femme sur 5 est éminemment discutable mais ce n’est pas le sujet ici.
J’ai parfois eu l’impression que Coralie était troublée tellement elle en faisait. Amusant aussi son bijou de nez, une bague de septum identique à l’anneau que l’on implante aux boeufs pour les soumettre et les diriger…
Un autre aspect non montré est le désir explicite de ces féministes d’éduquer les hommes! En particulier la jeune femme réalisatrice du film masturbatoire.
Elles, éduquer les hommes? Même pas en rêve. Cela me fait penser à Basile, non binaire, homme que je trouve mou et peu situé. L’influence du féminisme androphobe marque les hommes jeunes. À moins que ce ne soit sa nature. Et puis, non binaire: je n'aime pas trop les catégories.
Pour Léon, le jeune homme trans, je redis ceci: un homme n’est pas une simple vue abstraite et hors-sol. Il est aussi un corps. Et un homme n’a pas d’organes génitaux féminins. Les personnes transgenre ne me dérangent pas plus que ça, je soutiens la liberté individuelle donc la leur aussi, mais leur théorie est simplement imprenable pour tout esprit rationnel.
Voilà donc mes réflexions du lendemain. Conclusion provisoire: la télé ne me réussit pas, il vaut mieux que j’écrive. Ou bien je n’ai plus de place dans le monde tel qu’il devient.
Ou plus simplement: émission ratée qui ne marquera pas les esprits – sauf pour éviter de refaire la même.
Commentaires
Bonjour John,
Merci pour le commentaire d'après émission, tellement plus intelligent et fin que ce qu'on nous a servi en deux services sur le service publique. Comme toi, j'en suis ressorti avec une impression pénible, presque oppressante, avec de la peine à en parler.
Disons que d'un côté, il y a la Réalité, tellement vaste et complexe qu'il est pratiquement impossible de la mettre en mots et encore moins de la définir. De l'autre côté, il y a l'Être intérieur au centre de chaque humain, dans toute sa complexité, qui se dérobe aussi aux mots et aux définitions. Entre les deux, il y a une nébuleuse de ce qu'on peut percevoir. La sexualité en est une des manifestations. Décider de pointer la caméra là-dessus est un choix possible. Le problème, c'est qu'on nous a montré un gloubi-boulga avec de la friture sur toute la ligne. Tous les participants à l'émission ayant été choisi comme porte-étendards d'une certaine sexualité, tous ont été soumis à un dénigrement de leur être profond, d'où les souffrance et les larmes apparues ici ou là, que la prod s'empressait de recueillir religieusement pour les livrer en pâture, plaçant ainsi le téléspectateur en voyeur d'émotions à bon marché. De réduire des humains à cela contient dans la démarche même un irrespect pour chacune des personnes présentes. Cette télé-"réalité" n'aurait jamais dû exister, au vu du résultat.
Je te félicite néanmoins, John, d'avoir affronté ce machin, dont la honte ne rejaillit bien sûr que sur les réalisateurs et la télévision suisse.
Et au plaisir de continuer à te lire !
Bonsoir Paul,
"Gloubi-boulga et friture", il y a de ça.
Merci pour ta visite et ton commentaire.
Bonne soirée!
Mais c'est ainsi, j'y prends ma part et n'ai pas de regret. D'ailleurs je me trompe peut-être. J'apprends encore.
Je fonctionne avec d'autres manières. Par exemple quand Sonia fond en larme en racontant qu'elle n'a vécu aucune histoire d'amour depuis 15 ans, deux personnes l'ont rapidement consolée. Mais du coup on ne va pas au fond. Je préfère ne pas intervenir trop vite et laisser la personne vivre son orage intérieur, en étant juste présent, Cela permet à un processus de se compléter.
Dans Peer Gynt, Le Courbe disait: "Fais le tour". Parfois il faut aussi dire: "Creuse".
:-)
Je n'ai pas vu l'émission mais j'ai lu le livre de John à propos de son affaire. Il est clair que les hommes subissent, plus que les femmes, de fausses accusations. Elles sont fréquentes lors d'une séparation quand il y a la garde des enfants en jeu. La parole de la femme est alors privilégiée, surtout quand les membres des associations chargées d'enquêter et les juges sont des femmes. " Les hommes devraient garder davantage de réserve avec les femmes", nous dit John et il a raison. Messieurs, fuyez les associations et les partis politiques où les féministes ont pris le pouvoir, car vous n'êtes jamais à l'abri d'une fausse accusation !
Merci, Hommelibre, pour vos informations, qui contextualisent les choses! j'ai vu le second volet de l'émission. Pas meilleur que le premier! J'ai pensé que, au fond, vu les affirmations délirantes sur les hommes qu'on y entend, cette émission porte bien son titre! J'ai apprécié l'intervention de Me Marc Bonnant, et ne suis pas étonné qu'elle ait été inaudible pour certaines personnes. La réaction de Mme Bernasconi est significative, car même elle, pourtant féministe et socialiste, n'a pas supporté, à juste titre, les outrances et les exagérations! Aussi, c'est très vexant, pour le téléspectateur, de ne pas avoir pu entendre vos propres conclusion, puisque, vous le dites ci-dessus, vous avez été coupé au montage! Et enfin, le fait que la production n'ait pas montré votre témoignage sur les fausses accusations portées contre vous, le chemin que vous avez parcouru pour surmonter ce traumatisme et, in fine, pardonner (j'espère ne pas trahir vos paroles), montre que les réalisateurs n'étaient pas intéressés, selon moi, par l'information, mais par la propagande! Je sors des ces deux volets de "Guerre des sexes au chalet" avec la fâcheuse impression d'avoir vu une émission militante! Bien à vous!
Pour votre conclusion, effectivement je n'ai pas trouvé que vous apportiez beaucoup d'arguments contre toutes les bêtises que l'on a entendu sur ces 2 émissions. Mais peut-être en avez-vous fait mais que la prod ne les a pas gardé. En ce qui me concerne, je n'ai pas écrit de livre mais je connais le sujet par coeur. Effectivement les 20% de femmes violées sont complétement à côté de la plaque. Elle a mis dans ces 20%, les personnes qui disent ne pas avoir envie d'avoir des relations mais qui l'ont quand même fait. Coralie ne connait probablement pas le devoir conjugal et l'asymétrie des désirs. C'est sur qu'après 10 ans de vie commune, 2 personnes n'ont pas envie au même moment. Il y en a toujours un qui se force un peu au début de la relation sexuelle. Bref, je trouve qu'il y avait vraiment énormément de possibilités de lui rabaisser son caquet. Notamment quand elle parle de se retrouver seule dans une maison avec un homme... Elle n'a pas à se retrouver seule avec un homme, chez lui, si elle n'a pas envie de faire plus avec lui. Le féminisme déresponsabilise et Coralie l'a montré à plusieurs reprises. Leur monde fonctionnerait si tout le monde était honnête mais ca ne fonctionne plus dès que quelqu'un a de mauvaises intentions. Comme pour le consentement oral... Qu'est-ce qui empêche une femme qui a consenti oralement à avoir une relation sexuelle avec un homme, d'aller le lendemain matin à la police pour porter plainte ? C'est quoi la prochaine étape ? Il faudra faire un contrat ? Et même avec un contrat, on peut quand même détourner cette solution. Car si à l'instant T on est d'accord, peut-être qu'à l'instant T+5 minutes on ne l'est plus.