Quand la France rasait ses forêts.
Si l’on compare la surface estimée de forêt en l’an 100o et celle de 1990, celle-ci est presque moitié moindre (image 1, clic pour agrandir, source). Pendant des siècles le défrichage et le feu ont permis d’augmenter la surface agricole.
Il fallait nourrir une population en expansion. Un propriétaire passait contrat avec un ecclésiastique et les moines venaient défricher la forêt.
« Les moines cisterciens ont été les spécialistes de cette technique. Il s’agissait de trouver un lieu propice à l’installation (proximité d’une source, salubrité, position élevée...) puis de le défricher d’abord par la coupe du bois, l’arrachage des taillis et ronces, puis en le brûlant pour le débarrasser et le fertiliser. »
À la suite de la révolution de 89 le mouvement s’est accéléré:
« Après le partage des bois communaux à la suite de l’abolition des privilèges décidée par la Révolution française, de nombreux riverains de ce qui reste de la forêt pillent les forêts et leur gibier (cervidés notamment). Nombre de forêts sont promptement défrichées, parfois brûlées pour en simplement revendre la cendre comme engrais, quand on n’y prend pas également l’humus pour le mettre sur les champs. »
Au point où l’on alerte l’Assemblée. On la prévient des:
« … effets dramatiques du défrichement, sur l’agriculture, le régime des eaux, l’érosion, le climat et la santé, ou sur l’économie. Ils prédisent une grave crise sociale, agricole, économique et, dirions-nous aujourd’hui, « écologique » si rien n’est fait pour stopper l’arasement des forêts. Certains notent que les défrichements entraînaient de brutaux changements de température, multipliaient et aggravaient les inondations et sécheresses, faisaient manquer des récoltes. »
Avec le développement de l’industrie les populations rurales se réduisent et la pression sur les forêts diminue. Peu a peu elles reprennent de la surface de 8 à 15 million d’hectares en deux siècles. Selon l’excellent article de Cairn.info:
« À partir du milieu du XIXe siècle, sous le Second empire et la IIIe République, l’augmentation régulière des surfaces forestières peut être rapprochée d’une diminution non moins régulière de la part de la population française vivant de l’agriculture. »
Le défrichement a commencé bien plus tôt, avec l’explosion démographique du néolithique. Mais les plus grandes coupes ont eu lieu entre le XIe et le XIIIe siècle.
« Les défrichements conduisent à une diminution importante de la surface forestière et on estime qu'entre le XIe et le XIIIe siècle, 30 à 40 000 hectares de forêt sont défrichés tous les ans (ce sont les plus grands défrichements qu'a connus la France). »
40 000 hectares c’est plus que la surface brûlée par le méga feu en Gironde en 2022. Il faut dire que le bois servait au chauffage, à la construction (cathédrales, anciens châteaux forts, bateaux et flottes militaires, ponts, etc).
Certaines régions asséchées aujourd’hui le doivent peut-être aux défrichements sauvages de cette époque. Supprimer de grandes surfaces de forêt a forcément un impact sur les sols et le régime des eaux.
La dernière image (officielle, source) montre que depuis cent quinze ans les forêts s’étendent à nouveau, en particulier dans le sud malgré les feux récurrents dans cette région. Mais les épisodes longs de sécheresse pourraient altérer la vitalité de certains arbres issus de ce reboisement.
Commentaires
Il vaudrait mieux dénoncer l'abattage des arbres en Amazonie. L'humanité, par cupidité, fonce dans l'adversité. Bonne fin de semaine.