Pendant que les hommes manifestent une érection émotionnelle à chaque but marqué, et que les femmes pleurent une larme intime à la beauté de ces fesses rebondies, le drame des bleus se scelle comme celui d’un chapon déplumé face à la casserole frémissante. Ils sont mal partis, et ce sera difficile de passer entre les gouttes (surtout avec le temps qu’il fait). Mais j’ai une idée pour recomposer l’équipe de France et la faire gagner.
C’est Nicolas Sarkozy, forcément. Il sera partout. Attaquant, défenseur, occupant tout le milieu de terrain, aile gauche, aile droite. Il saura tout faire à lui seul. Avec l’avantage que l’on en aura fini avec les querelles d’égo de joueurs sur le retour - ou sur le départ.
Un seul joueur, quelle aubaine: les économies réalisées permettront d’engager un entraîneur vraiment entraînant.
Lui-même, bien sûr.
Ensuite il faut un bon gardien, solide, de ceux qui ne laissent rien rentrer. (Ni sortir). De ceux que rien qu’à les voir les adversaires baissent les bras et repartent déprimés.
François Bayrou est l’homme de la situation. Bien au centre de sa cage, immobile, son tracteur en place comme un char d’assaut, les rares espaces libres seront automatiquement couverts par ses grandes oreilles cartilagineuses.
Son secret: comme les indiens, il entend venir la charge des bisons de loin. Quand il arrive à mettre une oreille au sol...
Il faut aussi une mascotte, une pom-pom girl susceptible de détourner l’attention de l’adversaire pendant la mi-temps en chantant la Marseillaise.
Ségolène Royal est toute trouvée. Caquetant de ci de là, volant dans les plumes de ces machos de joueurs, elle saura faire diversion en criant bien haut entre deux couplets: “M’avez-vous vue? C’est moi, Ségolène, la plus belle, la plus pure!”
Seul problème avec elle: sous couvert de parité, elle pourrait bien imposer des équipes de foot mixtes quand elle sera élue, en 2037. Une manière comme une autre de relancer la natalité en France...
Enfin il faut un jeu arbitral en faveur des français. S’il n’en reste qu’un, ce sera celui-là: François Hollande. Il sera arbitre sur le bord du terrain, spécialisé dans la détection des hors-jeu. Les adversaires seront pris au piège à chaque attaque tant soit peu dangereuse.
Pourquoi lui? Parce qu’il est doué pour siffler les autres depuis le bord du terrain. Et parce que, question hors-jeu, il est vraiment LE spécialiste: il a si bien réussi avec le PS en France.
Voilà donc l’équipe idéale. Si la France ne gagne pas avec eux...
Commentaires
Non, mais vous ne pensez pas qu'en fait, l'équipe de France, pour bien jouer, devrait surtout être composée de joueurs suisses ?
Héhé!... Bonne idée. Les suisses ont montré un beau jeu dimanche en 2e mi-temps, de l'envie, de l'attaque, de l'audace. Qualité que l'on cherche vainement chez les français: même à la loupe, on ne voit rien.
... il y de l'idée. Avec les 7 sages à Berne, sûr on se serait qualifié pour la finale à Vienne ou au minimim pour la demi à Bâle. Encore fallait il trouver 4 attaquants valables. Maintenant, pour passer le temps, consacrons nous à notre demi et avalons, mais pas à travers, notre boule ... de Bâle!
Hum.
N'empêche, si l'équipe suisse avait été composée de joueurs néerlandais, cela aurait sans doute été encore plus facile.
L'équipe suisse en oranje? Hummmm.... pas sûr que le PDC aurait pu faire l'affaire à lui seul. On voit déjà ce que ça a donné en rouge...
Rouge, orange, ce n'est pa
Il manquait, à l'équipe suisse, un homme qui se rue sur tous les postes qui deviennent libres. Il va aussi bien à gauche (surtout) et à droite (un peu) il sait organiser le "jeu", il est grand (selon lui), est hyperactif, il est très présent (surtout dans la presse), compte beaucoup de partisans (aussi à gauche), est toujours entrainé (il fait beaucoup de ski et, à part la haute montagne, fait également beaucoup de slalom ), et l'oranje, il connaît, c'est Darbellay !!
Ce n'est pas si différent.
Mais enfin, Homme-Libre, pourquoi vous intéressez-vous tellement aux Français ? C'est parce que leurs chaînes de télévision sont diffusées chez vous ?
Si c'est à cause des frontaliers, croyez-moi : c'est là une catégorie de la population qui n'a que peu d'emprise sur les décisions qui se prennent à Paris.
@ Octave: bien vu! Hihi!
@ RM: Pourquoi je m'intéresse aux français? Mais parce que j'aime la France. Et qu'elle m'irrite aussi par quelques aspects.
J'ai vraiment aimé les bleux de 98: talents individuels et collectifs, créativité, intuition, vision, vraiment je me suis régalé. Et je n'ai pas du tout apprécié que de mauvaises langues aient ensuite prétendu que le Brésil avait été payé. C'est d'ailleurs assez in croyable d'imaginer cela.
Mais je suis aussi dérangé par le clivage politique, par le fait que les français élisent des représentant puis défassent leur politique dans la rue, par autant de créativité et autant de capacité à se tirer des balles dans le pied.
On dit que la Suisse est lente, que son système collégial freine les décisions. C'est parfois vrai, mais il pas certains que les français aillent plus vite, tout occupés à défaire ce que les autres ont fait avant. En Suisse, la gauche, la droite et le centre coexistent au niveau décisionnel depuis très longtemps, et j'apprécie hautement cela. Je pense qu'il y a de bonnes idées partout.
Homme-cible/Hommelibre : croyez-vous vraiment qu'il y ait des décisions de droite et de gauche ici? Ce pays souffre justement de son manque de vision politique; la mécanique décisionnelle (oh, quelle aporie!) dévoile bien plutôt, qu'au-delà des discours des uns ou des autres, les "choix" demeurent similaires. Franchement, la force d'inertie est telle qu'on a peine à croire à une différence autre qu'apparente.
Il est peut-être des illusions qui continuent à bercer l'imaginaire des citoyens mais la réalité ne saurait les rattraper aussitôt.
Disons que la France aime s'agiter politiquement, mais qu'elle tire à hue et à dia par manque de cohésion et d'abnégation des individus. C'est un peu comme à Genève ! Sauf que la France, c'est sur une plus grande échelle, et que les associations de quartier se transforment en factions politiques nationales. Mais à mon avis, cela n'a rien à voir avec le football. Globalement, les Français ont bien l'esprit d'équipe, en sport. Mais parfois, justement, ce sens collectif les amollit, les endort, les fait stagner dans la douce quiétude d'un groupe uni et empathique les uns vis à vis des autres.
Bi
@ RM: Je ne voyais pas les choses sous cet angle: ce sens collectif qui les ammolit, etc. Hypothèse intéressante et plus sympa que d'imaginer qu'ils sont imbus d'eux-mêmes, ou qu'ils ne se sont simplement pas assez préparés.
Cela dit, l'alchimie d'une équipe est parfois un long processus, dont les aspects fortuits sont relativement importants. Mais je me demande quand-même si Domenech a su insuffler la bonne énergie. On pourrait me dire que si les français ont été finaliste en 2006, ce n'est pas par hasard. A quoi je réponds: pas sûr, je n'ai pas eu le sentiment de voir en finale les deux meilleures équipes.
Mais bref, la critique est aisée et l'art est difficile. Et je ne suis ni assez spécialiste ni assez sur le terrain réel du foot (préparation, entraînement, stratégies, etc) pour être bon juge. A défaut, je suis un simple polémiste.
Alors, Hommelibre! Déçu? Eh oui, les Italiens ont battu les bleus, 2 - 0.
Bah, chère Micheline, pas vraiment. Devant l'obstination obtuse de Raymond Domenech à garder la même équipe usée et molle alors que je lui en proposait une fringante, je m'incline. Je ne peux pas aller contre sa volonté.
Je ne lui en veux même pas: c'est moi qui ne l'ai pas compris; en effet, à voir son sourire béat, heureux et autosatisfait sur M6 après la défaite, il n'y a qu'une seule explication: il voulait perdre. Et il y est magnifiquement parvenu! Chapeau bas Raymond.
Et puis, toujours lors de son interwiew sur cette chaîne, le voir pasticher les émissions les plus populistes, ringardes, impudiques et adolescentes en demandant en direct la main de sa compagne (qui est l'animatrice de l'émission), c'en était trop. Comment en vouloir à un coach aussi décalé, halluciné, immature et surréaliste? Coachés par cet homme les joueurs ne pouvaient pas faire mieux que de dire: on a eu des occasions, mais tout s'est retrouvé contre nous. La fatalité est plus douce quand on n'a rien fait pour la contrer.
Ah !
Le coup de génie de Domenech, avant la Coupe du Monde, c'était d'avoir convaincu Zidane et quelques autres de revenir (en s'investissant dans la préparation, cette fois). Il y a eu comme un sursaut d'orgueil, en 2006.
Ici, son coup de génie, c'eût été de trouver les bons joueurs pour les remplacer. On le sait bien, puisqu'à chaque fois qu'un nouveau joueur apparaît, et qu'il ne joue pas trop mal, on le compare à Zidane. On fonde sur lui de grands espoirs. Mais ce n'est pas tout d'en parler : il faut aussi que cela corresponde à une réalité. Dès le premier match contre la Roumanie, on s'est par exemple aperçu que Benzéma n'était pas à la hauteur de ce qu'on espérait.
Il se peut que, comme les journalistes, Domenech se soit laissé bercer d'illusions, et ait manqué d'acuité. Qu'il n'ait pas assez cherché, ou qu'il n'a pas assez vu les bons joueurs. En tant que sélectionneur, c'est bien là son travail. Il se peut aussi que cela soit de la faute des clubs, et des fédérations, parce que, dans les faits, il n'y avait pas de meilleurs joueurs ! Domenech ne pouvait donc pas les trouver.
Mais on peut quand même se dire qu'il a gardé de vieux joueurs qui ne jouaient plus très bien, et qu'il s'est fait des illusions, à cet égard. Il n'a pas assez tranché dans le vif. D'ailleurs, il avait su remotiver Zidane et ses camarades, mais saurait-il vraiment découvrir de nouveaux talents ? Il s'appuie surtout sur le passé.
Je pense qu'en 2006, la France était rusée, pleine de métier, et l'Italie aussi. Le football, c'est aussi cela. Mais à mon avis, pour l'avenir, il faudra trouver une autre sorte de sélectionneur, plus impliqué dans les clubs, dans le travail sur le terrain, et moins gourou.
Votre analyse me semble pertinente (hors polémique). Domenech ne peut se défausser de ses choix et combler par une posture distante les carences de lucidité dont il a fait la démonstration. L'avenir appartient en effet à un coach plus impliqué et moins gourou. Aimé Jacquet était plus de cette trempe-là, me semble-t-il. Domenech a peut-être été dépassé par ses responsabilités.
Le coup de génie de Domenech
Je pense que Domenech a imité platement et rituellement Aimé Jacquet, sans qu'il y ait toujours une nécessité à le faire. Ou sans qu'il la voie lui-même en profondeur. Il s'est donné la posture de coach victorieux, sans faire forcément tout le travail en amont. Il est au fond à Jacquet ce que Chirac fut à De Gaulle. Du travail difficile et plein d'abnégation de Jacquet, il a retenu la revanche éclatante, le triomphe inattendu : la figure de vengeur masqué. Cela a marché en 2006, mais il fallait sans doute repartir de zéro en 2008. Mais en était-il capable ? Un tâcheron en survêtement, issu du prolétariat, conviendrait mieux, à présent, qu'un aristocrate du sport en costume-cravate.
Bien vu! La posture héritée de Jacquet ne remplace pas le vrai travail en profondeur. Sur ses compétences? En effet la question reste ouverte.