On dirait que certains s’ingénient à vouloir envoyer la France par le fond. Déjà qu’elle prend pas mal l’eau, il n’en faudra pas beaucoup pour porter le coup final. Un clash sur les retraites par exemple.
Le début des discussions laisse augurer d’un débat sans dialogue. Visiblement, les positions sont fermement marquées du côté syndical et patronal: pour certains on ne cotisera pas davantage, pour d’autres on ne recule pas l’âge de départ en retraite. C’est à croire qu’en 2050 l’argent va tomber tout seul dans les poches des retraités, à moins d’arriver à créer plus d’emploi. Mais l’emploi ne se crée pas d’un coup de baguette magique.
Le déficit des retraites prévu pour 2010 est de 10,7 milliards d’euros. En 2010 ce même déficit sera de 68,8 milliards d’euros. Dans 40 ans près de la moitié des retraités seront payés par la dette et non par les cotisations des actifs.
Allongement de l’espérance de vie et diminution du volume de travail, à quoi s’ajoute un vieillissement et un moindre renouvellement de la population, font que la situation est devenue très problématique et qu’elle va s’aggraver encore dans le futur si rien n’est entrepris pour anticiper le clash.
Les sondages en France valent ce qu’ils valent, c’est-à-dire en général pas tripette tant les questions posées font fi de la complexité des choses. Mais ils révèlent au moins les contradictions des français: 80% sont pour une réforme des retraites, et 60% environ sont contre un allongement du temps de cotisation ou une augmentation de celles-ci. En gros: réformez les retraites mais sans moi!
La France s’arc-boute sur ses acquis sociaux, dont l’âge du départ en retraite. Cette rigidité n’a plus aucun sens quand l’espérance de vie a augmenté considérablement en environ un siècle. La Suède a mis en place un modèle où l’âge du départ en retraite est fonction de l’évolution de l’espérance de vie. La France peut-elle trouver une formule magique où les retraités gagneront plus en travaillant et cotisant moins? Car c’est à cela que revient le fait de ne changer ni le montant des cotisations ni l’âge du départ en retraite.
Va-t-on assister à l’éternel clivage gauche-droite, ce clivage qui développe les positionnements partisans au détriment de l’intérêt collectif? Si cette réforme échoue, que personne ne vienne se plaindre si dans 20 ou 30 ans les retraites ne seront plus assurée pour nombre de français.
Au fond, et même si Sarkozy est critiquable sur son style, son autoritarisme est peut-être nécessaire en France. L’immobilisme chronique de ce pays lui coûte assez cher. Et ses contradictions et préservations des intérêts individuels confine parfois à l’absurde. Regardez la question des habitations en zones inondables suite à la tempête Xynthia. Près de 60 morts, cela n’a pas suffit. Dans les jours qui ont suivi on cherchait les responsables irresponsables qui avaient autorisé les construction en zones dangereuses. Maintenant que ces zones vont être interdites à l’habitation, les survivants se plaignent de devoir partir.
De deux choses l’une: ou bien il faut dire bravo à M. Sarkozy d’être très ferme et autoritaire et de ne plus chercher de dialogue inutile, ou bien il faut laisser les gens crever à la prochaine inondation. Mais alors s’ils veulent rester, que personne ne se plaigne s’il y a encore une fois des dizaines de morts. Ils l’auront bien voulu.
Le volontarisme de Sarkozy s’oppose ici à l’immobilisme et à l‘électoralisme des organisations plus «sociales». Le bras de fer est engagé.
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PS: Y a-t-il une retraite pour les otages? Max Göldi nous le dira quand Kadhafi le laissera libre. On ne sait pas quand.