Le GIEC a ses questionneurs qui n'acceptent pas aveuglément ses conclusions, les offices météo européens ont les leurs. Voilà-t-y pas que la méchanceté du nuage est contestée! Les tests réalisés ce week-end montrent que les avions n’ont subi aucun dégât. Alors, en a-t-on fait trop? Le syndrome de l’OMS a-t-il contaminé les responsables de la météo européenne: crier au dragon quand passe une luciole, comme pour AH1N1?
Les météorologues ont été bien présents dans les médias hier. Et d’expliquer à nouveau le caractère abrasif des poussières, et l’impossibilité qu’ils ont de connaître la densité du nuage. Il peuvent le délimiter mais ne peuvent réellement en dire la dangerosité. On n’hésite d’ailleurs pas à rappeler que ce nuage est forcément dilué puisque mélangé à de la vapeur d’eau. Bref, on évalue le risque non sur la réalité mais sur des modélisations informatiques. Cela ne vous rappelle rien? Comme le Giec pour le climat, comme l'OMS pour la pandémie de grippette.
Et si entre une modélisation informatique et la réalité, il y avait la même différence qu'entre une carte routière et le paysage?
Bon, d’accord, deux précautions valent mieux qu’un crash. Et je ne jetterai pas la pierre ponce (Pilate) aux météorologues mes frères, qui ne sont après tout que des poussières... d’étoile. Surtout dans un domaine où les moyens d'investigation demandent à être améliorés et où ils navigent à vue puisqu'ils reconnaissent eux-mêmes ne pas avoir la possibilité d'évaluer les zones de forte densité de cendres. Mais alors comment savoir si le grounding est utile ou non?
Décidément, la Suisse et le grounding, c’est un mariage d’amour. Après celui de Swissair - qui était déjà une histoire d’avion; après celui d’UBS - sorte de jeu de l’avion où l’on découvre que même en Ospel il ne faut pas rouler trop vite dans les virages serrés de la haute montagne financière, voilà celui-ci de grounding au nom d’elfe, Eyjafjöll. C’est toute la poésie des contes de notre enfance qui en prend un coup: notre mémoire merveilleuse des lutins courant dans la neige scintillante du nord parmi les rennes du père Noël se transforme en fumée noire comme du bitume ou comme la marée de l'Erika.
Il n’y a pas de fumée sans feu, dit-on quand on n’a rien d’autre à dire. Ouaip, croyance à deux balles qui donne vie aux pires rumeurs. Car avec ce volcan s’il y a de la fumée c’est beaucoup dû à la couche de glace qui le recouvre. La fumée serait montée moins haut dans le ciel sans cela. Et puis ce fichu anticyclone, quel manque de pot! Il tourne droit vers nous, et il va continuer. Yaka voir ici tout ce qui déboule du nord!
En tous les cas j’ai fait mon test: la couleur du coucher de soleil. Samedi, il y avait un foutu %&=¿#!!! de stratus sur le Jura, qui cachait le soleil. Mais le contour de ce stratus était du plus bel orange. Hier soir, rien de spécial. Conclusion: peut-être un peu de poussière samedi, pas grand chose hier.
Ce Eyjafjöll est au fond décevant. Une menace sur l’économie - qui n’en avait pas vraiment besoin - pour un pipi d’oiseau. Pour un poids plume - en anglais, colone de fumée se dit "plume". Parce qu’à côté de cette plume légère, le jour où le volcan de Yellowstone va péter, ce sera une autre histoire: hiver planétaire pour des années, la moitié des Etats-Unis sous les cendres, des dizaines de millions de morts.
Je ne vous ai pas encore parlé de Yellowstone? Depuis le temps que j’y pense ça va le faire ces jours. C’est un scénario catastrophe, mais quand il va arriver, 2012, le Jour d’après ou Titanic seront à reléguer au musée des peurs enfantines. Car là ce sera du solide, du costaud.
C’est vrai quoi, on vit une période si tranquille, si calme depuis 10'000 ans dans cette ère holocène, sans dérèglement planétaire majeur, que l’on pourrait croire que cela durera toujours.
Avec Yellowstone, ça va changer. Ce ne sera pas quelques simples jours de grounding. Mais chuuuuut... à suivre tout prochainement... Ah, Yellowstone...
En attendant, voici un site original dédié aux volcans avec de superbes images.
Photos: The Huffington Post.
PS: En tous cas, à défaut de poussière de sable du désert annonciatrice de la caravane ramenant l’otage suisse chez lui, le clan Kadhafi a jeté de la poudre aux yeux en laissant entendre que la libération était très prochaine. Quand un membre du gouvernement libyen a-t-il dit cela? 3, 4, 6 semaines?
Commentaires
On avait tort, jusqu'ici, de sous-estimer dans nos contrées le potentiel cataclysmique de l'Islande.
Lors d'une expédition que j'avais faite dans ce pays en 1968, son plus célèbre volcanologue de l'époque, M. Sigurdur Thorarinsson (Haroun Tazieff islandais), m'avait prévenu lors d'une rencontre, qu'à long terme le pire était à venir :
The Mid-Atlantic Rift (cicatrice de séparation des continents au milieu de l'Atlantique) passant juste par l'Islande dans sa partie médiane en y exerçant une pression, provoquerait un jour la séparation en deux de cette île ! (it will separate into two parts ...)
Par ailleurs en 1963, Thorarinsson avait porté sur les fonts baptismaux le nouvel îlot de Surtsey qui avait surgi brutalement et spectaculairement de la mer, également dans le sud de l'Islande.
Par retombées, les sagas islandaises deviendront-elles périodiquement les nôtres ?
Bonjour hommelibre.
Bien que vous savez que je partage votre avis à propos de l'utilisation inappropriée de modèle mathématiques, je pense que dans ce cas, le problème est tout autre.
Je pense qu'il a toujours été clair (pour moi en tout cas) que ce volcan est loin d'être un monstre et que les quantités de poussières rejetées sont finalement assez moyennes. Seuls les vents dominants expliquent que l'Europe ait été touchée. Le fait est que le problème dont on parle, à savoir la perte de puissance des réacteurs d'avion, n'est documenté que par deux cas, aucun d'eux n'ayant conduit à des accidents mortels. Le fait est donc qu'on est loin de savoir à partir de quelle quantité les poussières volcaniques commencent à être dangereuses. Dans ces conditions, les autorités de l'aviation civile ont décidé qu'on cessait de voler dès lors qu'un nuage de cendres était présent.
Ce qui est également un fait, c'est que dans le domaine de l'aviation, on ne lésine pas avec la sécurité, et c'est tant mieux. J'ai moi-même été retardé par deux fois parce que les avions que je devais prendre n'avaient pas passé la totalité des points de leur check-list. J'aurais pu me plaindre et dire qu'on pourrait voler tout de même sans que ça ne prête à conséquence. Et j'aurais sans doute eu raison. Mais le problème, c'est que quand on commence à sacrifier la sécurité, ça ouvre la porte à tous les excès. Pour ma part, le jour où les compagnies commenceront à sacrifier la sécurité aux impératifs économiques sera le jour où je cesserai de prendre l'avion.
Bien à vous.
Kad, en effet la sécurité aérienne est fondamentale. Il est difficile de se prononcer ici. Il faudrait des analyses détaillées du ciel et du nuage. Curieux que les aéroports rouvrent sous la pression des compagnies et devant les critiques sur le manque d'analyse du nuage. On parle ouvertement ce soir de "tirer les enseignements de cette surréaction de l'Europe".
Je comprenais l'interdiction au début, là je deviens "météosceptique"...