Du temps, on peut s’en donner, le tromper et même le tuer sans risquer les Assises!
Le temps s’écoule, il passe; avoir le temps, être à temps; améliorer un temps, perdre du temps, économiser son temps; libérer du temps, meubler le temps, mesurer le temps, organiser son temps.
Le temps semble être un objet concret doté d’une spatialisation : il passe ou s’écoule, il va donc d’un point à un autre. D’où vient-il? Quel est sont point de départ? Personne ne le sait. Quelqu’un l’a-t-il vu? Personne. Mais tout le monde semble le connaître. Incroyable!
Dans le temps il y a des subdivisions: le passé déjà, qui serait hier. Magie de la grammaire: l’imparfait ou le passé - simple, composé, parlent d’hier. Oui, il y a du temps dans la conjugaison, comme si c’était chose déclinable, élaborée, qu’on peut disposer en étages.
Le présent est là, il est ce qui se passe au moment même où nous parlons, lisons, bougeons. Est-il une continuité ou une succession d’instants? Qui peut le dire...
Et il y a le futur, rempli de certitudes. Demain sera là, demain est certain. Demain le même paysage se trouvera au même endroit. Oui, demain, si une météorite n’est pas tombée, et si nous sommes encore vivants. Mais dans 100 millions d’années? Rien ne sera pareil. Comment peut-on le savoir puisque ce n’est pas là? Parce que nous savons évaluer la modification d’état ou de lieu de la matière. Et parce que nous croyons à la pérennité des changements de la matière.
Le temps est une mesure. Par exemple, en athlétisme, c’est la mesure entre deux positions d’un coureur: le départ et l’arrivée. Dans la nature, une année équivaut à un certain nombre de jours et de nuit. C’est facile. On prend deux repères: un bâton qui montre où va l’ombre faite par le soleil à un moment donné. Et l’on tient compte du fait d’être passé par une saison chaude et une saison froide. Ainsi, on compte le nombre de nuits, et l’on peut donner une durée à l’année.
Le temps est une durée. Par exemple, une heure équivaut à un certain nombre de fois où un mécanisme s’est actionné, ce nombre étant compté sur une roue dentelée pour les montres classiques.
On peut admettre que le temps est la mesure d’un changement d’état. Entre l’enfance et l’âge adulte le corps change. On peut compter les années de ce changement, soit le nombre de fois 365 nuits entre deux états. On peut dire que la matière corporelle commence à un point zéro et qu’elle cesse de se maintenir organisée en moyenne à 70 et quelques fois 365 nuits.
Le temps est donc une mesure. Il ne coule pas, ne passe pas, ne s’organise pas, ne se perd pas, ne se tue pas. Le temps n’est rien. Juste une mesure. On peut photographier un enfant et revoir la photo des années plus tard (c’est-à-dire à un certain nombre de fois 365 nuits): on n’a fait que fixer un état de la matière. Ou le déroulement des étapes de son changement d'état s'il y a plusieurs photos de la naissance à l'âge adulte.
Le temps n’existerait-il pas en lui-même? Ne serait-il que mesure? Peut-être. Et qui plus est, cette mesure varie. Ainsi deux horloges atomiques identiques, mesurant un changement d’état ou de lieu de la matière au sol ou à mille mètres, donnent des mesures différentes. L’expérience a été réalisée récemment et a démontré encore une fois la théorie de la relativité.
On dit que les états de la matière ne changent que dans un sens. Par exemple de l’enfance à la vieillesse. Peut-être n’avons-nous pas encore trouvé le moyen de modifier nous-même les états de la matière, mais que, de même que des cellules se réparent et se régénèrent, il pourrait être possible de modifier les modifications naturelles.
Pourrions-nous modifier notre perception des états de la matière? Peut-être pourrions-nous «voyager dans le temps»? C’est une autre affaire. Les modifications ont eu lieu. Par exemple, vouloir retourner au continent primordial de la Pangée serait ne pas tenir compte du fait que les modifications ont eu lieu et qu’elles annulent les états antérieurs. Car les états nouveaux annulent les anciens, du moins dans un univers linéaire et donc successif. En physique quantique il semblerait que les états soient superposés et non successifs, donc simultanés. Ou presque.
Le temps... Quel mystère! Aussi présent dans nos conversations, aussi multiplié dans nos appareils de mesure - les montres. Et aussi invisible, inexistant.
Commentaires
Belles réflexions sur ...un inexistant? Du moins sur un flou, un informe.
Parfois je rêve de pouvoir photographier le vent, le temps...mais ils n'existent que par ce qui les entoure.
Comme je sais que vous aimez Jacques Brel:"Il y a deux sortes de temps : y a le temps qui attend et le temps qui espère." C'est beau, non?
Bonne soirée Homme Libre.
Merci Colette.
Photographier le vent... comme je vous comprends. J'imagine une expo: "Images du vent". Il faudrait peut-être expliquer certaines photos! Ou pas. Laisser chacun "voir" le vent.
Merci pour ce rappel de Brel aux mots si forts.
Bonne soirée!