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Disparus (L’écriture, mon espace)

Il y a, jour après jour, tant à voir dans le monde. Même dans le petit espace de monde où mon regard va. D’une bataille de fourmis dans l’herbe d’un parc aux larmes de joie d’un amour retrouvé, d’un insolent éclat de soleil au regard d’une mère qui attend des nouvelles de ses enfants, chaque jour nos pas délimitent l’espace du possible.

fourmis1.jpgLes possibles sont innombrables dans le monde. Chacun en reçoit quelques-uns. Arrêter la famine, la guerre ou la dictature n’est pas dans mes possibles personnels. Seul je ne puis descendre dans la rue et changer un pouvoir tyrannique. Mais seul il est dans mes possibles de ne pas reproduire la tyrannie en moi, dans mes relations au monde. Il m’est possible de dire ce que je vois, mon désaccord d’avec les souffrances inutilement infligées, ou la beauté d’une rue brillante de lumière.

L’écriture est mon espace, l’espace de tous les possibles. Dans l’écriture je suis ici et là-bas, sur Terre et dans l’univers. Je peux explorer les grottes de mon âme, les promenades de mes pensées. Je peux refaire le monde, créer une nouvelle société - et qu’importe si celle-ci se heurte ensuite à la réalité! Le monde est matière et idées. Je suis du côté des idées, ayant si peu de prise sur la matière. Et les idées, parfois, remodèlent la matière. Ouvrent des portes entre les humains. En ferment d’autres, inventent un monde plus terrible encore, ou plus juste.

Les mots, bien qu’immobiles une fois posés sur une page ou sur un écran, ne sont pas statiques. Ils bougent encore dans l’esprit, montrent un éclairage inattendu, proposent une autre fin que celle, prévisible, du déterminisme.
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Comme chaque matin il y aurait beaucoup à dire et à écrire sur la vie qui m’entoure et me contient. Il y a ces enfants dont la disparition provoque une vague d’angoisse collective. S’en prendre aux enfants est dramatique. Insupportable. Utiliser des enfants contre un parent, en faire des armes, je sais que cela existe. Mais quelle déchirure. Le corps vit, le regard s’éteint. Le parent survit on ne sait comment. Quelle souffrance, quelle impuissance, quelle cassure insurmontable a conduit à cette extrémité?

Et ce même matin, quelque part, des enfants naissent, des enfants qu’une femme a porté dans son coeur et dans son corps et qu’un père a porté dans son attente et dans son rêve.

Deux événements aussi important: la disparition et la venue d’enfants. En même temps, mais pas au même endroit. L’espace des uns n’est pas celui des autres.

supernova_small.jpgDans l’écriture je dessine mon espace, plus grand que celui où mon corps va. Je peux être à côté d’une étoile - je le jure, oui: je suis parfois au coeur même d’une étoile! Ce matin je suis dans les branches des arbres que je vois par une fenêtre et je contemple ce ciel clair, loin, haut, là où la souffrance ne s’entend plus. Et la joie non plus. Là où est un silence apaisé, troublé seulement par l’écho lointain des supernovas qui explosent en soleils magnifiques.

Tout-à-l'heure je descendrai de cet arbre. Je regarderai le monde à hauteur des yeux. Je croiserai des regards aimants, durs, tristes, joyeux. Je verrait la bataille des fourmis, je lirai les nouvelles. J’agrandirai encore une fois le monde en écrivant. Je ferai un monde où les enfants ne disparaissent pas.

Car l’écriture est mon espace, prolongement de mes rêves, de tout ce que je ressens. Espace où tout m’est possible. Même pester contre ce monde ou être touché par sa beauté. Même inventer un nouveau monde. Le réinventer jour après jour. Faire, refaire, refaire encore. C'est si fragile les idées. Même greffées sur des pages. Mais qu'importe la fragilité? L'écriture est mon espace.

 

Catégories : Philosophie 2 commentaires

Commentaires

  • ah si les reflets de l'âme pouvaient s'exprimer aussi bien autrement que par l'écriture ou la musique sans doute aurions -nous des surprises auxquelles personne ne s'attend vraiment,ce texte rempli de poésie permet de rêver dans cette jungle proche non de Kambly et ses personnages adorables mais plutot de Bronson,alors pour combler des espaces intersidéraux prévoyons des cadeaux de fin d'année,oui tout bon scout sait occuper ses vides terrestres!
    bonne soirée à vous Hommelibre!

  • L'important est de trouver un endroit (vous dites espace), que ce soit l'écriture, la musique, la parole, les gestes, la peinture...où tout (nous) est possible. Aucun n'est immobile, vous avez raison. Et bienheureux ceux qui trouvent un moyen de s'échapper vers le haut, de rêver aussi.
    Merci pour ces réflexions....et pour la vidéo avec traduction à l'español!!!
    Bonne soirée à vous.

Les commentaires sont fermés.