Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les féministes ont raison et j'aurais fait comme elles. Sauf que... (2)

(Suite du précédent billet).

Si la domination ne suit pas la ligne de démarcation des genres, si elle est transversale aux genres, il devient difficile de justifier la théorie d’une domination masculine massive, délibérée, systématisée. La spécialisation et la répartition des tâches et des fonctions dans le couple a donc possiblement pu être le fruit d’une volonté commune des hommes et des femmes, selon les dispositions jugées les meilleures à une époque donnée. Mais il peut aussi bien s’être produit une prise de pouvoir autoritaire des hommes.

chaines.jpgLes femmes ne sont pas idiotes

Si c’est le premier cas, la caricature de l’homme, dominant une femme décrite comme esclave, tombe d’elle-même. Il n’y a pas alors de domination masculine systématique ni systémique. Si c’est le deuxième cas, on se demande pourquoi les hommes auraient eu besoin de prendre ce pouvoir, et à quel moment, et dans quelles circonstances cela se serait produit. Et pourquoi les femmes auraient accepté d’être rabaissées et dominées sans réagir. Les femmes n’étant en rien inférieures aux hommes, ce qu’elles démontrent de nombreuses manières depuis la nuit des temps, elles n’auraient probablement jamais accepté un système qui leur soit contraire au point d’en faire des esclaves et des êtres souffrant quotidiennement d’oppression. L’introjection de la soumission, si c’était le cas, ne me paraît pas suffisante pour expliquer cela. J’ai une vision positive et forte des femmes, je ne crois pas un instant qu’elles aient attendu 2’000 ans, ou 10’000, pour dire qu’elles existent. Le croire serait avoir une bien piètre opinion d’elles.

En octobre 2010 j’ai écrit deux billets: l’un pour rappeler succinctement ce qui s’est dit des femmes depuis l’Ancien Testament jusqu’à récemment , et c’est édifiant. En voici un petit extrait:

«Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de prendre la parole ; qu'elles se tiennent dans la soumission, selon que la Loi même le dit.»

Pour qu’un homme, l’apôtre Paul, parle ainsi aux premières communautés chrétiennes, c’est que ce discours ne devait pas poser trop de problème. Imaginons l’inverse: une femme aurait-elle pu dire cela à l’époque? Jamais. Et pourtant les paroles attribuées à Jésus dans les textes montrent qu’il considérait la femme au même point que l’homme.

L’autre billet était pour collecter un certain nombre de citation féministes pas piquées des vers contre les hommes. Tout autant édifiant.

A la lecture de l’extrait cité plus haut, on peut se demander pourquoi contester le fait que les femmes aient été historiquement écartées d’un certain nombre d’activités et que les hommes aient été incités à prendre le pouvoir sur elles.


Le décalage

En voici une raison majeure: depuis mon adolescence, les hommes que j’ai connus ou vus en couple autour de moi ne ressemblent en rien au portrait du dominateur et de l’esclavagiste. Il y a certes des hommes dominateurs, comme il y a des hommes violents. Mais la plupart des hommes ne sont pas ainsi, ou malgré eux parfois parce que le modèle social forme l’homme à ne pas subir - et pour certains dialoguer ou demander l’avis de leur femme serait ne pas décider, donc subir. Il y a des hommes dominateurs comme il y a des femmes dominatrices et violentes. Les hommes ne seraient-ils donc pas tous les Attila que l’on décrit? Et les femmes ne seraient-elles donc pas toutes des esclaves soumises?

Comment donc peut-il exister un tel décalage entre ce qui se dit et ce qui est? Comment faire coller à l’ensemble des hommes un certain discours féministe encore entendu suite à l’affaire DSK: «L’homme est un violeur potentiel», ou: «Je comprends maintenant ce qu’est la domination masculine»? Ce n’est simplement pas possible. Et je pense que ce ne l’était pas dans le passé.
code-Hammurabi.jpg
Comment pourrais-je connaître ce qui s’est dit et fait dans le passé, et dans quel contexte et avec quelle connotations relatives à l’époque? Parce qu’il y a des traces. La bible propose les lois fondamentales, le Décalogue, dans lesquelles il est demandé d’honorer son père ET sa mère. La mère n’est pas considérée comme une simple reproductrice de seconde zone, elle a droit au même respect que le père - et vice-versa. Il n’est que de voir la puissance de la mère dans les sociétés sémitiques pour réaliser sa place et son influence. Il y a d’autres textes bibliques intéressants, mais en remontant plus loin, presque 4’000 ans en arrière, on trouve le premier code et recueil de jurisprudences connu: le code Hammurabi, roi de Babylone. Ce texte a été la loi fondatrice de la société mésopotamienne pendant 1’000 ans.

On y trouve en particulier des articles précisant les droits des femmes. Par exemple, une femme répudiée garde ses biens:

«Si un homme s'est disposé à répudier une concubine qui lui a procréé des enfants ou bien une épouse qui lui a procréé des enfants, il rendra à cette femme sa cheriqtou (sa dot), et on lui donnera l'usufruit des champs, verger et autre bien, et elle élèvera ses enfants. Après qu'elle aura élevé ses enfants, on lui donnera une part d'enfant de tout ce qui sera donné aux enfants, et elle épousera l'époux de son choix.»

Et aussi:

«Si un homme a choisi une fiancée pour son fils, et si celui-ci l'a connue, si le père lui-même ensuite est surpris à coucher dans son sein, on liera cet homme et on le jettera dans l'eau.»

Ce que montrent ces textes c’est que les femmes ne sont pas considérées comme des esclaves. Elles ont des droits et la loi y pourvoit. Elles ont eu une place importante dans la société du Moyen-Âge, avant que leur statut régresse. Je ne suis pour autant pas certain que les hommes avaient un meilleur statut, du moins pas la grande majorité d'entre eux. Les "privilèges" masculins ne concernaient que très peu d'entre eux.

Il y a, il y a eu des régions où le patriarche a une sorte de pouvoir moral presque illimité sur sa famille. Il en est de même pour la matriarche, dont l’autorité dispose d’une légitimité et d’une force que bien des grand-mères occidentales rêveraient d’avoir.

Il me semble, à ce point de ma réflexion, difficile de parler d’une domination masculine systémique. Les choses semblent bien plus mélangées. La répartition des fonctions elle-même n’a pas toujours suivi le schéma que je suggère dans le premier volet.

J’insiste sur ce décalage entre le dit et le fait. Les hommes et les femmes ont beaucoup plus partagé que ce qui ne se dit. Et cela dépend encore des périodes, des régions, des traditions. Une majorité d’homme n’a aucune propension à dominer la femme. D’ailleurs la domination est le fait d’une minorité de puissants sur une majorité d’humains. Rien de spécifiquement masculin. Et pourtant le discours féministe radical, appuyé ensuite par les bourdieuseries qui ont formaté la pensée des féministes actuelles, a construit depuis les années 70 un stéréotype de genre sur les hommes tout en les refusant pour les femmes.


CodeNapoleon.jpgJ’aurais fait comme elles

Mais qu’est-ce donc qui a pu à ce point enrager des femmes dans les années 1960 et 1970? Pourquoi un tel rejet du masculin, une telle violence qui perdure encore aujourd’hui? Je pense à plusieurs raisons mais je n’en prendrai qu’une: le statut de la femme selon le code Napoléon, qui a influencé les législations européennes pendant 150 ans. Il y a 4’000 ans, sous le code Hammurabi, les femmes disposaient de nombreux droits (et devoirs, comme les hommes). Mais il y a 200 ans, sous le code Napoléon, elles ont été déclassées.

Article 1124:

«Les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux.»

Jusqu’où va l’incapacité juridique de la femme mariée :

Interdiction d’accès aux lycées et aux Universités
Interdiction de signer un contrat, de gérer ses biens
Exclusion totale des droits politiques
Interdiction de travailler sans l’autorisation du mari
Interdiction de toucher elle-même son salaire
Contrôle du mari sur la correspondance et les relations
Interdiction de voyager à l’étranger sans autorisation
Répression très dure de l’adultère pour les femmes
Les filles-mères et les enfants naturels n’ont aucun droit

La révolte contre cette aberration, contre cette disposition inqualifiable, était parfaitement normale.

J’aurait fait comme elles si cet article avait déclassé les hommes! J’ai donc soutenu sans réserve ce féminisme-là.


Sauf que...

Sauf que l’on ne doit pas confondre le code Napoléon avec l’ensemble de l’Histoire. On ne doit même pas imaginer que les hommes ont profité de ce code. Les mineurs de fond avaient-ils encore envie d’écraser leur femme quand ils remontaient de la mine? Et les hommes exilés pour faire survivre leur famille? Certainement pas. Et les ouvriers? Et les intellectuels libéraux? Et les paysans qui partageaient les travaux avec leur femme? Certainement pas. La littérature parle de quelques dominants ou dominantes: ce sont toujours des cas particuliers, pas la généralité.

Toutefois je comprends que de nombreuses femmes ne veulent plus laisser la sphère politique aux mains des seuls hommes: vu ce qui s’est passé depuis Napoléon.

A leur place je ferais pareil.

Sauf que l’on est passé à autre chose: au stéréotype masculin du prédateur ou de l’ogre. Et ce n’est pas innocent.


Je terminerai et conclurai sur ce point dans un troisième et dernier volet.

Catégories : société 9 commentaires

Commentaires

  • L'article 1124 n'est pas issu du coran et des sourates? Il ne manque que les chiffons et autres draperies, c'est du kif-kif...

    Napoléon n'aimait pas le Vatican et ses "prélats-soeurs", cela ne l'a pas empêché de se faire couronner empereur! C'est un concept pourtant bien religieux. En fait il n'a retenu que le concept de conquête, domination, mais il n'a pu se débarrasser de ses origines et des croyances qui font partie de la panoplie du dominateur.

    Ceci dit vous avez raison, le code Napoléon et l'histoire sont deux choses différentes. Il avait néanmoins compris que l'organisation sociale devait avoir un code afin de fonctionner dans une paix relative.Il a pris l'exemple des rois-dieux pharaons d'Egypte, car ce n'est pas rien, cette civilisation disparue avec ses dieux, à quand même le mérite d'avoir existé environ 3700 - 4000 ans!

    Quant aux femmes de l'époque Napoléonienne, elles se sont laissé faire les quatre fers en l'air, la jalousie de bonne femme à joué plein pot, séduire les princes, ducs rois et autre cloportes était un activité, afin de se placer au mieux. Dans la populasse ce fut la même chose, aujourd'hui il n'y a rien de changé. Le lèche botte, le bien paraître et le sexe domine, ce sont des armes aussi vieilles que le monde, bien que des femmes sincères et de meilleurs qualité intellectuelles que les hommes font surface...

    De la Suisse à la France, j'en connais deux....

  • L'article 1124 n'est pas issu du coran et des sourates? Il ne manque que les chiffons et autres draperies, c'est du kif-kif...

    Napoléon n'aimait pas le Vatican et ses "prélats-soeurs", cela ne l'a pas empêché de se faire couronner empereur! C'est un concept pourtant bien religieux. En fait il n'a retenu que le concept de conquête, domination, mais il n'a pu se débarrasser de ses origines et des croyances qui font partie de la panoplie du dominateur.

    Ceci dit vous avez raison, le code Napoléon et l'histoire sont deux choses différentes. Il avait néanmoins compris que l'organisation sociale devait avoir un code afin de fonctionner dans une paix relative.Il a pris l'exemple des rois-dieux pharaons d'Egypte, car ce n'est pas rien, cette civilisation disparue avec ses dieux, à quand même le mérite d'avoir existé environ 3700 - 4000 ans!

    Quant aux femmes de l'époque Napoléonienne, elles se sont laissé faire les quatre fers en l'air, la jalousie de bonne femme à joué plein pot, séduire les princes, ducs rois et autre cloportes était un activité, afin de se placer au mieux. Dans la populasse ce fut la même chose, aujourd'hui il n'y a rien de changé. Le lèche botte, le bien paraître et le sexe domine, ce sont des armes aussi vieilles que le monde, bien que des femmes sincères et de meilleurs qualité intellectuelles que les hommes font surface...

    De la Suisse à la France, j'en connais deux....

  • Pardon, j'ai oublié les mariages forcés afin d'agrandir le cheptel et les biens au détriment des serfs et des paysans* (*-défricheurs et -laboureurs au service des seigneurs qui les ont acheté) Voir l'histoire de la royauté depuis les pharaons..

  • @M. Noël: attention, nuances de taille pour ce qui est du couronnement: Napoléon a fait venir Pie VII à son couronnement, mais s'est arrangé pour l'humilier, notamment en SE couronnant TOUT SEUL, comme un grand qu'il pensait être.

  • une certaine explication de la rigueur du code Napoléon envers les femmes.

    extrait du premier sexe d'éric Zemmour

    "Pour Michelet, les femmes, manipulées par les prêtres, sont les agents de la contre-révolution à Paris comme en Vendée, jusque dans chacun des foyers des braves hommes républicains. La République retiendra ses leçons, surtout lorsqu'au XIXe siècle les femmes suivront massi¬vement la robe des curés. Ainsi, quand on nous serine aujourd'hui que la France est en retard, qu'elle n'a donné le droit de vote aux femmes qu'en 1944, que notre classe politique est la moins féminisée d'Europe, on fait fausse route : nous sommes en retard parce que nous fûmes en avance ; la République a renvoyé les femmes à leurs casseroles parce que la monarchie les en avait sorties. La « féminisation » de notre vie politique actuelle, de son personnel et surtout de ses valeurs, au nom d'un progressisme démocra¬tique, est une autre manière de déceler le reflux des principes qui fondent la République depuis deux siècles. La Révolution virile, austère, puri¬taine, tombe avec Robespierre. Avec le Directoire commence une nouvelle période où les femmes reprennent une place prépondérante. Dans la société des incroyables et des merveilleuses, la liberté des femmes sidère l'Europe entière : elles passent aisément d'un amant à l'autre ; elles se marient et divorcent aussi vite ; les taux de divorce (qui conclut un mariage sur trois à Paris) sont presque similaires aux nôtres ; les familles sont éclatées, l'éducation des enfants laisse à désirer. Les esprits chagrins notent que les jeunes gens connaissent mieux les chiffons que les livres. C'est cette société « décadente », comme on ose encore dire à l'époque, que Napoléon a sous les yeux lorsqu'il entame les travaux du Code civil. Sous ses yeux, exacte-ment, puisque sa femme, Joséphine, plus légère que sensuelle, est l'incarnation de cette société. C'est pour les contenir - la société et son épouse - que le Code civil, tout en conservant le principe du divorce, encadre très strictement la liberté sociale de la femme. Ce n'est donc pas une quel-conque réaction, mais au contraire, l'Empire se fait, là comme ailleurs, le digne continuateur de la Révolution. Napoléon est un voltairien de la plus belle eau, mais l'Église se servira du cadre qu'il a laissé pour reprendre, au xrxe siècle, son autorité sur une société déchristianisée. Pour cela, elle passera par l'intermédiaire des femmes."

    "C'est une victoire à la Pyrrhus. Les hommes jettent par-dessus bord les « devoirs » jadis atta-chés à leurs privilèges. Dans son ouvrage de réfé-rence, L'Un et l'Autre Sexe, la grande ethnologue américaine Margaret Mead montre que la pater-nité n'est certes qu'une « invention sociale », mais que cet acquis, venu du fond des âges, et répandu partout à travers la planète, dans toutes les civilisations, même les plus primaires, est le propre de l'homme. Et pas n'importe quelle forme de paternité : « L'aspect typiquement humain de cette entreprise ne réside pas dans la protection assurée par l'homme à sa femme et à ses enfants. On la trouve aussi chez les primates [...]. Chez nos voisins les plus proches, les pri¬mates, le mâle ne pourvoit pas à l'alimentation de la femelle. Il faut qu'elle se débrouille toute seule. » En se révoltant contre l'Église et son enseignement, les féministes ont cru s'émanciper du joug masculin ; elles n'ont pas vu que les hom¬mes, eux, remettaient tout simplement en cause leur fragile humanité. « Les hommes apprennent la nécessité de subvenir aux besoins des autres ; parce qu'il est acquis, ce comportement reste
    fragile et peut se perdre facilement si les condi-tions sociales ne sont plus contraignantes [...]. Lorsque la famille se désagrège - tel est l'effet de l'esclavage, du servage, des bouleversements sociaux, guerres, révolutions, famines, épidé-mies, brusques passages d'un type d'économie à l'autre - le fil est rompu. Il n'est pas rare, en ces périodes où sont détruites les bases sur lesquel¬les se fondait la continuité sociale, que les hom¬mes pataugent et s'embrouillent et que l'unité élémentaire, le donné biologique, redevienne la mère et l'enfant [...]. Cette continuité de la famille, son rétablissement après de terribles catastrophes ou des bouleversements idéologi-ques n'est pourtant pas une garantie. Notre génération ne peut se reposer sur l'idée qu'il en a toujours été ainsi. Les êtres humains ont labo-rieusement appris à être humains1. » C'est sans doute une autre manière de voir les conquêtes des années 1970.
    Prenons-les dans l'ordre. D'abord la libéralisa-tion du divorce. Les femmes se sont précipitées sur l'aubaine. Elles en rêvaient depuis des siè¬cles. Elles se jugeaient toutes mal mariées. Elles referaient leur vie. L'homme de leur vie, c'était l'autre. Le prince charmant est toujours à venir. L'homme n'avait pas les mêmes rêves. Il n'avait aucun mal à vivre plusieurs vies parallèles, il se partageait aisément entre l'officielle et l'offi-cieuse, bobonne et la maîtresse pour les week-ends en goguette. Il promettait divorce et remariage, qui ne venaient jamais. Il se
    moquait cyniquement des rêves romantiques de son épouse comme de ceux de sa maîtresse. Aujourd'hui encore, les divorces sont massive-ment demandés par les femmes. Mais les hom-mes évoluent. Us partent de plus en plus les premiers, même si ce sont toujours les femmes qui, en rétorsion, dégainent l'arme du divorce. Ils ont des aventures, vivent des grandes histoi¬res, ont rencontré quelqu'un, ont des coups de foudre. Ils couvrent allègrement leurs pulsions, leurs désirs de mâle, avec un discours sentimen-tal digne des journaux féminins. Ils se déculpa-bilisent : ils ne baisent plus, ils aiment. Ils ne peuvent rien maîtriser, c'est l'amour qui les emporte sur son cheval ailé. Comme on l'a vu précédemment, ils n'ont souvent pas conscience de leur duplicité, tant ils sont aliénés par le dis-cours dominant. Ils sont sincèrement persuadés de vivre une grande histoire d'amour, même si elle ne dure que quelques semaines.
    Les hommes ont retourné le discours féminin comme un gant. Contrairement aux commentai-res convenus depuis trente ans, il ne me semble pas que le divorce de masse soit la manifestation de l'individualisme régnant. La plupart des divorcés se remettent très vite en ménage ; ceux qui ne le font pas, ou n'y parviennent pas, en rêvent. Ce n'est donc pas l'individu mais le cou-ple qui règne. Le couple, roi de l'époque. C'est ce décalage entre le couple rêvé et le couple réel qui pousse les femmes à divorcer. Ce décalage a tou¬jours existé. De la princesse de Clèves à Madame Bovary, les femmes ont rêvé du couple idéal. Les fantasmes des hommes étaient différents, dans la conquête et la collection. Tant que l'idéologie
    masculine s'imposait à la société, le mariage demeura un arrangement commercial. Et les affaires ont besoin de la durée et de tranquillité. À partir du moment où la société se féminise, c'est le couple et non le mariage qui devient la grande quête. L'affaire commerciale devient his-toire de passion, d'amour. Le couple est exalté, déifié. C'est justement pour cette raison qu'il devient fragile. Dans une société patriarcale, qui interdit le divorce et confine les femmes à la maison, l'irrépressible bovarysme féminin est dans les fers. Il souffre, meurtri, frustré. Au tour-nant des années 1970 du XXe siècle, la conjonc-tion du divorce facile et de l'accès des femmes au salariat libère soudainement cet éternel bova-rysme, lui donne une puissance insoupçonnée, qui va tout emporter sur son passage. De rare et mal vu, le divorce entre dans l'ère des masses.

    "Au lieu de contrecarrer les effets de cette passion incontrôlée, comme le fit Napoléon avec le Code civil"

    , nos politiques, de droite comme de gauche, ont choisi d'accompagner, d'accélérer, d'ampli¬fier le phénomène. C'est que toute la société, hommes et femmes, est emportée par le roman-tisme du couple. C'est toute la société, hommes et femmes, qui rêve de devenir femme.
    Les hommes ne restent pas souvent seuls. Les femmes, si. Une vieille habitude de l'introspec-tion les garantit contre l'illusion. Elles sont plus exigeantes. Elles rêvent toujours du prince char-mant, même si elles le nient. Surtout si elles le nient. Les plus fines découvrent, mais un peu tard, que rencontre après rencontre, histoire après histoire, c'est toujours la même chose, les mêmes désillusions, les mêmes contraintes. Si,
    comme l'a dit Lacan, l'amour est la rencontre de deux névroses, il ne peut pas en être autrement. Chacun rencontrera celui dont la névrose s'encastrera au mieux dans la sienne. Elles découvrent donc, mais un peu tard, que le rêve de « refaire sa vie » relève largement du mythe, que leur divorce a été vain. "

    Comme la plupart des divorces. Elles sont seules. Avec leurs enfants. Tous les journaux féminins ont décrit à satiété la fusion entre la mère divorcée et le fils. "

    C'est encore pire que cela. Les hommes sont loin. Leur rôle de père était ingrat : ils devaient séparer la mère de son fils, le sortir de la fusion originelle, l'ouvrir au monde. Ils devaient subir la fureur du fils et de la mère. Être le salaud. Longtemps ils l'ont fait, tenant leur rôle stoïque-ment. Les femmes les ont libérés de ce rôle de méchant. Ils exultent en silence. La plupart ont déserté. Ce rôle de père leur pesait depuis des millénaires sans qu'ils osent le dire. Pour une poignée qui prend son rôle à cœur, combien de pères absents, qui disparaissent carrément de la vie de leurs enfants ? L'aubaine. Jadis, ils ne s'en occupaient pas beaucoup, mais ils les nourris-saient, et puis ils étaient un symbole, celui de la virilité, de la loi, du monde. C'était fatigant. Les nouveaux hommes en ont eu assez d'incarner la loi. La répression. D'abord, ils ont voulu incar¬ner l'amour, la vie. Des papas poules. Et puis ils s'en sont lassés aussi. Adieu couches, biberons, poussette. Maintenant, les femmes restent seules avec leur progéniture. Au mieux, les hommes paient pour se débarrasser de leurs responsa-bilités. Au pire, ils ne paient pas. Les mères
    célibataires n'ont jamais été aussi nombreuses ; jamais aussi pauvres.
    Devant ce déni de responsabilité, devant cette fuite jubilatoire des hommes,

    "les femmes s'affo-lent, fulminent, vindicatives souvent. Comme elles se sont elles-mêmes dépouillées des liens anciens que tissaient la religion, le devoir, le sen-timent de protection que l'on avait inculqué aux hommes, elles sont obligées de faire appel à la société, à la loi, au pouvoir coercitif, en somme à une nouvelle forme de contrainte pour rattra¬per des hommes égaillés dans la pampa joyeuse de l'irresponsabilité. Tout est bon pour ça. Les juges, le plus souvent des femmes, font saisir les comptes des maris indélicats. Les lois empilent les obligations « alimentaires » du mari. La société est confrontée à une contradiction majeure : prônant une liberté individuelle exclu-sive, elle favorise de plus en plus le divorce en self-service. Mais pour corriger les effets dévas-tateurs de ce divorce massifié, elle accumule les contraintes pour encadrer les débordements de la sexualité masculine"

    . Au nom du progrès et de l'égalité évidemment. C'est ainsi que l'on a adopté une loi égalisant les destins des enfants « légitimes » et ceux des enfants « naturels ». Au nom de la sacro-sainte égalité, on transmettait ainsi un message simple à l'homme : tu seras obligé de reconnaître tous tes enfants et de sub-venir à leurs besoins. On ne s'arrêtera pas là. Le marivaudage sexuel de l'homme est de plus en plus mal vu. On se souvient du corps d'Yves Montand sorti de terre pour faire droit aux revendications d'une jeune fille dont la mère avait dû être une maîtresse parmi d'autres du
    séducteur patenté. Même mort, Don Juan est désormais sous surveillance. Un récent projet de loi se propose d'allonger de deux à dix ans le délai dont un enfant dispose, après sa majorité, pour entamer une action en recherche de pater-nité. On fait tout pour permettre à la femme de forcer l'homme à devenir père. « Lorsqu'on cher-che à comprendre pourquoi les hommes sont traités de cette manière, on nous dit qu'ils n'avaient qu'à faire attention, c'est-à-dire utiliser un préservatif. Cet argument rappelle pourtant désagréablement celui qu'on employait au début des années 1970 précisément pour s'opposer au droit des femmes à avorter au prétexte qu'on leur avait déjà accordé la pilule...1. »
    Dans le monde d'autrefois, les règles étaient clairement définies : la femme a droit au respect, mais souvent aussi à la frustration ; l'homme a droit au plaisir, mais il a des devoirs envers la jeune fille qu'il séduit ; si celle-ci « faute », il doit réparer. Sinon, c'est l'opprobre pour elle, mais aussi pour lui. Globalement, ces règles sont à peu près respectées jusqu'aux années 1950. Elles sont à la fois inhibitrices et rassurantes.
    Ce monde est mort et enterré. Les femmes ont la haute main sur leur désir et la reproduction ; les hommes n'ont plus le pouvoir sur rien dans la famille ; en échange, ils se défaussent des res-ponsabilités qui allaient avec. Ils ne veulent plus réparer. Ils n'en ont plus besoin, entre pilule et avortement. Quand les femmes sont enceintes, ils font souvent pression sur elles pour qu'elles
    avortent. Les psys savent pourtant bien que l'accident n'existe pas, que l'inconscient a avoué un « désir d'enfant ». Les femmes ont ainsi découvert le prix à payer pour leur nouveau pou-voir : elles se donnent sans rien obtenir en échange. Quand elles veulent un enfant, l'homme se défile. Furieuses de ce marché de dupes, han-tées par la marche inexorable de leur horloge biologique,

    "elles lui déclarent la guerre, par la loi - paternité obligatoire - et par la fourberie : elles font aux hommes des enfants dans le dos. Elles « oublient » de prendre la pilule. Les hom¬mes sont coincés, même s'ils n'épousent pas. Dans un monde sans règles définies, tous les coups sont permis. Le plus souvent, la mort dans l'âme, elles se résignent à avorter."

  • le code Napoléon était trés inégalitaire en droits entre hommes et femmes, mais était ce nécessaire de libéraliser à ce point le divorce, pour plaire au féminisme.
    dans ce domaine il n'y avait pas inégalité de droits entre hommes et femmes.
    et on en voit actuellement les énormes dégats dans l'éducation des enfants.

    ". À partir du moment où la société se féminise, c'est le couple et non le mariage qui devient la grande quête. L'affaire commerciale devient his-toire de passion, d'amour. Le couple est exalté, déifié. C'est justement pour cette raison qu'il devient fragile. Dans une société patriarcale, qui interdit le divorce et confine les femmes à la maison, l'irrépressible bovarysme féminin est dans les fers. Il souffre, meurtri, frustré. Au tour-nant des années 1970 du XXe siècle, la conjonc-tion du divorce facile et de l'accès des femmes au salariat libère soudainement cet éternel bova-rysme, lui donne une puissance insoupçonnée, qui va tout emporter sur son passage. De rare et mal vu, le divorce entre dans l'ère des masses.

    "Au lieu de contrecarrer les effets de cette passion incontrôlée, comme le fit Napoléon avec le Code civil"

    , nos politiques, de droite comme de gauche, ont choisi d'accompagner, d'accélérer, d'ampli¬fier le phénomène. C'est que toute la société, hommes et femmes, est emportée par le roman-tisme du couple. C'est toute la société, hommes et femmes, qui rêve de devenir femme."

  • @leclerq

    +10000 tout est dit surtout le dernier paragraphe

  • ", nos politiques, de droite comme de gauche, ont choisi d'accompagner, d'accélérer, d'ampli¬fier le phénomène. C'est que toute la société, hommes et femmes, est emportée par le roman-tisme du couple. C'est toute la société, hommes et femmes, qui rêve de devenir femme."

    Le problème voyez-vous est que les gens pensent que le féminisme est un truc de gauchiste, sans doute à cause d'un manque de renseignement.
    N'oubions tout de même pas que les quotas imposés de femmes en entreprises, dans les écoles (en particulier technique) a été imposée par la droite avant et après l'élection de N.S en France. D'ailleurs le ministère est composé de nombreuses femmes plutôt tendance moderne. Donc la droite conservatrice c'était bon autrefois.
    Je dis "quotas imposés" parce que j'ai l'impression que c'est un défi des féministes de droite.

    Ah et F. Amara, R. Yade ... féministe jusqu'au bout des ongles sont toutes de ... droite.
    Qu'on vienne pas me dire que le féminisme vienne de gauche

  • @ kasilar

    nos politiques veulent plaire aux féministes.

    "- Pourquoi les hommes, premiers ciblés par cette idéologie séparatiste et cette vision grimaçante de la masculinité, ne protestent-ils pas ?

    Ils sont tétanisés par la bien-pensance féministe et crèvent de trouille à l’idée de passer pour des machos, donc des salauds et des réactionnaires. Au moment du débat sur la parité, quiconque disait son dissentiment était flingué par les deux grands quotidiens de gauche, Le Monde et Libération. Il faut n’avoir rien à perdre pour affronter ces outrages..."

    http://www.la-cause-des-hommes.com/spip.php?article119

    http://www.pensamientocritico.org/elisbad0105.htm

    exemples edwige Antier avec sa loi contre la fessée, 85 % des français sonts contre et nadine Morano a été signer cette loi en Suéde.

    ces femmes veulent éjecter l'homme de son rôle par rapport aux enfants.

    ça a commencé par l'autorité parentale partagée, qui est comprise par les femmes comme contestation de l'autorité de l'homme par rapport aux enfants, au lieu de l'autorité paternelle.

    voilà le résultat.

    "Admettre une différence des sexes amène à faire des distinctions entre les pères et les mères. Cette opposition dans les fonctions peut effectivement faire penser aux rôles donnés aux hommes et aux femmes par l’idéologie de la société patriarcale traditionnelle autoritaire et machiste. C’est ainsi que de nombreux travaux de psychanalystes (Freud, Lacan, Françoise Dolto, Bernard This, Joël Clerget, Jean-Pierre Durif-Varembont, Jacques Arènes, Simone et Moussa Nabati, Aldo Naouri…) traitant de la place du père, apparaissent aujourd’hui pour certains dépassés et même réactionnaires. Pourtant le refus d’une fonction différente du père que certains veulent confondre avec le rôle sexiste et tyrannique du « père fouettard » n’est-il pas en grande partie responsable de l’effacement des pères, regretté aussi bien par les hommes que par les femmes ?
    L’homme, en effet, se limitant de plus en plus à un rôle maternant, devient souvent aux yeux de l’enfant, le simple auxiliaire d’une maman qui, par ses liens avec l’enfant (neuf mois de gestation…), sa nature (les hormones…), a plus de facilité dans ce domaine. Celle qui, au nom d’une égalité-identité ne voit plus la nécessité de faire appel à l’homme pour être le garant de la loi, ne lui permet pas d’être vraiment écouté par l’enfant qui reste dans la fusion avec la maman perçue « toute puissante ». Il ne faut pas s’étonner alors si celle-ci peut être tentée d’écarter celui qui devient gênant s’il n’est pas assez performant. Ainsi, non seulement il a peu de chance d’être « inter-dicteur » et donc éducateur, mais il risque, devenant inconsistant, d’être évincé et de ne même plus pouvoir jouer le rôle affectif de papa.
    Cette égalité ne satisfait pas les hommes qui ne se retrouvent pas dans le nouveau rôle qu’ils se donnent ou dans lequel les mamans veulent bien les cantonner. Elle ne donne pas davantage satisfaction aux femmes qui sont les premières à se plaindre qu’il n’y a plus d’hommes assez solides avec lesquels se confronter et sur lesquels aussi s’appuyer. Les conflits qui s’en suivent entraînent les drames que l’on connaît pour les adultes. Plus grave encore, ils privent les enfants d’une véritable éducation et fait d’eux très souvent, des enfants en manque de père et de re/pères, des enfants qui ayant mal intégré la loi, risquent d’avoir des difficultés à vivre en société à apprendre à l’école etc…"


    HTTP://WWW.PSYCHASOC.COM/TEXTES/MALE-DOMINANT-!-PERE-CONTESTE-!-N-Y-AURAIT-IL-PAS-D-AUTRES-VOIES

Les commentaires sont fermés.