La tendance s’affirme de plus en plus: l’exploration spatiale lointaine a dépassé le stade des monopoles d’Etat. Le secteur privé s’y lance résolument. Les investissements seraient rentables.
Exploration lointaine signifie ici au-delà de l’aviation civile. Si faire voler un avion est un challenge aujourd’hui bien maîtrisé, faire voler un vaisseau à plus de 100 km, relier la station spatiale internationale (ISS) ou un jour reprendre les voyages vers la Lune (ou plus loin) est un autre challenge.
En l’état actuel la clientèle est très limitée. Richard Branson avec sa compagnie Virgin Galactic vise une clientèle riche pour effectuer des vols de loisirs à 100 km avec quelques minutes en apesanteur. Le Virgin Space Ship a volé en 2010. Une étude montre qu’il suffirait de 5‘000 voyageurs pour rentabiliser. A raison de 2 à 4 vols par jours avec à chaque fois 6 passagers, le seuil de rentabilité pourrait être atteint théoriquement en moins d’un an, pour autant qu’il y ait assez de passagers. Actuellement 300 ont réservé leur vol.
Branson prévoit même d’envoyer des touristes en orbite lunaire.
L’agence spatiale russe accepte aussi les touristes. 10 jours de voyage, avec la préparation, coûtent 20 millions de dollars.
Un secteur mixte privé-public se développe aujourd’hui. Il s’agit du transport de fret et de passagers par des modules fabriqués dans le privé et dont les voyages seront payés par les agences d’Etat. En l’occurrence c’est une demande de la Nasa. Après le gouffre financier de la navette spatiale, l’agence américaine ne veut plus prendre en charge les coûts de fabrication de véhicules spatiaux. C’est donc une capsule de la firme SpaceX qui a rejoint l’ISS il y a deux jours. Une capsule nommée Dragon.
Le voyage est pleinement réussi comme le rapporte la TdG et l’accostage s’est effectué manuellement à l’aide du bras articulé de la station. La capsule repartira vers la Terre dans deux jours et amerrira dans le Pacifique le 31 mai. Elle sera réutilisée, ce qui réduira les coûts. Une autre société est également sur les rangs et son module réalisera son vol vers l’ISS en septembre.
Le passage progressif - au moins partiel - de l’espace au privé montre la vitalité de ce secteur. Le premier vol en orbite terrestre date de 1957 et a été réalisé par les russes (hommage à leurs scientifiques!) avec un Spoutnik, véhicule spatial d’anthologie. 55 ans après l’espace est devenu la grande banlieue de la Terre (enfin, presque car on n’a pas encore dépassé la Lune en vol habité). Le bond technologique est impressionnant.
Pour info, la sonde Voyager 2, qui est à la frontière du système solaire, faiblit. Elle présente depuis le 20 avril un problème de formatage des données scientifiques. Voyager 1 qui est déjà hors du système se porte bien. On attend d’ici 2013 les toutes premières informations en direct de l’espace interstellaire!
Images: Virgin et Nasa.
Vidéo animation: Dragon s’arrime à l’ISS à 27‘000 km/h.