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L’auteuse, la novlangue et le langage sexué

Georges Orwell avait inventé la novlangue dans son roman 1984. La définition de novlangue proposée par wikipedia est explicite: «Simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées subversives et à éviter toute formulation de critique (et même la seule « idée » de critique) de l’État.»

épicène1.jpgPrincipe

Le langage dit épicène est une sorte de novlangue qui veut désexualiser le langage. A l'éxécutif de la ville de Genève Sandrine Salerno en fait la promotion.

Le langage est sexué. Les humains aussi. C’est ainsi. Les sexes sont différents. La voix, la morphologie, la biologie, les rôles dans la reproduction en témoignent. Les genres sont la traduction culturelle de ces différences.

Où est le problème? Qui peut sérieusement croire que l’accord d’un adjectif implique une discrimination de type dominant-dominé? Et de quelle autorité quelques tenants d’une idéologie prennent-ils ou elles le droit de modifier la langue?

La désexualisation est supposée être une application du principe d’égalité. Cette croyance est erronée. L’égalité est l’égalité de droits et de chances, ce qui ouvre toutes les portes de la société. Mais l’égalité n’est pas la similarité, ni la symétrie obligatoire, ni l’absence de différences. Les genres ont un rôle dans la culture, le même que les sexes dans la biologie: différencier pour rendre certaines fonction spécifiques performantes. Ils ont été construits sur la biologie: le masculin sur le mâle, le féminin sur la femelle. L’indifférenciation tente de gommer des millénaires de culture. C’est une déculturation. En effet la différence est la norme depuis au moins l’origine des mammifères et elle est nécessaire.

Les langues évoluent. Elles évoluent sous de nombreuses influences. Toutefois un groupe partisan n’a pas à décider par lui-même de modifications importantes d’une langue. Une évolution est possible sur certains aspects, pourvu que ce soit fait avec cohérence et avec l’assentiment de l’ensemble de la société. Et sans oublier qu’il y a peut-être plus urgent: rehausser le niveau général du français (orthographe, grammaire, vocabulaire).


Deux points particuliers


1. Féminiser les noms de métiers: pourquoi pas? Cela a commencé bien avant que le langage dit épicène ne soit lancé. Les métiers de «coifeur» et de «coifeuse» (mots qui ont ensuite pris 2 F) sont déjà cités en 1669. Au début du XVIIe siècle, Théodore Agrippa d’Aubigné mentionnait déjà leépicène3.jpg mot «actrice». Il s’agirait donc aujourd’hui de généraliser une pratique déjà ancienne. Mais alors, en ajustant les pendules. On trouve par exemple, dans la féminisation de «auteur», deux néologismes: «auteure» et «autrice». Lequel choisir et en fonction de quelle règle? Et pourquoi pas «auteuse», puisque l’on trouve bien «acheteur» et «acheteuse»?

Toutefois on devrait laisser dans leur genre les substantifs définissant non pas un métier mais une fonction. Ainsi une vigie sur un bateau est une fonction remplie par un marin, et juge est une fonction qui peut être remplie par un avocat ou une avocate. Au fait, comment féminiser «marin»: «une marine»? La marine nationale, Marine Le Pen, la couleur marine: bonjour la confusion. Pour un mousse on dira une mousse. Mousse à raser, mousse végétale, mousse du champagne, mousse au chocolat. L’usage du masculin même pour une femme permettrait de comprendre immédiatement le sens du mot «mousse». De même pour «sage-femme» qui est proposé d’être masculinisé en «sage-homme». Non merci. L’expression «sage-femme homme» est préférable. Elle indique immédiatement ce dont il s’agit. De plus le terme «sage-femme» garde la mémoire qu’à l’origine ce sont les femmes qui aidaient à l’accouchement. Les femmes s’occupaient du corps ainsi que de deux moments importants: la naissance et la mort, privilège que n’avaient pas les hommes.


2. Signaler qu’un terme générique englobe aussi bien les femmes et les hommes. Par exemple: «Les auteur-e-s de roman». Cette forme barbare est l’exemple de l’aberration idéologique qui inspire la novlangue. D’abord qui peut imaginer qu’en disant «Les auteurs de romans» on ne parlerait que des hommes? Si c’était le cas on préciserait: «Les hommes auteurs de romans». Ensuite ce «e» intercalé pour signifier la forme féminine aboutit exactement au contraire de ce qui est souhaité.  En effet, selon le dogme:

«On ne marque pas les deux genres par une parenthèse: oubliez «les employé(e)s». Pour les pros de la langue épicène, la parenthèse déprécie et les femmes ont été trop longtemps mises entre parenthèses. Il faut donc utiliser le trait d’union: les employé-e-s.»

Or d’une part les femmes n’ont jamais été mises entre parenthèses. On ne peut pas mélanger un système de répartition des rôles et une paranoïa de la soumission. Mais surtout dans la forme proposée elles ne sont pas entre parenthèses, elles sont enfermées visuellement et symboliquement entre deux traits, et le masculin les précède encore! Pour l’égalité c’est raté. Le féminin devient un rajout disgracieux, pénible à lire et bloquant la fluidité de la pensée. On croirait assister à la création d’un langage siamois.

Proposé par la gauche féministe radicale il est l’illustration de cette théorie d’indifférenciation androgyne des genres. Il est l’expression d’une paranoïa de genre et une volonté d’égalitarisme forcené. Il tend à une marxisation de la société par l’entremise d’un féminisme pris en otage et signifie une angoisse profonde devant la différenciation.

Egalité de droits et différence sont pourtant parfaitement compatibles.


Sur le même thème, lire aussi les billets de Catherine Armand et de Bertrand Buchs.


En ligne ou en librairie:

 

FéministaPanneau.jpg

 

Catégories : société 18 commentaires

Commentaires

  • On vient de me suggérer le masculin de "aphteuse". C'est "after". La fièvre de l'after et la fièvre aphteuse...

    Ben tiens...

    ;-)

  • Féminisation des noms de métiers et fonctions: j'en parlais chez moi il y a quelque temps, justement... http://fattorius.over-blog.com/article-autoresse-les-galeres-d-une-feminisation-92862217.html

    Pour "auteur", vous avez même "autoresse", construit à la manière des très anciens "demanderesse", "doctoresse", "chasseresse", etc. qui survivent dans le domaine du droit. "Autrice" est peu utilisé, si ce n'est par la Société des autrices et auteurs de Suisse (ADS).

    Il semblerait que la féminisation en -eure vienne d'une volonté de distinction: le féminin en -euse serait réservé à des métiers subalternes mais féminisés depuis longtemps (coiffeuse, blanchisseuse, etc.) et que les personnes prétendant exercer un métier considéré comme noble (chercheure, procureure, etc.) appellent de leurs voeux une féminisation différente.

    A cela, on peut ajouter que le Québec féminise tout ce qui peut l'être avec des -e. Vous devriez donc y trouver des docteures.

    Pour "sage-femme", je me permets de vous corriger: étymologiquement, il s'agit de "personnes expertes en matière de femmes" - quel que soit leur sexe. Donc, un homme qui exerce cette profession peut sans problème être nommé "sage-femme". On peut aussi contourner le problème en parlant de "maïeuticien". Cela dit, nous nous rejoignons sur le fait que "sage-homme" serait une aberration, sauf si l'on parle d'une personne experte ès zigounettes.

    Quant aux confusions, elles existent depuis toujours: une coiffeuse, c'est une femme qui coupe des cheveux, mais aussi un meuble...

  • C'est ça le progrès ...
    Qu'auraient dit nos ancêtres les Gaulois-es ?

    En Suède,on se gêne plus non plus.

    http://www.gentside.com/insolite/suede-une-loi-oblige-les-hommes-a-uriner-assis_art41703.html

    L'argument de la propreté je comprends à la limite,celui de la meilleure sexualité n'est par contre qu'un sirop pour mieux faire passer le truc d'après moi.

  • Je tombe sur un état des lieux en matière de féminisation des noms de métiers et fonctions, ici:

    http://www.erudit.org/revue/rf/2008/v21/n1/018315ar.pdf

    Instructif! A noter les interventions de Mme Lenoble-Pinson.

  • L'avis de Delfeil de Ton: Les mots. Tiens, les mots. Important, les mots. Important mais peut aussi se révéler monnaie de singe. Quelle plus évidente monnaie de singe que la féminisation des mots? On les a bien eues, avec ça. Défenseur, défenseure. La pauvre femme, première nommée au poste officiel de défenseur des enfants et qui, au prétexte qu'elle était de sexe féminin, s'intitula leur «défenseure». L'horreur graphique. Le crime contre la langue. Ah! elle ne voulait pas qu'on l'oublie, qu'elle était née fille et elle croyait faire preuve avec son «e» au bout de son titre, d'un féminisme de première catégorie. Elle montrait juste qu'elle avait rien compris.

    Rien compris? Dites donc, les copines, le Delfeil, là, il chercherait pas à nous enfumer?

    Je vous enfume pas. Parole d'un de Ton, je cherche pas à vous enfumer. Au contraire. Il doit y avoir encore moyen de faire comprendre pourquoi «la défenseure», c'est idiot. On doit encore être pas mal à sursauter quand on tombe sur ce «la défenseure». Elle est quoi, la dame? Elle est la personne chargée par la République de veiller à ce que les droits des enfants soient respectés. Il se trouve qu'elle est une femme, c'est dans sa nature. Dans sa nature mais pas dans sa fonction. Si elle était une personne du sexe masculin, dirait-on que cet homme est un person? Sa nature humaine en a fait une personne. Le féminin et le masculin, accrochez-vous bien, figurez-vous que ce n'est pas équivalent à la femme et l'homme. La grammaire, c'est pas le sexe. On peut être un homme et être une sentinelle, être une femme et être un mannequin. C'est pas l'évidence? Vous êtes pas convaincu? La défenseure, elle écrirait «convaincu(e)». Ferait mieux d'apprendre le français aux mômes, la défenseure des enfants. Ca les aiderait à se défendre.

    Une qui a compris ça de toute éternité, sans qu'il soit besoin qu'on lui explique, c'est une des signataires du nouveau manifeste des 343 et qui était sans doute signataire de celui d'il y a quarante ans. Brigitte Fontaine n'a pas le féminisme des andouilles. «Libération», deux jours avant de publier le manifeste, publiait de Brigitte Fontaine une interview. Elle vient de publier deux livres. Ecoutez Brigitte Fontaine: «Les éditeurs ont écrit ''l'auteure''. J'ai horreur de ça et merde pour leurs gueules de soi-disant communistes québécoises.»

    Z'avez remarqué? Elle dit pas «les éditeures», Brigitte Fontaine. Elle aggrave son cas.

    D.D.T.

    Source: "le Nouvel Observateur" du 7 avril 2011.

  • @ Daniel:

    Merci pour ces précisions. J'ignorais la différence entre -euse et -eure.

    Cette différence entre métiers subalternes et nobles est amusante. L'égalité est à géométrie variable. Au fond il vaut mieux être avocate, riche et d'une classe sociale supérieure, que pauvre et caissière de supermarché. Une belle continuité historique et sociale... :-)

    Concernant les sage-femmes, je pense que le sens courant s'est spécialisé. Maïeuticien est largement inconnu du grand public. On peut utiliser "obstétricien", ou "accoucheur" bien que ce dernier terme soit trop délimité pour désigner la fonction actuelle. Mais sage-femme est connu est clairement identifié, c'est son avantage.


    J'ai lu le document dont vous citez le lien. On ne sait au fond pas si l'imposition progressive de la féminisation des fonctions répond à un concept largement partagé dans le public et à un besoin autre que celui des expertes citées. Il semble quand-même que la parité linguistique soit imposée d'en haut. La notion de parité linguistique est d'ailleurs discutable. Les mots avec "-e-" rajouté entre tirets n'ont rien à voir dans leur forme avec la parité. Or c'est bien dans la forme que la parité est demandée, comme c'est le cas avec l'ajout d'un "e" final pour féminiser un nom de métier.

    Il semble que la tendance décrite par ce document est de systématiser le féminin en -eure et de délaisser progressivement les -esse, -euse et -trices. Bien que j'y pressente un appauvrissement de la langue, j'y vois aussi un avantage: cela évitera d'être coincé par des féminisations équivoques comme "entraineur, entraineuse".

  • @ J.-C.:

    On retrouve dans l'avis de D.D.T. la distinction entre métier et fonction, distinction que j'approuve.

    Les exemples donnés sont explicites. Un homme est une personne, pas un person. Il peut être une sentinelle, pas un sentinel. Une femme est un mannequin, pas une mannequine.

    Défenseure est bien une fonction, pas un métier.

    Cela se complique pour les fonctions qui ont tendance à devenir des appellations de métier. C'est le cas de procureur. Ce n'est pas un métier en soi. On devient procureur (fonction) en étant juriste (métier) ou avocat ou avocate (métier).

    La fonction étant indépendante du sexe de la personne qui l'exerce elle n'a pas à changer. Une procureure ou un sentinel n'ont pas de raison d'être.

  • oups! ... lire: "défenseur" étant une fonction, et non "défenseure"...

  • "Qu'auraient dit nos ancêtres les Gaulois-es ?"
    Ils/elles doivent sans doute se retourner dans leurs tombes respectives

    "Les femmes s’occupaient du corps ainsi que de deux moments importants: la naissance et la mort, privilège que n’avaient pas les hommes."

    Tout à fait
    "la parenthèse déprécie et les femmes ont été trop longtemps mises entre parenthèses."
    Rhôôôôô la pauvre chouchoutte ! C'est vrai que ce n'est pas les femmes qui sont parti se faire charcuter sur les tranchées, ce n'est pas non plus les femmes battues dont on fait un tabou, ce n'est pas non plus les femmes qui subissent le discours misogyne et victimaire à toutes les sauces.


    Encore un peu moins de 5 ans de gaucherie à supporter. Va falloir être patient.

  • pourquoi pas sage-ex pour mettre des enfants modernes au monde, avec couches en polystirène intégrées ?

  • Et toujours ce mot qui m'obsède ;-) "la vigie".

  • Le problème du genre des mots, entendez par là "le problème que le féminisme primaire" a créé avec le genre grammatical des mots, disparaîtra en même temps que la sexualité, c'est-à-dire l'espèce humaine.

  • Mère-Grand, justement je viens de poster une précision: j'ai repris l'exemple de vigie de vous, chez M. Buchs.

  • @ Daniel:

    Dans votre billet vous utilisez l'exemple de vigie. Moi aussi. Amusant parce que je ne vous avais pas lu. Je l'ai repris d'un comm de Mère-Grand sur le billet de B. Buchs, "Epicène".


    La question de distinguer la fonction et le métier questionne la langue, au-delà de "l'épicénéité": Dans certains cas c'est simple, dans d'autres non. Président c'est une fonction. Boulanger est un métier. Mannequin, est-ce un métier ou une fonction? Comment être sûr de faire la distinction juste?

    Quelle règle linguistique ou de sens invoquer pour clarifier cela? Faudrait-il féminiser les noms de fonction dont l'usage a fait des métiers?

    Faut-il qu'un diplôme porte un nom de métier identique au nom d'une fonction pour considérer que la fonction est un métier?

  • L'évolution de la langue ne doit pas être laissée à un groupuscule d'expertes auto-proclamées. Un tel groupuscule agit pour appliquer une théorie sans tenir compte des nombreuses questions que pose une telle évolution.

    Les politiques ne sont pas nom plus habilités à décider de l'évolution de la langue.

  • "L'évolution de la langue ne doit pas être laissée à un groupuscule d'expertes auto-proclamées."
    Dans votre hâte vous avez manqué quelque peu de précision. La langue, comme les entités naturelles organiques n'obéissent de toute manière pas à des spécialistes humains, reconnus ou non. Ainsi, pour simplifier quelque peu la démonstration, Darwin n'y est pour rien dans la transformation des premiers hominidés en hommes modernes.
    Les spécialistes ne peuvent qu'apporter des éclaircissements sur ces évolutions, des théories et des hypothèses qui en décrivent les processus et en facilitent l'appréhension.
    Pour en venir à la langue, les linguistes ne sont pas prescriptifs, ils ne disent pas ce qui doit être, mais ce qui est. Ce faisant ils vont ainsi toucher à ce qui est sociologique ou même politique, lorsqu'ils montrent que tel ou tel usage (qu'il s'agisse du lexique, de la grammaire ou de la prononciation) peut être un des facteurs permettant de juger, parmi d'autres choses, de l'origine sociale et du degré d'instruction formelle d'un individu ou d'un groupe.
    L'aspect contraignant par lequel certaines des formes ainsi mentionnées entrent ensuite dans les modèles considérés comme "acceptables", "de bon usage", revient à d'autres, dont en priorités les grammairiens et les lexicographes qui influent sur les cursus scolaires. Ceux-là vont,, en principe jouer un rôle de frein à l'évolution naturelle des langues, pour toutes sortes de raisons qu'il est facile d'imaginer.
    Je ne pense pas qu'il faille négliger ou mépriser le rôle des spécialistes, qui sont, auprès tout aussi des usagers des langues. Ce qu'ils peuvent apporter, outre des éclaircissements (par exemple sur l'évolution des prononciations, domaine des phonéticiens et des historiens de la langue) et de faire des propositions tendant à respecter autant que ce peut ce que l'on appelle le "génie d'une langue", à éviter les complications et duplications inutiles et favoriser l'usage des mots indigènes sur celui des emprunts aux langues étrangères lorsqu'elles ne sont pas indispensables.
    N'oublions pas le public ordinaire (si je peux dire), comme celui de blogueurs, dont nous sommes, qui agissent selon diverses tendances qu'il serait trop long d'énumérer auxquelles il est fait allusion dans nos interventions.
    Mais toutes les interventions volontaristes seront, à la longue, impuissantes, face à la dynamique interne de la langue confrontée aux conditions sociales et à l'évolution des moeurs et à celle des sciences et des techniques de l'époque.
    Le bon sens veut, me semble-t-il, que tout en acceptant l'inévitable du changement, comme dans tous les domaines de la vie, ceux à qui cela importe plus ou dont les connaissances le leur permettent, freinent quelque peu les initiatives intempestives, essaient d'empêcher autant que se peut et aussi longtemps possible l'intrusion d'erreurs grossières et d'inutiles complications, ainsi que de tout ce qui leur paraît faire affront à ce qu'ils connaissent de meilleur dans l'usage.

  • @Mère-Grand,
    L'Académie Française est une de ces instances qui "freinent quelque peu les initiatives intempestives, essaient d'empêcher autant que se peut et aussi longtemps possible l'intrusion d'erreurs grossières et d'inutiles complications, ainsi que de tout ce qui leur paraît faire affront à ce qu'ils connaissent de meilleur dans l'usage."
    Le Français est une langue particulièrement normée et dont l'évolution est contrôlée avec soin.
    Est-ce un bien ? Est-ce un mal ?
    Difficile de trancher.
    Je me souviens des cours d'Histoire de la Langue à l'université, où le professeur nous a expliqué de façon très convaincante que le français aurait perdu beaucoup de ses sons, à force d'être parlé-usé, si l'orthographe n'avait pas en quelque sorte figé l'usage.
    Si mes souvenirs sont bons, l'orthographe n'était pas normée avant le milieu du 18è siècle. On peut observer l'état de la langue parlée d'alors dans de rares lettres privées et d'une orthographe en quelque sorte "naturelle", écrites par des personnes peu instruites et en conclure des choses sur la prononciation d'alors.
    Il nous a valorisés, en nous apprenant que aux frontières d'un domaine linguistique, on était plus conservateur. Ainsi, en Suisse, nous prononçons bien les différentes nuances du é / è / ai, contrairement aux Parisiens, qui ne connaîtraient que le é.
    L'opinion de cet homme très érudit, Henri Morier, m'aurait intéressée, quant à ces tentatives de féminisation. Il était souvent surprenant dans ses prises de position, qu'il argumentait avec finesse.
    Il n'est plus de ce monde.

  • @Calendula
    Nous n'avons pas dû être très loin sur les bancs de l'Université d'après les souvenirs que vous évoquez. Encore que la carrière de Henri Morier, je ne parle pas de ses années passées à l'Ecole supérieure des jeunes-filles, a duré plus d'une génération d'élèves.

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