Regarder un feux d’artifice en photo ou vidéo est décevant. Cela semble si petit en regard de ce que la mémoire garde d’autres années! Quoi! C’est cela un feu? Ce n’est que cela? Aucune magie. La mémoire ne supplée pas aux images, ne rend pas les couleurs dans la nuit, l’impression de cathédrale de lumière au-dessus des têtes.
Du culte du passé...
L’attention intense n’est pas là. Ce qui fait le charme magique d’un feu d’artifice est son mouvement. On l’attend. Quand une fusée monte, on se demande ce qu’elle va produire. Et quand elle éclate, jusqu’au bout, jusqu’à son extinction, les yeux sont fixés sur l’image éphémère qui se déploie et meurt dans le ciel.
Cette attente est forcément intense. L’impossibilité de pouvoir arrêter l’image, son instabilité, sa courte durée de vie et l’effet de surprise font que nous concentrons d’autant plus fort notre attention. Dans cette intense concentration marquée par la seule attente joyeuse et dont tout jugement de valeur est absent, l’émerveillement prend la place laissée vacante par les histoires de loups, de princes et de dragons que l’on racontait aux enfants. Nous retrouvons la même disponibilité à l’émerveillement.
La rareté du spectacle et sa nature éphémère ouvrent cette belle disposition en nous. Si un feu avait lieu tous les soirs nous finirions par nous en lasser. C’est normal. La disponibilité à l’émerveillement utilise une part importante de notre énergie et de notre activité psychique. Il est difficile de gérer le quotidien, le répétitif, le programmé, qui font un volume considérable dans nos vie, en état d’émerveillement permanent.
Il me semble de plus que l’émerveillement fait bon ménage avec l’éphémère. Ce qui change, ce qui ne se répète pas, est plus émouvant que ce qui dure de manière régulière et linéaire.
L’éphémère qui suscite l’émerveillement est une donnée importante dans l’attitude consumériste des adultes. Ce qui est une grâce - car l’émerveillement est une forme de grâce - peut être exploité. Comment? Par un changement fréquent dans les produits que nous achetons. Pas tant dans la nourriture, qui reste elle accrochée à des habitudes familiales et à des atavismes régionaux évidents. Mais dans la technologie le nouveau et le changement sont devenus des valeurs ajoutées.
Pendant longtemps, et encore dans certaines parties du monde, le culte des ancêtres était un principe formateur de la société, ainsi qu’une forme de sauvegarde contre les errements. Se souvenir des morts, les respecter, c’est une manière de donner une valeur à la vie qu’ils nous ont légué et de tenter de la reproduire par loyauté. On était sûr du passé alors que l’avenir n’était que chimère.
... à celui de l’éphémère
La science et la technologie ont renversé en partie cette donnée. L’avenir est depuis plus d’un siècle synonyme de progrès. Le progrès étant présenté comme une chose forcément bonne, ou au moins meilleure que le présent. Cela s’est vérifié: eau courante dans les maisons qui améliorait l’hygiène, chauffage central, etc. Le progrès ramène un peu d’émerveillement par l’imprévisibilité qu’il contient. Ainsi tout appareil nouveau est forcément meilleur que l’ancien du même type. L’électricité (que, de manière significative, l’on nommait à ses début la «fée électricité), puis l’électronique nous ont habitué à voir plus le devant, le futur, «ce qui est à venir», que l’acquis. On attend plus le prochain iPhone que l’on ne se réjouit d’en avoir encore un qui marche. La société y gagne une créativité exceptionnelle. Avec des effets collatéraux, comme l’obsolescence des appareils. La technologie change si vite, les investissement dans la recherche sont si énormes, et la lutte commerciale si intense, qu’une société qui vit sur un seul produit pendant 30 ans risque fort de déposer son bilan assez rapidement. Il suffira qu’une autre société crée un produit nouveau du même genre, plus récent, avec plus de capacités, donc meilleur, pour que les consommateurs eux-même délaissent le produit d’origine.
Car le progrès et l’éphémère génèrent une sorte d’usure psychologique autant que technologique rapides et un déclassement social. L’envie que suscite la nouveauté exhibée par d'autres pousse à vouloir la même chose. Les humains ont de la difficulté à accepter une inégalité de traitement et de chance.
Le durable suscite-t-il l’émerveillement?
On dit parfois que ce sont les publicitaires qui créent le besoin de nouveauté et d’obsolescence psychologique de ce que nous possédons. Je ne le pense pas. Ce me semble être un simple mécanisme humain.
Cela montre en tous cas que la possession ne rend pas durablement heureux. Mais on ne peut pour autant nier l’effet thérapeutique d’une séance de shopping un jour de blues!...
Que se passera-t-il avec des produits durables qui deviendront de plus en plus nombreux? Ce sera un argument de vente au début. Ils seront toutefois chers, forcément plus chers, car la rentabilité du produit devra faire vivre les entreprises pendant trente ans.
Il devront également être accompagnés d’un renversement dans la psychologie humaine. «Old is beautifull», «Ce qui est ancien est magnifique», lira-t-on peut-être sur la notice d’emballage du prochain four à micro-ondes. On admirera chez le voisin non plus sa voiture dernier cri mais sa légendaire teuf teuf de bientôt 35 ans d’âge. On achètera moins, donc on vendra moins, donc il y aura moins de ressources pour la recherche.
Il faudra perdre un peu de notre émerveillement, de notre goût de l’éphémère devant la création technologique. Accepter que les entreprises fonctionnent avec des budgets resserrés et créent moins de postes de travail. Mais il faudra aussi ralentir la recherche. Les nanotechnologies et les applications quantiques pourraient révolutionner notre mode de vie dans les cinquante prochaines années. Ce ne sera possible que si des applications commerciales en découlent sans attendre que les appareils actuels soient inutilisables. Et si l'avenir nous est présenté comme une contrainte aux sombres motifs, si sauver la planète et la vie ne nous rend pas joyeux, nous risquons de consommer encore plus, comme une étude le suggère: la déprime nous rend consommateurs. Le durable nous fera-t-il nous émerveiller?
L’éphémère profite en partie au gaspillage par l’obsolescence programmée, mais aussi à la richesse de la société et, paradoxalement, à une évolution technologique qui sera de plus en plus éco-compatible (ne serait-ce que par argument de vente).
Notre capacité d’émerveillement est une ressource essentielle pour l’économie!
Commentaires
hello Homme Libre,
en tout cas, avec vous plus c'est long plus c'est bon, on ne se lasse pas de vous lire et même qu'on en redemande ;))), bizzzouxxx!!!
Un son et lumières aussi magique, qui dure 50 minutes ...
C'est de l'éphémère qui a tout pour plaire
Mes yeux "d'enfant" en on pris plein les mirettes :)
Coucou Sarah,
Vous avez raison,courts ou longs les lectures d'Hommelibre c'est toujours bon :)
Belle après-midi à vous deux
Coucou Loredana,
et bin, je me sens pousser des ailes...
;-))
Sarah:
... "avec vous plus c'est long plus c'est bon"...
hum hum... y a pas que là...
hum...
:-)))))
Au fait comment vont les vaches? Vous deviez aller les regarder de près me souvient-il!
Bizzzouxxx!!!
Comme toujours, article très intéressant, merci.
Un peu de "contradicteur" dans ce concert de louanges pyrogénique ;-)
Bien sûr, que la consommation effrénée sert la course en avant économique, qui elle-même donne en partie des moyens à la recherche. De là à en faire un postulat philosophique ... au nom de l'économie, de la recherche et du progrès ...
Parce que sur le plan humain la disparition d'une appréciation des choses qui durent, fait disparaître un composant important de l'équilibre humain. Celui de s'ancrer dans le monde avec des valeurs stables individuellement.
Donner une valeur à l'objet que l'activité humaine à construit de ses mains, peaufiné avec passion, par amour du travail bien fait. Permet de s'accaparer cet objet, de s'y projeter ou projeter une qualité qui permet de fixer durablement un élément intérieur dans du concret. L'objet devient porteur de sens, tout en rendant service dans le quotidien. Tant pour celui qui le fabrique, que pour celui qui acquiert un tel objet.
HL, vous n’avez pas été le dernier à vous offusquer de la destruction des mausolées du Mali, ou des superbes bouddhas en Afghanistan. Pourquoi ? Parce que leur construction étaient remplis du sens, que seul les humains sont capables de mettre dans leurs labeurs. Ou encore une dimension qui exprime un génie qui dépasse celui qui crée. Comme le règne minéral, végétal et animal capable de création à l’instar des superbes stromatolithes fabriqués par des bactéries il y a plusieurs milliard d’années.
Réaliser quelque chose est en l’occurrence, rendre réel, une part de l’esprit humain. Cette réalisation est fonctionnelle ou symbolique, mais dans les deux cas, il y a cette empreinte d’un esprit qui s’inscrit dans la matière.
Le fait de l’obsolescence et de la consommation effrénée, ne laisse plus de place durable de ce genre d’empreinte qui rattache à une essence. Tel, l’effet de la radioactivité on voit un éclatementement qui ne laisse plus place à la vie. La consommation devient consumation.
Ce genre de commerce existe encore, en tant que produit de luxe. Des artisans/ artistes sont les chouchous réservés de jet-setter en quête de sens, des designers durables de villas, de meubles, ou de jardins.
Mais le consumérisme ambiant ne donne qu'une satisfaction momentanée, vite remplacée par une autre fascination. Est-ce cette consommation du consommé/jeté qui a mis à la mode les relations éphémères de manière quasi généralisée ? Est-ce que ce mode de fonctionnement n’est pas en quelques sorte une aliénation, comme celle de l’enfant gâté incapable de trouver une satisfaction parce que frustré de l’essentiel ?
Est-ce que c’est réellement un projet pour l’humanité ?
Le durable construit ; l’éphémère ébloui un instant tel un feu de paille, pour ne laisser parfois que des cendres amères. Ce qui reste de durable après l’éphémère éblouissement, c’est la facture concrète de ces petits moments de magie.
Isn't it ?
J’ai toujours dit que l’alternative au développement économique effréné résidait dans le développement d’autres dimensions humaines. Utopie ? Bien sûr ! Mais c’est celle qui m’a rendu durable ;-)
Bonjour,
Moi j'ai acheté une Dacia, pas tres belle, et d'une technologie dépassée....mais fiabilité dépassant tout ce qui se fait aujourd'hui. C'est tres bien, quand je prends le volant je sais qu'elle va démarrer et rouler sans souci. Ce n'était pas le cas de ma précédente voiture tellement plus "moderne".
Il y a des clients pour le simple et le durable, et pour continuer sur l'exemple automobile Renault ne survit que grace a Dacia et Peugeot qui n'a pas compris à temps s'en mord les doigts
Hé ben tiens ! Une brève, à propos
http://www.romandie.com/news/n/Le_cheval_un_moteur_pour_le_21e_siecle130820121726.asp
@ Pat:
Il semble qu'en technologie comme dans le vivant, l'augmentation de la complexité rend les machines plus fragiles. La simplicité type Dacia est en effet garante de robustesse. Oui il y a des clients pour cela, et ils sont peut-être les plus satisfaits. Le mécanisme du progrès engendre aussi des manques et des frustrations. Donc votre propos relativise utilement le mien. Mais bon, quand-même, entre les signaux de fumée et le smartphone, l'évolution des moyens de communication n'est pas que futile...
:-)
en effet je veux bien vous croire ;))),
j'ai eu un ptit soucis technique ave la dame d'en bas, qui s'est vu son plafond décoller à cause d'une fuite de tuyau, il a fallu que je revienne dare dare croyant que mon appart était une piscine et que mon ordi avait péri, c'était ma seule préoccupation parce que celle d'en bas aurait bien pu se noyer,lol, m'enfin hereusement j'étais pas partie en Suède et que c'était qu'en Auvergne parce que ça m'aurait fait du mal!!!en bref y'avait rien chez moi, ça doit venir des conduits, quoiqu'il en soit y'a le plombier qui doit passer,pour rechercher, alors jsuis coincée pour le moment mais jeudi à moi les volcans auvergnats ;)))!!! coucou Loredana, bizzzouxxx itoo!!!
@ Aoki:
Le retour du cheval? Je ne sais pas si ça va le faire. A moins d'y être obligés parce qu'il n'y aurait plus d'essence. Ça va faire joli sur les dépliants touristique. Mais il y a besoin d'assistance électrique, comme le dit l'article. Les petites mains de la nature n'ont pas encore inventé l'arbre à composants électroniques...
Je ne me rendais pas compte d'avoir posé un principe philosophique. Votre commentaire fait bien de rappeler une autre relation à l'objet que celle de l'émerveillement enfantin. Merci d'élargir le propos. Je vous suis en partie. L'artisanat d'aujourd'hui ne vit que dans des milieux très privilégiés culturellement ou économiquement. On ne peut imaginer un téléphone ou une automobile fabriquée par un artisan. Elle serait beaucoup trop chère et longue à construire.
La satisfaction des besoins du plus grand nombre passe par l'industrie. Je pense que l'on peut aussi tenter de donner de la valeur à ce que l'on a et le faire durer autant que possible. C'est un état d'esprit. Mais si l'on avait suivi cette voie d'une société de production-consommation beaucoup plus lente, il n'y aurait pas encore de voiture électrique, de scanner en 3D. L'accélération technologique permet aujourd'hui aussi de mieux comprendre les origines de l'humanité, l'histoire de Sapiens, les secrets de la cellule, la maîtrise d'énergie permettant à l'humanité de continuer son développement.
On viendra forcément aux techniques propres et durables, par raréfaction des ressources déjà. Mais aussi paradoxal que cela puisse être, je pense que la société que l'on accuse de détruire la planète (et qui le fait en partie) est aussi celle qui a le plus de chance de se renouveler.
On peut aussi choisir de vivre dans les bois avec peu de choses et de plus grandes valeurs relationnelles. Mais bon... la liste d'attente n'est pas très longue!
:-)
L'auvergne? Chara, vous jallez prrrendrrre l'acchent et rrrouler les rrr!!!...
;-)))
A part ça j'ai eu le plaisir de traverser l'Auvergne en 2003, pendant la canicule, et c'est une toute belle région.
Sauvez bien votre ordi, pachke ch'est avec vous qu'on dichkute, cré vin diou, pas avec la voijine!
;;;)
Bijjjouxxx!!!
pensez vous,jvais chanter chucré chucré sous la douche après!!!;)))
MDRRRRRRR!
Exchellent Chara!!!!
Là vous me laissez coi..... (je voulais pas dire: vous me laichez coi.... hem hem...).
(=‿=) (=‿‿=) (=‿‿‿=)
mdrrr!!!je continue "à laisser chous les cocotiers, y'a plus d'eau de vie ni de liqueur, l'anguille glisse sous les rouleaux, le corps qui frétille, chucré chucré..." ;)))
Ben cha, Chara... Vous la connaichez prechque par coeur! Waow.....!
Vous l'avez écoutée sur youtube? Ce n'est pas encore le nouvel arrangement. Il est canon. J'ai une autre maquette, je vais voir si j'arrive à faire coller sur les images. Il manque juste encore les choeurs, ce sera pour octobre.
En tous cas c'est bon signe pour la chanson!
Vivre dans les bois ? Quel bois ? Vous connaissez encore des bois ?
Haa oui, je me souvient à la maison, ce truc bizarre avec des lumières qui clignotent que l'on sortait de son carton à Noël. gnièrk, gnièrk, gnièrk ...
Si j'ai bien compris, il y a quand même du monde qui vise du relationnel et à défaut de bois, des cocotiers feront l'affaire !
Faut profiter avant qu'ils ne deviennent aussi des objets en plastiques gniark, gniark; gniark ...
Aoki:
MDR!!!
Les cocotiers en plastic, ça ira bien avec les canards jaunes qui flottent toujours, même que l'on n'arrive jamais à les noyer...
Dans ce contexte, l'expérience en cours suivante, est des plus intéressante.
http://www.20min.ch/ro/life/lifestyle/story/13505704
A voir ce que cela donne au bout d'une année.
Ce que j'en déduit, c'est le bienfait des changements et ruptures pour se renouveler. Vers le futur ou non
Oui Aoki, expérience intéressante, à suivre!