- Tu m’as dit ce matin: si je gagne je te rejoindrai. As-tu gagné?
- Non.
Tu glisses ton dos contre moi. Tes épaules sont belles, douces comme une pierre lisse et tendre. Je les caresse, je les serre. Tu te colles. Mes mains descendent le long de tes bras. Tu croises tes bras sur ta poitrine. Est-ce pour guider mon geste? Tu ne dis rien. Tu tournes la tête vers moi, poses ta joue sur la mienne, tu fermes les yeux. Mes mains suivent tes bras, petits soldats obéissants, et rodent autour de tes seins. Tu te retournes et m’invites.
- Allons chez toi!
- Tu n’as pas gagné!
- Allons chez toi! dis-tu encore avec ta fraîche évidence. Allons-y pendant que les canons se taisent. Ils recommenceront tout-à-l’heure. Ils ne se taisent jamais longtemps. Allons chez toi écouter nos souffles et sentir nos bonheurs.
Je m’incline. Tu prends ma main, ou je prends la tienne, et nous allons. Nos pas sont rapides, nous entrons dans l’immeuble, montons les escaliers en courant, en sautant. Et tu ris, et je ris de ton rire, et tu ris de mon rire, ainsi jusqu’à la porte, émus de tant d’audace. J‘introduis la clé, je pousse la porte, nous entrons. Je referme, tes bras s'ouvrent, m’entourent, tu te serres, je te serre. C’est chaud, c’est bon. Nous parlons en silence. Mais le temps est long:
- Viens! Viens vite!
Tu cherches ma chambre. Je te conduis. Le lit en désordre est une plage.
- Je n’ai pas eu le temps, dis-je, un peu gêné...
- Ne dis rien, c’est parfait!
Tu sautes sur les draps et t’allonges sur le dos. Tu me regardes. Ton visage est un vent léger. Un pays sans guerre. Je m’allonge. Nous restons yeux dans les yeux. Tu souris. Je ne bouge pas. Tu m’examines. J’attends. Tu souris encore. Puis un baiser du bout des lèvres. Je te réponds de toutes mes lèvres. Tu me cherches. Je viens à toi. Les canons de nos désirs s’allument. Que de vêtements entre nous.
- Que de vêtements entre nous! dis-tu.
Tu enlèves le haut. Dessous tu es nue. Nue comme un ange. Tu as presque des ailes. La blancheur de ta peau, la fine couche d’amour posée sur ta peau, tes cheveux de soie: tu est un ange. A mon tour d’enlever le haut. Tes mains cherchent et touchent chaque parcelle de paysage qui se découvre. A ton tour encore, le bas. Puis à mon tour. Enfin le dernier bout d’étoffe. Il n’y a plus rien. Plus que cette exposition impudique et heureuse l’un à l’autre. Tu t’actives. Tu m’explores. Tu joues. Je te cherche. Sur des chemins détournés je te surprends. Tu tressailles. Je respire plus vite. Je suis en apnée. Tu fermes les yeux. En quelques minutes les canons de nos corps se mettent à tonner. Je te serre.
- Etouffe-moi! dis-tu.
Je te serre plus fort. Ton corps se relâche, se met en vrille. Dans un souffle, à peine audible, tu me dis oui. Tu me dis: «Viens».
Je ne sais comment, je bouge, te cherche, t’évites, je reviens. Tu cherches mon ancre, je me dérobe, tu souris, complice, tu t’ouvres encore. T’éviter devient improbable. Je crois te surprendre et c’est toi qui m’avales dans un rire joyeux. Ton regard s’épanouit et mes muscles se tendent, se tendent vers toi. La danse commence. Du doux au tendre, du tendre à l’immobile, de l’attente à la fureur, violente comme nos désirs, soudain si sauvages. Tendre à nouveau, sans rien oublier de toi, aucun espace de toi, de ta caverne magique, aucun si petit espace de toi n’est délaissé, à petits pas ou à grandes enjambées. Tes lèvres collent aux miennes, tes yeux grands ouverts. Les canons de nos coeur sont brûlants.
- Viens, me dis-tu, viens, j’ai tellement envie!
Tu serres tes muscles, te relâches, serres encore, me cherche, t’offres, t’abandonnes. Reviens, relâches, reviens encore, quand un spasme plus fort prend tout ton corps, tendu, au bord.
- Viens, viens!
Et je viens, je crie, tu gémis. Tu donnes ta force, désir et abandon, féline et brutale, paradoxale, cambrée, laissée. Je suis coq, bison des grandes plaines, cheval de feu, oiseau des montagnes, je suis plus nu que nu. Le spasme t’a saisi qui met fin à ma résistance. Je viens en gerbe de lumière chaude. Pendant quelques instants - une éternité - le ciel est si grand. Ça y est. Nous ne pourrions être plus proches.
Nous nous sommes donnés l’un à l’autre. Tu connais ma puissance, ma fragilité. Je connais ton désir et ton abandon.
De longues minutes passent. Nous sommes encore collés. Les yeux fermés. Au loin on entend la mitraille. Quelques détonations se rapprochent. Les canons se réveillent. La trêve est finie. Qu’importent la vie, la mort. Le monde peut s’arrêter. Nos corps vivent. Nos corps baignent ensemble dans une paix lumineuse et mouillée.
Commentaires
coucou Homme Libre,
wouhhh c'est wild wild west, coup de canon,explosion et ke calore,un ange passe, el condor pasa,le coq chanta, du coup j'ai été vérifier pour le coq, car le cheval j'imagine à peu près, alors c'est le kukutasana,;)))
http://fr.syvum.com/cgi/online/serve.cgi/amusement/yoga/yoga_pose_coq_kukkutasana_fr.html
bizzzouxxxx!!!
Ben.... fait chaud là! :) Un avant-goût du réveillon?
Je t'aime moi non plus... LOL
Bonne journée, je passais...
"Pendant que les canons se taisent"
On fait crac boum hue, crac boum hue... LOLLLLLLLLL