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Ni homofolie, ni homophobie: gendercrisis

Homme hétérosexuel, je trouve blessant ce que proclament certains supporters du mariage gay. Le couple hétéro est présenté comme un échec global, triste, comme un noyau toxique de névrosés égoïstes.

genre,mariage gay,crise,identité,femmes,hommes,homosexualité,Virginie Despentes s’est lâchée dans Têtu contre les couples hommes-femmes et les parents toxiques. Difficile d’être plus hétérophobe et généralisante:

«... dans l'état où on le trouve, le mariage, ce qui est exceptionnel c'est qu'on accepte de s'en servir.»

«Etre des parents plus sordides, plus inattentifs, plus égoïstes, plus j'm'enfoutistes, plus névrosés et toxiques - impossible. Tranquillisez vous avec tout ça. Le pire, vous vous en occupez déjà très bien.»


Ces attaques contre les couples hétéros sont d’autant plus malvenues que les couples lesbiens ne sont pas des modèles d’entente: au Canada il y a deux à trois fois plus de violence conjugale dans les couples de femmes que dans les couples hétérosexuels.


Inversement les personnes homosexuelles ne peuvent qu’être blessées quand on voit les propos de certains opposants au mariage gay qui parlent parlent d’homofolie. C’en est trop. L’hétérosexualité n’est pas une tare, l’homosexualité n’est pas une maladie.

La virulence de la controverse trouve peut-être un début d’explication dans la position de l’ancien ministre socialiste Georgina Dufoix:

«Nos concitoyens n'ont pas compris que derrière le mariage des homosexuels, c'est la théorie du genre qui est insufflée dans la société française. Cette théorie qui vient des États-Unis estime qu'homme et femme sont interchangeables.»

La théorie du genre prétend en effet nier toute raison naturelle ou biologique aux différences entre hommes et femmes. Selon cette théorie il ne s’agit que d’une construction sociale et chacun peut choisir d’être homme ou femme selon son désir. Ce libéralisme extrême conduit à éduquer des très jeunes enfants sans identité sexuée. Toute différence est considérée comme nuisible et de nature discriminatoire. Dans cette théorie reprise par certains féministes le père n’est qu’un symbole et son rôle peut être tenu par n’importe qui: être père biologique n’est plus utile en soi, sauf à la procréation (ou à l’insémination?).


On sait que cette théorie a été récemment mise à mal en Norvège, où le gouvernement a renoncé à subventionner les recherches gender. Il y a donc à chercher du côté du refus de la différenciation sexuelle pour comprendre les réactions exacerbées des uns et des autres. Cette hypothèse de crise du genre ou «gendercrisis» devra être développée afin que cessent les anathèmes mutuels. La gendercrisis doit également conduire à repenser et revaloriser les différences de genre et les identités sexuées, hors de toute idée de discrimination.

Catégories : Politique, société 4 commentaires

Commentaires

  • Merci pour cet article et cette mise au point salutaire.
    Au fait : savez-vous que l'on enseigne le gender à l'Université de Genève? Il y a même des gens qui se font engager dans des postes publics avec cette formation comme "atout"!.... Soyons attentifs à cette gangrène qui rode aussi par chez nous!

  • Je ne sais pas pourquoi les gouvernements ne refusent pas de subventionner toute forme de recherche, puisqu'ils ne sont absolument pas compétents pour savoir ce qui est valable ou pas sur le plan théorique: ce ne sont que des élus, ils n'y connaissent rien, leur avis est celui du boulanger du coin, il ne vaut pas mieux. Du coup ils se fient à de prétendus experts qui ne sont que des gens à titres, et qui sont dans une totale partialité.

  • Je suis loin (mais alors très, très loin) de porter Virginie Despentes dans mon coeur, mais son article a le mérite d'avoir provoqué des réactions intéressantes.
    Soit dit en passant, elle précise: "au départ, cette histoire de mariage, j'en avais moitié rien à faire - mais à force de les entendre, tous, sans homophobie, nous rappeler qu'on ne vaut pas ce que vaut un hétéro, ça commence à m'intéresser."
    Son article est donc une réaction aux propos des anti-mariage gay, et il faut les contextualiser en tant que tels. Son article est emprunt de colère; et de la colère, on peut comprendre qu'on puisse en ressentir face à l'ampleur qu'a pris le discours sur les homosexuels dans le paysage médiatique ces derniers temps, avec des dérives graves (références permanentes à la zoophilie, à la polygamie, voire à la pédophilie).

    Pourquoi les réactions aux propos de Virginie Despentes sont intéressantes? Parce qu'elles montrent que quand on insulte une catégorie de la population, en prétendant que son comportement familial serait forcément nuisible en raison de son orientation sexuelle, on provoque des blessures. Vous vous êtes senti agressé par ces propos de Despentes, à raison. Cela vous permet peut-être d'imaginer ce que ressent un homosexuel à qui on répète à longueur de journée (à la télévision, aux heures de grande écoute, et non pas dans un magazine marginal) que ses enfants seront forcément moins heureux, moins stables que d'autres (dans le meilleur des cas), ou que son "choix de vie" s'apparente à celui des zoophiles (et ce n'est même pas le pire des cas).

    Quant à Madame Dufoix, elle se trompe, et son argument est de mauvaise foi. Tout d'abord, il n'existe pas une "théorie du genre", mais des "études genre", très diversifiée, avec parfois des prises de position radicales (que je désapprouve à titre personnel).
    Mais s'il y a une chose qui relie toutes les "théories du genre", c'est l'intérêt, justement, pour le genre, en tant qu'il est différent du sexe (le premier étant social, le second biologique). Quel est le rapport avec une orientation sexuelle? Il n'y en a tout simplement aucun.
    Certains homosexuels ont un rapport à leur genre tout à fait "classique", d'autres pas, exactement comme c'est le cas parmi les hétérosexuels. Toutes les visions du genre (théorie queer, qui est en fait ce que vous dénoncez sous le nom de "théorie du genre"; misogynie/misandrie; "classicisme") se retrouvent dans la communauté homosexuelle.

    Enfin, je trouve particulièrement comique cette accusation de "duplicité" de la part de Madame Dufoix (elle prétend que le mariage homosexuel serait un écran de fumée derrière lequel se cacherait la volonté de faire passer en force "la théorie du genre" dans la société). Si duplicité il y a dans ce débat, elle se situe du côté des opposants.
    Ceux-ci prétendent en effet que leurs motivations sont anthropologiques, voire de "bon sens", ou relèvent de l'opposition à cette fameuse "théorie du genre". Qu'en est-il réellement?

    Madame Dufoix est protestante évangélique, et plutôt convaincue, puisqu'elle avait lancé un blog de prières pendant la campagne présidentielle.
    Alliance Vita (une des associations les plus médiatisées à ce sujet) a été fondée par Christine Boutin, peut sans autres être qualifiée de "lobby catholique" (elle s'apparente par certaines revendications quant à l'avortement aux lobby pro-life américain, avec un discours bien plus modéré toutefois).
    Lors de l'organisation de la fameuse "manif pour tous", les paroisses catholiques ont largement mobilisé leurs fidèles; des établissements scolaires catholiques ont envoyé à toutes les familles de leurs élèves des tracts contre le mariage pour tous.

    Où est le problème, me direz-vous? Sur la mobilisation, il n'y en a aucun. Dans une démocratie, chacun a le droit de faire valoir ses convictions et de les défendre.
    Ce qui m'interpelle, c'est que tous les opposants au mariage pour tous qui sont interrogés dans les médias se défendent que leur motivation soit religieuse (à l'exception bien sûr des dirigeants des institutions religieuses).
    J'ai pourtant un peu de mal à y croire... Le président de l'AFC (Fédération des associations de familles catholiques), celui d'Alliance Vita, Mme Boutin (opposée à l'avortement et qui revendique fièrement sa foi), s'opposeraient au mariage gay pour des raisons qui n'auraient rien à voir avec leur religion?
    Arrêtons l'hypocrisie. Que ces personnes assument que leur opposition se fait au nom de valeurs religieuses (ce qui est leur droit le plus strict). Ôtez au mouvement de contestation le lobby religieux, et il ne restera que Xavier Bongibault (lui-même homosexuel, qui affirme que "ce serait l'ouverture à l'inceste"), Frigide Barjot (catholique, mais tellement opportuniste que cela n'a rien à voir avec son engagement), et les politiciens de l'UMP qui n'en ont absolument rien à faire du mariage gay, mais qui ont trouvé là une magnifique occasion de réunifier la droite après leurs récents déboires.

    En conclusion:
    Le lobbying pro-mariage gay a-t-il quelque chose à voir avec la "théorie du genre"? Rien n'est moins sûr.
    Le lobbying anti-mariage gay a-t-il quelque chose à voir avec la religion (catholique, en particulier)? C'est totalement certain.
    Je crois que dans cette affaire la duplicité ne se situe pas là où vous pensez.

    Sources (d'une partie) de mes informations sur le "lobby catholique":
    http://www.franceinfo.fr/politique/le-lobbying-des-catholiques-contre-le-mariage-pour-tous%E3%80%80-857793-2013-01-11
    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/contre-le-mariage-homosexuel-le-lobby-catholique-s-organise_1182558.html

  • j'adhère complètement à votre article HL.

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