Une nouvelle étude statistique publiée en France concerne les accidents de la route. Selon les chiffres les hommes conduisent plus dangereusement. «Si les hommes conduisaient comme les femmes, il y aurait donc moins de victimes sur nos routes», affirme la Préfecture de police. Le magazine Elle, qui commente l’info, précise: «75% des morts sur la route sont des hommes et parmi les 25 % de femmes, 32% d’entre elles étaient passagères». Et encore: «En 2012, trois quarts des accidents de la route à Paris ont été causés par des hommes, révèle ainsi la préfecture de police. Sur les 6 329 accidents recensés l’année dernière, seulement 1 542 femmes, soit 25%, sont « présumées responsables.»
On affirme donc que les hommes seraient plus dangereux au volant parce que ce sont des hommes, et non pour d’éventuelles données objectives. Comme je l’ai déjà fait il y a un an, je vais tenter d’analyser les chiffres à disposition afin de vérifier la réalité des affirmations.
Les chiffres sont mis à disposition par la Prévention routière française. 3645 personnes ont été tuées sur les routes de France en 2011. Comment sont-ils répartis?
De manière générale:
L’alcool est présent dans 30% des accidents mortels. C’est énorme et toujours aussi dramatique. La vitesse ne peut être chiffrée car incontrôlable au moment de l’accident. Le non-respect des distances de sécurité causent 6,6% de décès (collisions par l’arrière ou en chaîne). Le défaut de ceinture de sécurité causent 22% des tués. Le téléphone au volant, 2%. La somnolence est en cause dans 8% des accidents en général et 21% sur autoroutes. Enfin la présence d’un obstacle fixe sur le bord de la route (arbre, voiture) est en cause dans 26% des décès.
Plus en détails.
Comme indiqué plus haut, en chiffres bruts 75% des morts sur la route sont des hommes. Détaillons ce qui peut l’être.
- Les piétons sont 13% des tués. 61% sont des hommes. Sur l’ensemble ces victimes sont au 2/3 âgées de plus de 50 ans, et 37% de plus de 75% ans. Il n’y a pas de chiffres indiquant qui cause les accidents. On voit que l’âge est un facteur aggravant. Pourquoi plus d’hommes tués? Sortent-ils plus, sont-ils plus nombreux dans les rues? Sont-ils moins prudents en traversant? L’étude statistique ne le dit pas.
- Les cyclistes représentent 3,5% des décès. 80% de ces tués sont des hommes. Les jeune de moins de 25% sont très touchés (25,5%): ils roulent beaucoup à vélo. De 25 à 34 ans, seuls 1,5% d’accidents mortels en vélo: il est probable qu’à cet âge on roule davantage en voiture. Ce n’est pas précisé.
- Les cyclomotoristes sont 5,5% des tués (220 morts), principalement des garçons. L’alcool intervient dans 1/3 des cas. 32% des accidents mortels ont lieu sans la présence d’autres véhicules.
- Les motocyclistes paient comme toujours un lourd tribut aux accidents de la route. 760 morts, soit 19% des tués globaux. 94% de ces morts sont masculines (714). La statistique française sur le nombre de conductrices est difficile à obtenir. Mais le chiffre d’environ 15% de femmes conductrices est raisonnable, avec pointe à 25% si l’on compte les 50CC.
Il semble donc normal qu’avec environ 85% de conducteurs, les motocyclistes tués soient à 94% des hommes. Soit 18% des tués globaux. En extrapolant, s’il y avait 50% de conductrices de motos, on peut supposer qu’elles formeraient environ 45% des tués à moto, donc 35% des tués globaux et non plus 25%. C’est simplement statistique.
- 52% des tués le sont en voiture. «70,5 % des automobilistes tués sont des hommes. Et parmi les femmes tuées dans les voitures, 42,5 % sont passagères.» On ne sait pas à l’inverse combien d’hommes sont passagers. L’information est ici partielle et orientée.
- Et les poids lourds: «Moins de 1 % des victimes, et moins de 2 % des tués sont des usagers de poids lourds ou transport en commun. Néanmoins les accidents impliquant ces véhicules de grand gabarit occasionnent 13 % des tués de la circulation, la plupart des victimes étant des tiers automobilistes, piétons, motocyclistes…» Sur l’ensemble du parc roulant français les camions forment le 1,7% des véhicules mais occasionnent le 13% des tués. Entre les conducteurs morts et les tués à cause des poids lourds ou des transports en commun, on dénombre 532 morts. Comme pour les motos les conducteurs de poids lourd sont très majoritairement des hommes. Les chiffres bruts n’en tiennent pas compte.
- En ajoutant les véhicules utilitaires légers, conduits majoritairement par des hommes, ce sont 353 morts de plus.
En récapitulant les chiffres de tués liés à des catégories où les hommes sont surreprésentés on arrive au chiffre de 1819 tués, soit la moitié environ des morts totales. Si l’on ajoute les représentations masculines dans les autres accidents, il doit apparaître statistiquement qu’il y a davantage d’hommes que de femmes qui conduisent et donc que leur implication dans un plus grand nombre d’accidents en tant qu’auteurs ou victimes est statistiquement logique.
Toutefois on remarquera que les accidents liés à l’excès d’alcool sont très majoritairement dus aux hommes. Plusieurs raisons à cela. D’une part la consommation d’alcool a longtemps été plus masculine que féminine. Ensuite femmes et hommes ne sont pas égaux devant l’alcool: les effets et les atteintes physiques sont beaucoup plus rapides chez les femmes. C’est une donnée scientifique dont la conséquence est une moindre consommation féminine. Les états d’ivresse ou d’euphorie étant plus vite atteints elles boivent souvent moins. Le peu d’alcool consommé s’élimine alors plus rapidement et elles sont plus lucides quand il faut prendre le volant. L’homme qui «tient mieux» l’alcool n’a pas toujours cette lucidité au moment de conduire. Le rôle de l’entourage est donc particulièrement important, en attendant que les éthylomètres soient incorporés massivement dans le système de démarrage d’une voiture.
L’affirmation selon laquelle les hommes roulent plus dangereusement que les femmes est fantaisiste. On ne peut rien affirmer uniquement sur des chiffres bruts. A ces considérations il faudrait ajouter le rapport du nombre global de conductrices par rapport au nombre global de conducteurs, et le nombre de kilomètres annuels parcourus par les unes et les autres dans les mêmes conditions de circulation (heures, météo, région de circulation, type de véhicule, etc).
En conclusion: plus d’hommes qui roulent en particulier dans les catégories à risques plus élevés, égale plus d’hommes impliqués et victimes d’accidents. De même qu’il n’y a pas de sens à dire que les femmes conduiraient mal, l’inversion de ce cliché sexiste ne vaut pas mieux et n’est pas démontré. Pour qui ne le savait pas Elle est un catalogue de pub dont les rares rédactionnels sont sexistes. Et la Prévention routière est contaminé par la misandrie.
Commentaires
A rapprocher de l'article suivant du Matin paru il y a quelque temps:
http://www.lematin.ch/suisse/accidents-route-femmes-depassent-hommes/story/31152744
Titre: "Accidents de la route: les femmes dépassent les hommes".
Ce qui est certain c'est que chaque fois qu'un débile de la conduite me colle à 1 mètre que se soit sur autoroute ou route normal rare sont des femmes.
D.J
@DJ
Eh bien tu vas être surpris mon grand car justement je me suis fait collé au c.. par une ... femme tandisque je roulais en agglomération à 48 km/h.
Comme quoi y a pas que les stats qui prêtent à confusion
Et dans une route limitée à 70 km/h j'étais déjà à 72 j'ai reçu des appels de phare d'une midinette ...
Je prends souvent la voiture pour mes interventions tu peux me croire ;)