Les politiciens français ressemblent davantage aux nobles de l’ancien régime qu’à des saints. Ils sortent de l’ENA, disposent souvent d’un bon patrimoine, sont écoutés et disposent d’une autorité qui frise le privilège. Les courbettes devant les députés font partie des rituels modernes. Quant aux ministres on les croirait toujours en pays conquis.
Cela ne leur suffit pas. Ils voudraient en plus être des docteurs en théologie morale. Politique, argent, morale, le cocktail est peut-être un peu chargé. Le premier ministre a eu beau demander l’exemplarité aux ministres, cela ne fait pas d’eux des saints. Il faut s’y faire: les humains sont comme ils sont, bourrés de talents et pétris d’égoïsme. Sans cela ils ne se présenteraient probablement pas à une quelconque députation. Il faut avoir une haute estime de soi pour briguer un mandat, s’en penser capable, plus capable que d’autres, et y arriver!
Donc à moins d’aller chercher ministres et présidents au fond d’un obscur couvent trappiste, il faut se faire à l’idée que les élus ne sont pas des saints. Les français croyaient quoi? Qu’il suffisait d’une tirade prophétique sur le «Moi président» pour que la réalité soit changée d’un coup? Ont-ils à ce point besoin se de faire bercer - je pense au titre du livre de Fanfrelande: «Le rêve français»? Problème: Hollande a le charisme en berne et ne fait pas rêver.
Rêver, oui, il faut rêver. Rêver une vie, un monde, un avenir. Mais la politique n’est pas le rêve, elle est au mieux le chemin pour mettre en place les conditions du rêve. La politique n’est ni poésie, ni théologie. Elle est gestion. La surenchère morale à laquelle s’est livré François Hollande lui revient dessus. Il n’y a plus de République exemplaire. Mais quand donc y en a-t-il eu, à part dans les mots? Ceux-là qui traitaient le pouvoir précédent avec une telle violence morale et verbale, pouvaient-ils soudain être devenus des anges et des gentils?
Il faudrait rester dans le possible et le réel. Les grands révolutionnaires idéalistes ont en général été des tyrans sanguinaires. Les ultra-moralistes des bandits. S’ancrer sur la morale en politique montre sa limite. Il n’y a pas besoin de cela. Il y a des lois, qui définissent clairement ce qui est délictueux et ce qui ne l’est pas. Il y a une justice qui sanctionne les délits. Il n’y a pas besoin d’en rajouter. Que les élus bossent et que la justice veille. Certains passeront entre les gouttes. Possible. C’est le risque normal. Mais leur demander d’être des saints n’y change rien. La preuve avec Cahuzac. La France en mange son auréole.
La France n’est malheureusement pas un vrai pays libéral. Les entreprises y sont trop souvent dénigrées, le pouvoir y est autoritaire, le débat consiste souvent à asséner des vannes, le mythe du sauveur y reste prégnant. Il faut faire avec ce que l’on est et ce que l’on a: il n’y a pas de saints en politique. Seulement des humains qui, comme beaucoup de citoyens, en veulent toujours plus. D’où la nécessité de contre-pouvoir et d’un encadrement de leurs activités.
Demander aux politiques d’être parfaits est déraisonnable. La théologie de Schtroumpf saint a fait long feu. Et à tout hasard, il y a une grande baisse sur les auréoles. Très tendance cet été lors des street parades.