Loin d’avoir épuisé le sujet, je clos ici pour le moment, avec ces deux autres scénarii, mes pérégrinations intellectuelles sur la patrie européenne. Cette Europe, mère de tant de sciences et de foi, des routes romaines au pèlerinage de Compostelle, et de douleurs, de Guernica à Saint-Pétersbourg et de Katyń aux goulags.
Le morcèlement du continent
Troisième scénario: un peu de politique-fiction. En plus du démantèlement, la société européenne peut prendre le chemin du morcèlement. Elle y va déjà. Dans cette hypothèse le morcèlement créera de nouvelles frontières à l’intérieur des sociétés et des régions. Les différents communautarismes que l’on voit se développer aujourd’hui, sur la base de groupes d’intérêts économiques, d’intérêts de genre ou d’identité régionales, formeront des sortes de castes auto-régulées. Le multiculturalisme laissera s’instaurer des normes différentes dans des démocraties qui en seront minées.
La France accélère ce mouvement en sortant depuis deux jours un projet de société «française arabe», où le voile sera à nouveau autorisé à l’école, entre autres. Les différences culturelles, d’origine, d’ethnie, de valeurs et de genre formeront comme des gros champignons à l’intérieur des sociétés. L’Etat central n’aura plus les moyens de maintenir l’ordre et la cohésion, et l’on pourrait voir réapparaître des entités régionales fortes, comme les anciennes principautés ou les Cités-Etats, avec de nouvelles hiérarchies. La structure étatique subsistera un temps, avec des groupes et élites de plus en plus éloignés les uns des autres. Des révoltes locales émailleront ce paysage. Je ne vois pas de mouvement unitaire comme par le passé, car l’unité ayant déjà été recherchée elle mettra un très long temps pour revenir comme projet d’avenir.
Une telle Europe serait alors une proie pour des appétits impérialistes endogènes ou exogènes. La menace est-elle réelle? On imagine mal les Etats-Unis envahir le continent. La Russie n’a pas intérêt à administrer un continent qui lui coûterait plus cher qu’il ne lui rapporterait. Les pays islamistes n’ont et n’auront pas avant longtemps les moyens et des armées pour nous envahir. Il y aura une sorte de no man’s land un peu délabré, sans plus de culture unitaire, parcouru de courants et de bandes aux intérêts divergents. La sécurité coûtera trop pour être assurée par l’Etat et les citoyens prendront la relève. La sécurité énergétique ne sera assurée que pour certains, faute d’avoir anticipé l’indépendance. Personne ne voudra investir dans un continent épuisé et les élites partiront en Chine ou ailleurs, faute de trouver un avenir ici au niveau de leurs compétences.
Le nouvel Empire
Dernier scénario: un mélange du fédéralisme suisse et du centralisme français. L’Europe se recréerait en un nouvel Empire. Il en aurait les anciens mécanismes: pouvoir central fort, dirigé par un despote éclairé, empreint de volontarisme politique et économique. Il pourrait acquérir les caractères de la démocratie et du fédéralisme: l’empire laisserait une large autonomie aux régions, sa prédominance étant avant tout militaire et économique: sa vocation serait de maintenir la cohésion de l'ensemble.
L’égalité (culturelle, économique) entre régions ne serait pas garantie mais celles-ci disposeraient de la liberté de lever des impôts, de définir leur mode et niveau de formation, et se valoriseraient par la qualité et les compétences qu’elles mettraient en valeur. Elles administreraient la justice selon les lois régionales, seules quelques lois fondamentales étant transférées à la justice impériale.
Les régions éliraient l’empereur par exemple pour une durée de 10 ans, selon un système de mandat unique. A l'abri donc du besoin de séduire l'électorat. Le but étant de laisser agir un esprit entreprenant et ambitieux. En 10 ans une personnalité déterminée peut réaliser beaucoup de choses. De forts pouvoirs lui seraient octroyés. La contre-partie serait la possibilité de démettre l’empereur s’il conduit l’empire à sa ruine, par exemple dans une guerre infondée et dramatique. Les grandes guerres qu’a connues l’Europe ne doivent pas recommencer.
Un empire n’est pas forcément une dictature sanglante. C’est un système économique viable. Les grands empires (romain, carolingien, chinois) ont en effet été prospères. Ils ont assuré des paix durables à leur région. Ils ne s’occupent pas de l'intendance comme la braguette des clients des prostituées, mais des grands caps à donner aux sociétés en vue de leur pérennité. On pourrait même imaginer une alliance entre un nouvel empire européen et la fédération de Russie. Une telle alliance assurerait la puissance de l'Europe pour des siècles.
Conclusion
En réalité je ne conclurai pas. La réflexion reste ouverte, elle est nécessairement ouverte. Chacun et chacune peut y apporter sa contribution. La question de la patrie européenne, d’une appartenance de coeur, de culture et de valeurs, n’est pas close, beaucoup s'en faut. L’amour de l’Europe est ancien, l’envie d’Europe est continue depuis les celtes, et le nationalisme allemand du IIIe Reich comme l’internationalisme socialiste le démontrent encore dans la période moderne, de manière malheureusement dramatique. Et pourtant bien des méfiances subsistent à l’idée d’une réelle unification.
La liberté individuelle, fruit légitime du libéralisme, a-t-elle pris l’avantage sur les mouvement collectifs? Ceux-ci ne sont-ils plus perçus comme utiles? Représenteraient-ils même une menace en regard de l’histoire récente et des dictatures de Staline, Mao, Hitler, Franco? Le délitement moral actuel, fruit du mariage entre la vulgarité et la liberté, freine-t-il la reconstitution d’une Europe des esprits et des coeurs? Le consumérisme économique et des moeurs est-il le soubassement sociétal d'aujourd’hui, excluant l’imposition d’une norme commune susceptible de recréer un sentiment d’unité dans la société? Aujourd’hui, chacun veut sa loi et ses droits. Sur cette base, une construction unifiée est un challenge un peu fou. Il serait plus facile de baisser les bras et de dire: au fond chacun sa vie, chacun son histoire, et l’on ne s'occupe que de sa propre valise.
Une telle société de liberté a représenté un idéal. Aujourd’hui elle est comme la glace sous les pattes d’un canard: on ne s'envole pas. Dans le passé les grands rêves ont conduit au communisme et au fascisme, mais aussi à des idéaux nobles, dont le libéralisme est porteur malgré les apparences. Aujourd'hui les rêves se limitent à un émiettement de territoires individuels, grands comme des confettis.
On ne s’envole plus de ses propres ailes, on n'ose plus donner un nom au monde, les mots perdent leur matière, on est de plus en plus réactifs, «indignés» c'est-à-dire pétris d'impuissance mélancolique, victimes de la société, jetés au gré d'un vent dont on ne sait où il va, défendant tout et son contraire.
J'ai conscience de la limite de mon analyse du monde et des limites de tout discours sur l'Europe, empêtré dans des présupposés ou des stigmatisations stériles. C'est pourquoi je pense qu'il faut recommencer à rêver pour retrouver une vision fondamentale, non réactive. Rêver l'Europe, rêver l'humain, pour que dans l'émiettement de cette grande liberté où tout vaut tout (ce qui inhibe la parole et la pensée dont elle émane) et où le projet européen semble uniquement économique, réapparaissent les lignes reconnues, les définitions communes attribuées au monde, le nom donné aux choses et aux êtres. Nous acceptons les évolutions de la société parce qu'elles sont matraquées, parce que leur finalité est hors de notre vue, parce que c'est «moderne», ou parce que nous n'osons pas dire non. Mais au fond de nous, qu'est-ce qui est vraiment accepté de l'évolution du monde? C'est aussi cela que questionne le désamour actuel à l'égard de l'Europe.
Hors des pensées-réflexes, de l'anéantissement de la dialectique, des bons sentiments, des clivages, de la fuite en avant, il est temps de retrouver une vision, et la pensée qui va avec.
Image 1: Sur le chemin de Compostelle; 2: Saint-Pétersbourg; 3: Alpilles, Saint-Michel de Frigolet.
1. Le retour
2. La construction d’un sentiment
3. Le désir d’Europe
4. L’Union éclatée
5. Mai-son
6. Karim Benzema, français ou algérien
La couleur orange, contre les violences faites aux hommes.
Commentaires
Coeur, culture et valeurs, c'est bien mais non conforme à la réalité européenne contemporaine.
Je continue de penser qu'un pragmatisme éclairé, vaut mieux qu'une dictature éclairée ou non.
En l'occurrence, le modèle actuel s'est construit sur des concepts de guerre froide, et s'est poursuivi sur un plein pouvoir donné à de entités supranationale qui nous dévorent : La finance et les multinationales.
Cela signifie que ce modèle est inepte et destructeur.
L'unification est contraire au libéralisme à dimension humaine et a permis au grand capitalisme de confisquer tous les pouvoirs d'un seul coup.
http://www.debout-la-republique.fr/sites/default/files/le_figaro_du_061213.pdf
En fait, vous êtes à la recherche de l'âme de l'Europe. Ce concept rassembleur, au delà des cultures, qui assoit une identité commune.
Les premiers européens furent les néandertaliens et ceci pendant 220k ans !
Puis l'homo-sapiens venant du sud, a pris leurs places dans cette zone accueillante et tempérée, il y a 30 k ans.
Peu après le néolithique il semblerait qu'une culture indo-européenne homogène s'est installée sur l'ensemble du territoire européen.
La culture immuable d'une répartition sociale égalitaire.
Selon l'anthropologue Georges Dumézil, l'idéologie sociale de ces peuples était originellement structurée autour de trois fonctions :
-la fonction sacrée qui regroupe ceux qui prient, qui détiennent la connaissance (les prêtres, le clergé)
-la fonction militaire qui regroupe ceux qui combattent, qui dominent militairement (les guerriers, la noblesse)
-la fonction productive qui regroupe ceux qui travaillent, qui produisent les richesses (agriculteurs, artisans, commerçants, etc.).
EN - 2500 av JC, les Celtes se développent avec l'âge du cuivre. Ils inventent la roue à rayon et les voies commerciales, développent le commerce libre, sans pouvoir centralisé. La maitrise du cuivre crée une nouvelle hiérarchie, rehaussée par l'âge du fer, comme on le voit dans l'Hallstatt et puis la Tène; les princes guerriers. Ils avaient le culte de la nature et croyaient à la transmigration des âmes, ces dernières aboutissant finalement à une sorte de paradis suprême, le Gwenva. Leur croyance à l'immortalité de l'âme était si forte qu'ils se prêtaient volontiers de l'argent remboursable dans l'autre monde.
C'est le premier héritage commun européen !
Dans la même période, au sud, la civilisation Mycénienne commence à laisser place à la future grandeur de la Grèce Antique. Ses penseurs, ses mathématiciens, ces polythéistes sans dogmes et l'invention de la démocratie. Les grecs pratiquaient également l'esclavagisme et en avaient une haute estime (pas tous)
Les grecs ont amené la science de l'esprit, la maîtrise du mental aboutissant à un développement de la science moderne.
Cet héritage s'est répandu avec les invasions romaines qui ont véhiculé en même temps le christianisme.
Ces deux, points représentent ce qui constitue l'identité commune aux pays européens, du moins les plus développés, comme la France, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie et l'Espagne pour simplifier à l’extrême. L'Europe de l'est, à quant à elle subit les froidures soviétiques qui l'ont passablement freinée.
Dans ce tableau final simplifié, on oublie qu'il s'agit d'états nations, partageant cet héritage commun, mais également possédant des particularismes forts. Malgré les rois successifs, ces particularités locales ont toujours subsisté et cela rappelle l'organisation décentralisée de nos ancêtres celtes peut être plus ancré dans nos inconscients que l'ont voudrait le croire.
De toute façon ce thème, me paraît bouché à l'heure actuelle. Les cultures se nivelant de plus en plus en terme d'art, de musique. Tout se nivelle à l'aune de l'économie mondiale. Les particularismes sont les seules sources d'inspirations pouvant amener de la vivacité chez les peuples.
Merci pour cette synthèse Aoki. Oui une âme européenne me siérait bien, parce que les délimitations nationales me semble trop étroites, parce que de toutes façons ce qui nous rapproche est plus vaste que ce qui nous sépare, et parce que les nations gardent en Europe une part de dangerosité réelle malgré la zone de paix actuelle, gagnée au préjudice d'une ambition commune ou de nouvelles ambitions nationales.
La Grèce a modelé le fond philosophique commun et reste l'une des sources de la culture européenne, autant que le christianisme. Elle a cohabité aussi avec des cultures ancestrales dont la survivance reste forte: la culture celte en particulier, en effet.
Un pays comme la Suisse représente pour moi deux aspects Auxquelles je peux souscrire: son autodétermination et sa volonté de travailler tous ensemble au bien commun. Mais je ne trouve pas dans la tradition suisse d'éléments de philosophie qui me permettent de penser l'humain au-delà de ce pragmatisme, comme les grecs l'ont fait. Faut-il abandonner ce genre d'ambition?
Par ailleurs l'idée d'une âme européenne est un concept pacificateur et fédérateur, au-delà des nationalismes qui sont avant tout les résidus des anciennes luttes de pouvoir des dirigeants ou des ethnies. La configuration du continent rend difficile l'unité d'esprit tant il est morcelé géographiquement avec des ouvertures sur de nombreuses mers et climats différents, et de nombreuses péninsules ou îles favorisant l'émergence de sous-cultures. La Chine, les Etats-Unis, sont géographiquement plus unifiés dans le contour des territoires.
Les contes et légendes des pays européens montrent une certaine unité d'inspiration, de thèmes et de mythes, parfois aussi de style. Le déroulement de la langue y est relativement commun.
Pour la question du pragmatisme éclairé, c'est un peu ce qui se passe déjà. Cela replace la politique dans un cadre gestionnaire, moins excessif que les pouvoirs nationalistes ou monarchistes du passé, et ce n'est pas plus mal. Mais cela freine l'évolution d'une Europe fédérée parce que le pragmatisme n'est pas habité de grandes ambitions. De plus il se heurte à un auto-dénigrement typiquement européen qui dévalorise notre passé et ses figures héroïques, contribuant à la stagnation culturelle et conceptuelle. L'idée d'un fédéralisme est sans doute la meilleure dans les mentalités européennes actuelles, même si le relatif abandon de prérogatives nationales reste un obstacle psychologique. Qui dit fédéralisme dit compromis, absence de grands projets communs, luttes d'influence des régions. Un empire moderne, idée que je trouve amusante et intéressante à explorer, contiendrait des parts de fédéralisme. Ln empereur élu pour un mandat, qui dirige un pouvoir fort mais limité dans ses prérogatives et laisse les régions se développer autour du noyau central de l'Etat, ne serait pas un dictateur au sens classique mais aurait des pouvoirs plus forts que les actuels présidents ou premiers ministres.
Il semble que la notion d'empire est associée avec tout rassemblement de nations sur un vaste territoire. Un empire démocratique, ce n'est peut-être pas si paradoxal que ça. Ce serait comme un fédéralisme sauf que le gouvernement fédéral disposerait de pouvoirs moins étendus mais plus forts et que le mandat serait non renouvelable pour éviter la perte des énergies novatrices à cause d'élections trop rapprochées.
C'est un temps favorable aux particularismes dont vous parlez, mais dont aucun n'a le souffle pour devenir largement fédérateur. Les particularismes culturels sont devenus des spectacles, pas des manières d'être au monde. Si certaines bretonnes restent habillées comme les ancêtres et gardent quelques traditions, c'est de faible envergure. Le festival interceltique de Lorient attire chaque année des centaines de milliers de touristes, mais pas des personnes investies dans la tradition (à part des musiciens). Au niveau de la musique africaine, il est de bon ton de parler de world music, soit un abandon progressif de la pure tradition à laquelle on ajoute des instruments et des rythmes plus "blancs", et cela marche et est vu comme progressiste. Quelle différence entre la musique pygmée ou les polyphonie d'Afrique de l'est, avec les orchestres électrifiés du Congo puis avec Salif Keita ou Youssou N'Dour!
L'économie mondiale a aussi été un moyen d'aller vers un monde plus unis, moins morcelé, ce qui fut aussi un idéal: un monde sans frontières. Etrange retournement que celui qui voit les anciens partisans de l'abolition des frontières, se rebeller contre une des voies actives de cette abolition. L'économie nivelle, certes, mais elle a aussi l'avantage de laisser les autres paramètres, tels que les harmonisations politiques et les échanges culturels se faire.
En fait, je n'ai pas pris le temps de conclure la fin de ma dernière intervention, pour cause d'heure tardive.
Là où je voulais en venir était qu'il est vain de songer à une âme européenne, si c'est dans l'idée d'unir les nations qui la composent, sous une bannière supranationale.
Parce que les nations fortes ont contribué au développement de la vie moderne, mais elles se sont aussi toutes fait la guerre entre elles. Au nom de leur culture et surtout de leurs besoins de puissance respectives qui s'est exportée lors des colonisations.
L'hégémonie a changé de lieu et la puissance financière est devenue multi et supranationale. Cette économie sans âme est la nouvelle culture universelle.
Après les deux guerres du XXème siècle, la conscience de la valeur de la paix est devenue le nouveau concept rassembleur. Mais l'institutionnalisation de l'UE s'avère être un avatar des puissances commerciales et financières dont le nouveau domicile se nomme mondialisation. Les chefs d'états, quelque soient leurs qualités sont devenus des pantins impuissants. La vieille Europe est devenue ce vieux lion sans griffes qui dépérit dans sa cage.
l'Europe a été le point de départ du monde moderne et a essaimé quasi dans le monde entier. Est-ce que le reste du monde a encore besoin de l'Europe ? Oui probablement comme on tient à un grand parent, mais pas plus. Les Amériques sont les enfants qui sont devenus adultes, actifs et souvent plus inventifs, parce que ce sont des nations jeunes comme bien d'autres pays à l'est et en Asie qui développent leur modernité.
La seule voie commune qui s'offre à l'Europe est le retour aux états nations pour retrouver de la vigueur, ou l'invention d'un nouveau concept de la maturité misant sur une modernité qui passe du quantitatif au qualitatif devant servir de nouvel exemple à suivre. Une modernité sachant être au service du vivant et pas l'inverse. Car n'est-ce pas finalement la fonction animique de l'âme que d'arriver à une personnalité maîtrisée dans ses buts et objectifs ?
Le christianisme européen est parvenu à accoucher de valeurs laïques comme le respect de la vie, les droits de l'homme. Il en reste encore ... Par exemple si l'épée attire l'épée, la puissance hégémonique suscite d'autres puissance identiques qui cherche la même hégémonie. La maturité consisterait alors à savoir limiter des velléités adolescentes de toute puissance, pour parvenir à une force pacifiée, mais suffisamment affirmée pour ne pas subir.
Les nations européennes ont été une pépinière de formes de vie qui a essaimé, il faut voir maintenant si une uniformisation peut transformer la pépinière en arbre ou s'il pousse de lui même.
... si l'arbre pousse de lui-même ... Ce qui serait le signe indubitable que les nations européennes ont une âme commune !
@hommelibre
Merci pour cet article qui nous permet d'exprimer nos ressentis sur une construction dont nous ne vivons que par sa périphérie... Et tant mieux, car cette Europe ressemble à un chaudron en ébullition. Son aventurisme fait rudement peur!
@aoki
a admirablement disserté sur l'âme de l'Europe. Quelques pays ont donné la preuve de cette nécessité au moment de se prononcer sur le Traité pour une Constitution Européenne (TCE 2005). Trois pays réclamaient un référendum parce que leur peuple était divisé, un seul l'avait explicitement rejeté. La France avec près de 54%.
Les peuples voulaient une Union des Peuples Européens. Elle leur a été volée par l'Union des gouvernements européens. Les peuples voulaient une Europe des hommes, du social et des travailleurs. Ils voulaient une Europe du dialogue et d'amitié.
Cela indiquait clairement qu'il fallait d'abord développer un minimum de consensus sur les moyens et la manière d'édifier cette Europe.
Sans développement social et humain, cette Europe n'allait pas offrir de place à l'homme ni au travailleur salarié ou patron-travailleur.
Même si certains pays avaient accepté ce TCE assez facilement et sans protester, il n'en est pas moins demeuré que cette Europe ne semble pas être la leur. Ce sentiment s'accentue avec le naufrage successif de plusieurs membres et pour lesquels tous les autres n'ont rien pu faire.
De l'extérieur, on a l'impression que cette Union est tenue de main de fer et que cette même main a tendance à dicter plus loin ses politiques qui font déjà tant de victimes dans sa maison.
Mais qui donc a inspiré un tel traité de plus de mille pages?
Pour le simple citoyen, les mille pages sont un maquis d'articles, de textes, dans une langue incompréhensible. Pour les juristes, la lecture difficile ne permettait pas de repérer immédiatement les contradictions et les aberrations pourtant évidentes. Pourquoi? parce qu'entre les descriptions détaillées des applications et les énoncés des sanctions sous forme de catalogue, les reports et interprétations empêchaient d'en faire une traduction littérales...
Bref, seulement 0,5% des articles traitaient (très incomplètement) de la liberté de circulation des personnes.
Tout le reste traitait et réaffirmait continuellement la liberté de migration des biens, capitaux et services. Il ne manquait plus que la liberté de tuer ou d'emprisonner (Mais Obama n'était pas encore candidat).
J'ajoute que déjà à ce moment là, dans ce même traité, plusieurs postulats s'ébauchaient de ce que nous allions apprendre, pas à pas, à découvrir avec les différents accords. Le dernier en date met la touche finale sur la prérogative quasi régalienne de l'équipe qui va le négocier (plutôt forcer l'agrément): le Partenariat de Libre Échange Trans Atlantique. Cette fois-ci, il s'agit du dernier paquet de confiscation: les législations et les justices nationales en cas de conflit avec les entreprises de l'Empire US America.
Notre supra-nationalité est Américaine.
Donc, nous vivons de facto sous l'empire depuis la création de l'Union. Mas l'empereur et son système, ne sont pas ceux que les Européens ont choisi, ni qu'ils soient issus de l'Europe.
Quand on évoque Hégémonie, on a tendance à lui associer les puissances économique, monnétaire, militaire et culturelle (format de pensée) et rarement civilisationnelle.
On pourrait imaginer une hégémonie sans l'obstacle d'une puissance en bloc. Le sentiment d'appartenance devrait prédominer sans devoir procéder de manière unique, gardant l'originalité des approches, cultivant les différences comme une richesse et les diversités comme alternatives etc.
Des nations qui s'agrègent par affinités au lieu qu'elles contractent par intérêt spéculatif. Cette hégémonie aurait plus de chance de durer et de se développer si elle permettait à chaque nation de se développer à son rythme.
Force est de constater que la visée de quelques gouvernements particulièrement belliqueux avait donné le ton qui a conduit l'UE vers une tout autre destinée. Une autre direction a été prise et il n'est plus guère imaginable qu'elle va pouvoir rebrousser chemin ou échapper à son prédateur qui se tenait déjà à l'affût aussitôt lui avoir écrit le scénario
Peut-être aujourd'hui, le quintett de haut-fonctionnaires de l'UE considéré comme son véritable Exécutif, va nous paraître moins mystérieux qu'au début. Ces hommes inamovibles sont les mêmes qui ont servi les grandes institutions mondiales et la toute puissante Wall Street et Godman Sachs. On voudrait na pas avoir l'esprit mal tourné, mais les évènements et les décisions les poussant sur le devant de la scène nous obligent à reconnaître qu'ils en ont été les déterminants acteurs et qu'ils le resteront.
Évidemment, tout empire agissant par la force attire des ennemis ou fait un appel d'air aux rivalités. Une loi de la physique inévitable. L'énigme est de savoir ce que chaque nation en pense ou va faire.
La problématique est identique pour les gloires et victoires. Il faut pouvoir les conserver et ne pas chuter. C'est la première adversité.
Accessoirement, je reviens sur la question de l'utilité des nations comme une cellule de taille gérable. Une unité dans un ensemble qu'il convient de ne pas isoler pour ne pas en faire un maillon faible et exposer l'empire. En rien, la menace d'une brèche de rupture peut transformer l'empire en colosse au pieds d'argile.
C'est au regard de cela que fonde le droit international de Putin et de la Chine. Petit ou grand, chaque nation doit pouvoir posséder une voix dans l'Agora (ONU). Le droit d'y recourir, de s'exprimer et d'intervenir comme acteur souverain.
La conception de la paix dans le monde selon la Russie et la Chine est beaucoup plus rassurante.
J'y crois en tout cas!
Pour finir voici un exemple de sabotage commis par les USA dans notre vieille Europe
http://www.globalresearch.ca/washingtons-dirty-game-in-ukraine/5361882
Et voici l'opinion de Putin
http://www.4thmedia.org/2013/12/14/the-anglo-american-axis-losing-ukraine-losing-europe/