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La patrie européenne (7): l’Europe fédérale

Cette réflexion sur la notion de patrie me fait voir la complexité de la question européenne. J’aborde ici l’avant-dernière étape de ma réflexion. Quel avenir voulons-nous pour l’Europe, si nous en voulons un, et si c’est encore possible? Quatre scénarii, dont voici deux premiers.

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L’unification en une entité politique unifiée d’un continent aux cultures et langues si variées sera difficilement. C’est pourtant en partie ce qui se fait avec la Commission de Bruxelles. J’admets que bien des rapprochements et alignements devaient passer par là. Mais ce n’est pas viable à long terme, pour la raison que le processus engagé nécessite d’aboutir à une plus grande unité politique et que celle-ci ne pourra se réaliser sans la validation électorale directe. Les européens, en particulier dans les pays très centralisateurs comme la France, n’accepteront pas avant longtemps un système de Grands électeurs, soit une délégation de pouvoir en deux étapes, ce qui est le cas de la Commission européenne: ses membres sont élus par les élus des pays.

Une fédération européenne peut être assez simple à réaliser en apparence. La défense, la Justice et la formation doivent être mises en commun. Une seule armée, un corpus de lois identiques pour ce qui est des grands principes, et des diplômes acceptés partout. A cela s’ajoute une harmonisation fiscale et un budget. Ces grands postes demandent un véritable gouvernement européen. A ce niveau un problème se pose: l’élection d’un président sera en partie le résultat du vote des pays les plus peuplés. L’influence numérique est prépondérante. La Suisse a trouvé sa solution: il y a une chambre d’élus selon le nombre de résidents dans chaque canton, et une autre où il y a automatiquement 2 sièges par canton (1 par demi-canton) quel que soit le nombre de ses habitants. La deuxième chambre, le Conseil des Etats, tempère ainsi les prépondérances du Conseil National.

Une éventuelle solution pour l’Europe serait de créer des régions dotées d’une large europe,patrie,union européenne,nationalisme,empire,suisse,france,etat,économie,autonomie, dont l’autorité remplacerait peu à peu celle des Etats-nations. La France ou l’Allemagne disparaîtraient en tant qu’entités le jour où toutes les transmissions auraient été effectuées entre le pays et ses régions d’une part, et la Fédération européenne d’autre part. Ces régions devraient être solidaires et non compétitives (par exemple péréquation financière), afin de consolider l’Etat fédéré et d’éviter des disparités trop grandes entre les citoyens.

Un tel projet implique clairement une renonciation progressive à la souveraineté et au pouvoir des Etats actuels, et même à leur contour en tant qu’entité spécifique. Il n’y aura plus de frontières à l’intérieur du continent, sinon des délimitations régionales prenant appuis sur l’Histoire et sur des affinités géographiques. Cette unification sera un grand chambardement et suscitera bien des résistances. La disparité des langues et des économies en rend le parcours encore plus difficile.

Il serait souhaitable qu’elle se réalise à partir d’un noyau de pays, comme ce fut le cas de l’Europe à ses débuts. On peut envisager un détricotage de l’Europe actuelle, avec invalidation des traités, ne laissant subsister qu’une zone économique de libre échange, sans banque européenne, sans interaction des pays entre eux, sans parlement européen. Quelques pays recréeraient alors une fédération européenne politique et économique, soit le noyau solide de la «grande patrie européenne». Cela a peu de chances d’aboutir si les autres pays sont en dehors d’un mode d’union qui leur donne l’espoir d’intégrer cette fédération. Un simple accord de libre échange n’y suffirait pas. Il faudrait alors envisager que dans l’Europe actuelle 6 ou 8 pays émergent et créent la «super Union Européenne», europe,patrie,union européenne,nationalisme,empire,suisse,france,etat,économie,soit la fédération, en gardant les anciens traités avec les pays qui ne seraient pas immédiatement dans ce processus. Ce serait de nature à redonner globalement une envie d’Europe. Mais qui le fera? La France, si jacobine dans son arrogance parisianniste? Elle ne le fera qu’à genoux économiquement, ou sous la contrainte.

Ce projet de fédération est le plus raisonnable et peut-être le plus difficile. Je n’exclus pas qu’à terme une forme d’alliance se réalise avec la Russie dont beaucoup d’intérêts sont européens. On irait vers l’Eurasie.


Démanteler l’Europe.

Les pays abrogent tous les traités, redonnent aux Etats-nations actuels toute leur souveraineté. Ils créent des accords de facilitation douanière selon leur besoins, sans zone de libre-échange globale. C’est ce qui se passera si le continent devient une épave économique n’ayant plus les moyens de ses ambitions. Chacun se repliera sur soi.

Il n’est pas dit que ce renouveau du nationalisme fonctionne. Dans l’économie mondiale il n’y a guère de place pour les économies nationales. Elles ne sont pas assez fortes pour faire face aux défis actuels. D’autre part les tensions et rivalités anciennes resurgiraient, car je suis persuadé que l’Europe n’a pas encore digéré son passé depuis la fin du Moyen-Âge et que seule l’Europe unie actuelle permet de désamorcer les risques de nouvelles guerres.

Ce démantèlement pourrait avoir lieu de lui-même par la faillite économique progressive des Etats membres de l’Union.


Suite et fin à venir.


Image 2: Prague; 3: Carpates.


1. Le retour

2. La construction d’un sentiment

3. Le désir d’Europe

4. L’Union éclatée

5. Mai-son

6. Karim Benzema, français ou algérien

Catégories : Europe, Philosophie, Politique 15 commentaires

Commentaires

  • Union éclatée, parce qu'il y a trop de déception.
    Le (un nouveau) désir d'Europe.
    La construction (ou redécouverte( d'un sentiment, lequel, le respect de l'autre et la nécessité d'avoir de quoi vivre non pas de moins en moins bien pour les uns, de mieux en mieux pour les autres... Un Droit!
    Le retour de la Foi, de l'Espérance et de la Charité ( il faut le redire, la Foi, l'islam; l'Espérance, le judaïsme et la Charité, le christianisme. (On peut ricaner mais la proclamation de la mort de Dieu, l'Amour , et le mot Charité devenu incongru dès les années 1970 marquent-ils un net progrès, en sont-ils le signe, net?)!

  • Il y a un état au centre de l'Europe qui peut servir de modèle. L'Europe pourrait pour une fois faire preuve de modestie et mettre en place le système suisse qui a fait ses preuves.
    Le temps où les grands états européens pouvaient imposer leurs volontés aux plus petits est terminer.

  • Bonjour hommelibre

    je vais bisser en rappelant à "Europe" que sa monture est censée être un taureau et non un boeuf...

    Autrement dit lui sont nécessaire Son armée, Ses banques, Son Icann, Sa fierté,...toutes ces petites choses qui permettent de faire exister un empire.

    Actuellement, l'ensemble des médias "européens" matraquent que dis-je bombardent les terminaux de "made in usa", de coca à google en passant par les "experts"...

    Une coupure de cordon ombilical me semble inévitable, l'on ne saurait être et l'europe et tonton sam :-)

    Bien à vous

  • @ norbertmaendly:

    Oui, en partie. L'application du fédéralisme à l'échelle européenne demandera des aménagements, et aussi une volonté politique que tous les pays n'ont pas.

  • @ Absolom:

    Remarque pertinente que ce cordon pas coupé!
    ...

    Pour le couper les européens doivent en effet affirmer leur ambition et cesser de se la jouer victimes. On sait que ce genre de retournement ne se fait pas sur simple injonction de la volonté, il y faut aussi les personnalités capables d'entraîner le mouvement. Mais les systèmes politiques actuels ne semblent pas vraiment permettre l'émergence de telles personnalités. Peut-être est-ce d'ailleurs fait pour, par peur du passé.

    J'ai mis en ligne le dernier volet, où je place l'empire en tant que forme politique réelle parmi les scénarii.

  • J'ajoute que de telles personnalités contiennent en germe le risque de maintenir les populations en dépendance de la figure du père de la nation, ce qui ne va pas sans inconvénients divers...

    Mais peut-on gérer l'Europe avec l'humilité des ministres suisses?

  • Bonsoir hommelibre

    J'ai lu votre dernier volet hier soir et vous en remercie...l'intégralité de vos écrits sur la patrie européenne m'a permis d'apprendre bien des choses.

    Pour le reste, vos commentaires étant aiguisés, vous me permettrez (la nuit portant conseil) d'y revenir plus tard :-)


    Bonne fin de soirée

  • "Une éventuelle solution pour l’Europe serait de créer des régions dotées d’une large europe,patrie,union européenne,nationalisme,empire,suisse,france,etat,économie,autonomie,...""Ces régions devraient être solidaires et non compétitives (par exemple péréquation financière),..."

    Voilà tout le contraire qui a été martelé jusqu'à présent. "Compétitivité" repris à l'envi par tous les gouvernements membres de l'UE.
    Compétitivité sans accompagnement de sa définition, de ses modalités, de ses objectifs... laisse place à une interprétation dilatoire. Et c'est la hache de guerre déterrée! Tous contre tous!

    Nous voyons maintenant le désolant résultat.
    Mais il ne doit pas être une surprise. Les Européistes l'on voulue. Les Euro-scetiques lui ont résistée.

    Non! Les élites dirigeantes n'avaient pas voulu d'une Union solidaire.
    Oui! Elles ont voulu cette Union compétitive!

    Pour comprendre comment on en vient à cette Union stupide de self sabordage, il faut aussi porter son regard sur les vestiges géopolitiques et diplomatiques qui scellent quelques positions contradictoires emplis de ressentiments et de velléité de vengeance.
    Avant même d'aborder les questions essentielles qui sont l'état des lieux de chaque pays appelés à devenir membres, sur les questions idéologiques (politiques intérieure et extérieure, économique (développement industriel, agronomique), spécificité géologique (vocations, réalisations, réussites et échecs); la question socio-culturelle et démographique (disparités, stabilités etc. Ces questions ont volontairement été omises. On avait préféré l'Union à partir d'un projet matriciel rigide autoritaire, exclusif qui donne de la dynamique au repli sur soi.

    Mais cette Union Européenne, si elle est ainsi, c'est qu'on l'avait voulu docile, malléable et exploitable à merci. Elle doit être faite pour les multinationales et les grandes finances. D'ailleurs, il est rare qu'on n'associe pas le duo FMI et l'OMC quand on cravache les budgets nationaux.
    L'OTAN vient fermer la marche de cette Europe menée plus par les coups de trique que par le ménagement ou la solidarité.
    Quoi de plus réjouissant que de pouvoir embrasser une gerbe de nations qui va travailler à vil prix, des nations qu'on ramènera dans les rangs manu-militari pour l'empêcher de s'écarter de la feuille de route gravée dans les différents accords (l'ironie veut qu'on prenne ces accords pour des contrats unilatéraux sans termes et sans possibilité de les amender ou de les renégocier).

    Si on soupçonnait, il y a peu, que les USA veillent en arrière plan et qu'ils tirent les ficelles. On en a la certitude à présent avec les interventions risibles de leurs deux diplomates female, usant du zèle de la menace. En effet, les troubles actuels en Ukraine les a démasqués. Washington va ouvertement forcer la main de ce pays pour qu'il entre dans son Empire en Europe.

    confirmation. La clique de Bruxelles travaille aux intérêts des USA. Madame C. Ashton mime admirablement l'ex-secrétaire d’État Hillary Clinton.

    L'Union Européenne existe donc et travaille dans l'ingratitude pour soigner la puissance du Nouveau Siècle Américain sur notre continent, pour l'aider à faire face à l'Asie et au Caucase. Chine et Russie. Deux bêtes noires à neutraliser. Deux bêtes noires qui ont eu la mauvaise idée de ne plus être communistes.

    C'est que l'Amérique a besoin de satisfaire ses besoins sans fond qu'elle hérite de sa culture prédatrice et meurtrière datant de la conquête de son continent. Sa culture de liberté totale guide sa manière entravée d'exister laquelle génère l'absorption d'une telle somme d'énergie qu'il faut renouveler sans cesse par les guerres et le pillage. Toute son économie est basée sur de la consommation et de la dépense au niveau collectif comme au niveau individuel. Trois planètes-nations lui suffiront-ils?
    C'est la principale raison pour laquelle elle doit traiter l'Europe comme elle élève les bêtes de rente: une trentaine de pays à son service.
    Bruxelles, travaille à cela. Bruxelles doit veiller à ce que nos richesses produites soient directement canalisées vers ce fourneau inextinguible. Il n'est donc pas question qu'une nation membre travaille pour elle-même, se développe et deviennent indépendante et souveraine dans ses choix et décisions, tout autant dans ses relations diplomatiques et commerciales.
    Aucune nation devenue membre ne doit lui échapper quitte à lui souffler alternativement du chaud après du froid. Quelques pays qu'on torture budgétairement servent d'exemple et ça produit toujours de l'effet.

    Mais une question titille. Elle tombe comme un pied mis dans le plat.
    Liée par les Bilatérales, quelle Suisse conserve encore l'ardeur de vouloir y adhérer? Ces Bilatérales, seront-elles pour nous le commencement d'une fin pour une économie qualifiée de rescapée et sauve?
    Vu le déferlement de citoyens Européens à la recherche d'une bouée de sauvetage, pourra-t-on conserver cet optimiste longtemps?
    L'Union économique est-elle à ce point sinistrée?

    Certains membres songent à se retirer de la monnaie unique, l'Euro.
    Au titre de la quarantaine sanitaire, ne faudrait-il pas qu'on reconsidère les Accords Bilatéraux en introduisant quelques unes de nos prérogatives prophylactiques et les poser comme conditons ?
    Au lieu de s'en faire imposer encore et encore?

  • Bonjour...

    Je vois que Beatrix a sorti la tronçonneuse...ça fait du bien le dimanche matin, compliment :-))

    Vous dites hommelibre que les systèmes politiques actuels ne semblent pas vraiment permettre l'émergence de telles personnalités...et je vous donne raison.
    Mais demain, lorsque acculés ils réaliseront leur impuissance, en sera-t'il de même ?
    Je crains qu'une démocratie pure ne puisse fonctionner longtemps sans un "père"
    de la nation...en effet, lorsque les résultats seront de 50/50, de 33,3/33,3/33,3 ou de 25/25/25/25...il faudra bien celui qui décide de la suite, non ?

    Prenons l'exemple d'une roulette de casino (ce n'est pas le meilleur). Celui qui jette la boulette est censé le faire d'une manière neutre, le résultat étant accepté comme fruit du hasard...et pourtant, si l'on décompose les mouvements et du croupier et de la roulette avec ses diamants en utilisant une caméra à haut ralenti, il est possible de s'apercevoir que si notre cervelle avait la capacité de gérer d'un tenant la puissance/vitesse/poids boule, les angles (bras, main, doigts, diamants), les différentes rugosités (pareil) ainsi que la force de rotation du plateau et l'emplacement des différents numéros...eh bien le hasard ne serait plus.

    Démocratie ou illusion d'optique ?

    Il est vrai que pour l'instant personne ne semble disposer de cette capacité. Il n'empêche que si aucun farceur imprévisible (vent par ex.) ne vient se joindre au lancer de la bille, le résultat de l'ensemble de ces actions ne sera pas le fruit du hasard, mais bien la somme d'une série de lois physiques élémentaires...

    C'est pour ça que je ne joue pas car grrr ça m'énerve :-))

    Je suis certain que si l'europe accepte un père supposé "DES" nations (Obama), elle saurait accepter "son père" tout court au moment précis où elle comprendrait ce que dit Beatrix ci-dessus.

    Si tel n'est pas le cas, alors il suffira d'un anglais basique afin de passer aux dollars ou autre monnaie électronique/comique puis d'oublier Europe, son taureau et ses beaux rêves...

    Il me semble que nous sommes à l'orée de cet immense croisement...renaîtrons-nous de nos cendres ? Oui, non, mais de grâce...décidons-nous car ce mélange euro-américain devient pénible, on ne sait plus vraiment où l'on habite.

    Enfin, c'est ma petite opinion :-)

  • absolom

    Votre description du sort qui est fait de l'Europe est très imagée. Hélas très juste!
    L'agenda en a été conçu bien avant la 2è guerre mondiale. Je crois que De Gaulle était lucide et en avait la vision déjà très claire des intentions de cette Amérique lorsque la guerre éclata. Depuis la fin de cette guerre, sa présence militaire et industrielle croissante, conjuguée avec le futur néo-libéralisme des socialistes Européens des années 70 (il était impossible pour lui d'avoir cette appellation, il en avait néanmoins la perception), très technique et comptable, ne pouvait que créer de la synergie de combustion et non pas de production de combustible.

    Je ne voue pas à De Gaulle une admiration inconditionnelle, mais il faut reconnaitre qu'il était d'une espèce de bête politique très pourvue de philosophie sociale et humaine, de capacité de projection stratégique au-dessus de la moyenne des politiques de son temps, et doué du sens diplomatique (la diplomatie est bien autre chose que du simple bluff ou des spots de marketing. Il faut bien connaitre son pays et être bon joueur d'échec).

    L'Europe telle que nous connaissons est en cours de déstabilisation. Elle donne de l'angoisse de l'inconnu. C'est cette intuition du phénomène de désintégration à tous les niveaux et en toute chose qui l'empêche d'avoir des projets sérieux.
    Si tout le monde clame le durable comme une exhortation c'est parce que tout est rendu éphémère, car l'éphémère devient une arme efficace conte les résistances.

    Je pense qu'on pourra bientôt comparer l'Union Européenne à la région du Moyen Orient en terme de déstabilisation économique et sociale. Si l'ethnicisme et le confessionnalisme ne prennent pas, on utilisera le nationalisme dont il suffira de transformer le recours au protectionnisme industriel et social en repli géographique. Enfin, d'en déclarer un repli identitaire, il n'y aura qu'un pas. Ces attaques biaisées auront des conséquences induites sur notre manière de penser. Sur notre santé mentale et physique aussi.


    Y aura-t-il un pays fort ou une personnalité forte pour prendre la direction de ce consortium informe? Le temps presse effectivement.

    Lorsque les législations nationales (patrimoine administratif et organisationnel) seront totalement mises en échec, il sera plus facile de les substituer par des règles et décrets. D'où le florilège d'accords emplis de règles unilatérales assorties de menaces de sanction dont seul l'exécutif européen est habilité à "négocier" (une ironie) pour le 27 pays.
    La tentative n'est pas en reste avec ceux qui ne font pas partie de l'UE.

    Comme vous le dites, c'est une affaire à suivre de près.
    Mais serons-nous encore là pour assister à son dénouement?

  • Beatrix @ "L'Europe telle que nous connaissons est en cours de déstabilisation"
    Certainement, mais qui est derrière cette déstabilisation sinon les USA ? La vision que vous nous donnez de l'Europe serait celle d'un grand marché dirigé par les Américains. Mais en fait, elle est surtout une puissance rivale que les USA se doivent d'abattre. Depuis 1945, les USA se comportent en ennemis de l'Europe. C'est parfois apparu pratiquement au grand jour, avec le soutien des USA à une organisation marxiste-léniniste avec Enver Hodja comme figure emblématique, l'UCK, avec la complicité de la Suisse socialiste (Micheline Calmy-Rey). La lutte des Américains contre les peuples slaves a continué comme si de rien n'était malgré la chute du communisme. Pourquoi ?
    C'est arrivé au point que les USA ont aidé les pires extrémistes islamistes à se battre en Bosnie. Ces gens se sont rendus coupables de tellement d'exactions qu'il a été impossible de les soutenir aussi longtemps que les Américains l'auraient voulu. Soutenir les islamo-fascistes en Europe, n'était-ce pas pour nuire le plus possible à une puissance rivale ?
    Autre approche : tout le monde parle de l'atteinte à la sphère privée par les grandes oreilles de la NSA, ce qui est une foutaise absolue. La NSA sert à voler les secrets commerciaux de l'Europe. Pourquoi pensez-vous que la France n'a pas réussi à vendre son Rafale, par exemple ?

  • @ Géo
    "Mais en fait, elle est surtout une puissance rivale que les USA se doivent d'abattre. Depuis 1945, les USA se comportent en ennemis de l'Europe."

    Vous avez raison de souligner cette version. Je suis de votre avis. J'ai pensé que la création précipité de la monnaie européenne avant même l'achèvement de la construction de l'Union a été un instrument pour hâter ses faux pas, donc sa chute. Mais en même temps, je ne vois pas quel intérêt qu'ont les USA dans ce scénario contre productif.

    Une question me trotte dans la tête depuis pas mal de temps: comment une puissance comme les USA n'ont-ils pas été capables de stabiliser les pôles de prospérité par là où ils sont passés pour qu'on continue de leur assurer la priorité des services? On constate qu'ils ont plutôt abandonné ces chantiers où le bouleversement et les conflits deviennent des vecteurs de troubles se propageant de loin en loin. Systématiquement, ils laissent derrière eux des pays incapables de se relever. Exceptés ceux de l'Est asiatique.
    Fondamentalement, il y a là, une différence avec l'autre type de colonisation occidental.

    Vous soulevez aussi leurs méthodologies de guerre, entre autres, celles qui consistent à allumer le feu là où il y a une poudrière avérée. L'islamisme radical a été inventé effectivement par la CIA. Il semble que c'est une arme très opérationnelle sur plusieurs types de terrain. L'Europe ayant instauré la libre circulation des personnes et des biens, doit aussi subir la libre immigration des religions avec leur radicalisme bien que celui-ci n'ait rien à voir avec l'Islam.

    Quant à l'espionnage industriel. Rien de nouveau dans l'exercice sinon qu'il est favorisé par les technologies numériques discrètes et indolores.
    Absolument d'accord avec vous, la sphère privée est évoquée comme un cache-sexe très peu convaincant et les révélations d'un Snowden ne font que rappeler que des réalités graves nous échappent.

    Mais y-a-t-il une protection possible en ces domaines vu que les grandes réalisations, notamment aérospatiales ou médicales, se font de plus en plus au travers de programmes communs de collaborations multiples et de mise en commun des ressources. Peut-on empêcher les chercheurs d'une unité cosmopolite de l'EPFL ou de l'EPZ, par exemple, d'organiser des fuites pour le compte de pays X, ou de capitaliser les données pour un projet purement personnel?

    Le domaine où l'espionnage a porté ses fruits incontestés sans attendre longtemps et sans gros investissements, sont le social et le culturel par son caractère échangiste apparemment non contraignant et sa philosophie d'ouverture. On y manie des idéologies, des standards de pensée, de normes morales qui consistent en définitive, à empêcher, à dessein, de faire des distinctions. Les interventions via la société civile et via les productions évènementielles qui sont en fait des intrusions. Elles ont permis aux opérations transpositionnelles de nous faire accepter des contenus et des logiques autres. La gauche s'est révélée extrêmement conformiste en épousant sans critiques tous ces standards.

    L'apport est plus spectaculaire dans le domaine de la gestion des ressources propres aux pays, la Suisse, plus stupide que la France ou l'Allemagne, place des décideurs étrangers dans le privé d'importance nationale, dans l'administration cantonale et dans les entreprises d'état. S'étonne-t-on ensuite que nos banques soient accusées de litiges inextricables, que notre gouvernement se débat et s'enfonce, que l'aménagement de notre territoire soit décidé en intégrant impérativement les intérêts de nos voisins avant les nôtres... et ainsi de suite.

    Finalement, nous sommes sur la voie du renoncement de nos choix et de notre pouvoir législatif. La Suisse est déjà un peu dans la situation d'un suzerain sur ses propres terres.
    Ce que les pays de l'Union le sont déjà totalement. La Suisse ferait bien de se ressaisir et vite. Ce qui est grand n'est pas forcément solide.

  • La Suisse fait vraiment très très peur. Le sort de ses banques est plus qu'inquiétant. Ses seules réussites industrielles actuellement concernent le luxe. On ne va pas éternellement vendre des montres à 10 ou 100 mille francs. Les centres de recherches sont tenus maintenant par des Européens qui fuyent l'horreur européenne socialiste, entre autres l'EPFL et l'EPFZ. C'est pour cela que je voterai volontiers pour l'initiative UDC ou Ecopop pour donner un gros coup d'arrêt à mode de développement dicté par la folle incompétence de nos autorités. Parce qu'il n'y a pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre que le système actuel suisse fonctionne sur le modèle de la pyramide de Ponzi, ou le jeu de l'avion. Et donc cela ne peut que casser, et le plus vite sera le mieux.

  • Pour accréditer la thèse comme quoi l'Europe est la rivale et l'ennemie des Américains à abattre. Marche ou crève! L'UE à coup de cravache!

    http://french.irib.ir/info/economie/item/306646-la-france-otage-de-la-bce-et-de-mario-draghi-par-elisabeth-studer

  • @ Géo

    Après nos commentaires d'il y a 9 mois exactement,je vais vous faire plaisir.

    Après avoir lu attentivement l'interview d'emmanuel Todd par Olivier Berruyer, j'ai pensé à vous. C'est ainsi que j'ai recherché nos commentaires et ai relu attentivement les vôtres.

    Aujourd'hui, la situation Ukrainienne nous met une lumière plus crue sur l'Union Européenne et nous y voyons, comme le souligne todd ici, l'émergence d'une puissance en leadership sur l'ensemble du continent européen qui est l'Allemagne.
    Les cartes proposées par Todd sont vraiment parlantes et ses données, même si elles ne sont d'une précision nanométrique, illustrent cette réalité qui sera évidente dans un proche futur.

    Comme je l'avais exprimé dans ce même blog d'Hommelibre sur un des billets à propos de la Syrie, j'avais dit que l'Allemagne avait toutes les cartes en mains pour prendre ce leadership qui était vacant en se déployant économiquement et diplomatiquement et que la déstabilisation sauvage et agressive allait avancer de proche en proche pour atteindre l'Europe (un commentateur m'avait conseillé de prendre une tisane de camomille avant le coucher).
    J'avais justement pensé à l'Ukraine parce c'était depuis deux ans que l'UE était en train d'écrire une proposition à celle-ci que nous connaissons aujourd'hui sous le libellé "d'Accord d'Association", et pour cet Accord, Ianoukovitch se rendait à Vilnius par trois fois sans être vraiment fixé. En cause, des promesses trop vagues de la part de l'UE, peu d'investissement mais des sacrifices certains du côté Ukrainien.

    Cet interview confirme plusieurs observations que nous avions faites. Elle élargie le champ de vision aux courants d'influence qui se déplacent, en ce moment, de pays en pays sans être définitivement établis. Influence plus ou moins identifiée dont nous avons déjà appréhendés la plupart des éléments.
    La décantation a largué la France après moult doutes et après la faillite de plusieurs membres du Sud.

    Alors, Géo, je vous souhaite bonne lecture. Nous pourrons encore réagir sur les prochaines échéances que va vivre l'Ukraine, il y en aura beaucoup et elle est en train de révéler la physionomie d'une Europe en pleine mutation et une Maison Blanche un peu désarçonnée car l'Allemagne, comme nous le pensions, représentera un poids économique et stratégique inacceptable pour elle. L'hégémonie des USA dépend justement de la capacité de l'UE à jouer le rôle de contre-poids à l'Asie et à l'Eurasie sans mettre en balance l'Empire Américain.

    Interview intégral.
    http://www.youscribe.com/catalogue/tous/emmanuel-todd-l-allemagne-tient-le-continent-europeen-2493365

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