L’émission télé Mars One a relancé l’intérêt du public pour une émigration sur la planète Mars. Des milliers de volontaires se sont inscrits pour un voyage sans retour, et seuls quelques-uns resteront dans l’émission pour un départ bien hypothétique. Serait-il possible d’émigrer et de coloniser la planète rouge?
On pourra probablement envoyer des missions, mais de là à développer une nouvelle branche de l’humanité, il y a un abîme. Le magazine Ciel & Espace d’avril fait le point et consacre un spécial Mars très intéressant.
Pour Francis Rocard, responsable du programme d’exploration du système solaire au CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), la réponse est tranchée: nous n’irons jamais vivre sur Mars. Selon lui, et malgré la beauté des paysages martiens, l’environnement y est trop hostile: c'est une planète morte.
Le coût du projet de simple exploration est de plusieurs centaines de milliards de dollars. Une émigration en vue d’une colonisation, qui devrait envoyer des dizaines de milliers d’humains pour avoir quelque chance de réussite, est inchiffrable. Et cela même s’il n’y a pas de billet de retour.
Les humains sont capables de s’adapter à de nombreux milieux. On les trouve sur toute la planète. Mais on reformer une nouvelle Terre sur Mars est une affaire très compliquée. J’avais déjà posté un billet pour relayer la théorie dite de la terraformation. Pour recréer un environnement et une atmosphère, il faut d’abord de l’eau. Beaucoup d’eau. Il y a de l’eau gelée dans le sol martien, mais cela suppose une technologie monstrueuse pour l’extraire. Autre problème: la pression de Mars ne retient pas l’atmosphère. Pour la créer en permanence il faut des ressources énergétiques et des moyens technologiques démesurés.
Ensuite il faut des bactéries et une végétation. Elle sert à retenir l’eau, à produire de l’oxygène et à alimenter un cycle d’eau par évaporation. Car pour sortir de la désertification il faut des pluies et des rivières. La végétation permet également de recréer un humus. Le sol martien étant très acide il faudrait créer des semences spéciales pour commencer l’invasion du sol martien - des mousses et des lichens probablement, capables de transformer l’acidité. Le génie humain en sera prochainement capable. Puis il faudra envoyer des plantes plus hautes, jusqu’aux arbres en vue de la création de forêts.
A cette condition une atmosphère pourrait peut-être se reconstituer - sans que l’on puisse se priver complètement de la technologie ni de l’extraction d’eau pour remplacer la partie d’air et d’humidité que la pression ne permet pas de retenir. Cela prendrait déjà des milliers ou dizaines de milliers d’années, pendant lesquelles le projet devra être soutenu et entretenu. Une colonie permanente serait la bienvenue.
Ce qui veut dire vivre dans des unités fermées, sortir en scaphandres, et se nourrir grâce à des fermes indoors. Pour des centaines de générations il ne sera plus possible de marcher dans la nature. De plus la pression moindre affaiblit le système osseux, et les rayons cosmiques non filtrés peuvent provoquer des mutations génétiques. Les aspect psychologiques d’une vie confinée ne seront pas non plus simples à prendre en compte.
On le voit, les obstacles à une colonisation de Mars sont considérables. Mais sait-on jamais! Il y a deux siècles personne ne pensait que l’on irait un jour sur la Lune.
Le problème majeur à mes yeux, si l’on initie une terraformation et si elle fonctionne, est le temps qu’il faudra pour aller habiter sur Mars, dans une petite maison avec une prairie et un ruisseau. Des dizaines de milliers d’années, ou davantage.
D’ici là, notre espèce existera-t-elle encore?
Commentaires
Et si plutôt on consacrait une partie de ces milliard pour essayer de faire pour notre monde un endroit agréable a vivre, des efforts financiers et autres pour qu'elle ne devienne pas un dépotoir invivable pour tous ses habitants avant de penser d'aller semer la zizanie sur une autre planète. Ce serait déjà un pas vers le progrès avant de rêver d'autres choses.