«On ne peut faire des progrès scientifiques ou de civilisation sans s’imposer des challenges impossibles». L’engouement mondial autour de l’épopée Rosetta-Philae a surpris les scientifiques. Il y a encore quelques mois l’ESA avait commandé la réalisation d’un court-métrage, «Ambition», pour populariser ce voyage. Il manquait de visibilité publique.
Mais dans les derniers jours tout s’est emballé. Pensez donc: atterrir de la manière la plus simple qui soit, mais grâce à des calculs d’une extrême complexité, sur une comète, un petit bout de glace rocheuse quelque part dans le système solaire. Avec les risques inhérents: s’enfoncer dans un sol mou, rebondir, être dévié par un dégazage. Mais ils l’ont fait. Et aujourd’hui les dernières données du robot ont pu être envoyées vers la Terre via Rosetta. De quoi exciter les imaginaires.
Il reste deux inconnues: Philae a-t-il bien pu extraire de la matière lors de son forage de la nuit dernière (son inclinaison rendant la chose incertaine)? Le dépouillement des données le dira. L’autre inconnue: les ingénieurs ont tenté de lui imprimer une rotation pour exposer davantage ses panneaux solaires à la lumière; on ne sait s’il a eu assez d’énergie pour exécuter cette programmation. Un prochain contact sera tenté aujourd’hui à 11 heures, heure de Paris. Si le robot ne répond plus, il faudra attendre son rapprochement avec le soleil, en août, pour espérer le faire sortir de son hibernation. Mais il a déjà rempli sa mission à plus de 80%.
C’est un des derniers grands rêves des Hommes modernes qui s’écrit là-haut, sur la comète Tchourioumov-Guerassimenko, dite «Chury» ou «Tchouri». Celui-ci mériterait bien un film. J’ai un scénario.
Titre:
« Mission Rosetta : l’Odyssée de Philae »
Il y a deux histoires, dont les déroulements sont parallèles et dont les scènes s’intercalent. Les deux histoires sont donc montées en scènes imbriquées les unes dans les autres.
1ère histoire: Depuis les origines
Le film s’ouvre sur un paysage préhistorique. On suit un groupe de singes dans sa fuite devant un dérèglement climatique. Des forêts brûlent, les habitats changent. Pendant cette fuite, on découvre un groupe de Neandertaliens ou de Sapiens. Ils assistent au passage d’une comète dans le ciel. Ils regardent le ciel et s’agitent. On peut même assister à la création du premier outil, clin d'œil à «2001, Odyssée de l’espace». On peut aussi mettre en images la théorie selon laquelle les comètes auraient apporté l’eau de la Terre.
On traverse le temps, on se trouve à l’époque des grands mathématiciens grecs, de la découverte de l’inclinaison de l’axe de la Terre, puis de Galilée et des savants de la Renaissance. Les connaissances sur notre univers, soit le système solaire, évoluent à grande vitesse grâce entre autres aux nouvelles technologies d’observation. On peut ainsi rappeler, par l’Histoire romancée, toute l’évolution des connaissances avec le temps et grâce à la technologie.
On passe par séquences sur les grandes découvertes de la physique, l’atome, la gravité, pour arriver au XXe siècle et aux missions dans l’espace.
Cette première histoire peut être traitée par séquences séparées puisqu’elle n’est pas le fil conducteur du film. On aura ainsi l’impression de flash back. Elle peut même aboutir bien avant la fin du film pour faire un lien entre les missions lunaires et la mission Rosetta.
2eme histoire: aujourd'hui
Cette histoire parle des femmes et des hommes qui ont imaginé la mission Rosetta. Elle pourrait donc commencer, par séquences, immédiatement après les images des premiers Sapiens ou Neandertal regardant la comète. On voit un groupe de chercheurs en pause lors d’un séminaire, faire de l’activité physique (référence aux singes ou aux premiers Hommes) et réfléchissant aux moyens d’aller plus loin que la Lune. Le point commun avec le passé: observer le monde et tenter de le comprendre.
Peu à peu on voit ce groupe dans son cadre: les locaux de l’Agence Spatiale Européenne, laboratoire high tech qui contraste avec la vie sauvage des singes ou des premiers Hommes. On voit les scientifiques vivre leur vie normale en-dehors des rêves fous d’exploration de l’univers, faire les courses du samedi, passer les vacances avec les enfants sur une plage. Mais toujours, tout est prétexte à des questionnements soit sur la mission, soit sur l’univers. Une fois l’idée de mission trouvée (Rosetta), étudiée, contredite, financée quand les ingénieurs arrivent à convaincre les politiques, elle est mise en route. Les ingénieurs débattent des choix technologiques, font des calculs, les ouvriers usinent des pièces, etc. On voit tout le déroulement de ce processus.
Vient le jour de l’envol, le voyage de 10 ans, le réveil dans le froid interplanétaire, la rencontre avec Chury, l’atterrissage, les problèmes, la mission. Peut-être le Graal, l’objet de la quête, sera-t-il réalisé: trouver des traces du vivant originel, des molécules organiques qui ont peut-être ensemencé la Terre. On verra d’ici août comment la fin du robot se passe dans la réalité pour s’y accorder à la fin du film.
La dimension philosophique, la quête des origines doit être bien présente. Cette quête est le moteur de l’action humaine, le film, même traité comme un blockbuster, peut et doit en rendre compte. Il en rend compte implicitement avec les singes, il en rend compte explicitement avec Galilée et les savants du XXe siècle, et avec toutes les questions que se pose le groupe de travail sur la mission Rosetta.
L’histoire ne doit pas être traitée comme un documentaire mais s’adresser à un grand public. On peut terminer le film par la fin du robot, qui meurt de chaleur sur Chury quand celle-ci, près du soleil, dégaze et s’illumine de sa chevelure et de ses queues. Et laisser une question en toute fin du film, dans un zoom sur l’univers: «Et maintenant»?
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Voilà. Reste à trouver une maison de production intéressée.
© Goetelen - Atypic Editions, novembre 2014.
Images CNES, ESA, 2001 Odyssée de l'espace.
Pour qui ne l’aurait pas vu je remets ici le beau court-métrage produit et réalisé par l’ESA et Platige Image:
et pour ceux et celles qui l’ont vu, le making of qui est tout aussi intéressant. C’est dans ce making of que l’on entend cette phrase: «On ne peut faire des progrès scientifiques ou de civilisation sans s’imposer des challenges impossibles»:
Commentaires
Aux toutes dernières nouvelles, le forage aurait réussi et ses résultats seraient envoyés. De même la rotation aurait eu lieu.
http://www.huffingtonpost.fr/2014/11/14/mission-rosetta-robot-philae-forage-comete-tchouri_n_6158228.html
C'est absolument passionnant, un tel exploit, la précision des calculs, le gigantesque travail réalisé à la poursuite d'un rêve, c'est extraordinaire!
Je vais visionner les court métrages, merci HL!
en effet des challenges sont la seule motivation conduisant au succès mais à la condition qu'ils ne privent pas certains humains par rapport à d'autres
Comme on est nombreux a avoir participé et ce pour x raisons familiales à des avancées médicales et scientifiques auxquelles nous nous prêtions par complaisance afin de combler des vides affectifs , quand on pense aujourd'hui à la pléthore de scientifiques ou pseudos car il en existe aussi , sans doute qu'il existe un nouveau challenge comme celui de fétichiser les animaux au dénis de nombreux humains c'est vraiment ou se moquer du citoyen ayant compris que l'écologie n'est qu'un mot dérivé de Eugénisme,ou alors penser qu'il n'a pas saisi que la science actuelle qui ne sert à presque rien sauf redorer des blasons intersidéraux et ressemblant de plus en plus à un système bien Ar-yen caché sous de nobles causes
Un challenge ne doit pas mettre en danger des vies humaines je pense à la Columbia et ne doit pas être non plus matière à demander au peuple à se serrer davantage la ceinture pour ensuite dépenser l'argent afin d'aller au delà de la ceinture des astéroides qui n'en exigent pas autant de l'humanité
Car vouloir aller habiter sur une autre planète en créant des foutoirs dont on ne vois bientôt plus la fin du tunnel et dire ensuite que vont devenir les enfants de demain c'est vraiment l'hôpital qui se moque de la charité