Chaque société se donne les règles qu’elle veut et les fait évoluer. Il y a des standards communs, par exemple l’esclavage est aujourd’hui rejeté par la plupart des sociétés. L’auto-détermination et la liberté individuelle sont des règles qui essaiment. Mais le désaccord sur certaines évolution doit rester possible sans anathème.
Le progressisme est devenu une idéologie de pouvoir
Déconstruisons les dogmes modernes. Le mariage pour tous est présenté comme une victoire de l’égalité des droits. Les opposants sont ostracisés, comme si l’anathème était devenu un argument normal en politique. On les traite de réacs (dans le sens général qui lui est donné aujourd’hui) voire, comme une journaliste du magazine Marianne de cette semaine, de « Liguards ». C’est un peu court – à moins qu’être traité de réac ne soit devenu une décoration, un titre de noblesse même, quelque chose dont on devrait être fier au nom du progrès et de l’humanité.
Or d’une part la définition du mot mariage est celle de l’union d’un homme et d’une femme. J’y reste attaché car on ne peut indéfiniment voler les mots et les détourner de leur sens. L’expression « Union civile » ne m’aurait dérangé en rien: je comprends et soutiens le fait que l’on donne des garanties légales à des personnes qui ont choisi de vivre durablement ensemble. De plus elle est d’origine laïque alors que le mariage est d’origine religieuse. Cela aurait moins ressemblé à une provocation revancharde.
Je me fiche de ce que chacun fait de son corps. J’ai ri sans retenue à La Cage aux Folles, j’ai repris à mon compte les thèmes post-68: mise en cause de la famille, des autorités et libre sexualité. Personnellement je préfère vivre aujourd’hui qu’à une autre époque du passé. Je n’ai donc pas besoin de passer un examen de modernité. Mais j’ai évolué et aussi, grâce à ces contestations et avec une réflexion continue, remis quelques pendules à l’heure. Je m’accommode autant que possible des contradictions et dérives « progressistes ». Les « progressistes » du XIXe siècle avaient inventé la Légende Noire du Moyen-Âge pour mieux justifier leur projet, et prétendaient par exemple que le droit de cuissage y était courant et systémique. On sait aujourd’hui que c’est faux et que le Moyen-Âge était construit sur des valeurs qui aujourd’hui font parfois défaut. Le « progrès » non technologique n’est que la vision imposée d’un groupe sur un autre. Un autre rapport de pouvoir.
Ainsi pour ce mariage pour tous imposé par une frange activiste et gauchiste LGBT. Par le langage et la soi-disant lutte contre la discrimination ils ont pris la société en otage, en terroristes verbaux des temps modernes. On constate qu’ils n’ont pas réclamé le mariage incestueux consenti. Ils n’ont pas eu ce courage. Pourtant c’est cela le mariage pour tous. Ou l’on ouvre grandes les portes, ou l’on exclut certains du voyage. Ils ont exclu. Leur démarche n’est pas égalitaire mais communautariste.
Et ce mariage supposé pour tous ne fait que cacher une inégalité fondamentale entre les types de couples: la reproduction. Ce n’est pas pour rien que l’hétérosexualité est normative, biologiquement et en tant que survie et développement de l’espèce. Même les couples homosexuels ont besoin de l’autre sexe pour prétendre à la parentalité. Il n’y a ici pas de jugement de valeur mais un constat. Cette inégalité biologique ne peut être contournée que par des forçages légaux et des détournements de langage. Et quand je lis, comme j’en ai fait part récemment, que Caroline Fourest, lesbienne féministe radicale, est favorable à la GPA, c’est-à-dire à l’achat d’enfants par des couples stériles, je pense qu’elle remet en vigueur les pires heures de l’esclavage: celles de la marchandisation de l’humain.
Alors, oui, le mariage pour tous et ses conséquences est bien réactionnaire. Les LGBT sont les vrais réacs. Et le refus du nouvel esclavage est la plus lumineuse des modernités, dans la ligne des révolutionnaires de 1789.
Si je voulais aller dans l'excès et la provocation j'écrirais: la GPA est le nouvel esclavage et internet son île de Gorée. Mais il faut aller plus loin que les anathèmes et que les crispations clivées. Un vrai débat doit être affaire d’arguments et non d’affectivité. C’est pourquoi, en complément, je publie ici, avec son accord, une lettre ouverte d’un correspondant internet écrite à l’intention du magazine Marianne sur le sujet:
« Lettre à India Gibey (29/07/15)
« Les nouveaux liguards » est le titre que vous avez trouvé pour présenter le livre d'Yves Delahaie, « Mariage pour tous vs Manif pour tous » (Marianne du 24/30 juillet, page 71). Vous assimilez l'opposition à la loi Taubira à une croisade « des branches les plus conservatrices du catholicisme… Un front ecclésiastique imposant et particulièrement intransigeant sur la forme qu'est la famille », voir des « organisations intégristes pour lesquelles les enjeux de ce débat qui traite de l'égalité de tous devant la loi sont un pas vers la modernité qui fait peur ». « Passer la foi devant la loi, telle fut la ligne suivie par les opposants au mariage pour tous », ajoutez-vous.
A croire que nous n'avons pas vécu les mêmes événements médiatiques ! Bien que n'ayant pas participé aux manifestations, le peu que j'en ai vu ne correspond pas à l'image que vous en faites. Non seulement les millions d'opposants ne pouvaient être confondus avec des groupuscules microscopiques, mais le refus du projet de loi allait bien au-delà de l’Église et de la Droite, comme, par exemple, celui de la compagne de Lionel Jospin. En effet, l'enjeu était sociétal et non cultuel. Pour s'en rendre compte, il suffisait de regarder les dizaines de milliers de pancartes portées par les manifestants. L'emblème de la Manif pour tous était une famille hétéro se donnant la main et symbolisant une conviction parfaitement athée : Tous les enfants ont besoin d'un père ET d'une mère. Où voyez-vous un concept exclusivement religieux ?
Ces gens avaient bien compris que le mariage n'était qu'une étape vers l'homoparentalité et c'est d'ailleurs, aujourd'hui la première revendication de la Gay pride. Quand une union est légitimée par une « égalité de tous devant la loi », il est logique de réclamer ensuite le droit à l'enfant pour tous, au nom de cette même égalité entre couples. « La modernité » consisterait à institutionnaliser la fabrique d'orphelins de père ou de mère ? Alors ne vous étonnez pas si la majorité des Français y soit opposée. Peut-être ont-ils encore le souvenir de ces malheureux pupilles de la Nation privés de leur géniteur.
Car le bien de l'enfant dépasse largement l'amour donné par une ou deux personnes au foyer. L'espèce humaine est, et restera, sexuée. C'est dans ce cadre que se font les enfants et c'est aussi le domaine dans lequel ils se construisent. Ajoutons que le père, comme la mère, a son rôle spécifique à jouer auprès de sa progéniture. L'homme et la femme ne sont pas inter-changeables quant à leur façon d'éduquer et d'appréhender le monde. Cette complémentarité est une richesse bénéfique à la famille. Enfin, nul n'est indifférent face à ses origines. Il suffit de compter le nombre de recherches généalogiques pour mesurer l'importance de la filiation. Or, c'est de tout cela dont l'enfant homo-parenté est privé et c'est pourtant de cela dont il a besoin. Quand l'intérêt de l'enfant est ainsi sacrifié sur l'autel de l'égoïsme des couples homos en mal de descendance, il y a quelque chose d'indécent à qualifier ces manifestants de ringards.
On pouvait très facilement régler les problèmes matériels liés au Pacs (que plus personne ne conteste) et à la transmission du patrimoine, sans introduire un mariage ouvrant la voie à la famille. La Manif pour tous n'était nullement opposée à la vie commune entre deux personnes de même sexe, ni à leur amour, ni à leurs pratiques sexuelles. Un consensus était possible sans toucher au mariage réservé à la procréation et à l'adoption. Mais le pouvoir a choisi « l'intransigeance », quitte à couper la France en deux.
Le Mariage pour tous nous a été vendu comme une égalité de droits entre les gens qui s'aiment, alors que le mariage civil n'est avant tout qu'un contrat. Et vous dites que, pour les intégristes de Civitas, « le mariage homosexuel, c'est la boîte de Pandore qui va permettre que d'autres revendiquent le mariage polygame ou le mariage incestueux ». Mais c'est la loi Taubira qui le dit ! D'abord parce que la formulation « pour tous » est sans ambiguïté. Et ensuite parce que, selon notre ministre, c'est l'égalité entre les différents types d'amoureux qui justifiait la légalisation de cette association conjugale. Or, un frère et une sœur ont aussi le droit de s'aimer et, pourquoi pas, de vouloir fonder une famille. Il n'est pas interdit non plus à un homme, ou à une femme, d'aimer plusieurs personnes à la fois et d'avoir des enfants avec tous ses partenaires. Alors, dans ces conditions, pourquoi pas le mariage ? Ce n'est évidemment pas souhaitable mais c'est cela l'égalité entre adultes quand on se soucie peu de l'intérêt des enfants.
On a tout fait pour satisfaire les lobbies homos et féministes favorables à la loi Taubira. Les opposants ont été traités de réactionnaires, d'intégristes, de passéistes et d'homophobes afin d'intimider ceux qui, à Gauche, n'étaient pas d'accord avec cette loi. Mais je ne suis pas certain que ce monde, que l'on voudrait sans repères sexués, soit un projet humaniste. Je ne pense pas que le rôle du père, réduit à celui de spermatozoïde anonyme (pas plus que le rôle de la mère à celui d'ovule inconnu), soit un progrès pour l'humanité. Le problème que vous soulevez ne vient pas des catholiques attachés à une forme traditionnelle et naturelle de la famille. Il n'aurait pas été posé si les homos avaient assumé leur choix, c'est-à-dire la stérilité de leur couple. »
Henri L'Helgoualc'h
Commentaires
Il parait qu'il n'existe pas de lobby LGBT ... mon œil !!!
Barack Hussein Obama, président U.S.A. en visite au Kenya ne parlait que de ça ...