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Profil bas : le différentiel d’apprivoisement

Je reviens sur un commentaire analysé sur le blog de Catherine Thobellem. Elle relève lintervention d’une personne dans Le Matin, à propos d’une situation non documentée. Il s’agit, semble-t-il, d’une personne qui s’adresse à une autre. Cette intervention est la suivante:

 

profil,humilité,discrimination,sexisme,xénophobie,

«Lorsqu’on débute et qu’on est toute jeunette et immigrée en plus, on fait profil bas, on respecte son vis-à-vis et on ne se la joue pas prétentieuse, trop de lacunes.»

 

Catherine Thobellem s’étonne:

 

«J’ai été surprise que de tels messages, qui sont de toute évidence, irrespectueux, sexistes et clairement xénophobes « toute jeunette et immigrée en plus, on fait profil bas » puissent être publiés dans un journal qui prétend se référer à une charte déontologique.»

 

Elle fait référence à la charte du Matin, qui spécifie:

 

«Nous refusons les messages haineux, diffamatoires, racistes ou xénophobes, les menaces, incitations à la violence ou autres injures.»

 

En quoi les propos cités seraient-ils de toute évidence, irrespectueux, sexistes et clairement xénophobes? Cela me paraît au contraire une évidence teintée de sagesse. C’est la moindre des éducations.

 

Quand je vais dans un pays que je ne connais pas, je fais profil bas. Si je ne connais pas les coutumes, je fais profil bas, je questionne, je vérifie d’avoir compris. Quand je suis invité j’observe les conventions avant de m’imposer. profil,humilité,discrimination,sexisme,xénophobie,Quand je vais chez le médecin j’attends qu’il m’invite à m’asseoir. Quand j’allais en Afrique et passais quelques semaines dans un village, je respectais la hiérarchie sans me la péter. 

 

Si je vais dans une assemblée où les femmes débattent ensemble, je fais profil bas. Si quelqu’un est avant moi dans un endroit, je lui laisse une préséance qui me paraît justement respectueuse. Je ne m’estime pour autant pas moindre parce qu’étranger ou homme.

 

Le respect c’est cela: savoir avancer avec humilité quand quelqu’un a une forme d’antériorité, de préséance ou de prévalence. Après quelque temps, cela évolue, mais pendant un temps c’est une évidence, du moins à mes yeux. Cela me permet également d’apprivoiser le lieu et les gens, de m’y sentir, de m’y faire.

 

J’ai parfois manqué à ce différentiel d’apprivoisement. C’était, alors, une forme d’arrogance. Je le regrette.

 

On ne peut pas mettre de la discrimination partout sauf à prendre le risque de faire perdre tout sens à cette notion et à cultiver une victimisation extrêmement déresponsabilisante. Voir de l’irrespect, du sexisme et de la xénophobie dans ce commentaire me semble une posture idéologique très éloignée de la réalité ressentie entre les humains quand on aborde une nouvelle situation. Ne pas respecter l'accroissement progressif de l’être et de sa place dans une communauté me paraît arrogant et irrespectueux. 

 

Il faut parfois relire l’histoire du Petit Prince et du renard.

 

 

 

PS: j’ai commenté sur le blog de Madame Thobellem, puis j'ai trouvé que cela méritait un billet.

 

 

 

Catégories : Philosophie, Psychologie, société 14 commentaires

Commentaires

  • coucou homme Libre,
    c'est pour ça que je veux aller en Suède, avec mon profil bas, j'aurais en visu pile poil les torses,bon en vérité j'aime bien les yeux aussi ;)))!!!bizzzouxxx!!!

  • John,

    "Ne pas respecter l'accroissement progressif de être et de sa place dans une communauté me paraît arrogant et irrespectueux."

    Je suis d'accord avec vous, mais d'expérience je dirais que c'est aussi, et surtout, une question culturelle : Dis-moi comment tu te comportes et je te dirai d'où tu viens ...
    Mon affirmation est un peu caricaturale j'en conviens, mais dans certaines cultures on est moins réservé, plus spontanément expansif, que dans d'autres.

  • Bonjour Jean,

    C'est vrai, et là encore il est bien de ne pas s'enfermer dans une posture unique mais de tenir compte de chaque situation. J'ai tenté de poser un principe qui m'est cher et qui, je crois, facilite l'installation des relations, mais en ne connaissant pas le détail de la situation évoquée, je ne peux rester que dans la généralité.

    Spontané, j'aime assez et je le suis plutôt, même si la sagesse des ans m'a apporté une autre relation au temps. Mais j'ai aussi parfois devancé le temps d'apprivoisement par spontanéité, voire par impatience.

  • Coucou Sarah,

    Ça alors je ne savais pas que votre regard était à hauteur du poitrail des vikings!
    Ah mais cela a son charme. Avec votre visage penché en arrière pour regarder les yeux, vous êtes craquante!
    :-)))))
    Bizzzouxxx!!!

  • Laisser tomber,la raison n'a pas sa place dans ses propos: Mme Thobellem ne support pas la défaite verte du weekend passé. Et en bonne verte, plutôt que de se remettre en question, elle cherche des coupables et des exutoires a sa frustration.

    Parce que pour une personne qui dans son blog reproche a un parlement élu sa couleur de peau, son age et son sexe (blanc, quinquagénaire, masculin)... C'est quand même très fort de se plaindre de racisme et sexisme !

  • @hommelibre,

    Si je suis complètement d'accord avec l'idée générale d'apprivoisement, j'ai malgré tout des réserves quant à l'idée qu'il faille faire profil bas en toute circonstance, lorsqu'on est nouveau quelque part.
    Etant immigrée moi-même, et l'ayant été dans deux pays à l'âge de 9, puis de 11 ans, j'ai frisé les murs.Deux nouvelles langues à apprendre, cela vous rend très humble.
    Je comprends encore très bien, que c'était une bonne approche, car ainsi, j' ai évite les conflits, je n'ai jamais perdu la face, puisque j'étais de profil (bas). ;-)))

    Ici, je reprends un passage de mon commentaire chez C. Thobellem :

    "Lisa Mazzone a été élue présidente de son parti et élue par la population genevoise. Et cela ne suffit donc pas ?
    Selon le commentateur, elle devrait faire profil bas en tant qu'élue. C'est une demande un peu paradoxale, pour le moins ! N'entre-t-on pas en politique pour faire changer les choses ?
    Heureusement, les jeunes ont de l'énergie et ils se sentent capables de grandes choses ( à tort ou à raison).
    Les jeunes doivent ruer dans les brancards, si non ils ne sont pas vraiment jeunes.
    Ils ne doivent pas forcément plaire à tout le monde et s'il se trouve quelqu'un pour leur reprocher leur âge ou leurs origines, eh bien ils peuvent s'en moquer et aller de l'avant. Surtout s'ils ont été élus et qu'ils ont un mandat populaire."

    Faut-il éviter le conflit à tout prix ? Bien sûr que non !
    Faut-il censurer des propos condescendants, insultants ou irrespectueux ? Si on le faisait, la moitié des commentaires sur le site de la TdG passeraient à la poubelle virtuelle.

    Etrangement, il y a un désir de lisse et de policé, alors que le ton général est à la dénonciation, en l'occurrence sur le blog de C. Thobellem.

    Je suis partisane déclarée de la courtoisie, mais par ailleurs persuadée que ceux, qui ont des propos insultants, nuisent d'abord à eux-même.
    Notre perception des seuils est variable.
    Quand est-on dans la xénophobie ? Quand est-ce de la muflerie ?
    Qualifier d'"immigrée" d'une personne, dont même le père a été conseiller municipal de sa commune, c'est une tentative de dénigrement cousue de fil blanc. On sent que la personne qui s'exprime a la vision d'une Suisse avec des citoyens plus ou moins légitimes, selon leur pédigrée et leur âge.
    C'est inconfortable d'avoir des nouveaux, qui perturbent le train-train.
    On a le droit de le dire, mais est-ce la bonne façon d'envisager le renouvellement du parlement ? Selon moi, il faut accepter un peu de dérangement, car nos institutions sont assez fortes et il n'y a pas péril en la demeure.
    Certains ont commencé à faire des catégories parmi les personnes ayant le passeport. Les critères doivent donc bien exister ...
    Ca m'intéresserait de savoir, jusqu'à la combientième génération on est considéré comme immigré. Il ne suffit pas d'avoir la nationalité, ni d'être né en Suisse, c'est clair. Suffit-il d'avoir un parent suisse pour ne pas être considéré comme immigré ?

  • @Calendula
    Entièrement d'accord avec vous.

    Et bizarrement ces mêmes personnes ne vont parler pas de l'allemand Blocher ni de l'autrichien Freysinger, sous-entendu, ils sont de droite donc de bon, de vrai suisse.
    Pourtant, ça nous ferait des vacances que Freysinger la ferme !
    Je note qu'on l'a moins entendu depuis un moment, il a peut-être compris son rôle d'immigré !

    Je ne suis pas un Vert, mais je souhaite plein succès à Lisa Mazzone.

  • Calendula,

    J'entends bien ce que vous dites. Si l'intégration dans un nouveau pays peut prendre plusieurs générations, elle n'empêche pas pour autant de prendre des responsabilités politiques. Je n'avais d'abord pas réalisé qu'il s'agissait de Lisa Mazzone. Etait-ce écrit dès la parution du billet ou cela a-t-il été ajouté après? Je n'en jurerais pas et je peux avoir mal lu. Pourtant je l'ai lu deux fois et j'en ai copié des parties. Je ne me souviens pas avoir vu le paragraphe qui commence par "Ce commentaire distinctement discriminant..." C'est pour cette raison que j'écris que ce n'est pas documenté. Sans quoi j'aurais fait une distinction entre le cas précis et un principe général, et vous savez que je suis assez précis sur ces choses.

    J'ai pu cependant me tromper. Cela ne change pas mon billet. A un sujet non précisément documenté j'ai réagi de manière générale. Car même avec la mention de Madame Mazzone je ne sais pas ce qui s'est dit et sur quel sujet précisément. Le commentaire incriminé répond visiblement à quelque chose qui n'est pas cité. Il est extrait de son contexte et la critique faite par Catherine Thobellem en est dès lors générale, pas en situation.


    Sur Madame Mazzone, comme sur tout nouvel élu, je pense que l'entrée dans un nouveau parlement nécessitera aussi un temps d'observation et d'apprivoisement.

    La concernant précisément, je lui trouve beaucoup d'énergie. Certain député qui a travaillé avec elle la trouve manichéenne. A-t-elle vraiment dit que "les voitures ne devraient pas exister"? Si oui, bonjour les dégâts.

    Je l'ai vue sur des vidéos, parler entre autre d'Europe et revendiquer sa double nationalité. Je pense qu'un élu ne devrait pas pouvoir cumuler deux nationalités. Mais ce n'est pas le problème. Je suis surpris de son discours bien plus rouge que vert. Je la verrais bien plus au PS ou plus à gauche encore. L'Europe à quoi elle adhère n'est pas réputée pour sa fibre environnementale. Je ne suis pas contre l'Europe, je suis même plutôt pour mais je trouve qu'elle devrait être repensée pour mieux préserver les particularités, sans quoi elle sera trop autoritaire. Il y a actuellement un modèle non fini en Europe, et dont l'avenir n'est pas déterminé.

    Or ce discours "local" ou "régional", cher par exemple aux agriculteurs bio, n'est pas dans la bouche de Madame Mazzone ni dans celle des européens. Lisa Mazzone représente la vision unifiée et non critique de l'Europe. Ce n'est pas très Vert.

    Mais je comprends qu'après Cramer et autres (Kunzler), les Verts aient eu besoin de quelqu'un de plus marqué.

  • @ Eastwood:

    La question de l'âge des représentants à Berne suggère une autre réflexion: la place accordée aux aînés dans la société. Cette dévaluation de l'âge est contraire à la notion d'expérience, aux traditions de la plupart des sociétés où l'ancien est en principe écouté et respecté.

    J'en ferai peut-être un autre billet.

  • @hommelibre,

    Pour finir, il est difficile de savoir, ce qui est typiquement "Vert". Personnellement, j'attends un discours sur la protection de l'environnement et des ressources et tout ce que cela implique, avec le gros danger d'être trop conservateur et pas assez en faveur du progrès, aux yeux de certains.
    Je pense p.ex. à l'implantation d'éoliennes. C'est nécessaire, parce qu'il s'agit d'énergies renouvelables, mais au nom de la sauvegarde des paysages, certains écologistes n'en veulent pas ( surtout à proximité leur habitation;-))

    Il y a un équilibre difficile à trouver entre l'ouverture vers la nouveauté et le besoin de sauvegarder ce que l'on a. C'est jouable, mais
    pas facile, surtout que les "Verts" sont attaqués de toutes parts, puisqu'ils veulent nous faire changer nos habitudes. L'exemple de la voiture est intéressante.
    Entendre dire " les voitures ne devraient pas exister" nous fait sursauter, mais de nouveau : on ne connaît pas le contexte. Je peux dire " les guerres ne devraient pas exister", mais cela ne fait pas de moi une dangereuse pacifiste ou une opposante à l'armée.

  • La situation des aînés m'intéresse plus particulièrement, puisque je ferai bientôt partie de cette catégorie.
    Voici ce qu'en dit une étude du "Réseau de connaissances sur la transformation du secteur public"
    ( Il s'agit de la La Société suisse des sciences administratives. La SSSA est l’association spécialisée la plus importante de Suisse dans le domaine de l’administration publique. Elle met en réseau la Confédération, les cantons et les communes, la Suisse alémanique et la Suisse romande (...). Elle est présidée par la Chancelière fédérale Corina Casanova. )

    "La question de la participation politique des jeunes et de la relève parlementaire fait l’objet de débats récurrents. La classe d’âge la mieux représentée dans les parlements cantonaux est celle des 45 à 54 ans (42%). Les jeunes (

  • Il y a un problème avec le copié collé de ce site officiel ... Les passages disparaissent, malgré plusieurs tentatives et manipulations plus ou moins futées.
    Voici le lien, pour de plus amples détails :

    www.sgvw.ch/fr/2014/.../profil-sociodemographique-des-parlementaires/

    On y apprend que l'âge ou le sexe sont des critères parmi d'autres qui peuvent influer sur une élection. La langue et la religion dominante du canton sont des facteurs qui créent de la diversité.

  • C'est très intéressant Calendula.

    Mes remarques:

    - en général il est normal que les cinquantenaires soient fortement représentés. Ils ont de l'expérience et pas mal d'énergie, ainsi que plus de disponibilité familiale ou professionnelle parfois.

    - les moins de 35 ans créent leur vie familiale et leur carrière, ils mettent l'énergie ailleurs. Logique. De plus, être gouvernés que par des moins de 35 ans me semblerait casse-gueule. Manque de recul.

    - on voit que la part des femmes est forte par endroits, moins dans d'autres. Il n'y a donc pas à proprement parler de discrimination.

    - les catégories professionnelles et confessionnelles font partie et de bases de motivation et de la disponibilité. Pourquoi pas?


    On n'a pas de parlements totalement représentatifs, calqués sur la réalité sociologique du pays. Je ne pense pas que ce soit important. La justice et le bien commun sont au-delà des catégories. Pour moi une représentativité exacte réduit les solidarités transversales nécessaires au développement du bien commun.

  • "... avec le gros danger d'être trop conservateur et pas assez en faveur du progrès, aux yeux de certains."

    C'est un paradoxe inhérent à l'écologie. Celle-ci est fondamentalement conservatrice, et pourtant elle veut se situer dans une mouvance "progressiste". Incompatible.
    (Encore faudrait-il être sûr du sens que l'on donne au mot progrès.)

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