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Écologie, relations, société : le monde d’avant le nôtre

Je parle aujourd’hui d’un autre monde. Il était une fois une époque sans consommation débridée. Une époque où l’on accumulait peu d’objets, où la technologie n’était appliquée qu’à l’essentiel. Où l’humain prévalait sur les distractions, sur l’apparence et sur le spectacle.

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Où la parole donnée valait engagement et contrat. Un monde avec du partage, des relations vraies, une aspiration collective, des valeurs partagées, un sens de l’honneur. Et une forme de liberté malgré les limites. Un monde où la vie sociale était mutualisée et non pas fonctionnarisée, où le destin des uns et des autres était solidaire. La solidarité n’était pas un job anonyme ou un slogan électoraliste, elle était vitale.

Un monde où l’on bâtissait ensemble de grandes oeuvres, où la spiritualité affleurait de partout. Le travail était bien fait, c’était un goût, un challenge. L’argent n’était pas le but premier.

Un monde où le mariage, les noces, les alliances, avaient du sens et engageaient par rapport à soi-même, à l’autre et au monde. Où tous avaient une place, parce tous étaient fils ou filles de, même dans les villages. Où l’on respectait les femmes et les hommes pour ce que chacun apportait à l’ensemble. Où les rôles étaient clairs et les responsabilités bien établies.

Une civilisation basée sur la terre et l’esprit. Le corps et la terre étaient les lieux de l’individu, l’esprit celui de la collectivité. La justice y était rendue, pas forcément moins bien qu’aujourd’hui. Le contrat était déjà la norme des relations de travail. Les serfs avaient des droits. Donner la main c’était donner le coeur et engager le corps.

 

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La nature faisait partie de la vie, et la forêt, les saisons, le jour et la nuit. Ce monde n’était pas sans danger mais il n’était pas livré aux démons comme le nôtre. La liberté individuelle n’était pas l’attente première, mais bien plus la dignité d’un individu, l’honneur de sa famille. Un monde où l’individualité naissante cherchait sa voie. 

Un monde où le travail de l’homme et celui de la femme étaient différents mais pas moindre l’un de l’autre. Un monde où tenir une maison, soigner les blessés et les malades, élever une fratrie, était une exigence et un honneur pour la maîtresse de maison, et où le travail de l’homme était salué et admiré. Où les femmes n’étaient pas considérées comme moindre et les hommes pas comme une classe violente par nature. Où les jeunes qui pouvaient apprendre dans une école en étaient fiers. 

Naissances, mariages, récoltes, succès, deuils, étaient l’objet de retrouvailles collectives. On partageait les bonheurs et les douleurs. On se reconnaissait ensemble.

L’identité était au corps, l’appartenance à l’esprit.

 

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Ce monde était en proie certes aux luttes de pouvoir mais le seigneur y avait de réelles responsabilités envers la population, et ses excès de ce pouvoir étaient sanctionnés.

Un monde durable, avant que la classe des marchands ne le détruise pour le remplacer par l’hyperconsommation et n’agrandisse le champ et les motifs de la guerre. Un monde de 1’000 ans, avec sa culture, ses régions, ses architectures, ses musiques, ses voyages, ses échanges commerciaux et culturels, ses règles, sa foi et ses peurs. Un monde où l’on n’attendait pas tout et tout de suite, où l’amour même prenait le temps.

La culture n’était pas là pour divertir sans suite, elle avait un rôle de réflexion sur la vie, de pédagogie, de révélateur sur la société. Cette société n’était pas aux mains de quelques spécialistes qui savaient et décidaient, elle était bien plus l’affaire de tous et de toutes. Les assemblées locales, ce que l’on nommerait aujourd’hui la démocratie directe, organisaient le quotidien.

Un monde moins arbitraire que ce que les marchands, et les philosophes qui leurs étaient dévolus, en ont dit par la suite. Un monde où le changement social perpétuel n’était pas une finalité en soi et où les structures intellectuelles et sociales n’étaient pas l’objet d’un jeu de massacre animé par des individualistes recherchant un supplément de pouvoir par l’esprit.

C’était le Moyen Âge. Un monde d’avant la grande rupture.

 

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Il avait aussi des défauts: la pollution des villes était insoutenable (pas de tout-à-l’égout) avec la prolifération de maladies, des soins médicaux encore limités, la difficulté de changer de condition sociale, d’être formé, d’avoir des écoles. La sécurité était moindre qu’aujourd’hui mais l’on ne risquait quand-même pas sa vie à chaque sortie! Les femmes ne risquaient pas le viol à chaque pas, comme certaines le prétendent aujourd’hui. Les soins n’étaient pas pris en charge par des mutualisations et le principe d’égalité a certes eu des effets positifs sur ce point. Le Moyen Âge cherchait moins l’égalité que la valeur et le sens.

La vie y était parfois dure, les hivers trop longs. Il y avait aussi des injustices, de la loi du plus fort. Il avait ses bâtards cachés, ses secrets inavouables. On ne votait guère sauf aux assemblées communales. Ailleurs c’était réservé aux classes qui détenaient le pouvoir par naissance ou propriétaires de terres. Hors de ces classes, hommes et femmes dans leur écrasante majorité subissaient les décisions. La moyenne d’âge était basse. La mort vite atteinte. On mourrait jeune, de maladie, en couches, ou à la guerre. Les hommes manquaient souvent, décimés par les campagnes militaires, et les femmes devaient tout faire plus souvent qu’à leur tour.

Les personnes homosexuelles et handicapées étaient mal vues, parce que la reproduction était synonyme de survie, ou parce que désignées comme contre nature ou dans le péché. La liberté individuelle n’avait pas encore atteint le haut niveau d’aujourd’hui. Les comportements des femmes étaient encadrés, celui des hommes tout autant. On n’abandonnait pas sa famille sans être rejeté par toute une communauté. Faire un pas en-dehors du groupe était vite jugé, mal jugé. Mais être un homme et un père avait encore une signification, et la mère était une figure iconique du monde, par une madone pleureuse et victime.

 

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La technologie était appliquée surtout à l’agriculture, aux armes et à l’édification des forteresses pour protéger les populations. Il y avait une grande dépendance à l’égard de la nature et des saisons. Hormis la période de réchauffement de l’optimum médiéval, où les vivres abondaient, il y eut de nombreuses famines, et des guerres à presque chaque génération. 

On vivait aussi sous un régime de croyance obligatoire, et ceux qui doutaient se trouvaient, comme aujourd’hui, face à un mur de 97% de savants, de religieux et de population qui, eux, croyaient par exemple que la Terre était plate ou ne tournait pas. Dire qu’elle tournait autour du soleil était un crime de l’esprit et de la foi. La dissidence était mal vue, stigmatisée, sanctionnée. La foi dans les autorités était aveugle. Et aujourd'hui à nouveau on s’incline devant 97% de savant supposés d’accord sur une question fondamentale qui engage l’humanité. L’esprit de soumission n’a pas changé.

Y aurait-il quelque chose à garder de ce monde qui a duré 1’000 ans? Quelque chose qui pourrait dépasser la rupture artificielle voulue par les bourgeois de la révolution française, et avec quoi nous ne nous sommes jamais réconciliés? Ces deux mondes, le Moyen Âge d’une part, stable et durable, proche de la nature, mais moins libre et moins décidant, et la modernité d’autre part, plus libre et inventive, plus individuelle, technologique, mais totalement instable et parsemée de massacres inouïs, jamais vus auparavant, pourraient-ils trouver des éléments communs pour relier l’Histoire et diminuer la course en avant du libéralisme marchand? Pour rendre à notre époque un supplément d’âme où l’écologie ne serait pas un simple champ de bataille idéologique, politique et commercial? Où les Hommes n’auraient pas raison les uns contre les autres mais les uns avec les autres?

 

 

Cliquer sur les images pour les agrandir.

Image 1: Félix de Vigne, Une foire au Moyen Âge à Gand. Image 2: Axel Renaux, construction d’une cathédrale. Image Image 3: Pierre Breughel l’Ancien, Les noces. Image 4: Edmund Blair Leighton, l’Adoubement, 1901. Image 5: 1937, rassemblement nazi à la cité médiévale de Nuremberg.

 

PS: pour mieux connaître le Moyen Âge et déconstruire le dénigrement de la Légende Noire inventée par les "Lumières", lire Pernoud, Heers, Le Goff, entre autres. L'Histoire officielle n'est pas l'Histoire, elle est propagande.

 

 

Catégories : Environnement-Climat, Philosophie, Politique, société 7 commentaires

Commentaires

  • A tous ceux qui veulent tout sauver ,apprenez à garnir vos duvets et oreillers avec des feuilles ramassées dans la foret et ensuite alors peut-être que ..
    En Suisse nous pratiquons l'écologie depuis la nuit des temps .Il suffit d'avoir connu les matelas en crin de cheval et bien d'autres matières pour remplacer ce qui n'était jamais jeté mais usé et recyclé en torchons à poussières ou torchons pour astiquer les meubles et les couverts de fête
    Il est dommage de voir à quel point l'écologie ultra moderne exhale autant de dogmes sectaires
    Jamais contents ,jamais satisfaits et ou s'arrêtera ce qu'il faut bien nommer Soumissions à un Ordre quelconque

  • Salut John,

    En matière de language utilisé, tu peut m'en donner quelques détails ?
    Entre réchauffement et dérèglement ... où se situe la différence ?
    Merci d'avance ...

    http://www.itele.fr/monde/video/mali-les-agriculteurs-frappes-de-plein-fouet-par-le-dereglement-climatique-145933

  • Victor,

    Dérèglement signifie que quelque chose ne fonctionne pas ou plus selon les règles qui devraient prévaloir. Une montre se dérègle quand elle accélère ou ralentit. Ce mot suppose deux choses: d'une part qu'il y ait des règles précises, connues et quantifiées, d'autre part que ces règles ne laissent pas ou que peu de marge de variation.

    Le climat n'a pas de règles, tout au plus peut-on dire que certaines condition assez durables permettent l'émergence du vivant. On se réfère toujours à l'humain pour définir le climat. Mais Mars aussi a un climat et la vie comme sur Terre n'y est pas possible. Mais admettons que l'on nomme climat la configuration dans laquelle des échanges sont possibles à une période donnée, assez longue et répétitive, à la surface d'une planète ou d'une étoile (le soleil est également doté d'une forme d'atmosphère, c'est ainsi qu'on nomme la couche externe).

    La définition Wiki est bien:

    "Le climat correspond à la distribution statistique des conditions atmosphériques dans une région donnée pendant une période de temps donnée."

    Donc on admet que le climat est l'ensemble des données atmosphériques d'une période.

    Une atmosphère fonctionne avec des échanges et des variations, mais dans une fourchette. Par exemple sur Terre le climat varie des pôles à l'équateur avec des températures allant de -50° à + 50° en gros. Mais chaque région est d'une relative stabilité. Stabilité dans la variation faut-il préciser.

    Variation, changement, c'est la norme. La question du dérèglement est dans l'ampleur que l'on admet à la fourchette de variation. Un dérèglement suppose que les conditions habituelles sont gravement altérées. Il faut ensuite définir ce qui est grave. Les glaciations sont une altération grave. Mais elle est normale dans la dynamique planétaire. Ou c'est la période actuelle qui est une altération par rapport à la glaciation!... Un autre exemple de dérèglement est la période de l'extinction des dinosaures, où les volcans ont modifié profondément la nature du climat à l'époque.

    Il est admis que les périodes chaudes du temps de Rome ou de l'optimum climatique sont des variations, pas des dérèglements. Un réchauffement est une variation de la température moyenne vers le haut. Ce n'est pas automatiquement un dérèglement. Je pense pour ma part que le mot dérèglement est excessif et utilisé sans précaution.

    Même le problème au Mali, sur le lien que tu postes, ne peut être certifié "dérèglement". Les variations sont habituelles, elles suivent des cycles. On sait que le Sahara était couvert d'arbres il y a environ 3'500 ans. Variation? Dérèglement? Pour moi cela reste dans la variation, voire le changement (variation forte et durable).

    Ce sont donc des degrés de force , de durée et de conséquences qui font donner la préférence à un mot. Mais je ne pense pas que la fourchette des variations normales soit clairement établie.

  • John, s'il te plaît, rappelle moi le nombre d'années d'études pour devenir journaliste ...

    MDR !!!

    "Même le problème au Mali, sur le lien que tu postes, ne peut être certifié "dérèglement"."

    "Ils" ont fait de longues études, pour nous pondre ce genre d'articles ...

  • Victor:

    :-)

    Il faut dire que sur internet c'est le pire, les textes pondus pour les écrans sont souvent des simplifications mal écrites et impensées.

  • Belle méditation. Je partage l'idée qu'il faudrait arriver à faire une synthèse entre les valeurs et les mentalités de certaines sociétés traditionnelles (sens du bien commun, attention portée au long terme, respect du passé, "sacralité" des moments du quotidien) et les avancées de la modernité libérale (respect de l'autonomie individuelle, esprit critique, égalité des droits, valorisation de l'innovation).
    La force de la société médiévale telle que vous la décrivez, John, est surtout le lien affirmé entre la personne et ce qui l'entoure (la société, la nature, le monde). Trop souvent, aujourd'hui, l'individualisme entraîne le solipsisme. Nous affirmons notre différence et notre liberté, sans comprendre que les conditions d'affirmation de celles-ci sont dues à une organisation économique, sociale, politique, complexe, et à un héritage historique, culturel, qui s'inscrit dans la durée.
    Nous pourrions donc nous inspirer du passé médiéval mais à condition d'éviter 2 écueils.
    Le premier est bien sûr la fascination réactionnaire, l'affirmation de la supériorité des sociétés "fermées" sur nos sociétés ouvertes et donc la dénonciation de tout ce qui nous a éloigné de nos "paradis perdus" : les étrangers, la technologie, les philosophes, etc.
    Le second est la célébration gentillette de la vie "communautaire", l'appel à une société plus "authentique" et "collective" où les relations sociales se caractériseraient par une interdépendance accrue entre les individus (solidarité de proximité remplaçant le travail lointain des administrations, troc valorisé aux dépens de l'échange numéraire, simplicité des rapports humains s'opposant à l'artificialité des convenances...). Outre qu'on ne voit pas comment une telle évolution n'empietterait pas à un moment sur la liberté des personnes, ce modèle n'est pas très réaliste à une époque où la mobilité est rendue aisée par la technologie (malgré l'augmentation probable du carburant sur le long terme) et où l'internet permet de bâtir des liens privilégiés avec des personnes habitant à des milliers de kilomètres.

  • Je suis frappé de constater combien les films fantastiques avec des dimensions spirituelles originelles sous jacente ou encore qui dépassent simplement le réalisme cartonnent auprès des jeunes. En outre un certain nombre se dessinent sur un fond post apocalyptique. Comme s'il était besoin inconsciemment d'imaginer une fin pour mieux redessiner un nouveau futur.

    Divergente, Giver, Thor; Percy Jackson, le voleur de foudre; Avatar etc

    Alors que dans les années 80, c'était les films incarnant la réussite sociale qui séduisaient : Wall Street ou encore Rocky

    Ceci pour souligner combien le désenchantement de la réalité servie par une société qui n'a développé d'autres valeurs que le matérialisme a créé des carences de l'âme et pèse le plomb.
    La déconstruction spirituelle a fait place au scientisme, religion qui réduit l'horizon imaginaire au matérialisme et qui n'a de loin pas les saveurs d'opiacées que l'on prête au autres religions.

    La société issue de la science des lumières s'est toujours targuée de libérer les esprits des illusions, de promouvoir le réel face à la superstition. Je crains que cette libération n'aie pas plus de réalité qu'une illusion ... Car on oublie que l'obscurantisme est une matrice pour tout ce qui a destin de germer. En chassant l'obscur on ampute une fonction régénérante du cerveau.
    A la longue, le savoir est devenu conformisme qui essaie de standardiser les réflexes cérébraux.

    Dans l'économie matérialiste de masse, le cynisme ambiant n'a plus rien à voir avec les cyniques anticonformistes de l'antiquité. Du canidé on ne voit que ce réflexe de renifler le sol partout avec opportunisme en faisant des déjections un peu partout.
    De plus la tentative de déconstruction des états nations est en réalité une manoeuvre appelée à faciliter l'établissement le monopole de grands groupes.
    L'économie libérale issue des lumières a cédé la place au pouvoir des canidés ( en quelques sortes)

    La société matérialiste fonctionnant sur la croissance perpétuelle a surtout fait la promotion de la surpopulation qui reste un des paramètres fondamental des problèmes écologiques.

    Bref je ne pense pas que l'on puisse réenchanter le monde en faisant simplement son marché dans le passé de ce qui nous serait profitable ou non, les choses ne sont pas aussi mécaniques que cela.
    Il faut probablement mieux remettre au goût du jour, les ressources de notre cerveau droit.

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