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Qui en veut à Maud Fontenoy ?

C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme, chante Renaud. Elle prend aussi la femme parfois. Et la rend ensuite. La rend célèbre. De cette célébrité la femme fait usage. C’est légitime. On ne traverse pas les océans à la rame sans quelques mérites.

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Car, pour rappel, Maud Fontenoy a traversé l’océan Atlantique à la rame en solitaire en 2003, puis rebelotte en 2005 avec le Pacifique entre les Marquises et le Pérou. Ah, les Marquises… Ce n’est pas n’importe quoi. On imagine ce qu’il faut de détermination, de cran, de ténacité pour se préparer puis réaliser un tel projet. J’admire.

La célébrité lui a servi de tremplin pour créer la Maud Fontenoy Fondation pour sauver les océans. Cette fondation diffuse des programmes pédagogiques scolaires. Jusque là rien à dire apparemment.

En 2015 elle s’engage dans le parti renommé Les Républicains, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy dont quelques rumeurs disent qu’elle est la protégée. Elle devient Madame écologie de ce mouvement. Espérons qu’elle sera moins vulgaire que NKM qui traite les climato-sceptiques de connards. On soupçonne son mentor d’avoir pistonné Maud Fontenoy pour qu’elle figure sur la liste PACA de Christian Estrosi aux récentes régionales.

Depuis son engagement politique elle est attaquée sur tous les fronts. La réalité juridique de sa fondation est même mise en cause. On lui reproche de soigner sa propre image plus que ses convictions (ça la fout mal quand on voit l'arrivisme des Verts, Duflot en tête). On la tacle sur un tour du monde à contre-courant à la voile, qui ne serait en réalité que le tour de l’hémisphère sud. Je n’en sais rien, je n’ai pas mené d’enquête, et les attaques sont rarement documentées quand elles ne sont pas simplement contradictoires. Perso je n’aime pas trop la photo où elle allaite. C’est de l'ordre privé et ne devrait pas être mis en public.

 

 

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Mais surtout on la flingue pour ses déclarations favorables au nucléaire, à la recherche sur le gaz de schiste et les OGM, et ses propos sur le RoundUp de Monsanto qui ne vont pas dans le sens de la décomplexée icône Ségolène Royal.

On peut certes mettre en cause ses déclarations et positions très pro-industrie. C’est ce que certains lui reprochent: d’être plus proche des industriels que de la nature. Le vieux clivage nature versus humains. On a bien compris que dans l’écologie moralisatrice et punitive, ce que les humains ont créé pour vivre mieux c’est le diable.

Donc même si je trouve qu’elle manque de précisions techniques dans ses déclarations elle a le mérite de ne fermer la porte à rien. Cela peut passer assez mal, j’en conviens, surtout après la récente COP21 où le renoncement aux énergies carbonées est programmé. Ce qui, entre nous, n’empêche pas le pouvoir supposé vertueux de gauche de continuer à autoriser les forages au large de la Guyane, bien que les premiers résultats ne semblent pas confirmer l’importance attendue des gisements pétroliers sous-marins.

Je pense aussi qu’il ne faut être fermé à rien car l’énergie est la condition de développement des sociétés humaines, de leur capacité à faire face aux besoins humains et technologiques. Et il semble que l’écrasante majorité des humains n’ait pas fait le choix de vivre sans chauffage dans le dénuement himalayen ni d’un bol de riz mendié le matin auprès de ceux qui bossent. Sûr qu’un grand concert de Pink Floyd (ou ce qu’il en reste) éclairé par des éoliennes un soir sans vent, ça fout un vent.

 

 

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Bon, elle s’est mise elle-même dans la tempête médiatique et je ne peux juger d’informations contradictoires la concernant. Mais la dernière attaque dont elle est l’objet par les procureurs internet anonymes me fait réagir.

On lui reproche d’avoir donné un séminaire pour le cigarettier Phillips Morris. En pleine période de COP21! Si ce n’est pas le diable personnifié, c’est au moins son intendante. Car le tabac n’est pas spécialement écolo. 

Quoi, c’est du libre choix de chacun de fumer ou non? Oui. En principe, encore, pour on ne sait pas combien de temps. Mais certains écologistes veulent décider à votre place de ce qui est bon ou non pour vous, selon leur catalogue du Bien et du Mal. Calvin aurait adoré l’écologie. 

Donc les internautes s’en sont donné à coeur joie. Des internautes qui tapent comme des fous sur leurs smartphones bouffeurs d’énergie et de terres rares. Et toujours allumés, même la nuit. Des fois que Dieu leur téléphone? Une écolo qui travaille pour le tabac, c’est la cible idéale. Elle s’en est justifié en déclarant qu’elle avait rendu service à un ami et n’avait pas été payée. Eh bien elle a eu tort. Si c’est son travail, elle doit se faire payer.

 

 

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Il faut savoir que ce genre de séminaires se pratique aujourd’hui dans de nombreuses entreprises d’une certaine taille. Je n’en juge ni l’utilité ni l’efficacité, ce qui serait un autre débat. Il n’y a en tous cas aucun mal à travailler pour cette entreprise. Ou alors il faut que tous les employés de toute industrie n’ayant pas son label de pureté écologique démissionnent. Cela va faire du monde! 

Et quand on voit qui sont les sponsors de la COP21: EDF qui vit sur le nucléaire, BMW, Carbon Trade Exchange (qui vit sur les transactions de taxe carbone),  Coca-Cola, LVMH, 3M, Google le super-dévoreur d’énergie, L’Oréal qui colle quotidiennement sa chimie dégueu directement sur la tête des femmes, il y a de quoi être étonné de l’attaque en règle contre Maud Fontenoy pour cause de non conformité à l’évangile du moment.

Alors voilà Maud Fontenoy, l’amoureuse des grandes mers, au milieu d’une tempête internet pire qu’une tempête océane. C’est ça le monde à venir. Waow! Je me réjouis d’écouter le Floyd en Australie (image 4), éclairé par les spectateurs assis sur des vélos sans roue et pédalant pour fabriquer l’énergie qui manquera aux éoliennes. Le tout sous la surveillance de la police politique anti-tabac et des internautes relayant chaque pet des musiciens en temps réel.

 

 

Catégories : Environnement-Climat, Politique 34 commentaires

Commentaires

  • Joli article qui nous montre que tout est relatif, que tout doit être vu dans son contexte, que les idéologies faussent les jugements.
    J'ai appris quelque chose dont je croyais que cela n'existe pas : Une écologiste clairvoyante et lucide, qui n'a pas peur d'exprimer des faits politiquement incorrects. Bravo Maud!

  • Le problème avec les projecteurs de la célébrité, c'est qu'ils montrent tout à qui veut bien le voir ...


    - « En 2015 elle s’engage dans le parti renommé Les Républicains, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy dont quelques rumeurs disent qu’elle est la protégée. »

    Incidemment ...

    ... "Grâce à Jean-Louis Borloo, parrain de son fils aîné Mahé (6 ans), Maud Fontenoy est membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE)[2009] ... mais, selon un des membres : "en cinq ans, je n'ai pas entendu une seule fois le son de la voix de Maud Fontenoy." ".


    - « La célébrité lui a servi de tremplin pour créer la Maud Fontenoy Fondation pour sauver les océans. Cette fondation diffuse des programmes pédagogiques scolaires. Jusque là rien à dire apparemment. »

    Incidemment ...

    ... "la Fondation Maud-Fontenoy se déclare reconnue d'autorité publique, or, après vérification de L'Obs, la sportive n'a jamais obtenu ce statut particulièrement difficile à acquérir. S'il existe bien une Fondation Maud-Fontenoy, celle-ci est basée aux Pays-Bas et a été créée en novembre 2007. Interrogée par le magazine, la sportive soutient que cette fondation néerlandaise n'a jamais été active. "Point de fondation donc, mais une simple association Maud Fontenoy", conclut L'Obs."


    - « Mais surtout on la flingue pour ses déclarations favorables au nucléaire, à la recherche sur le gaz de schiste et les OGM, et ses propos sur le RoundUp de Monsanto ... »

    "Favorable au gaz de schiste et au nucléaire, Maud Fontenoy a "provoqué une vague de démissions au sein de sa fondation", poursuit le magazine. Nicolas Hulot, soutien de toujours, a même coupé les ponts avec la navigatrice, se "sentant trahi" par son ancienne protégée."

    "Plus de la moitié des experts de sa fondation ont démissionné. "Furieux à la découverte dans son dernier livre Les Raisons d'y croire (Plon) d'avoir été cités dans la liste des remerciements", précise la parution. Une chose difficile à digérer lorsque que l'on ne partage pas les positions environnementales décrites dans l'ouvrage."

    "C'est ce qui a notamment agacé le biologiste Gilles Boeuf et le directeur de recherche au CNRS Yvon Le Maho. Servir la cause environnementale pour vendre son image est visiblement ce qui dérange. "Nous lui servions de caution morale. Elle nous invitait à des événements de la fondation, comme les 'défis scolaires', l'an passé, au théâtre de l'Odéon. Elle nous avait placés au fond de la salle, pendant qu'elle se faisait applaudir sur scène avec Patrick Bruel et Nolwenn Leroy", raconte l'un d'eux."


    - « On peut certes mettre en cause ses déclarations et positions très pro-industrie. C’est ce que certains lui reprochent: d’être plus proche des industriels que de la nature. Le vieux clivage nature versus humains. »

    HA HA HA HA! Très drôle le travestissement !

    Il n'existe aucun clivage.
    Ce que vous décrivez, c'est le pillage de ressources de la terre, destructeur de l'environnement et de l'habitat, pour de l'argent (money money money)!

    Incidemment ...

    ... une petite pensée pour mon ami leclercq ... vu à la télé ce matin, le taux de fécondité des hommes du monde occidental a chuté de plus de 30% en moins de 25 ans.


    http://www.purepeople.com/article/maud-fontenoy-faux-record-ambition-qui-derange-portrait-a-contre-courant_a162995/1

    Ecolo mais pas trop : Maud Fontenoy, navigatrice en eaux troubles
    http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20150722.OBS2979/ecolo-mais-pas-trop-maud-fontenoy-navigatrice-en-eaux-troubles.html

  • @Chuck Jones: "Ce que vous décrivez, c'est le pillage de ressources de la terre, destructeur de l'environnement et de l'habitat, pour de l'argent (money money money)!"
    C'est votre affirmation et votre conviction personnelle? Tant que VOUS n'avez pas rendu toutes les ressource que VOUS avez consommées ou dont VOUS avez profité, votre conviction sonne creuse et n'est que la manifestation d'une idéologie malsaine.

    Votre PC, Internet vos vêtements, votre nourriture, votre frigo, votre maison, votre voiture (ou le tram que vous utilisez), les soins médicaux dont vous bénéficiez, ... tout ça n'est possible qu'en puisant dans les ressources de notre planète; dont une grande partie des ressources fossilles. Si vous voulez vivre comme à la fin du 19 siècle, vous êtes libre d'y retourner, mais ne comptez pas sur moi pour vous accompagner. Vous serez misérable tout seul.

  • Chuck,

    J'ai aussi lu à peu près la même chose avant de rédiger ce billet, et j'ai trouvé peu d'éléments indiscutables. Les attaques partent surtout du Monde et de l'Obs, soit deux médias de gauche, et comme de par hasard après qu'elle ait rejoint LR.

    Un exemple sur le tour du monde à contre-courant, ou plutôt tour de l'hémisphère sud. Pure People raconte que l'Obs raconte que le vendeur du catamaran raconte que le père "aurait dit"...

    :-))))))))))))))))))))))))))))))))))

    Vive le journalisme! C'est l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui na vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. D'ailleurs le tour du monde à la voile est essentiellement un tour du Pôle sud, me semble-t-il...

    Et celle-ci:

    "... mais, selon un des membres : "en cinq ans, je n'ai pas entendu une seule fois le son de la voix de Maud Fontenoy."

    Quel membre? Etait-il présent à toutes les séances? D'autres membres confirment-ils? Rumeur, rumeur...

    Sur la "vague" de démissions, lesquelles et en quel nombre? Apparemment il lui en reste pas mal. Rumor, rumor...

    Reconnue "d'autorité" publique? Cette expression n'existe pas. Ah, le journalisme professionnel...

    Reproches sur le fait qu'elle utilise sa notoriété? Et alors? Si c'est pour une cause utile, pourquoi pas. Il semble qu'elle n'est pas la seule dans ce cas. Reproche de très mauvaise foi.


    Ses positions sur le nucléaire et autres: eh bien je pense aussi qu'il faut continuer la recherche dans tous les domaines, et ne pas s'interdire par idéologie. Le carbone pollue, il sera de toutes façons remplacé, et on peut commencer dès maintenant (c'est d'ailleurs déjà en cours), mais cela n'interdit pas par exemple de rechercher un nucléaire propre.

    Et sur les pesticides, je n'y suis pas très favorable, mais qui n'a jamais utilisé un désherbant dans son jardin? Et peut-on s'en priver totalement? La recherche de Monsanto n'est-elle pas aussi destinée à limiter l'usage quantitatif des pesticides (là je vais faire hurler, je le sens...)? J'ai partagé en partie toutes ces colères contre l'industries, porté par la vague écolo-romantique. Aujourd'hui la raison m'empêche d'affirmer que l'on pourrait s'en passer totalement.

    Quant à l'argent, c'est par excellence le mauvais procès de gosses de riches qui crachent dans la soupe. Je rejoins entièrement Ben dans son deuxième paragraphe. Et je remercie ceux qui ont permis que l'on vive aujourd'hui dans un monde certes imparfait, plus pollué qu'il y a deux mille ans, mais où l'on meurt de moins en moins par famine, et la production vivrière massive permet aussi d'aider beaucoup plus vite de nombreuses populations exposées à un cataclysme, grâce à la culture intensive et non de proximité, grâce aux hélicos qui transportent les sacs sur le terrain, etc, etc.

  • Je ne comprend décidément pas ce reproche de Ben Palmer et appuyé par John !

    Pourquoi faudrait-il vivre en paria pour s'autoriser une critique sur le mode de vie économico-industriel ? C'est un non sens. Un autoritarisme également idéologique.
    Nous sommes dans un bateau et il n'est pas besoin de sauter à la flotte pour donner son avis sur la direction de la navigation que diable !

    Quant à Monsanto ... Moi ! Je n'ai jamais utilisé de désherbant dans mon jardin, ni sur les dalles de ma terrasse. Un peu d'arrachage à la main et puis de l'eau bouillante sur le reste, c'est une question d'habitude. Qu'importe, admettons qu'il puisse y avoir des des circonstances où c'est indispensable, est-ce une vraie raison pour le répandre partout, alors que l'on sait que l'on empoisonne la terre et la végétation que nous consommons ? Je trouve l'argument un peu court pour justifier une mode quelque peu suicidaire.

  • Aoki, ma position de fond est la suivante (en rapide et en partie):

    je fais depuis quelques années certains constats qui ne m'apparaissaient pas avant et que je vivais pourtant. Dans ce constat il y a beaucoup de choses, reliées ensemble de manière pas toujours explicite, et je travaille à les expliciter peu à peu.

    En particulier par rapport à votre remarque (dont je vous remercie car elle m'invite à préciser mon angle de vue) le constat est que la société fonctionne beaucoup en ruptures successives. La critique du mode d'organisation et de production est toujours libre mais j'en cherche les fondamentaux. Par exemple la critique actuelle sur la société industrielle est ou tend vers une forme de procès de l'existant, un procès dont le verdict est déjà posé. Le cas de Monsanto est exemplaire. Je ne pense pas que Monsanto, ni Exxon ni personne d'ailleurs, ait ou ait eu l'intention de créer un monde mauvais. Au contraire.

    Les critiques ne grossissent que certains aspects et ne tiennent pas compte du mode de vie exceptionnel que nous avons à bien des points de vue. J'ai aussi fonctionné en rupture, aujourd'hui je révise de nombreuses positions que j'ai eues au profit d'un autre paradigme, que je simplifie par le ET/ET plutôt que le OU/OU.

    J'ai peu de temps maintenant et je pense que cela vaudrait un nouveau billet, car il s'agit de vision globale. Je pense que la phase de révolte, d'opposition, de ET/ET doit progressivement céder la place à autre chose. C'est cela que je tente de formuler.

  • @hommelibre,

    Si Monsanto n'a pas voulu un monde mauvais, il a en tout cas voulu faire un maximum de profit et contrôler pas mal d'agriculteurs, en inventant les semences "terminator", celles qui doivent être rachetées chaque année.
    Les agriculteurs n'auraient plus le droit de gérer leurs semences, mais devraient à chaque fois en racheter, pour avoir droit aux pesticides et herbicides.
    Je ne suis pas anti-capitaliste, ni doctrinaire, mais je pense que s'il y a une compagnie qui mérite d'être un peu encadrée, c'est bien Monsanto.

  • Calendula, je vois que je n'ai pas encore atteint le coeur de ma réflexion mais je progresse vers cela. Le coeur approche. Le chemin passe entre autre par l'analyse critique des paradigmes en place depuis Descartes et son productivisme (dont l'écologie officielle, celle de la COP21, n'est qu'une prolongation), et par beaucoup de croyances et théories dites modernes. La mise en cause de l'art moderne viendra aussi, comme celle de la fascination pour la mort que j'ai commencé à aborder dans mon avant-dernier billet.

    Ce sont les bases mêmes de toute une partie de notre culture qui doivent être repensées.


    J'ai aussi été choqué par l'idée que la nutrition ne serait plus autonome, j'en ai d'ailleurs fait un billet. Mais ce que je pense maintenant est que des agriculteurs qui achètent Monsanto ne peuvent réutiliser une partie des graines produites, parce que M continue à produire les graines nécessaires dans son projet.

    Mais des agriculteurs n'achètent pas M et donc ne sont pas tenu par un contrat. Par contre ils continuent à tenter d'améliorer leurs semences, cela c'est l'histoire humaine, M ne fait rien d'autre avec de plus grands moyens.

    On peut discuter du brevet sur l'alimentaire, mais pas sur le fait qu'une entreprise gagne de l'argent avec ses produits. Sinon il n'y a plus d'entreprise, plus de travail, plus de téléphone, etc.

  • John,

    - « Les attaques partent surtout du Monde et de l'Obs, soit deux médias de gauche, et comme de par hasard après

    qu'elle ait rejoint LR. »

    Euh, pas plutôt après qu'elle ait été élue conseillère régional en PACA, no 2 sur la liste d'Estrosi ?

    Incidemment ...

    ... Description du poste : conseiller dans une assemblée consultative dont les avis sont rarement suivis. Temps de

    travail : quatre après-midi par mois en moyenne en séance. Rémunération : 3 768 euros bruts par mois.


    - « Un exemple sur le tour du monde à contre-courant ... »

    Fait déjà bien connu.

    - « Sur la "vague" de démissions, lesquelles et en quel nombre? »

    Chais pô, moi!
    Par contre je crois bien qu'ils n'ont pas trop aimé le titre de son bouquin qu'ils ont "vendu" avec leur propre

    nom...

    ... "Ras le bol des écolos"

    http://www.amazon.fr/Ras-bol-%C3%A9colos-Maud-FONTENOY/dp/2259221564

    Donc ... exprime son ras-le-bol de la part des vrais écolos, dont elle fait partie, cela va de soi, à l'encontre des

    2% de climato-sceptiques qui remettent en cause le réchauffement climatique d'origine humaine. (C'est pas toi, John

    ?)

    Et ceux qui n'adhèrent pas à sa foi sont des négationnistes ultra-minoritaires, 2% contre 98% de vrais

    scientifiques. (Ouille ouille ouille ... ca brûle dans le châlet!)


    - « Reconnue "d'autorité" publique? Cette expression n'existe pas. »

    Vous avez raison, John.
    C'est pas "d'autorité publique", mais "d'utilité publique".
    Mais cette appellation délivrée par l'Etat, elle l'a pas non plus.
    (Le Nouvel observateur, 23 juillet 2015)


    - « Ses positions sur le nucléaire et autres: eh bien je pense aussi qu'il faut continuer la recherche dans tous

    les domaines, et ne pas s'interdire par idéologie »

    Dako-Dak!
    Mais les déchets, John ? La Hague ?
    Elle diabolise le CO2, mais pas un mot sur les pets nucléaires du Fukushima gaulois ?

    http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/radioactivite-record-a-la-hague-06-07-2013-2959317.php


    Gaz de schiste ?
    Petite piqûre de rappel ...

    https://www.youtube.com/watch?v=nHEhn5MVx54


    Glorification de l'ethanol ... déforestation de la forêt tropicale, des forêt primaires ... pour de la production de

    canne à sucre au Brésil, maïs aux USA ... gaspillage de l'eau douce, assèchement de la nappe des grandes plaines

    Ogalala ...

    Association Roule-Ma-Frite ... un programme énergétique mis au point par Barnabé-La-Bricole ...


    - « Et sur les pesticides, je n'y suis pas très favorable, mais qui n'a jamais utilisé un désherbant dans son

    jardin? »

    La question c'est ... qui c'est qui en utilise dans son "petit jardin" ?

    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/10/29/les-tampons-et-serviettes-hygieniques-un-concentre-de-pesticides/


    Maud La Rameuse ? Mauvaise pioche, John, mauvaise pioche ...

    Etc, etc ...

  • « On peut discuter du brevet sur l'alimentaire, mais pas sur le fait qu'une entreprise gagne de l'argent avec ses produits. »

    C'est pas exactement ce qu'on reproche aux cultivateurs de chanvre, de pavot, et de coca ?

    Comment vous dites ? Je vous entends mal!

    ... Pas d'accoutumance aux produits Monsanto ???

  • J'ai vraiment de la peine à suivre votre raisonnement ! Je ne vois pas le lien entre le droit légitime à créer des entreprises rentables et l'idée qu'on ne doit pas s'opposer à des pratiques monopolistiques ou éventuellement remettre en question l'utilisation des OGM et les produits de synthèse exigés par leur culture.

    Si Monsanto ne veut pas un monde mauvais, mais qu'il veut faire un maximum de profit, en occupant un maximum de terrain ( c'est le cas de le dire ;-))), il se pourrait qu'il y ait malgré tout des dommages collatéraux.
    ( je ne me souviens pas de toutes les astuces, mais ce n'est pas comme si les petits paysans des pays en développement avaient un vaste choix de fournisseurs, dont M., qui serait juste un parmi beaucoup d'autres gentils fournisseurs de semences, engrais et pesticides)
    Si je me souviens bien, les paysans n'ont plus le droit d'utiliser leurs semences traditionnelles, surtout s'ils ne sont pas propriétaires de leurs terrains.
    Un des grands principes du capitalisme, c'est la concurrence. On espère qu'elle permette une variété d'offre et la baisse des prix. L'objectif est effectivement la diversité et une saine émulation. C'est la théorie.

    La réalité montre, qu'il y a la tentation des cartels, des fusions, du monopole. C'est en principe contraire à la théorie.
    Monsanto essaye de devenir le fournisseur principal et d'imposer son schéma dans des pays, où la législation n'est pas trop regardante.
    OK. On peut se dire : que le plus fort gagne "Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ...
    Moi, je ne trouve pas ça super chouette et je n'irai pas briser des lances pour cette entreprise.
    Ensuite, chacun balaie devant sa porte. S'il y a corruption dans des pays qui laissent Monsanto régir sans entraves, c'est bien sûr une autre histoire.
    En Europe, beaucoup de personnes s'inquiètent des négociations de ce traité nommé TiSA. Je verrais tout à fait une entreprise comme Monsanto arriver et décréter que l'Europe l'empêche de faire des profits, en refusant la culture à large échelle des OGM.
    Il ne faut jamais entrer dans des combines, dont on peut craindre que le retour en arrière est impossible.

  • "Mais des agriculteurs n'achètent pas M et donc ne sont pas tenu par un contrat."

    Vous oubliez que le pollen voyage avec le vent et que quand le pollen issu des plantes m vient polluer les plantes d'un agriculteur non m, ce dernier ne peut plus utiliser librement ses propres semences. C'est du racket. Apparemment vous ignorez les bagarres autour des semences ou autour de la commercialisation de produits naturels produits de manière indépendante. Renseignez-vous.

    https://kokopelli-semences.fr/juridique/loi_scelerate

    https://kokopelli-semences.fr/juridique/proces_perdu_2012

    Pourquoi met-on des bâtons dans les roues de kokopelli? Y a-t-il des industries ou des activités qui ont plus de droits que les autres?

    Le débat nature vs. industrie n'est pas un débat entre la nature et l'homme. L'homme fait partie de la nature, mais la saccage, notamment par certaines activités industrielles, car certains profits sont dus à des coûts externalisés (en cas de pollution, c'est rarement le responsable qui paie la dépollution [cf. le cas m ci-dessus], mais la société en tout ou en partie). Votre réflexion sur ce point me semble lacunaire.


    Tout-à-fait d'accord avec aoki. Qui montre très bien à quelle extrémité en sont réduits ceux qui s'accrochent à leurs gaspillages.

  • Calendula,

    Je suis par contre d'accord avec vous sur la question des cartels, et de veiller à les empêcher. J'ai aussi lu quelque chose sur ce point par rapport à M mais je ne crois pas que cette intention ait abouti. La concurrence doit continuer, ne serait-ce que pour créer encore d'autres possibilités de semences fortes. Je pense que ce risque d'hégémonie est inhérente à l'humain et qu'il est compliqué d'y renoncer sans renoncer à la force et au développement d'une entreprise. Il faut encore trouver quelque chose entre l'interdit et la liberté déchaînée. Cela passe entre autre par la liberté de choix du consommateur et par l'initiative de nouveaux acteurs économiques. En Amérique du sud il y a des groupes de paysans qui s'échangent leurs semences et qui n'ont pas recours à l'achat auprès de firmes.

    Pour préciser mon raisonnement dans sa motivation je peux dire (mais c'est court) que je conteste la contestation systématique univoque. Le reportage sur M de Marie-Monique Robin m'avait sidéré à l'époque et j'adhérais volontiers à son propos, mais aujourd'hui je pense qu'il manque une analyse plus vaste de la question, avec un développement étayé du pour et du contre.

  • Johann,

    Par rapport au pollen qui voyage c'est évidemment un risque, Le risque est de toutes façons inhérent à toute intervention d'une espèce sur son propre environnement, et chaque espèce, même végétale, intervient. Sans maîtriser d'avance toutes les conséquences et interactions. J'ai lu aussi, par exemple, que la dissémination était dérangeante pour M car certains insectes devenaient résistants. je tâcherai de retrouver le lien.

    Par rapport à Kokopelli j'ai aussi soutenu cette association, j'avais aussi fait un billet. Et puis j'ai creusé et voilà: il ne suffit pas d'être drapé dans un discours moralisateur, anticapitaliste et d'opposition pour avoir raison, et même que cela peut cacher autre chose:

    http://lecombatlibertaire.free.fr/?p=165

    Vous comprendrez que je souscrive de moins en moins à des tendances dont le ton et l'habit semblent donner plus de crédit et d'autorité que le contenu et le principe. Le ton, le style révolté justicier, peuvent être un leurre et ne devraient plus sous-tendre la critique sociétale. Sinon on est dans un biais aussi déplaisant que celui qu'on voudrait critiquer.

  • Lien vers l'article que j'avais écrit en 2010 sur Kokopelli:

    http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2010/01/12/kokopelli-des-semences-bio-de-la-discorde.html

    Un autre sur les polluants:

    http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2012/09/11/pesticides-bisphenol-et-autres-toxicite-contestee.html#more

    Et celui sur Monsanto:

    http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2010/05/29/haiti-faut-il-bruler-monsanto.html

    Je ne renie rien mais je cherche maintenant plus loin comment comprendre notre monde.

  • Quand le monde libéral s'insurge sur la loi du far west adoptée par Monsanto:

    http://www.letemps.ch/economie/2015/09/07/groupe-monsanto-plus-liberal-longtemps

  • John: "Mais ma philosophie de l’individu et de la société est largement imprégnée de la notion d’autonomie."

    m est au complet opposé de cette philosophie. Cette corporate vise à rendre les gens dépendants, accros. Cf. plus bas.


    "la dissémination était dérangeante pour M car certains insectes devenaient résistants. je tâcherai de retrouver le lien."

    Les pauvres chéris, leur profit va chuter! Oui, c'est le même principe que l'utilisation des antibiotiques utilisés à tort et à travers. Pour faire du chiffre (pharmaceutique et agriculture industrielle, poulets en batterie et tout ça). Bientôt des gens vont mourir à nouveau de la tuberculose, du staphylocoque, etc. à cause des microbes devenus résistants. Peste, choléra, intéressant programme pour réduire la population mondiale. En fait on s'en fout, non? C'est la vie. Des gens meurent d'autres naissent. La roue tourne. Des espèces disparaissent (éléphants, rhinos, baleines, etc.), on s'en fout d'autres vont réapparaître. C'est l'évolution. Des êtres humains meurent de maladies, de cancers, on s'en fout, non? Des êtres humains meurent sur les routes, on s'en fout, non? Que nos enfants vivent dans un monde pollué, dégradé, ce sera leur problème, n'est-ce pas? A chacun son temps de jouissance des biens de la Terre. Au maximum. Sans se soucier du lendemain. Sans se soucier des enfants et du monde que nous leur laisserons.

    Demandez-vous dont ce qu'il conviendrait de faire pour devenir autonome, pas philosophiquement, mais pratiquement, concrètement, dans la vie de tous les jours. Car une philosophie dans et pour les nuages... vous voyez ce que j'en pense...

    Dans le cas de m, outre la saloperie du glyphosate, vendu comme inoffensif pour l'environnement et la santé (mais on s'en fout, non?), il y a le cas du bt: oui, les insectes deviennent résistants à la protéine fabriquée par cette bactérie à cause de m, qui a introduit le gêne qui fabrique cette protéine dans le maïs. Et rapidement la pyrale du maïs a développé une résistance. Sélection naturelle. Bravo la nature! Or ce bt est utile contre beaucoup d'insectes aussi bien contre les larves de lépidoptères que celles de moustiques. Utilisé à bon escient (comme pour les antibiotiques) il y en aurait pour de nombreuses années de services à rendre, mais le plus important c'est le profit de m à court terme, non? Et le reste on s'en fout, non? Après tout, m a aussi le droit d'être autonome et de causer du tort aux autres.


    "avec un développement étayé du pour et du contre."

    Le pour c'est le profit pour les actionnaires, le contre ce sont les dégâts massifs qui ne sont pas pris en compte et qui permettent justement le profit. Quand un champ sans ogm est pollué par un ogm m (par pollen!), ce n'est pas le pollueur qui est sanctionné, mais le propriétaire du champ qui ne peut plus utiliser les semences polluées pour cause de brevet m. S'il voulait les utiliser, il devrait payer. Dans le principe du pollueur payeur, ce devrait être m qui soit sanctionné et doive payer réparation et indemnités au propriétaire du champ. Le propriétaire du champ perd totalement sont autonomie. Mais on s'en fout, non? Tout casse, tout lasse, tout passe.


    A propos de kokopelli: pourquoi anticapitaliste? Ils ne sont moralisateurs que parce que des directives et des lois les empêchent de développer leur commerce. Et la critique que vous avez mis en lien... et alors? La qualité du service et du site web de kokopelli est bien supérieure à celle de truffaut. Que devient votre philosophie qui prône l'autonomie quand on empêche une entité de devenir autonome et rentable en l'attaquant sur plusieurs front?

    Vous êtes pour la concurrence. Or les grosses firmes utilisent tous les moyens pour détruire la concurrence et se retrouver en situation de monopole. m ne fait pas exception. m ne travaille pas pour le bonheur de l'humanité.

    Par rapport à votre conclusion de 2010 qui me semble pleine de bon sens : "Les politiciens ont parfois de drôles d’idées. Et les attaques contre l’association Kokopelli ressemblent plus à une piraterie commerciale qu’à une défense de la pureté des semences", je ne suis pas sûr qu'il y ait du progrès dans les prises de position.

  • « Des êtres humains meurent sur les routes ... »

    Tiens, ça me fait penser qu'il y a touours plus de victimes de la route que du terrorisme.

    Ne faudraut-il pas considérer les conducters fautifs comme des terroristes ?

    Et ... plus de victimes de l'alcool que du terrorisme ...
    Alors, les barmans, des terroristes ?

    Et les fabricants de bonbons ?
    Hein ? C'est pas des terroristes les fabricants de bonbons ?

    Et MacDonald ? Coca Cola ? Les vignerons ? Les fromagers ? Les charcutiers ?
    Pas des terroristes tous ces fanatiques du sucre, de l'alcool et du gras ?

  • "Le chemin passe entre autre par l'analyse critique des paradigmes en place depuis Descartes et son productivisme (dont l'écologie officielle, celle de la COP21, n'est qu'une prolongation), et par beaucoup de croyances et théories dites modernes."

    Je n'ai rien contre le fait de se remettre en cause, de se déconditionner de certain réflexes. Je comprend très bien aussi que pour mieux comprendre, on peut épouser le point de vue opposé afin de mieux intégrer toutes les composantes d'un thème.
    Je me souviens que des dirigeants chinois avait supplié de faire l'effort de les comprendre, lorsque au nom d'intérêts supérieurs de la nation, ils avaient réprimés dans le sang, les manifestations de Tian'Anmen en 89.

    Oui, j'avais fait l'effort intellectuel d'essayer de concevoir ce dilemme du sacrifice de quelques un, afin d'éviter qu'un pays si grand ne s'effondre sur lui même dans le désordre (enfin c'était la version présentée par le pouvoir). Aussi fascinant que puisse représenter l'exercice, il n'en reste pas moins que je conteste absolument la possibilité d'un rôle de guide des peuples a d'autres être humain qui prétendent en détenir une vision salvatrice. Sauf à certaines conditions que je ne développerai pas ici.

    La vision supérieure de ce genre est bien souvent déshumanisée et je n'en vois pas d'issue autre qu'un désastre sur le plan humain.
    Je pense que les contestations ne sont pas forcément des réflexes conditionnés de nantis qui crachent dans la soupe. Il y a des valeurs qualitatives intemporelles inhérentes au genre humain, comme l'esthétisme, l'authentique, l'harmonie, la valeur ajoutée par le travail conscient sur un objet, une oeuvre ou un concept.

    Ce genre de valeur où l'être humain aime se reconnaître. Et quand cette partie proteste, il ne s'agit en tous cas pas de caprice d'enfants gâtés , mais bel et bien d'une zone essentielle pour son équilibre, puisque ceci existe autant ( et peut être même plus) dans des contrées plutôt pauvre.
    Dans ce sens là, il faut admettre que le développement industriel et l'économie du profit, n'a cessé de faire reculer ces qualités dans des proportions telle que c'est l'âme humaine qui exprime sa souffrance et nul autre chose.

    La mainmise par des monopoles a pénétré tous les secteurs, en particulier le monde politique qui crée des réglementations contraignantes et liberticides à causes de politiques agressives de ces marchés. Non il n'y a même plus d'espace de liberté pour gérer sa vie en dehors ou en parallèle de ce système.
    Et moi je ne dis pas merci.

  • Johann,

    La première chose sur quoi je reviens est la contamination involontaire d’un champ par du transgénique, et les conséquences juridiques. J’ai relu l’affaire Percy Schmeiser et la décision des tribunaux est pour moi aussi anormale que pour lui. Une contamination ne se décide pas, la nature ne peut être cloisonnée de manière étanche. Et un agriculteur doit pouvoir réutiliser une partie de ses propres semences pour une autre récolte.

    C’est à mon avis à Monsanto de protéger ses propres semences et de contractualiser les plantations de manière à ce que la contamination accidentelle ne puisse être poursuivie. Les tribunaux se fondent évidemment l’utilisation illicite d’une propriété intellectuelle comme dans tous les cas, mais ici les conditions même de culture en plein champ rendent difficile l’application de cette conception. Il y a quelque chose à faire au point de vue juridique pour que cela ne puisse continuer. Je donne pleinement raison à P. Schmeiser.

    Monsanto doit aussi tenir compte des résistances développées et inclure ce risque dans sa stratégie de recherche. Le temps des entreprises centrées uniquement sur un petit segment rentable doit faire place à un concept plus large. Vous citez l’exemple des antibiotiques. Or il se fait de plus en plus de médicaments très pointus, dont l’administration est moins massive. Cela peut bien sûr faire baisser le volume des ventes et un labo doit s’y adapter, même s’il doit garder de bonnes réserves pour payer ses recherches (très coûteuses). Et il n’y a pas de recherche sans brevets. Personnellement je pense que la question des antibios doit en partie être prise en charge par les consommateurs. Je n’en ai presque jamais utilisé parce que j’ai fait des choix de santé plus autonomes. Cela n’évite pas tout, j’en ai fait l’expérience, mais je ne pense pas avoir développé de germes résistants, et si j’en reçois d’autres personnes mon corps devra réagir et trouver des solutions.


    Disparition d’espèces: le vivant n’a pas attendu la conquête planétaire des humains pour que cela se passe.

    Monde pollué, dégradé: en partie, et l’on peut évidemment faire mieux. Mais on ne peut pas regarder que cela sans voir le reste de l’évolution des sociétés, y compris technologique. Le procès serait clairement biaisé et injuste. Ceux qui ont fait ce monde ne pouvaient anticiper et je ne leur fais pas de procès. A chacun sa part, sans pour autant parler de jouissance maximum sans se soucier du lendemain. Par exemple la déforestation ne peut continuer indéfiniment. On ne peut tout prévoir ni tout anticiper, et chacun doit faire avec ce qui se présente. Se soucier du monde que nous laisserons aux enfants: j’en ai parlé précédemment, ce n’est pas un argument prenable pour moi. Chaque génération a un horizon et fait dans cet horizon. Je ne doute cependant pas que les générations précédentes souhaitaient que nous bénéficions de meilleures conditions qu’elles.


    Sur le pour et le contre: non, trop facile de dire que le pour est uniquement le profit des actionnaires. Monsanto ne fait que prolonger ce qui s’est toujours fait, avec d’autres moyens, soit tenter d’améliorer la productivité au profit des besoins humains d’abord. Le XXe siècle a montré que le souci d’assurer la subsistance vivrière la plus pleine possible est dans la volonté des gouvernements, des labos, des producteurs. Je me souviens dans mon enfance des champs de blés à moitié écrasés par le vent au lendemain de gros orages. Depuis, une variété de blé à tige plus courte et résistante a été mise au point, et les cultures résistent mieux aux coups de vent. Je pense que c’est une bonne chose, mais je ne peux savoir si cette nouvelle variété a des inconvénients. C’est aussi cela le pour et le contre.

    Kokopelli: d’une part la biodiversité des graines est quelque chose de très « esthétique ». On n’entend guère qu’un son de cloche à ce sujet, celui des « antis » et des accusateurs. C’est fou ce qu’il y a d’accusateurs à notre époque!… Qui veulent tous fonctionner en rupture. Les tenants d’un discours plus équilibré et positifs sont traités comme des traîtres à la nature et à la vie. L’écologie est devenue une sorte de grand acte d’accusation. A cela je dis non, et ce non devient questionnement sur de nombreux dogmes actuels sous-tendus par cette posture d’accusation.

    De tous temps très peu de semences différentes ont été utilisées dans l’agriculture. Et avec le temps de nouveaux hybrides se font d’elles-mêmes. Il me semble qu’il y a une exagération de la crainte sur la perte de biodiversité. Par contre on peut en préserver une bonne partie en laissant beaucoup de prairies et de forêts, et en laissant des croisements se faire naturellement – ce qui ne peut être remplacé par les instituts agronomiques. Même si ceux-ci font du bon travail ils ne peuvent anticiper sur les besoins de la nature et l’adaptation du végétal aux évolutions des insectes, du climat, etc.

    Le refus de Kokopelli de s’enregistrer sur un registre est une autre affaire, qui tient en partie semble-t-il à la personnalité du fondateur. C’est certes contraignant, mais cela doit aussi avoir des avantages. Je suis partagé sur une telle question car entre le légitime intérêt des autorités de savoir ce qui est vendu à la consommation, et la liberté individuelle, je balance.


    Sur l’autonomie enfin, bien qu’elle soit dans ma vision de la vie, j’admets qu’elle a aussi des limites. Il y a une écrasante majorité de choses pour lesquelles je dépends des autres et du monde, de l’industrie, de l’organisation sociale, de la recherche médicale, etc, etc. Je la pousse au mieux dans ce qu’il m’est plus aisé de gouverner. Mais tout ne dépend pas de ma décision. Dans le cas de Monsanto, je n’aurais pas envie en principe de dépendre des graines, mais que ferais-je si j’étais agriculteur? Je préférerais le bio sous une forme ou une autre, très certainement, mais je ne pourrais affirmer que cela peut assurer tous les besoins dans toutes les circonstances. Par contre il semble clair aujourd’hui que le mélange de plantes diverses dans les cultures améliore la production: une raison économique et non « morale » de maintenir la biodiversité.

    www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20150616.OBS0886/60-ans-que-l-agriculture-a-tout-faux.html

    PS: Ici un ouvrage sur les semences en terme de biodiversité de propriété intellectuelle, de gouvernance mondiale. Des gens de toutes obédiences, y compris divergentes, qui analysent ces questions dans tous les sens possibles, sans chercher de consensus mais en ouvrant à tous les questionnements: ça existe.

    https://books.google.ch/books?id=PfUtq6XOHAAC&pg=PA25&lpg=PA25&dq=biodiversité+faux+problème&source=bl&ots=VfGBYGVoCp&sig=Uv76JpQeTRUQ63DWctMyTGWpu5M&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjW2fKPwODJAhUGxxQKHRwvAqU4FBDoAQgxMAU#v=onepage&q=biodiversité%20faux%20problème&f=false

  • Interview intéressante d'un spécialiste de la biodiversité, qui lui accorde une place moins importante:

    www.largeur.com/?p=3416

    Extrait:

    "Ce que l’on peut dire, c’est que certains écosystèmes fonction­nent bien avec beaucoup d’es­pèces différentes, et d’autres avec peu. La nature n’a pas de finalité. La valeur de la biodiversité et le sens que l’on pourrait donner à l’évolution relèvent de la philosophie.

    Notre vision de la biodiversité se focalise essentiellement sur les espèces emblématiques et les vertébrés. Mais c’est sur­tout ce qui ne se voit pas: les insectes, les bactéries, les virus, les parasites — ainsi que les sauterelles qui ravagent les champs, les moustiques qui transmettent la malaria ou encore les maladies… Il faut arrêter d’avoir cette vision angélique de la Nature soutenue par certaines ONG. J’ai discuté avec l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) dans le cadre de la convention Ramsar sur la protection des zones humides. Ils refusent de reconnaître que ces milieux agissent comme des réservoirs pour les maladies parasitaires. Ils se focalisent sur la protec­tion des oiseaux et argumentent qu’éradiquer le paludisme coûte­rait trop cher. A ce niveau­-là, c’est placer la vie d’un oiseau avant celle d’un homme.

    La disparition d’espèces actuelles est-­elle comparable aux grandes extinctions passées?

    Nous manquons de données pour répondre. On en­tend dire que le taux de dispari­tion actuel serait 1’000 à 10’000 fois plus rapide que la situation «naturelle». Selon moi, la publi­cation originale de 1995 dont proviennent ces chiffres est un bricolage complet, une impos­ture. Elle mélange des données partielles et non représentatives qui concernent des milieux com­plètement différents. Les infor­mations disponibles concernent surtout les espèces qui laissent des traces, en particulier les mammifères et les oiseaux. Mais on connaît très mal la situation des micro­organismes."

  • Aoki:

    "... je conteste absolument la possibilité d'un rôle de guide des peuples a d'autres être humain qui prétendent en détenir une vision salvatrice."

    N'est-ce pas justement ce que font les écologistes et le groupe de scientifiques associés?

    Par ailleurs épouser le point de vue opposé pour intégrer toutes les composantes devrait être la dialectique moderne. En réalité elle continue sur la pensée productiviste, elle-même construite selon un schéma manichéen. C'est cela aussi que je questionne aujourd'hui: le mode de fonctionnement mental, pas seulement le contenu qui en découle. Et à mon avis c'est dans ce sens qu'il faut aller, sans quoi on ne fait que changer en surface et l'on produira les mêmes effets. Dans cent ans, que se demanderont les descendants en regardant les champs d'éoliennes? Technologie monstrueuse qui est au durable ce que le pédalier à une pédale est à la force des pieds: un dinosaure à l'efficacité aléatoire. Mais on admet aujourd'hui que c'est un passage, en attendant mieux, peut-être l'audace des éoliennes aériennes que vous aviez mentionné une fois. Ou de captages solaires dans l'espace.

    Par ailleurs, gérer sa vie librement dans le système actuel est difficile. Les communautés du Larzac n'avaient pas vraiment produit un nouveau mode de vie. Le contrôle sur les citoyens et tous les cm2 de territoire rendent aléatoire une vie d'homme des bois. Moi ça ne m'empêche pas de me sentir très libre dans ce système et dans cette vie. Et je dis merci. Je crois que malgré de nombreux désaccords sur de nombreuses choses de notre société, je ne fais plus de procès, je dis merci mais je garde l'esprit critique pour avancer vers des peaufinements multiples et un changement de paradigme. J'en suis même aujourd'hui au point où je considère comme une opportunité une certaine expérience très destructrice à tous points de vue dans ma vie, que vous savez. Cela m'a permis de changer de regard et de repenser mes croyances, mes angles de vue, mes loyautés, etc.

  • "il y a de quoi être étonné de l’attaque en règle...."

    Parce qu'on s'étonne aujourd'hui des attaques tous azimuts sous la ceinture de la gauche & C°? John, vous n'êtes pas vacciné après ce qui nous a été donné d'assister aux élections régionales françaises?

  • Je comprend parfaitement la démarche John, de plus, abandonner une certaine lutte et ressentir à nouveau une réconciliation avec la société humaine doit libérer du poid sur les épaules et de l'énergie tout court pour renaître après une période difficile. Cette histoire et cette démarche vous appartiennent.

    Cependant stigmatiser ce que font les écologistes ou les affiliés associés en "défendant"relativement les autres, constitue une simple inversion de paradigme sur un même axe, ce n'est pas encore un élargissement de conception.

    Du moins c'est comme cela qu'on peut le comprendre en vous lisant.

    Perso, je me fout bien des discours de camps; je constate simplement que l'avidité crée bien des misères et cela me dérange encore plus quand on utilise une idéologie pour l'excuser ou tolérer plus qu'il n'en faut les dommages collatéraux occasionnés.
    Aujourd'hui je ressens plus dans le concret, les méfaits, le conditionnement et les contraintes liberticides de cartels qui s'arrogent le monopole que n'importe quel discours des écologistes.

  • @hommelibre,

    Vous écrivez :

    "je vois que je n'ai pas encore atteint le coeur de ma réflexion mais je progresse vers cela. Le coeur approche. Le chemin passe entre autre par l'analyse critique des paradigmes en place depuis Descartes et son productivisme (dont l'écologie officielle, celle de la COP21, n'est qu'une prolongation), et par beaucoup de croyances et théories dites modernes. La mise en cause de l'art moderne viendra aussi, comme celle de la fascination pour la mort que j'ai commencé à aborder dans mon avant-dernier billet."

    Les théories auxquelles vous faites référence sont parfois davantage que des théories et des croyances ! Les commentateurs ce ce billet sont très bien informés sur la problématique de Monsanto, par exemple. Il y a des pratiques et le projet très fort de mettre en avant les OGM.
    Un certain consensus sur un sujet donné ne signifie pas que ses tenants sont aveugles ou suivistes, ils se sont peut-être fait une opinion en leur âme et conscience. La désapprobation de telle ou telle pratique peut être pertinente et totalement justifiée. Dommage, si on se trouve à être d'accord avec des ONG, des altermondialistes ou des gauchistes. Mais je trouverais bien plus dommageable de vouloir se retrouver systématiquement dans le camp opposé.

    J'aime bien l'idée du ET / ET au lieu du OU/OU.
    Les choses sont toujours plus compliquées qu'il n'y paraît et le ET / ET se rapproche d'une vision cubiste de la réalité. (on voit quelque chose à la fois de face et de profil)
    Vous ne serez pas d'accord avec moi, parce que le cubisme fait partie de l'art moderne !
    Quant à Descartes : il ne faut pas oublier qu'il est très français et sans vouloir vexer personne, je pense que le cartésianisme n'est pas une valeur universelle. Je n'oserais pas affirmer que Descartes soit la pierre angulaire de la modernité. D'une part parce que je ne le connais pas assez bien ;-))), mais aussi parce qu'il me semble que la marche du monde est si complexe, qu'on ne peut faire porter la responsabilité de tout cela à un penseur français.
    Il me semble que dans le domaine de la pensée écologique, Rousseau a un poids bien plus significatif, mais je peux pécher par campanilisme !
    ( Si le productivisme est à repenser, pourquoi ne pas commencer par M. ???? L'écologie officielle cherche à remplacer des sources d'énergie par d'autres, il lui est plutôt reproché de sous-estimer les besoins mondiaux et de nous précipiter dans la pénurie et la décroissance. Je ne voyais pas l'écologie comme productiviste, mais j'ai dû mal comprendre quelque chose.)

  • Calendula,

    Je donne peut-être l'impression d'être seulement dans le camp opposé parce que la clameur du "camp des procureurs et des juges" est très forte. Je ne suis pas opposé par exemple à des prolongations d'expérimentations, mais je ne suis plus à penser qu'OGM = diable. Les modifications génétiques ont toujours eu lieu dans l'agriculture, probablement depuis les début il y a 10'000 ans, c'est ainsi que l'on a obtenu des variété plus nourrissantes, plus durables et aisées à cultiver ou adaptées à différents climats et terres. Pareil pour les animaux domestiques, dont les souches actuelles sont très influencées par les croisements décidés par des humains. Tout cela bien avant la chimie.

    La génétique sera de plus en plus manipulée en médecine, afin de traiter par exemple des maladies incurables autrement. L'alimentation saine est aussi destinée, d'une autre manière, à fortifier l'organisme et à améliorer sa résistance et ses défenses. Les moyens ne sont pas les mêmes mais l'inspiration est identique, c'est pourquoi je suis de plus en plus irrité par le procès permanent que l'on fait à la société, aux multinationales, etc.

    Les problèmes doivent être examinés avec soin, certaines pratiques encadrées, je ne suis pas un tout libéral. Mais le stéréotype qui fait l'éloge du petit comme kokopelli et qui suspecte le gros n'est rien qu'un stéréotype. Le petit est un gros qui n'a pas encore eu le temps de faire de grosses conneries et que l'on n'a pas encore passé au crible, mûs que nous sommes par un élan affectif et protecteur. Small is beautifull, enfin il paraît. En tout cas cela suscite une drôle de soupe dans les coeurs et les têtes.

    Les choses vont plus vite aujourd'hui. Mais cela ne signifie pas qu'on savait mieux ce que l'on faisait il y a 500 ans qu'aujourd'hui.


    Sur Descartes et son projet clairement exprimé de dominer la nature, oui il est français. Mais la France a influencé culturellement et dans divers domaines toute l'Europe pendant plusieurs siècles, et même les Etats-Unis par les émigrés européens. Le productivisme est largement valorisé aux Etats-Unis. Or le productivisme est suspecté, allié au capitalisme et au libéralisme, de détruire le monde. Alors qu'il fait vire des milliards d'humains et satisfait de nombreux besoins. Ce productivisme est d'ailleurs toujours à l'oeuvre dans l'écologie pro-industrie verte. Rares sont les écolos qui prônent une décroissance (choses très difficile pour le psychisme humain), mais il y en a, qui même ont abandonné le réfrigérateur. Il y a un bon article dans le Causeur de novembre sur le sujet. Mais abandonner le réfrigérateur, symbole majeur de la technologie domestique avec la voiture, c'est aussi refuser ce que des générations ont mis en place pour vivre mieux. On peut aussi revenir au lavoir du village. Cela dit le productivisme est encore à questionner, car il fonctionne sur la consommation sans limites.

    Et si l'on ne consomme plus d'énergie on ne produira plus, le chômage arrivera à 80%, heureusement il restera des racines à manger... Je pousse un peu, mais aucune des ces problématique ne doit être rejeter, ni d'ailleurs l'idée même de décroissance. Tout doit être étudié, analysé, en définissant les principes de l'étude, en acceptant les controverses aussi loin qu'elles s'expriment.

  • Au fait, je suis très moderniste malgré les apparences. J'aime les lignes épurées, la sobriété et l'imaginaire de l'art abstrait. Le cubisme est intéressant justement pour la raison que vous dites. J'ai compris Picasso quand j'ai réalisé qu'il montre les visages sous deux angles en principe impossibles à montrer dans le même plan.

    Non, je pense à Duchamp et son urinoir, qui est un gag de potache mais de là à être dans un musée... même nommé "Fontaine", et même si cette fontaine induit une réflexion sur ce qui sort de notre corps. C'est quand-même plus de l'humour que Dali ou Magritte. Je pense aussi à Jeff Kotons, qui reproduit des reproduction, des dessins de BD ou d'illusionnistes qui en eux-même ne sont que des traits stéréotypés, pas des oeuvres travaillées. Ou au Piss Christ. On peut toujours se justifier en y trouvant un sens, mais je ne marche pas.

  • @hommelibre,

    Sur l'art moderne, je pense que nous sommes sur la même ligne. Je suis hallucinée de constater qu'on arrive à vendre des trucs insignifiants à prix d'or. Vous conviendrez que ceux qui achètent ne sont pas des écolos, mais bien des gens qui ont trop d'argent et qui ne savent pas comment le dépenser ! Il y a du snobisme de nouveau riche.
    Le vrai problème avec cet "art"-là, c'est qu'il peut être acheté avec l'argent du contribuable pour des musées publics.

    Je n'ai toujours pensé que le productivisme et le dynamisme économique reposait beaucoup sur l'éthique protestante du travail. La réussite matérielle étant le signe d'une faveur divine, pour résumer très grossièrement. Descartes a pu apporter une certaine contribution au grand élan de ce progrès matérialiste ( je n'utilise pas ces mots de façon péjorative), mais je ne comprends pas, si vous voulez déconstruire Descartes, le productivisme en général ou le productivisme écologiste.
    Je trouve le productivisme écologiste très bien, s'il permet de moins gaspiller des ressources naturelles de façon irréversible. Si p.ex. un jour, on arrive à fabriquer des frigos à partir de matériaux de récupération et qui fonctionnent avec l'énergie du vent, du soleil, des vagues. On peut quand-même encore espérer, sans passer pour totalement endoctriné.

  • Sur "l'art" moderne oui nous sommes d'accord. Rien d'écolo ici, seulement une rupture "moderniste" avec le passé, sans les qualités qui rendent une ouvre digne d'être regardée comme de l'art, comme un miroir interrogateur en même temps qu'une proposition de l'artiste, et qu'in vrai don de soi de sa part nous emmenant plus haut, plus loin, dans des regards fondamentaux sur le monde.

    Le productivisme est critiqué dans certains milieux comme associé à ou sous-tendant l'activité des entreprises, la surconsommation, la pollution, la manipulation des humains pour créer leurs besoins en vue de vendre ensuite. Il y a une utilité bien sûr, à oser produire plus que ce que la nature donne toute seule.

    Le XIXe siècle parlait essentiellement des outils de production, parce qu'il n'y avait pas encore la conscience de l'après. Mais produire n'est peut-être plus un objectif à conjuguer tout seul. J'ai cité il y a quelques jour le fait que Renault envisage de gérer ses voitures de la recherche jusqu'au recyclage. L'auto devient un objet de location dont l'entreprise reste propriétaire (comme un leasing) et dont elle doit achever proprement le cycle de vie, et donc aussi prévoir de recycler davantage. Voilà un productivisme "Plus", dont les vertus ne s'arrêtent pas à la sortie de l'usine

    La spontanéité, être dans l'instant présent, alimente aussi le consumérisme par une absence de recul sur nos besoins réels.

    Le gender, comme le New Age, sont productivistes: on est ce que l'on veut au moment où on le veut, on devient ce que l'on décide quand on le décide, on change de genre à volonté, on change de personnalité, etc: c'est une forme de productivisme déconnecté du corps, on abolit ce qui n'est pas sous notre gouvernance, on aboli les limites et la mort. Il y a du Faust dans le consumérisme, c'est par là que je m'y intéresse.

    Il y a une même disposition d'esprit entre le New Age, le gende, la finance sans limites et la surconsommation, donc le productivisme et la fin des limites. J'étais il y a quelques jours encore avec des personnes qui tiennent ce langage: nous pouvons être tout, il suffit de le décider. Cette position intellectuelle suppose combien d'aveuglements sur ce qui nous pose limite! Refus des limites, surhomme, effacement de la mort dans un consumérisme galopant, pour moi cela a un lien avec le productivisme.

    Le temps et l'expérience me permettent de revisiter mes propres conviction, croyances, analyses, certitudes, doutes et rêves. J'arrive à la période où l'expérience humaine prend le pas sur l'énergie vitale, et j'entends bien incarner pleinement cette situation de l'expérience. J'ai été très moderniste dans la pédagogie que j'ai mise en place dans mon école, mais même là je ne ménage pas la critique à mon propre égard. Il y a avait d'excellentes choses dans l'aspect responsabilisation de l'adulte étudiant, dans l'expérience personnelle et le travail de connaissance de soi incluse assez loin pour de futurs thérapeutes, dans certaines priorités, bref, beaucoup de choses que je ne renie pas un instant et que je tiens toujours comme bonnes. Mais j'en connais aussi les points faibles et les lacunes.

    J'ai toujours aimé les avant-gardes, d'ailleurs je pense toujours en être, et ma dynamique actuelle de dépasser les postures de rupture devenues des esthétisme ou des marqueurs en soi qui formatent les contenus (voir le rock, qui est une attitude, une posture physique, sans plus de contenu), de réintégrer les éléments valables du passé, de rechercher les liens entre époques, de refuser la dictature du modernisme pour le modernisme et du manichéisme politique et sociétal, de rédigérer certains concepts dits modernes, de penser en et/et plus qu'en ou/ou, est à mon avis la prochaine avant-garde. J'ai toujours eu de l'avance sur mon temps.

    Je suis de ce point de vue bien plus Edgar Morin sur l'apprivoisement de la complexité, qu'Eric Zemmour sur le regret du passé dans quoi il se fourvoie à mon avis.

  • @hommelibre,

    Merci pour ces explications très complètes, qui me permettent d'y voir plus clair.
    Je ne voyais pas la signification du mot "productivisme" de la même façon que vous. Pour moi, cette attitude post-New Age est une sorte de volontarisme un peu narcissique.
    Cela étant, je pense que toute innovation ou invention permettant d'améliorer le rendement, d'éviter le gaspillage et un recyclage intelligent est du bon productivisme. Et cela peut être inventé ou conçu par tout un chacun, pas seulement de grandes compagnies, comme Renault.

    Moi aussi, "J'arrive à la période où l'expérience humaine prend le pas sur l'énergie vitale, et j'entends bien incarner pleinement cette situation de l'expérience."
    Je pense que nous arrivons à cet âge en ayant encore beaucoup de vitalité grâce à une vie plus confortable et un environnement de bonne qualité. Incarner l'expérience, c'est tout un programme et il faut juste s'assurer d'être audible ! Cela demande aussi de la vitalité, et la capacité de s'adapter à son auditoire, aussi petit ou familier soit-il.

    Vous êtres très auto-critque à postériori. Mais j'imagine que si je vous disais, que vous avez fait de votre mieux sur le moment, avec les convictions d'alors, vous serez d'accord avec moi ! ;-))

    Je trouve le mot "moderne" très démodé et presque péjoratif. Ce n'est pas parce que quelque chose est censé être moderne, que c'est forcément admirable. C'est un mot pratique, utilisable dans plein de langues, on voit assez ce que ça recouvre, donc il est beaucoup utilisé et bien sûr, il est censé être positif ! Le mots "actuel" ou "contemporain" sont plus neutres et moins usés.

    Je ne suis pas complètement d'accord avec l'idée que le rock ne serait qu'une attitude, sans contenu.
    Il y a tant de sortes de "rock", qu'à mes yeux cela signifie que plein de gens très différents se sont retrouvés "chez eux" dans ce style de musique et qu'ils l'ont façonné à leur propre convenance. On a du recul, on peut y réfléchir.
    Je ne suis pas du tout rock vu de l'extérieur, mais j'adore beaucoup de musiques qui en viennent. Et depuis toute petite. Si c'est resté aussi vivace, c'est qu'il y a quelque chose de plus que juste de la musique, un look ou une dégaine. Mais c'est un autre débat !

  • @Calendula

    « Sur l'art moderne, je pense que nous sommes sur la même ligne. Je suis hallucinée de constater qu'on arrive à vendre des trucs insignifiants à prix d'or. »

    Cela n'a rien à voir avec de l'art.
    Après la cession originale par l'artiste de son oeuvre, cela devient du simple commerce dérivant allègrement, selon l'intérêt de l'industrie des médias et de ses désignés experts et faiseurs de modes, en finance spéculative.

  • @hommelibre

    « Or le productivisme est suspecté, allié au capitalisme et au libéralisme, de détruire le monde. Alors qu'il fait vire des milliards d'humains et satisfait de nombreux besoins. »

    Il exclut aussi des milliards de toute participation, privant même beaucoup de moyens naturels de subsistance, et réduit aussi des centaines de millions en esclavage sans autre avenir, tous affligés du même défaut, aux yeux des grands "instigateurs" ... la pauvreté.

  • @Chuck Jones: Une drôle de vision de la vie. Comment vous imaginez-vous l'organisation d'une société? Nous commençons tous notre vie nus comme des vers sans aucun "capital" de départ. Nous dépendons du bon vouloir de nos parents pour nous entretenir jusqu'à l'âge où nos pourrons subvenir à nos besoins. Subvenir à nos besoins, c'est essentiellement nous nourrir, nous vêtir. A défaut d'être autosuffisants nous devons échanger des biens ou des services avec la communauté dans laquelle nous vivons. Nous devons donc négocier la valeur de nos produits services en échange des biens ou services d'un autre membre de notre communauté: p. ex. 12 œufs valent 1 kg de pommes; 1 kg de viande vaut 1 heure de mon travail pour la construction de la maison de mon voisin. C'est qu'on appelle un marché libre; personne n'est obligé d'échanger et chacun est libre de fixer "son prix". Celui qui produit plus valeur peut acquérir plus; c'est la mesure de la productivité.

    Dans chaque communauté il y des tâches qui bénéficient à tous, comme l'adduction d'eau potable, l'aménagement de chemins carrossables. La communauté décidera alors d'un commun accord (démocratiquement) de prélever une part du revenu de chaque membre pour "financer" ces travaux. On appelle cela des impôts.

    Et voilà que nous arrivons à une démocratie et un marché libre.

    Tout le monde décide librement s'il veut faire partie de la communauté (il paie alors les impôts) et s'il veut vendre ses produits et services et de la valeur qu'il veut obtenir en contrepartie.

    Il n'y a ni contrainte (sauf pour les impôts), ni esclavage, ni pauvreté inhérent au système. La liberté et les choix individuels sont garantis.

  • @Ben Palmer

    Merci.
    C'est très gentil de vouloir essayer de me faire rire.

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