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« Incroyable Talent » : quand Gilbert Rozon retoque une fillette

Je regarde parfois Incroyable Talent sur M6. À côté des gags, comme ce bodybuldé qui peint avec son pénis, il y a de réels talents, amateurs ou professionnels. 

 

incroyable talent,gilbert rozon,enfant,louanne,je vole,sardou,sentimentalisme,manset,saez,On y découvre pas mal d’enfants. Certains présentent des prestations de qualité avec du travail derrière. D’autres n’ont que leur enfance pour les excuser d’être sur scène. J’imagine des parents plus fiers qu’exigeants, voyant leur progéniture comme la révélation du siècle. Mais il y a peu de Mozart sur un seul continent.

Ici deux fillettes chantent Je vole de Michel Sardou. Chanson reprise il y a un an par Louanne. Elle est charmante, Louanne. Son minois enfantin, et cette grâce dans son regard, touchent. 

Pourtant, aussi jolie soit sa voix, aussi agréable sa présence, elle ne met pas vraiment le texte en valeur. On l’écoute elle, alors que Sardou mettait en avant la chanson. On imaginait l’histoire. Louanne mûrira peut-être, je le lui souhaite.

Donc les fillettes commencent la chanson sur la scène d’Incroyable Talent. Assez rapidement Gilbert Rozon, le « méchant » du jury, buzze pour signifier qu’il en a assez. Aussitôt la fillette cesse de chanter, fond en larme et se retourne.

incroyable talent,gilbert rozon,enfant,louanne,je vole,sardou,sentimentalisme,manset,saez,Le public hue Rozon, puis se lève pour applaudir la prestation. Une spectatrice le trouve cruel. Illustration du sentimentalisme ambiant. Le public a peu d’exigences. Pourtant la fillette force sa voix, elle n’est pas prête, et si elle s’expose elle doit se préparer à échouer. Rozon a raison: elle ne sert pas la chanson de Sardou.

Il n’y a pas à faire de sentimentalisme sans motif valable avec les enfants. Le culte de l’enfant roi c’est le monde à l’envers. Au contraire il faut les pousser à travailler, à s’améliorer. Fabriquer des petits princes et des petites princesses parce qu’ils sont enfants ne leur rendra pas service dans la vie. On ne leur donne pas de vrais repères pour s’évaluer. Ce qui est nommé ici cruauté, est en réalité une expression lucide, une exigence, et fait partie du chemin. La bienveillance n’est pas toujours là où on l’attend.

Les enfants du cirque bossent dur pendant des heures chaque semaine. On ne les complimente pas souvent et ils n’ont pas le temps de s’apitoyer sur eux-mêmes. Imaginons une seconde le travail qu’il a fallu aux artistes du Cirque du Soleil pour produire leurs fantastiques spectacles! Les parents de cette fillette, ou d’autres adultes autour d’elle, auraient dû lui dire qu’elle n’e possédait pas un niveau suffisant. Passe pour un dimanche après-midi en famille, mais pas sur scène.

Je n’attends surtout pas des Céline Dion et des produits trop léchés. Je préfère même parfois des imperfections si elles portent tout de même la chanson et une singularité. Gérard Manset a par exemple su utiliser certaines approximations de sa voix et en faire une qualité, une signature singulière. Damien Saez a aussi un chanté particulier.

Alors, pour cette fillette, Gilbert Rozon a raison et le public est comme un sentimental noyé.

 

 

 

 

 

Catégories : Art et culture, Repères 5 commentaires

Commentaires

  • "Il n’y a pas à faire de sentimentalisme sans motif valable avec les enfants."
    D'accord et je supprimerais même le "sans motif", car ce sont les sentiments qui apportent quelque chose à l'enfant et non le "sentimentalisme".
    Ce que vous décrivez dans votre billet est précisément ce qui m'a poussé à ne plus regarder cette émission, qui montre parfois des performances intéressantes. Si seulement il n'y avait pas le public ... et le jury !

  • D'accord avec votre nuance sentiments/sentimentalisme, Mère-Grand.
    Et je vous rejoins sur votre conclusion, ce qui fait que je regarde au compte-goutte.

  • N'y avait-il pas, à un moment donné, une série d'émissions rien qu'avec des candidats enfants ?

    Ce n'est pas malin de faire concourir des enfants avec des adultes dans un talent-show. Le public et le jury vont forcément appliquer des critères différents. Selon mes souvenirs, Gilbert a toujours été le plus critique, le plus difficile à séduire et celui qui actionne le bouton rouge le premier. Il assume un peu le rôle du grand méchant loup.

    Si on mélange, malgré tout, enfants et adultes, c'est probablement pour augmenter l'effet-show et pour ratisser large.
    Toute l'emphase émotionnelle de la réaction du public fait partie de ces émissions un peu hystériques, qui créent le buzz à bon compte.

  • Ratisser large, cela me paraît aussi la raison du mélange.
    Je sais qu'il existe The Voice Kids pour les enfants uniquement, que je n'ai jamais regardée.

  • Sur cette emphase émotionnelle, elle installe ou confirme un modèle réactif sans recul, sans plus d'autre critère que sa propre projection, peut-être comme si applaudir un enfant c'était réparer quelque chose de soi. Les adultes se montrent immatures.

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