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Dans la tête des oiseaux

Les jours paressent déjà dans cette moiteur qui vient du sud. On dirait l’été. C’est l’été: en météo il débute le 1er juin. Pourtant juin n’est pas toujours si chaud, ni ensoleillé. En fin d’après-midi la terre remercie le ciel, laissant monter ses  multiples odeurs dans une  brise thermique agréable.

 

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Vers vingt heures les merles annoncent le retour au nid pour la nuit, à coups de chants tonitruants qui résonnent dans la cathédrale du ciel.

Je me demande comment les oiseaux voient le monde. Voir globalement et physiquement. Comment apprécient-ils l’espace en vol? Comment se représentent-ils les ordres de grandeurs des autres animaux et leur dangerosité, afin de préserver une distance de sécurité?

Il doivent avoir des critères pour apprécier la dangerosité. Un chien qui court et aboie les fait fuir, mais pas un écureuil. Ils savent que l’écureuil ne les menace pas. Comment le savent-ils? Une mémoire? Quelle mémoire: apprise de leurs parents à chaque génération, ou plus lointaine?

Ils évoluent. Par exemple certains moineaux ont pris de l’audace et viennent manger sur les tables aux terrasses de certains restaurants. Ils ont compris que les clients ne sont pas des menaces. Pour comprendre cela ils doivent disposer d’une faculté d’évaluation, donc de comparaison avec d’autres menaces, et de discrimination dans les situations de danger.

 

 

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La littérature s’intéresse aux oiseaux selon trois modes. Le premier mode est scientifique et porte sur la biologie, l’étude des comportements et celle des relations à l’environnement. Gaston Bachelard, philosophe des sciences, écrivait: « L’oiseau construirait-il son nid s’il n’avait son instinct de confiance au monde? »

En feuilletant le net je découvre que les oiseaux ont une vision en quadrichromie. Ils voient plus de nuances de couleurs que nous, dont la vision est trichromique. Leur vue est très précise dans un champ de vision large.

Le deuxième mode est une description littéraire; je pense aux Conquérants de José-Maria de Heredia: « Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal ». Ici les oiseaux n’ont pas de personnalité particulière sinon celles de leur espèces dont le nid contient les traces de leurs bombances sanglantes. Ils installent dans le texte une image de tension. Leur invocation contextualise de manière poétique, métaphorique, l’ambiance dans laquelle l’auteur nous fait pénétrer: celle de chercheurs d’or, « ivres d’un rêve héroïque et brutal ».

Le troisième mode est symbolique, poétique ou anthropocentrique. Les contes et les fables sont peuplés d’oiseaux parfois mythiques, comme le phoenix qui meurt dans le feu et renaît de ses cendres. On leur fait même jouer des rôles quasiment humains en projetant sur eux des comportements propres à notre espèce. « Le corbeau n’est pas prêteur » écrivait Jean de La Fontaine.

 

 

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Mais comment les corneilles vivent-elles leur couple? En fidélité. Enfin presque. J’ai vu sur l’herbe d’un parc deux corneilles qui se préparaient à l’accouplement. Le comportement de l’une montre le mâle: ailes gonflées, crinière hérissée, pas décidés. Après les préliminaires il monte sur la femelle.

Mais il n’est pas seul. Un autre mâle rejoint le couple et l’observe de très près. Quand le premier mâle, pas gêné d’être observé, descend du dos de la femelle, l’autre mâle y va et la couvre à son tour. Ils ne semble y avoir ni pudeur ni jalousie.

Avec La conférence des oiseaux le poète soufi Farid Al-Din Attar publie un recueil de poèmes dans lesquels les oiseaux tiennent débat sur la vie et les grandes questions philosophiques qui conduisent à l’illumination.

« C’est l’histoire d’une bande de trente mille oiseaux pèlerins partant sous la conduite d’une huppe fasciée à la recherche du Simurgh, leur roi. Le texte relate les hésitations, incertitudes des oiseaux. À l’instar d’autres récits orientaux, le récit est émaillé de contes, d’anecdotes, de paroles de saints et de fous qui les accompagnent. Un à un, ils abandonnent le voyage, chacun offrant une excuse, incapable de supporter le voyage.

 

 

oiseaux,merle,corneille,maessien,fidélité,couple,yeux,Métaphores

Chaque oiseau symbolise un comportement ou une faute. La tête de file est la huppe, le rossignol symbolise l’amant. Le perroquet est à la recherche de la fontaine de l’immortalité, et non pas de Dieu. Le paon symbolise les « âmes perdues » qui ont fait alliance avec Satan. Les oiseaux doivent traverser sept vallées pour trouver Simurgh. Ce sont les étapes par lesquelles les soufis peuvent atteindre la vraie nature de Dieu. » (Wiki)

Dans Jonathan Livingstone le Goéland, métaphore à succès post New-Age, l’auteur Richard Bach transpose la société humaine sur celle des oiseaux. Il y est question d’un individu qui se soustrait aux pressions limitantes de la communauté et prend son essor seul en transgressant des règles. Le mythe d’Icare et les mythes de libération modernes résumés et transposés chez les oiseaux!

Les oiseaux dans l’art? Je mentionne encore la recherche du compositeur-ornithologue Olivier Maessien. Son maître Paul Dukas, auteur de l’Apprenti-sorcier, recommandait à ses élèves l’écoute des oiseaux. Selon Canalacademie « l’oiseau incarne la liberté totale dans la pulsation métrique, la sûreté absolue dans l’improvisation. » Olivier Maessien a enregistré des chants d’oiseaux, ces premiers musiciens du monde comme il les qualifiait. Puis il les a transcrits à sa manière pour instruments classiques.

Bon. Je ne sais toujours pas comment les oiseaux nous voient: ont-il une forme de culture sociale qui leur permet de catégoriser, et si oui comment nous catégorisent-ils?

 

 

 

Catégories : Art et culture, Bestiaire, Poésie, Science 25 commentaires

Commentaires

  • Le corbeau n’est pas prêteur? Autant dire que la fourmi tenait en son bec un fromage...

    À noter que pour Raymond Queneau, c'est le renard qui n'est pas prêteur:
    http://encrier87.fr/textes/index.php?post/Rencontre-avec-Raymond-Queneau-%3ALe-Corbeau-et-le-Renard-335

    Voici la véritable histoire, telle qu'elle s'est déroulée sur territoire vaudoie:

    C't ami Corbeau, sur un arbre ganguillé
    Tenait à plein bec une tomme.
    C't ami Renard, le tarin chatouillé
    Lui tint ce discours à la gomme :
    Hé! salut c't ami Corbeau,
    T'es rude joli, t'es même fin beau!
    Crénom de sort, si ta batoille
    Vaut ce plumage qui pendoille,
    T'es le tofin des forêts du Jorat.
    A ces mots, le Corbeau qui trouve ça estra
    Ouvre tout grand son four
    Et lâche ses dix-heures.
    Le renard chippe la tomme et dit:
    Pauvre niolu, méfie-toi toujours des lulus
    Qu'ont la langue bien pendue.
    Cette leçon vaut bien une fondue!
    Le Corbeau dépité, conclut:
    Ch'us tondu, j'ai perdu, plus jamais je s'rai eu!

  • Puisque vous n'y faites pas référence, je pense qu'à propos des oiseaux, il ne faut pas manquer ce documentaire :
    http://boutique.arte.tv/f9461-tour_du_monde_vol_oiseau

  • Dans la tête des oiseaux ... Oui, comment nous voient-ils ?
    Ont-ils un regard poétique, oiseau-centrique ou scientifique ?!?
    Je crois qu'on est perçu soit comme une menace, soit comme inoffensifs,lorsque les oiseaux sont à l'état sauvage.
    Les oiseaux domestiqués apprennent des choses, qui ressemblent à des interactions et peuvent devenir familiers.

    Ce qui me fascine toujours, c'est le regard des scientifiques.
    Lorsqu'ils imaginent des dispositifs, pour essayer de comprendre le comportement animal,
    comme ici :

    http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-les-corbeaux-sont-ils-intelligents-20006.php

    ou lorsqu'ils observent les animaux dans la nature :

    http://www.maxisciences.com/corbeau/les-corbeaux-presentent-des-dispositions-sociales-similaires-aux-humains_art32500.html

    Je crois que c'est assez normal de comparer le comportement animal avec le nôtre. Nous sommes également des animaux.

    Nous les percevons les corbeaux ( et autres corvidés) comme sinistres et leur croassement comme désagréable. Et pourtant, il s'avère que ils sont particulièrement intelligents.
    La revanche des moches ? Une fois de plus ! ;-)))

  • "Dans la tête des oiseaux"
    Ce titre soulève une question qui ne peut être que sans réponse. Elle peut cependant faire rêver, ce que nous faisons certainement lorsque nous envions leur "bonheur" de pouvoir voler haut dans les airs, contrairement à nous autres qui avons les pieds enchaînés à la terre.
    Mais à part cette capacité, que nous n'avons réussi à imiter qu'assez récemment dans l'histoire, nombre d'autres caractéristiques des oiseaux, ou liées aux oiseaux, ont intrigué les hommes et les ont poussés à s'identifier complètement ou partiellement à eux, notamment leur capacité à parler et à revêtir des parures magnifiques ou extravagantes pour accomplir leurs rituels de séduction.
    La diversité de ces identifications entre les hommes et les oiseaux ont donné naissance à une littérature anthropologique extrêmement fournie et variée, qui porte en particulier, pour celle que je connais le plus en détail, sur des mythes, des conceptions ontologiques, des parures et des rituels propres aux ethnies tribales d'Amérique du Sud et de Nouvelle-Guinée.
    Mais aucun époque, aucune partie du monde et aucune ethnie n'a fait l'économie de s'interroger sur un aspect au moins de ce questionnement et d'y répondre à sa manière. Le sujet est même tellement vaste et les références qui surgissent tellement nombreuses qu'un choix d'exemples particuliers est trop difficile dans les limites d'un blog. Je n'ajoute donc rien aux exemples que vous avez vous-mêmes donnés dans votre texte.

  • "Nous les percevons les corbeaux ( et autres corvidés) comme sinistres et leur croassement comme désagréable" ? Les chers corbeaux délicieux...

    https://www.youtube.com/watch?v=gxrQ1WU_W4s

    Les corbeaux

    Seigneur, quand froide est la prairie,
    Quand dans les hameaux abattus,
    Les longs angélus se sont tus...
    Sur la nature défleurie
    Faites s'abattre des grands cieux
    Les chers corbeaux délicieux.

    Armée étrange aux cris sévères,
    Les vents froids attaquent vos nids !
    Vous, le long des fleuves jaunis,
    Sur les routes aux vieux calvaires,
    Sur les fossés et sur les trous
    Dispersez-vous, ralliez-vous !

    Par milliers, sur les champs de France,
    Où dorment des morts d'avant-hier,
    Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,
    Pour que chaque passant repense !
    Sois donc le crieur du devoir,
    Ô notre funèbre oiseau noir !

    Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
    Mât perdu dans le soir charmé,
    Laissez les fauvettes de mai
    Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
    Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
    La défaite sans avenir.

  • Bonjour Géo,

    C'est tout à fait le genre d'ambiance à laquelle je pensais.
    La musique souligne de façon explicite le texte de Rimbaud.

    Le célèbre tableau de Caspar David Friedrich y ajouterait la dimension visuelle :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Corbeaux_sur_un_arbre

  • Hola Homme libre,

    Quelle bonne idée de parler des oiseaux en ce moment où ils s'accouplent, pondent, nichent et où des centaines d'hirondelles, surtout à la tombée du jour, chassent les moustiques en ce que nous voyons comme un ballet.

    Pour parler des corbeaux, j'ai vu un jour un documentaire impressionnant où des dizaines de ces oiseaux étaient posés sur un arbre, en silence, et au pied de l'arbre, dans la rue, un de leurs, mort.
    Les oiseaux, certains du moins, auraient aussi des sentiments, c'est extraordinaire!
    Bon week-end à vous!

  • Voici un complément d'informations concernant les corbeaux.
    Ce matin, en écoutant la rts en voiture, j'ai mesuré mon ignorance, une fois de plus...
    L'émission " Chouette" ( qui ne parle pas que d'oiseaux) recevait un historien du nom de Michel Pastoureau.
    Il a expliqué que dans l'Europe pré-chrétienne, l'ours et le corbeau avaient une très grande importance et ils étaient vénérés par les Germains et les Celtes. L'ours était considéré comme le roi des animaux et le corbeau comme particulièrement sage.
    Le dieu Odin est représenté avec deux corbeaux sur son épaule, l'un symbolisant la mémoire et l'autre la pensée.

    https://mythologica.fr/nordique/odin.htm

    Au Moyen-Âge, l’Église s'est évertuée à éradiquer cette imagerie pour remplacer l'ours par le lion et pour estampiller le corbeau comme maléfique, puisqu'il était lié à la religion païenne.
    L'ours, en plus d'être de l'ancien monde et des cultes anciens, aurait été vu comme capable d'enlever et de violer de jeunes femmes.
    Le lion, animal rare en Europe, était simplement moins menaçant et représentait une alternative à l'ours.

    L'émission nous apprend plein d'autres choses, dont je n'ai pas entendu l'entier, puisque je suis arrivée à destination avant la fin ...

    https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/chouette/8766689-armoiries-et-licorne-avec-michel-pastoureau-historien-et-specialiste-de-liconographie-medievale-11-07-2017.html

  • Chère Calendula,

    Votre dernier commentaire m'incite à me montrer téméraire et à reproduire ici la fin du chapitre 37 d'un livre (une sorte de conte philosophique) que j'ai écrit mais dont aucun éditeur n'a voulu.

    À ce stade du récit l'héroïne, qui se prénomme Marguerite, s'est assoupie sur un banc à l'occasion d'une excursion en montagne.


    "Un temps indéterminé s’écoula (1). Le temps de l’évanouissement, des ténèbres (2), de la disparition, de l’absence, de l’indifférence. Le temps de la noyade. Le temps d’être rattrapée par son passé.

    Puis, la lumière revenant peu à peu (3), une étincelle de vie réapparut dans les yeux encore mi-clos de Marguerite. Son regard, d’abord vague, fut attiré par le va-et-vient des corbeaux au-dessus de sa tête (4). Elle s’absorba si complètement dans l’observation de leur ballet céleste qu’elle semblait avoir décidé d’y consacrer le reste de sa vie. “J’aime ces oiseaux”, pensa-t-elle langoureusement. “Pourquoi m’attirent-ils? Sans doute parce qu’ils sont beaux, intelligents et qu’ils portent fièrement leur habit noir, sans se poser de questions, sans rien devoir à personne, en ignorant les fables qui circulent sur leur compte et en se fichant pas mal d’être des parias, des mal aimés. Contrairement à ce que pensent la plupart des gens, les corbeaux sont des oiseaux de bon augure. Ainsi, dans la légende du déluge, Utnapishtim laissa d’abord sortir de l’arche une colombe; la colombe s’envola mais, ne trouvant pas d’endroit où se poser, elle revint; puis, ayant attendu, Utnapishtim lâcha une hirondelle; l’hirondelle s’envola mais, ne trouvant pas d’endroit où se poser, elle revint; puis, ayant encore attendu, Utnapishtim décida de libérer un corbeau; celui-ci s’envola à son tour, décrivit des cercles au-dessus de l’arche, croassa, s’éloigna et ne revint pas: c’était le signe que les eaux s’étaient enfin retirées (5). Du reste, n’est-ce pas un corbeau que le soleil choisit pour aller annoncer à Mithra qu’il devait faire un sacrifice?” (6). Puis, dans l’enchaînement de ses pensées, Marguerite se souvint de la manière dont le prophète Élie survécut au bord du torrent de Kérith: “Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande le matin, du pain et de la viande le soir; et il buvait l’eau du torrent” (I Rois 17:6). Elle se remémora ensuite Abdias, l’intendant du roi Achab, qui avait sauvé la vie à cent prophètes en les cachant, cinquante dans une caverne et cinquante dans une autre, et qui “leur avait procuré le pain et l’eau nécessaires à leur subsistance” (I Rois 18:4). “Indiscutablement, cet Abdias était de la race des corbeaux, pensa-t-elle. Et si, moi aussi, j’étais un corbeau? Et si les corbeaux étaient des anges?” (7)

    Décontenancé, sans doute, par la candeur des pensées de Marguerite, le temps suspendit son vol (8), tant et si bien que le moment présent finit par se confondre avec l’éternité. Marguerite, qui se sentait des ailes (9), en profita pour les déployer. Avec une légèreté infinie, sans peine aucune ni la moindre douleur, sans appréhension ni regret, elle s’éleva dans les airs: jamais elle n’avait connu pareil sentiment, tel ravissement. Puis, entourée de ses amis corbeaux, elle s’en alla survoler le vaste monde, qui s’offrait à elle, de toutes parts paisible et accueillant (10). “Quel point de vue magnifique, s’émerveillait-elle sans cesse; il n’y a que les rêves pour procurer des sensations aussi douces, aussi légères”. Et Marguerite n’en finissait pas de planer, sillonnant majestueusement le ciel imaginaire de la planète de ses rêves (11) – une planète où les corbeaux étaient rois, et où elle était reine...

    Ainsi allait le monde: les corbeaux croassaient et Marguerite, élevée au rang de majesté des corbeaux, rêvassait sur un banc, au sommet d’une montagne magique (12).

    C’est alors qu’une voix, à la fois étrange et familière..."


    (1) Certains parlent d’un an et dix jours (cf. Genèse 8:14 combiné avec Genèse 7:11), d’autres pensent qu’il s’est agi de “cent cinquante jours” (Genèse 7:24), d’autres encore affirment: “quarante jours plus sept jours, ça fait quarante-sept jours” (cf. Genèse 8:6 + 8:10).

    (2) • “Il [Dieu] a couvert de ténèbres mon sentier” (Job 19:8); • “Il [Dieu] me fait demeurer dans les ténèbres, comme ceux qui sont morts depuis longtemps” (Psaumes 143:3 et Lamentations 3:6).

    (3) Le prophète avait vu juste: “les ténèbres ne régneront pas toujours” (Ésaïe 8:23 ou 9:1, selon la numérotation adoptée). Et d’anticiper: “Ta lumière se lèvera au sein de l’obscurité, et tes ténèbres se changeront en clarté de midi” (Ésaïe 58:10, repris par Paul en ces termes dans II Corinthiens 4:6 : “La lumière brillera du sein des ténèbres”). Or voilà qu’en effet, “les ténèbres se dissipent” (I Jean 2:8).

    (4) “Il [Noé] lâcha le corbeau, qui sortit [de l’arche], allant et revenant” (Genèse 8:7).

    (5) Marguerite se réfère ici à l’épopée de Gilgamesh, roi légendaire d’Ourouk (cité antique de la basse Mésopotamie, sur la rive gauche de l’Euphrate), qui aurait vécu vers 2600 ou 2700 av. J.-C. Dans cet ensemble de poèmes épiques, rassemblés en un récit unique vers le dix-huitième siècle av. J.-C., Gilgamesh va à la rencontre d’Utnapishtim et de son épouse, rescapés du déluge, qui lui racontent le déroulement des événements. De la comparaison des textes, il ressort avec évidence que le déluge biblique est très largement inspiré du déluge mésopotamien, dont il constitue en quelque sorte une réplique à la sauce monothéiste.

    (6) Voir « http://fr.wikipedia.org/wiki/Culte_de_Mithra#Récit_mythique », les quatre dernières lignes sous Récit mythique (consulté le 5 décembre 2014).
    Par ailleurs, dans la mythologie nordique, Hugin et Munin - deux corbeaux - étaient les messagers des dieux (sources: « http://fr.wikipedia.org/wiki/Corbeau » et «http://fr.wikipedia.org/wiki/Hugin_et_Munin », état au 17 janvier 2015).

    (7) C’est un fait que l’Éternel voue une attention particulière aux corbeaux. Dans Job 38:41 (ou 39:3, selon la numérotation adoptée), il prend la parole pour souligner que c’est lui et personne d’autre “qui prépare au corbeau sa pâture, quand ses petits crient vers moi, quand ils sont errants et affamés”. Ce que le psalmiste, fin observateur de la nature, confirme avec une belle assurance: “C’est lui [“l’Éternel”, “notre Dieu”] qui (...) donne leur nourriture aux petits du corbeau, que la faim fait crier” (Psaumes 147:7-9; dans le même sens: Luc 12:24). Et cela, Dieu le fait quand bien même il avait auparavant (par la voix de Moïse) déclaré les corbeaux “impurs”: “Voici, parmi les oiseaux, ceux que vous aurez en abomination (...): (...) toute espèce de corbeau” (Lévitique 11:13-15; dans le même sens: Deutéronome 14:11-14). Ce qui laisse supposer, chez le Tout-Puissant, une certaine inclination, voire une réelle attirance pour l’impureté. Et révèle, de surcroît, une bonne dose d’inconséquence. On glose beaucoup sur l’inconséquence féminine (“Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie”), pourquoi ne s’interroge-t-on pas davantage sur celle du Père éternel, “en qui il n'y a ni variation, ni ombre de changement” (Jacques 1:17; traduction calquée sur celle de la Conferenza Episcopale Italiana)?

    (8) Le Protévangile de Jacques, chapitre XVIII, rapporte que “les oiseaux étaient arrêtés en plein vol”. Marguerite va se charger de remédier à cette catalepsie.

    (9) “Des ailes! des ailes! des ailes!” (Théodore de Banville [1823-1891], Odes funambulesques, «Le saut du Tremplin», dernier vers de l’avant-dernière strophe).

    (10) “Ses ailes déployées couvriront ton pays dans toute son étendue” (Ésaïe 8:8).

    (11) “Ce qui ravissait, chez cette Bernadette chétive et pauvre, c'étaient les yeux d'extase, les beaux yeux de visionnaire, où, comme des oiseaux dans un ciel pur, passait le vol des rêves” (Émile Zola, Lourdes , Stock 1998, page 101).

    (12) «La montagne magique»: titre d’un roman de Thomas Mann, paru en 1924. L’écrivain
    allemand (1875-1955) fut récompensé en 1929 par le prix Nobel de littérature.

  • @ Marco Jelmini,

    Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de choisir justement les corbeaux pour ce passage ?
    Est-ce le fait qu'il soit si présent dans d'autres traditions, et souvent en positif ?

  • C'est à la fois pour la raison que vous évoquez et aussi parce qu'ils m'attirent, instinctivement. Ici, à la montagne où j'habite, ce sont les seuls à nous tenir fidèlement compagnie tout au long de l'année, alors qu'à l'approche de l'hiver, les autres oiseaux nous désertent.
    Et puis, je me suis senti longtemps comme eux: mal aimé...

  • @ Marco Jelmini,

    Ainsi, il y a un peu de vous dans le personnage de Marguerite ...

    Malgré mon envie de remettre en question ma vision imprégnée par la négativité propre à ma culture, j'ai de la peine à adopter le corbeau comme emblème de l'oiseau de bonne augure.

    Je suis allée lire des articles de biologie et quand-même : les corvidés ne sont pas seulement intelligents et malins !

    www.oiseaux-birds.com/page-famille-corvides.html

    Comme vous vous intéressez beaucoup à l'histoire des religions, Odin devrait vous être sympathique, avec ses deux corbeaux sur l'épaule. A son époque, les corbeaux n'étaient pas mal-aimés.

  • À propos d'Odin et de ses deux corbeaux sur l'épaule, voir la seconde partie de ma note (6).

    Oui, il y a un peu de moi dans le personnage de Marguerite... Le chapitre 3 de mon livre, intitulé «Un certain mal-être», brosse de Marguerite le portrait suivant:


    "Marguerite est un être complexe - d’une complexité qui laisse songeur, pour ne pas dire perplexe. Son organisme est le résultat d’un assemblage compliqué de cellules vivantes, sans cesse renouvelées. Chacune de ces cellules est constituée de molécules, chacune de ces molécules d’atomes et chacun de ces atomes d’électrons en orbite autour d’un noyau, lui-même constitué de protons et de neutrons. Quand elle pense à la multitude des atomes agrégés par les innombrables molécules agglutinées dans les amas de cellules composant les organes de son corps (son cerveau par exemple), Marguerite a de la peine à concevoir qu’un nombre incalculable d’électrons puissent ainsi graviter, en permanence et à une vitesse vertigineuse, à une distance astronomique du noyau [1| (très dense) auquel ils se rattachent. [2] De même, s’agissant des protons et des neutrons qui forment le noyau, elle ne sait que penser des hadrons (mésons et baryons) qui les composent, ni des quarks (quarks up et quarks down), des anti-quarks et des gluons qui (si elle a bien compris) se combinent entre eux pour former des hadrons - sans s’appesantir, tellement ils sont fugaces, sur les quarks strange et les quarks charm, ou sur les quarks bottom et les quarks top. Des milliards et des milliards de particules – c’est pour cela, sans doute, que Marguerite est si particulière.

    Au-delà du mur des quarks de Marguerite, il y a autre chose que la matière dans laquelle elle est coulée: il y a l’essence de Marguerite, qui est de nature spirituelle. Car Marguerite est une apparence prise par le souffle divin, un avatar de l’Esprit. Marguerite, c’est l’esprit matérialisé.

    Là où l’esprit et la matière se rejoignent et s’interpénètrent (“au point de suture de l’âme et du corps”, pour reprendre une image de Georges Haldas [3]; “à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles”, disséquait déjà l’auteur de l’Épître aux Hébreux [4]) se produisent parfois des grincements. C’est ainsi que Marguerite est habitée par un étrange mal-être: agrégat d’atomes gorgés d’hématomes, la pauvre est malade de ses quarks, qui pompent son énergie. Logées aux confins du matériel et de l’immatériel, les quarkopathies frappent à la fois le corps et l’esprit. Elles font partie de ces maladies existentielles qui sont l’apanage des humains et les font tant souffrir. De ces maladies qui rongent, ravagent, épuisent et finissent parfois par détruire [5].

    Marguerite est indéfinissable. Si, par certains côtés, elle peut paraître irréelle, ses souffrances, son désespoir et son incessante fatigue sont bien de ce monde. Les espoirs fous placés en elle dès avant sa naissance (voire dès avant sa conception), les secrets de famille ignominieux, les anciennes blessures mal cicatrisées, un destin qu’elle n’a pas choisi mais qu’elle a dû subir à son corps défendant, font que Marguerite est en proie à un doute permanent et qu’elle ne cesse d’errer [6], en quête de son identité et d’un meilleur équilibre. Pas étonnant, dès lors, que tant de gens ressentent un trouble en sa présence et que la plupart se détournent d’elle. Pourtant, malgré (ou peut-être: à cause de) ses nombreux problèmes, il en est qui se sentent attirés par elle. Ils la devinent attachante mais elle se montre tellement distante, tellement inaccessible qu’ils finissent par se décourager. Ils voudraient la connaître mais n’y parviennent pas.

    Déroutante, insaisissable, Marguerite échappe au commun des mortels. Aussi le commun des mortels a-t-il pris le parti de la montrer du doigt et de dire, à son propos: “Voyez cette femme, là-bas; elle est malade [7], personne ne peut rien pour elle”. La plupart veulent croire à cette version. Les uns y croient vraiment, d’autres font semblant d’y croire. C’est l’ensemble de ces gens qui croient ou font semblant de croire qu’on appelle les croyants. Les croyants, ce sont ceux qui se dispensent d’affronter la réalité en décrétant d’autorité que Marguerite est malade [8]. Or, la vérité ce n’est pas que telle ou telle personne est malade mais bien que tout le monde – chacun à sa manière – est malade, à commencer par les croyants eux-mêmes. En fait, c’est le système dans son ensemble qui est malade et qu’il faudrait réformer. Mais qui s’en chargera, de cette réforme si nécessaire? Qui sera suffisamment révolté (et, en même temps, suffisamment éclairé) pour entreprendre la transformation de ce monde injuste et cruel en un monde meilleur? [9] En l’état, Marguerite paraît trop fragile, son équilibre est trop précaire pour qu’on puisse espérer d’elle quelque initiative ou impulsion dans ce sens [10]. Il faudrait un miracle...

    Les croyants sont libres de porter une croix [11], si ça leur chante. Mais ils n’ont pas à la faire porter aux autres, comme cela s’est produit dans le cas de Marguerite et d’un grand nombre de personnes."


    [1] La distance entre le noyau et les électrons est si considérable que le volume de l'atome est constitué à 99,9999999999999% de vide. Si l'on pouvait supprimer le vide qui entoure le noyau, la Terre pourrait tenir dans une sphère de 180 mètres de rayon. La suppression de ce vide n’est toutefois qu’une vue de l’esprit, tant il est soumis à de puissants champs de forces électriques et magnétiques.

    [2] Marguerite s’est une fois demandé si les électrons tournaient aussi sur eux-mêmes, à l’instar des planètes. Or, non seulement les électrons tournent sur eux-mêmes en un mouvement de rotation appelé «spin» (une propriété commune à toutes les particules) mais ils peuvent adopter les deux sens de rotation.
    “La tête me tourne” ou “J’ai le tournis”, entend-on parfois murmurer Marguerite; car - c’est là une de ses particularités - il lui arrive de voir tout tourner. Faut-il s’en étonner?

    [3] Socrate et le Christ, Éditions L’Âge d’Homme, Lausanne 2002, page 75.

    [4] “Car la parole de Dieu est (...) plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants; elle atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles” (Hébreux 4:12).

    [5] • “Mon âme est troublée” (Jean 12:27, c’est Jésus qui parle; dans le même sens: Psaumes 6:3 ou 6:4, selon la numérotation adoptée); • “Mon âme est abattue” (Psaumes 42:6 ou 42:7, selon la numérotation adoptée); • “Pourquoi donc, ô mon âme, es-tu si abattue et gémis-tu en moi?” (Psaumes 42:5 ou 42:6, selon la numérotation adoptée); • “Mon esprit est abattu” (Psaumes 77:3 ou 77:4, selon la numérotation adoptée); • “Mon esprit est abattu au-dedans de moi” (Psaumes 142:3 ou 142:4, selon la numérotation adoptée); • “Mon esprit est abattu au-dedans de moi, mon coeur est troublé dans mon sein” (Psaumes 143:4); • “Mon esprit est troublé” (Daniel 2:3; selon les traductions, on trouve “confus”, “agité” ou “tourmenté” au lieu de “troublé”); • “Mon esprit se consume” (Psaumes 143:7); • “J'en suis venu à désespérer dans mon coeur” (Ecclésiaste 2:20); • “Je suis dans une grande angoisse” (II Samuel 24:14 et I Chroniques 21:13; dans le même sens: I Samuel 30:6 in initio); • “Mon âme est triste à en mourir” (Matthieu 26:38 et Marc 14:34; c’est Jésus qui parle); • “(...) un esprit brisé, (...) un coeur brisé” (Psaumes 51:17 ou 51:19, selon la numérotation adoptée).

    [6] • “Tu seras errant et vagabond sur la terre” (Genèse 4:12); • “Et ils seront errants parmi les nations” (Osée 9:17); • “Il sera errant dans le pays, accablé et affamé” (Ésaïe 8:21); • “Je suis errant comme une brebis perdue” (Psaumes 119:176); • “Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivant sa propre voie” (Ésaïe 53:6); • “Mes brebis sont errantes” (Ézéchiel 34:6; c’est l’Éternel qui parle)); • “Elle est errante dans ses voies, elle ne sait où elle va” (Proverbes 5:6); • “Jusques à quand seras-tu errante, fille égarée?” (Jérémie 31:22; “égarée” ou “rebelle”, on trouve les deux traductions).

    [7] Le prophète Ésaïe (seconde moitié du huitième siècle avant J.-C.) dépeint ainsi le Messie à venir***: • “Son visage était défait, (...) son aspect différait de celui des autres hommes” (52:14); • “Il n’avait pas l’éclat ni le genre de beauté qui attirent les regards. Il était trop effacé pour se faire remarquer” (53:2; autre traduction possible: “Il n'avait ni splendeur ni beauté pour retenir notre attention, ni rien dans son apparence qui pût nous attirer”); • “Il était celui qu’on dédaigne, celui qu’on ignore, la victime, le souffre-douleur; (...) et nous n’avons fait aucun cas de lui” (53:3).
    *** Nota bene : quand les prophètes annoncent que tel ou tel événement va se produire, ils se positionnent parfois comme si cet événement avait déjà eu lieu, comme s’ils y avaient assisté. Ils en parlent alors au passé, alors qu’on aurait attendu le futur.

    [8] Cf. • Ésaïe 53:4-5 8.1: “Cependant, ce sont nos maladies qu’il [le Messie] portait; c’est de nos douleurs qu’il s’était chargé. Et (...) c’est par ses meurtrissures que nous avons la guérison”; • Matthieu 8:17 : “Il [Jésus] a pris nos faiblesses et endossé nos maladies”.

    [9] “Qui le dépouillera de sa cuirasse? Qui pénétrera entre ses mâchoires?” (Job 41:4, 41:5 ou 41:13, selon la numérotation adoptée).

    [10] Cf. • Ésaïe 53:10 8.1: “Il a plu à Dieu de le briser par la souffrance” et • Ésaïe 53:7: “Il s’est laissé maltraiter sans protester, sans ouvrir la bouche, comme un agneau qu’on mène à l’abattoir, comme une brebis muette devant ceux qui la tondent”.

    [11] Cf. • Matthieu 16:24 : “Alors Jésus dit à ses disciples: «Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive»” (dans le même sens: Marc 8:34 et Luc 9:23); • Luc 14:27 : “Et quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas ne peut être mon disciple” (c’est Jésus qui parle; Matthieu 10:38 rapporte ainsi la même sentence: “Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi”).

  • "Odin devrait vous être sympathique, avec ses deux corbeaux sur l'épaule."
    "Aspects du drame contemporain" de C.G.Jung, qui rassemble des articles parus en 1936 et 1945 sur l'aspect psychologique (?) de ce qui s'est passé entre 1933 et 1945 en Allemagne:
    "...il nous faut avouer que Wotan, pris en tant qu'hypothèse causale, est assez bien venu. J'ose même formuler l'affirmation sacrilège que le vieux Wotan, avec son caractère insondable et inépuisable, explique davantage du national-socialisme qu'ensemble les trois facteurs rationnels ci-dessus mentionnés (note: économiques, politiques et psychologiques)(...)
    Wotan est une donnée germanique originelle, l'expression suprêmement vraie et la personnification inégalable d'une donnée fondamentale du peuple allemand en particulier.(...)La race germanique(couramment, aryenne), la communauté populaire germanique, le sol et le sang, les chants de Wagalaweia, les chevauchées des Walkyries, un Seigneur Jésus transformé en héros blond aux yeux bleus, la mère grecque de saint Paul, le diable devenu un Alberich international, réédité sous les traits des Juifs et des Francs-maçons, les aurores boréales d'une culture nordique, les races méditerranéennes inférieures... Tout cela constitue une mise en scène indispensable et traduit au fond un même état d'âme, la prise de possession par un dieu des Allemands, dont la demeure est hantée par un souffle puissant."

    Plus loin :
    "Si nous appliquons avec conséquence nos considérations, il nous faudrait conclure que Wotan devrait extérioriser non seulement son caractère fébrile, agité, brutal et tempétueux, mais aussi sa nature toute différente, extatique et divinatoire. Si cette conclusion se vérifie, le national-socialisme ne serait pas, et de loin, le dernier mot; il faudrait s'attendre, dans les prochaines années et décades, à ce que surviennent des événements procédant d'arrière-plans obscurs, et desquels, d'ailleurs, nous pouvons encore mal nous faire une idée à l'heure actuelle. Le réveil de Wotan est un recul et une régression; le flot, se heurtant à un barrage venu l'obstruer, a de nouveau fait irruption dans son ancien lit. Mais l'accumulation des eaux ne peut durer éternellement; elle constitue un "recul pour mieux sauter" et les flots finiront par déborder par-dessus l'obstacle. Alors se manifestera ce que Wotan "murmurait à la tête de Mimir".

    Ceci a été écrit en 1936...

    De plus, lors d'une émission sur la confrontation Hindenburg - Hitler sur arte, on a vu Hitler lors de l'enterrement de son rival lui dire dans son discours funèbre : "Tu peux rejoindre le Wahlala..." (paradis des guerriers germaniques).

    Odin/Wotan était un peu le dieu de Hitler...

  • @ Géo,

    Ces textes de Jung sont si impressionnants, parce qu'ils ont été écrits avec une clairvoyance, qui a manquée à beaucoup de politiciens de l'époque.
    Hitler était un admirateur de Wagner, qui lui-même utilisait le Valhalla comme source d'inspiration.

    N'étant pas du tout familière de cette religion ancienne, je constate qu'on peut y recourir en arrivant de perspectives multiples. Faut-il s'en détourner, parce qu'un certain A.H. en a abusé ?

    En lisant les extraits des textes de Jung que vous proposez, je me suis demandée, si ce dieu guerrier était fondamentalement différent des autres dieux dits païens. Même Zeus a quelque chose de frénétique.

    Un peuple éloigné des histoires de notre continent a gardé une sorte de fidélité à Wotan/Odin et ses acolytes : l'Islande.

    La TdG en a parlé en mars 2017.

    http://www.tdg.ch/monde/culte-odin-connait-boom-islande/story/23956900

    "Les Islandais adorateurs d’Odin, Thor ou Freyja n’étaient encore, il y a vingt ans, qu’une joyeuse bande réunissant 280 originaux. Aujourd’hui, ils seraient 3583 à se déclarer officiellement païens, selon le journal Morgunbladid. C’est 50% de plus qu’en 2014. Et surtout, cela représente 1% de la population de l’île qui a vu naître Björk. Deux d’entre eux figurent même parmi les élus au parlement national, l’un sur une liste de gauche, l’autre pour une formation de gauche."

    C'est surprenant, mais sachant que les Islandais ne sont pas hostiles à l'idée de l'existence d'un "peuple caché".
    Je cite la version en anglais parce qu'elle est plus complète :

    https://en.wikipedia.org/wiki/Hulduf%C3%B3lk

    "There was also a 1995 survey by Pétur Pétursson, which only looked at people interested in alternative belief systems and alternative medicine rather than the general population. According to the survey, among the people of this group, belief in elves broke down as follows: 70% believed in their existence, 6% did not believe in their existence, 23% were unsure, and 1% would not answer.[57]


    A July 1998 survey by Dagblaðið Vísir found that 54.4% of Icelanders surveyed claimed to believe in elves, while 45.6% did not.[58][59] Notably, it also showed that supporters of Framsóknarflokkur (the Progressive Party) believed in elves more than other political parties.

    A 2006 rerun of Erlendur Haraldsson's 1975 survey by Erlendur and Terry Gunnell[20] found that "There is a little bit more doubt than there used to be, but generally the figures were much the same as they were." [60] Sontag summarises its results: "8.0% of 650 persons [...] were certain about the existence of huldufólk and álfar, 16.5% thought it was likely they existed, 31.0% assumed it was possible, 21.5% thought it was unlikely, 13.5% thought it was impossible and 8.5% did not have an opinion on this."[61]

    Anthropologist Kirsten Hastrup found that different ways of asking Icelanders about Huldufólk could elicit very different responses.[62] Similarly, Folklore professor Terry Gunnell has said: "Very few will say immediately that they 'believe' in such, but they won't deny it either." [60]

    Icelandic communities in other countries may have lower levels of belief in huldufólk.[63] Daisy L. Neijmann claims that among Icelanders in Canada, "Belief in these creatures... was geographically bound seeing that they were part of the Icelandic landscape, and therefore they could not, ultimately, survive among Icelandic Canadians."

    Dans un tel contexte, Odin ne détonne pas complètement !

  • @ Marco Jelmini,

    Avec ses cellules et ses atomes, Marguerite n'est pas si différente de nous autres ! ;-))

    Votre texte est très dense et en cela très exigeant. L'érudition dont vous faites preuve peut perdre le lecteur, qui se retrouve à jouer au ping-pong avec les yeux et il/elle peut perdre le fil de l'histoire ou de la description. Marguerite devient d'une complexité incroyable et porteuse non seulement d'une croix imposée par autrui, mais aussi d'un écheveau de références.

    Si jamais vous avez pensé retravailler votre conte( il me semble me souvenir que vous en avez parlé sur un autre blog), je pense qu'un lecteur très moyen comme moi serait moins dérouté, si les notes de bas de page figuraient plutôt dans un appendice. Car il y a visiblement en tout cas deux niveaux de lecture : le récit et les références.

    Merci en tout cas d'avoir partagé votre texte.

  • Les Islandais, petit peuple au grand coeur.
    http://www.lemonde.fr/euro-2016/video/2016/06/28/euro-2016-la-victoire-de-l-islande-contre-l-angleterre-vue-depuis-reykjavik_4959520_4524739.html
    Une épopée inoubliable
    GLORY BE TO THOT AND ODIN !

  • @ Calendula,
    Je vous remercie de votre critique, tout à fait pertinente. Une autre personne, qui a lu mon manuscrit en entier, m'a adressé les mêmes remarques. Venant de personnes d'un niveau élevé (et non pas "très moyen", comme vous l'écrivez dans un accès de modestie injustifié), ces remarques me donnent à réfléchir. Croyez bien que je suis conscient des difficultés causées par le genre d'écriture qui, bon gré mal gré, s'est imposé à moi.

  • Thor, non pas Thot.
    Après correction, cela donne:

    Une épopée inoubliable.
    GLORY BE TO THOR AND ODIN !

  • Autre info sur les corbeaux: ils seraient capables d'anticiper.

    www.levif.be/actualite/sciences/les-corbeaux-sont-capables-d-anticiper/article-normal-693503.html#cxrecs_s

    "Les résultats de ces expériences montrent que les corbeaux sont capables de prendre leur distance par rapport au présent pour faire des choix plus avantageux dans le futur, plutôt que d'agir de façon arbitraire"

  • @hommelibre,

    Ce que je préfère encore le plus dans ces articles, c'est l'ingéniosité des expériences mises en place !
    Pour être vraiment au clair sur l'intelligence des animaux, il faudrait avoir l'énergie, le temps et les moyens de les tester tous !
    Hier, j'ai aperçu par la fenêtre une scène surprenante. Il m'a fallu observer quelque minutes pour comprendre qu'un chat et une pie jouaient ensemble sur la pelouse.
    On a des chats semi-sauvages et beaucoup de pies dans les alentours.
    Les chats étaient allongés dans l'ombre et l'un d'eux bougeait lentement sa queue. La pie s'approchait et faisait mine de vouloir la pincer. Elle pouvait s'approcher très près, mais à chaque fois le chat le faisait reculer avec des gestes pas très agressifs. Ça a continué un bon moment.
    J'ai craqué avant eux, ils ont continué après mon départ et j'ai pu montrer la chose au reste de la famille.
    Je pense que ces animaux se côtoient tellement, qu'ils savent qu'ils ne sont ni en concurrence, ni dangereux l'un pour l'autre.
    De là à se mettre à "jouer" ensemble !

  • @ Marco Jelmini,

    Mon commentaire n'était pas réellement une critique, c'était plutôt une façon de dire que les lecteurs ne sont pas toujours très intrépides !

    Et je suis probablement mauvais public pour les contes philosophiques.
    "Le monde de Sophie" de Jostein Gaarder me tombait des mains, alors que c'était un bestseller planétaire.

    Donc, mon opinion est à prendre avec beaucoup de sel.

  • "Pour être vraiment au clair sur l'intelligence des animaux, il faudrait avoir l'énergie, le temps et les moyens de les tester tous !"

    Pas de les tester tous mais plutôt d'avoir la chance de tomber de manière fortuite sur la démonstration de leur indéniable intelligence, de constater qu'ils sont capables d'élaborer une stratégie, d'assister au déroulement de leur plan en plusieurs étapes et pour certains d'entre eux de pouvoir même faire preuve d'abnégation voire d'esprit de sacrifice.

    Un jour, au bord d'une piscine inondée du soleil des tropiques, j'ai assisté à une scène hilarante, digne d'un comics de la meilleure facture (T. Avery). Les protagonistes : les corbeaux fébriles qui depuis leurs cocotiers d'observation ne laissent aucune opportunité leurs échapper et en dessous, sur un transat, une gentille Heidi qui abrite son quintal des rayons brûlants. Soudain et sans aucune raison apparente l'intensité et la fréquence des croassements augmentent mais voilà pas que déboule, quelques fractions de seconde plus tard, l'explication. Un serveur et son plateau sur lequel une cloche et une pression bien fraiche semblent vissés. Heidi se lève prestement et se dirige, ravie, éperdue de gratitude pour son ravitailleur, vers la petite table mitoyenne sur laquelle il a déposé le trésor avant de s'évanouir comme un lutin. Au même moment je remarque deux corbeaux qui plongent en piqué vers le transat déserté et qui s'emparent chacun d'un coté de la serviette de plage avant de tenter de s'envoler maladroitement avec. Heidi fait demi tour illico pour sauver son bien qu'ils larguent sur le bord de la piscine mais déjà une nuée de corbeaux est à l'œuvre, certains soulèvent la cloche à grands coups de bec qu'ils utilisent comme un pied de biche et d'autres s'emparent des triangles du précieux Club Sandwich avant de s'envoler dans un joyeux désordre. Bref en un clin d'œil le forfait est consommé, Heidi a été la victime d'un blitz-casse mené par des stratèges diaboliques, des artistes voltigeurs.
    Comme pour saluer la prouesse de ces pirates de l'air, bonne pâte, Heidi est revenue offrir de bonne grâce aux mendiants effrontés les quelques frittes que leurs collègues n'avaient pas eu le temps d'emporter.

  • Excellent!

  • @Giona,
    Vous avez bien sûr raison : l'observation des animaux dans la nature peut nous donner des indices sur leur potentiel.
    C'est d'ailleurs ainsi que les Germains ont pu décider que leur Odin serait flanqué de corbeaux, plutôt que d'autres oiseaux moins malins. Ces peuples étaient en contact permanent avec les animaux plus ou moins sauvages et ils devaient bien connaître leurs comportements.
    Ce que vous racontez fait penser aux macaques, qui sont très voleurs.

    www.maxisciences.com › Planète › Singe › Vidéos

    Si on comprend qu'un singe, un chien ou un cheval puissent apprendre des comportements sophistiqués en interagissant avec les humains, le cas de l'astuce des corbeaux que vous décrivez est extraordinaire.
    Ça pourrait être l'équivalent d'une scène de chasse en meute dans la nature.
    Dans les différents articles, on dit que le corbeau est charognard, mais qu'il peut s'attaquer à de petits mammifères nouveaux-nés ou de petits vertébrés vivants.
    Ainsi, lorsqu'il y a la curée autour d'un cadavre, il se pourrait que les corbeaux s'organisent en attirant l'attention de rivaux, d'autres charognards, pour avoir leur chance.

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