Le libéralisme économique prôné par Angela Merkel rencontre un vent contraire. Le gouvernement de RFA vient en effet de publier un décret l’autorisant à empêcher par veto la vente de certaines entreprises à des investisseurs d’hors de l’UE.
Précisément le gouvernement peut s’opposer à toute intention de prise de participation de plus de 25% de parts. Cette mesure est destinée à protéger les plus beaux fleurons de l’industrie allemande afin qu’ils restent dans le cercle de l’Union.
C’est une mesure de préservation. Elle concrétise le développement d’une part de protectionnisme dans l’économie. Qui dit protectionnisme implique souverainisme, dont il est un aspect.
Aux États-Unis et en France le protectionnisme et le souverainisme sont vilipendés. Les tenants du libre-échangisme le plus large considèrent qu’il s’agit d’un retour en arrière dans l’Histoire, voire d’une tendance fascisante. Car qui dit protectionnisme dit aussi, en partie du moins, nationalisme. Or le nationalisme a été associé à des régimes totalitaires.
Pour autant l’amalgame entre nationalisme et fascisme n’est pas vraiment pertinent. Il est même carrément abusif. En effet toutes les nations ne cherchent pas à suivre le nazisme ou le fascisme. Autre critique fréquente: le protectionnisme est une préférence nationale. L’expression est pour certains synonyme de fermeture au monde.
Pourtant l’Allemagne ne cessera pas de commercer avec le monde.
Le protectionnisme est ici limité. Il ne s’agit pas de taxes sur les produits importés ni de préférence nationale pour les travailleurs allemands. Néanmoins si le gouvernement de madame Merkel se donne le droit d’instaurer une portion de protectionnisme, c’est que cette notion n’est peut-être pas si nauséabonde que certains l’affirment.
Après avoir défendu l’idée d’une Union Européenne à deux vitesses, cet État majeur se dote d’un outil pour défendre les fleurons de son industrie. Cela ne donne pas encore une nouvelle orientation à la construction de l’empire européen. Mais c’est peut-être, par la bande, une relance du débat sur les fondamentaux de l’UE.
Commentaires
Il faut comprendre la décision allemande puisque des personnes très fortunées s'offrent des "fleurons" tant dans l'industrie que dans le sport, principalement des clubs de football.
Si l'on regarde uniquement sur ce qui se passe en Suisse, on s'aperçoit très vite qu'elles achètent principalement des hôtels, qu'elles ont déjà fait main basse sur des marques horlogères, etc...
Limiter l'achat à 25% du capital est une très bonne chose mais un autre problème va se poser ou se pose déjà : que va-t-il se passer dans le cadre d'une succession ?
La question est ouverte.
Qu'en pensez-vous ?
http://www.globalresearch.ca/cia-agent-confesses-on-deathbed-we-blew-up-wtc7-on-911/5599298
Bonjour Lise,
Au fond cette décision revient à considérer certaines industries comme un patrimoine national. L'idée mérite attention. Je suppose que le risque de voir des industries se délocaliser, comme en France, et de perdre des recettes fiscales, n'y est pas étranger.
Sur la question des successions je n'ai malheureusement pas les connaissances techniques pour savoir qu'en penser.
Il me semble que cette démarche protectionniste est surtout motivée par l'activisme des Chinois.
En achetant des entreprises, ils ont accès à des technologies et des savoir-faire et ça aboutit en fin de compte à une captation de la recherche-développement.
Des Chinois entrent aussi dans le capital des banques et cela leur donne du pouvoir.
Il serait naïf ou suicidaire de ne pas mettre quelque barrière, surtout qu'il n'est pas forcément tout simple d'entrer dans le capital ou de carrément acheter des fleurons de l'économie chinoise.
Le protectionnisme comme le libéralisme peut être décliné en plusieurs "courants" . L'Italie a aussi procédé à un changement de réglementation (léger) peu de temps après l'achat d'Amundi. L'Europe fait aussi du protectionnisme et cherche à se créer une souveraineté (pour moi c'est national). Sur les différents courants vous avez des libéraux pour qui l'état et "l'emerdant utile" d'autres pour qui c'est des organistions internationale qui doivent réglementer, il est intéressant de suivre également les entreprises de la défense avec les (rachats, fusion, acquisition,...) vis-à-vis du libéralisme et du choix des entreprises dites stratégique être abandonné aux libéralisme économique. La Chine et une puissance qui investit beaucoup il suffit de voir ses projets ferroviaires en Europe ou leur plan quinquennal sur les aquisition d'entreprise étrangères, pour l'instant il réclame rien ou pas grand-chose par contre dans quelques années.
Sauf que c'est une loi illégale.
Article 63 du Traité sur le fonctionnement de l'UE, alinéa 1 : "Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites."
Les parlementaires allemands ne peuvent pas prendre de décisions contraires aux traités. Ils vont être rappelés à l'ordre par la Commission Européenne. Et s'ils n’obtempèrent pas, l'Allemagne sera condamnée par la cour de justice de l'UE à payer de très lourdes pénalités.
https://europa.eu/european-union/about-eu/institutions-bodies/court-justice_fr
Voir en particulier l'alinéa "Veiller à la bonne application de la législation de l'UE".
L'UE, on l'aime ou on en sort.
Les dirigeants chinois ne sont ni stupides ni angéliques, ils prendront toujours ce qu`il sera possible de prendre sans provoquer de conflit économique. En l`occurrence, c`est a l`UE de leur dire "jusque-la et pas plus loin", les Chinois le comprendront d`autant qu`ils font la meme chose chez eux depuis longtemps.