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Dur dur d’être une icône

Elle avait tout de l’ange. Elle était portée aux nues par la presse et l’opinion occidentale, au point de recevoir le prix Nobel. Aujourd’hui elle est sur le banc des accusés. Passage du monde rêvé des anges au monde réel.

 

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Après ses années de prison ou de résidence surveillée elle avait finalement été libérée et avait pris le rôle de chef de l’opposition. Aung San Suu Kyi est aujourd’hui dans les allées du pouvoir au Myanmar (anciennement Birmanie).

Elle n’a pas été élue présidente. Elle n’a pas été autorisée à se présenter au poste. Une disposition constitutionnelle interdit en effet à une personne native du pays et mariée à un étranger ou ayant des enfants étrangers de briguer le mandat. Elle a tenté de faire modifier la Constitution en sa faveur, avec insistance même. Elle déclarait même en 2013:

« Si la Constitution n’est pas amendée, les élections de 2015 ne pourront être ni libres, ni justes. »

En quoi n’auraient-elles été ni libres ni justes? En ce qu’elle ne peut y participer? Voulait-elle modifier la Constitution pour elle seule? Le goût du pouvoir et des privilèges vient vite aux hommes, même quand ils sont des femmes.

Au final elle cumule plus de pouvoir qu’une présidente: Conseillère spéciale de l’État et porte-parole de la Présidence de la République de l’Union de Birmanie, Ministre des Affaires étrangères, Ministre de la Présidence.

Elle s’est donc associée à ses anciens ennemis, le régime des généraux, pour gouverner le pays et le faire sortir peu à peu de la dictature militaire. Et c’est là que le bât blesse.

Comme opposante elle portait l’auréole d’une sainte, à la manière du Mahatma Gandhi dont elle s’est inspirée: action non-violente et philosophie politique dans la ligne de grands penseurs récents.

 

 

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La phrase de Lord Action, philosophe et historien britannique du XIXe siècle, reste valable:

« Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument. »

Il faut une trempe et une dimension exceptionnelles pour ne pas être corrompu par le pouvoir, pour ne pas y trouver des bénéfices personnels et des arrangements avec sa propre éthique. Le goût du pouvoir n’est pas mal en soi, la plupart des humains ont besoin de s’y frotter, à grande échelle ou dans sa petite sphère privée ou professionnelle. C’est à mes yeux un passage normal dont je ne fais pas grief. Le problème est la force de l’addiction au pouvoir et ce que l’on en fait.

À partir de là les scénarii varient. Le plus fréquent est qu’entre l’idéal proposé ou au nom duquel on s’est battu alors que l’on était victime, et le réalisme politique, l’écart se creuse selon de quel côté on est.

On reproche aujourd’hui à Aung San Suu Kyi  de couvrir ou de justifier les violences des militaires contre l’ethnie Rohingya. Ce groupe fait l’objet de brimades et de discriminations depuis le XIXe siècle, lors de leur participation à la guerre aux côtés des anglais contre la Birmanie.

Depuis lors ils sont rejetés comme des traîtres ou des non-birmans. Le contentieux est donc ancien, alimenté par les différences religieuses entre bouddhistes et musulmans. Il n’a fait que s’aggraver ces dernières décennies. Aujourd’hui on estime que 400’000 Rohingyas sont réfugiés au Bangladesh.

 

 

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L’attitude des forces armées et du pouvoir est reprochée à madame Aung San Suu Kyi. Elle doit aujourd’hui se défendre. En quelque sorte elle est passée du statut de victime angélique utile à l’occident à celui de bourreau. Elle a même pris un tic du pouvoir en qualifiant les Rohingyas de terroristes – ce qu’ils sont peut-être.

Tout change.

Comme quoi, le prix Nobel de la Paix n’est pas un label de qualité donnant une bonne conscience durable. Ce prix est malheureusement devenu très politique et sert à promouvoir certaines personnalités plus que leur action.

Barak Obama, Liu Xiaobo, le Giec, l’Union Européenne, l’adolescente Malala Yousafzai qui avait été laissée pour morte par des talibans, font partie de ceux à qui et à quoi l’occident veut ajouter une plus-value morale pour les montrer sur la scène du spectacle politique mondial. Dans ce spectacle les rôles sont simples: il y a les gentils et les méchants. Aung San Suu Kyi faisait partie des gentils.

Aujourd’hui au pouvoir elle fait partie des méchants. La non-violence qu’elle prônait serait-elle un mythe? Une façade? Un opportunisme, la posture victimaire lui ayant apporté de nombreux soutiens?

Craint-elle un éclatement du pays et une source d’instabilité à long terme à cause des Rohingyas? Ou est-ce simplement un effet d’optique? Ne voyait-on que la sainte, sans se préoccuper de la complexité du personnage?

Une fois au pouvoir les sans-pouvoir auront envie de goûter à ce pouvoir. Ils endosseront pour cela l’habit de la fonction, et tout ce qui va avec. Adieu la sainte. L’exemplarité est un mythe.

Quand aux Rohingyas, ils n’ont pas encore obtenu le statut de victimes idéales. Après le long règne de l’icône Aung San Suu Kyi dans cette fonction, il faut du temps pour inverser la donne.

 

 

 

 

 

Catégories : Histoire, Politique 12 commentaires

Commentaires

  • Le culte de la personnalité est une plaie, même - et parfois surtout - pour ceux qui en font l'objet. Il vaudrait mieux réserver ce besoin de vénérer aux figures de mythes et de contes de fée.

  • Mère-Grand, il faut aussi préciser qu’elle n’est pas sortie de n’importe quelle campagne oubliée: père politicien de haut rang ayant négocié l’indépendance du pays, et assassiné quand elle avait deux ans; mère ambassadeur en Inde; études en Inde, aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

    Elle vient d’une lignée dirigeante et a voyagé assez et fréquenté des milieux influents pour se créer un réseau de soutien.

  • Il suffit de voir les photos de la presse pour voir que les Rohingyas ressemblent aux habitants du Bangladesh comme deux gouttes d'eau. Ils sont depuis le début malvenus en Birmanie et donc, qu'ils retournent au Bangladesh, chez eux. Et tout le monde sera content...

  • Les merdias officiels décident de qui a tord ou qui a raison en nous balançant des images pour nous sensibiliser sans aucune analyse ni recherche fouillée. Si le gouvernement birman a décéder d'exclure les rohingyas du pays c'est qu'il y a ses raisons.
    C'est de ça aussi que les merdias devaient nous parler s'ils veulent redevenir de vrais médias d'information.

  • Ce prix est devenu trop politique pour qu'on lui accorde un crédit suffisant...

  • La Turquie fait sa propagande sur les Rohingyas tout en continuant ses exactions au Kurdistan

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

    https://www.dreuz.info/2017/09/08/la-turquie-fait-sa-propagande-sur-les-rohingyas-tout-en-continuant-ses-exactions-au-kurdistan/?

  • Suède : quand on n’aime pas le message, on tire sur le messager
    Publié par Rosaly le 16 septembre 2017

    - L’establishment suédois tire à boulets rouges sur Sylvi Listhaug, ministre norvégienne à l’Immigration et à l’intégration. Son tort : avoir écorné l’image édulcorée d’une Suède multiculturelle heureuse.

    https://www.dreuz.info/2017/09/16/suede-quand-on-naime-pas-le-message-on-tire-sur-le-messager/comment-page-1/#comment-538790

  • Un pays doit être dirigé avec de la poigne. Cela ne veut pas dire instaurer la dictature, mais savoir prendre les décisions qui s'imposent et ne pas courber l'échine face aux soi-disant humanistes!

  • Sep 17, 20176
    Tariq Ramadan diffuse de fausses photos propagandistes sur les Rohingya de Birmanie

    Il a fait la même chose pour sa propagande anti-Israël!

    L’islamologue controversé Tariq Ramadan a posté sur son compte Twitter trois photos qu’il attribue à la situation actuelle des Rohingya en Birmanie. Deux de ces clichés ont été pris au Congo et en Inde.

    Des centaines de cadavres calcinés, une immolation, un père en larmes portant le corps de son fils : ces trois photographies puissantes ont été publiées par l’islamologue controversé Tariq Ramadan. Dans un tweet posté mardi 5 septembre – et toujours en ligne à l’heure de l’écriture de cet article – M. Ramadan a diffusé un montage de ces trois photos, assorti de la mention « En Birmanie ». Il cherchait ainsi à alerter sur le sort de la minorité musulmane birmane, persécutée dans le pays – l’armée a lancé à l’encontre des Rohingya une opération qui a causé la mort d’au moins 400 personnes.

    Or, comme n’ont pas manqué de le faire remarquer plusieurs internautes, deux des trois photographies relayées par Tariq Ramadan sont mal attribuées. La première a été prise en juillet 2010 à Sange, en République démocratique du Congo. Un accident routier suivi d’une explosion puis d’un incendie y avaient causé la mort de plus de 230 personnes.

    La seconde photographie a été prise en Inde en 2014 par le photographe de l’Agence France-PresseChinmoy Roy. Ce cliché montre les derniers instants de l’activiste Pranab Boro, qui s’était immolé lors d’une manifestation exigeant des terres pour la population locale dans la région de l’Assam oriental.

    Par Anne-Sophie Faivre, Le Monde

    http://www.europe-israel.org/2017/09/tariq-ramadan-diffuse-de-fausses-photos-propagandistes-sur-les-rohingya-de-birmanie/

    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/09/07/tariq-ramadan-relaie-des-photos-erronees-sur-les-rohingya-de-birmanie_5182268_4355770.html

  • @ Patoucha

    merci pour ces liens

    je viens de lire ces deux livres qui expliquent très bien le problème actuel

    https://www.babelio.com/livres/Del-Valle-Le-complexe-occidental-Petit-traite-de-deculpabi/694422

    https://www.babelio.com/livres/Riondel-Considerations-inconvenantes-sur-lEcole-lIslam-e/730860

    enfin une femme lucide sur le harcèlement de rue

  • suite

    « Hé tu as un 06 ? Oh réponds espèce de …. ».

    Voilà le genre de choses que trop de femmes entendent aujourd’hui, dans la rue, dans les transports en commun.

    Et je vous en épargne de bien pires.

    Face à cette réalité détestable et incontestable, le gouvernement a décidé de réagir. Marlène Schiappa a déclaré mardi sur BFMTV qu’elle est en train de mettre au point une loi, avec le ministre de l’Intérieur, pour qu’il soit désormais possible de verbaliser le « harcèlement de rue ».

    Oui, vous savez, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat à l’égalité hommes-femmes.

    En juin dernier, elle se faisait photographier en train de déambuler dans les rues du quartier de la Chapelle, à Paris, soi-disant pour prouver que « les lois de la République protègent les femmes, elles s'appliquent à toute heure et en tout lieu. »

    Apparemment Marlène Schiappa vient de s’aviser que les « lois de la République » ne protègent pas si bien les femmes dans certains quartiers…

    Félicitons-la pour cette prise de conscience. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

    N’oublions pas qu’une autre féministe, notoire en son domaine, avait proposé au mois de mai pour lutter contre le harcèlement de rue, l’élargissement des trottoirs (mais bien sûr, lorsqu’une femme se fait insulter, c’est parce que le trottoir n’est pas assez large !).

    Et pourtant.

    Si je suis très contente – en tant que femme, et en tant que mère d’une fille - que le gouvernement s’intéresse au harcèlement dont les femmes peuvent être victimes, je suis aussi un esprit pratique.

    Et je me demande donc comment pourrait se passer, très concrètement, cette verbalisation.

    Supposons une femme qui vient de se faire importuner. Que va-t-elle faire ?

    Elle va aller trouver un policier ou un gendarme pour lui signaler ce qui lui est arrivé ?

    Sans doute.

    Et ensuite ?

    Elle va revenir, accompagnée du policier, à l’endroit où le harcèlement s’est produit ? A votre avis, quelle chance a-t-elle que son harceleur soit encore là ? A mon avis à peu près autant de chance que de gagner à l’Euromillion… et si le harcèlement a eu lieu dans les transports en commun ? Aucune chance.

    Mais supposons encore qu’elle retrouve l’homme, ou les hommes, qui l’ont verbalement agressée.

    Que se passera-t-il ?

    Le policier ira trouver l’individu pour lui dire qu’une femme s’est plaint de son comportement et qu’il va le verbaliser ?

    L’autre va tout nier en bloc, vous pensez bien !

    Et donc ? Ce sera parole contre parole, à moins que, par extraordinaire il y ait eu des témoins… et qu’ils soient prêts à témoigner !

    Autrement dit, le policier sera obligé de laisser partir le harceleur sans pouvoir rien faire, car c’est un principe de justice élémentaire que le doute doit profiter à l’accusé.

    A moins que la future loi sur le harcèlement de rue ne dispose que toute femme déclarant avoir été harcelée devra être crue sur parole, et que tout homme accusé de harcèlement sera puni sans avoir le droit de se défendre ?

    Mais quel homme serait alors en sécurité avec une telle loi ?

    Bref, je vous le dis franchement, cette histoire de verbalisation du harcèlement de rue me semble être du grand n’importe quoi…

    Mais alors, me direz-vous, il ne faut rien faire ? Les femmes doivent continuer à se laisser lourdement draguer, insulter, voire pire encore ?

    Non, pas du tout. Mais il faut prendre le problème par le bon bout.

    S’attaquer directement à la drague agressive, c’est vouloir écoper la mer avec une petite cuillère. Il faut procéder autrement. Il faut écouter ce qu’ont à nous dire les spécialistes de la délinquance.

    Et cela tombe bien, à l’Institut pour la Justice nous avons d’excellents experts en la matière.

    Et nous savons donc que les délinquants, en général, ne sont pas spécialisés.

    Par exemple le voleur ne se contente pas de voler, il a aussi très souvent la mauvaise habitude de frauder dans les transports en commun, de consommer et de vendre de la drogue, de ne pas respecter le code de la route, et de manière générale de transgresser très fréquemment les règles élémentaires de la civilité.

    Combien pariez-vous qu’un grand nombre de ceux qui draguent agressivement les femmes dans la rue ou dans les transports en commun ont bien d’autres choses à se reprocher ?

    Que nombre d’entre eux ont sur eux de la drogue, des objets volés, une arme, qu’ils ont à leur actif des amendes impayées, etc. ?

    Moi je serais prête à parier très cher.

    Vous voyez où je veux en venir.

    Si la police qui, dans le contexte actuel agit sur ordre, était présente au quotidien dans les quartiers que l’on dit « sensibles », au lieu de n’y pénétrer qu’occasionnellement, avec un luxe de précaution, pour s’en retirer le plus vite possible afin de ne pas risquer un « incident » (comprenez : qu’un délinquant soit blessé en résistant aux policiers).

    Si elle réprimait les petites infractions au lieu de fermer les yeux pour ne pas « provoquer ».

    Si les infractions et les incivilités dans les transports en commun étaient systématiquement traquées.

    Et si la justice consentait à sévir, au lieu d’accorder « seconde chance » après « seconde chance » a des délinquants déjà chevronnés…

    … il y aurait beaucoup moins de harcèlement de rue ! Parce qu’il y aurait beaucoup moins de délinquance tout court.

    Savez-vous qu’ainsi, à New-York, ils ont réussi à faire baisser la criminalité de plus de 80% depuis le début des années 1990 ?

    Oui, vous avez bien lu : plus de 80% !

    Et aujourd’hui New-York est une des grandes métropoles les plus sûres du monde occidental.

    Et je n’ai pas entendu dire que là-bas il y avait des quartiers « interdits aux femmes ».

    Alors Madame Schiappa, Monsieur Collomb, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Président de la République : attaquez-vous sérieusement à la délinquance ; faites disparaître les « zones de non-droit » qui gangrènent notre pays ; donnez enfin à tous les Français la sécurité quotidienne à laquelle ils aspirent.

    Madame Schiappa pourra alors faire autant de promenades qu’elle le souhaite vers la Porte de la Chapelle et surtout cela rendra aux femmes leur tranquillité d’esprit.

    Avec tout mon dévouement,

    Laurence Havel

  • Réflexion intéressante, Leclerc.

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